"Effet Euro : +12.2%", ainsi titre la couverture du Que Choisir de Janvier 2005.
Nous avons tous en effet du mal à croire que l'inflation n'est que de 1% par an depuis quelques années, car dans notre panier, c'est pas le vécu : les prix des produits manufacturés de marque ont de façon ostensible progressé plus vite que l'inflation.
Que Choisir lie cela à "l'effet Euro". Ce n'est pas faux, l'Euro a été un très bon prétexte, mais il y a aussi autre chose, peut-être plusieurs autres choses.
- Quand j'officiais dans une grande multinationale agro-alimentaire, réputée pour son excellente gestion, nous avions une hypothèse étonnante : nos prix de vente devaient croître de 1% de plus que l'inflation, minimum, et ce année après année. Le plan "conservateur" était avec une hypothèse à +0,5% vs inflation.
Le souhait, marqué dans le marbre du tableur et des plans, était bien déja de faire croître nos prix de vente plus vite que l'inflation, et ce tous les ans, systématiquement...Sous jacent, nous avions un marketing puissant qui pouvait persuader les gens de payer chaque année nos produits un peu plus cher...
- Par ailleurs, soyons lucide et réaliste : concurrence et consolidation obligeant, il n'y a par rayon qu'une poignée de producteurs de bien de grande consommation (en anglais les FMCG, Fast Moving Consumer Goods), ils se connaissent très bien, les hommes passent d'une société à l'autre, ils se rencontrent, ils discutent, du métier et...parfois de la progression des prix.
Prenons un marché sur lequel les marques distributeurs sont absentes ou faibles (hypothèse importante), autrement dit que les producteurs de Marques font la loi. Si la société A est à l'index disons 95 vs le leader du marché qui est B, et qu'il y a aussi un 3ième larron qu'on va appeler C qui est à l'index 110 (il est sur un marché de niche, petit volume/prix plus élevés) qu'est-ce qui les empêche, par exemple, de TOUS convenir ensemble d'une augmentation de l'ordre 5%...en respectant les indices de prix qu'ils ont l'un envers l'autre (reflet de la puissance respective des marques et de l'attrait des produits).
En clair, on se met d'accord pour conserver les ratios, dans le cadre d'une augmentation générale...sur le dos des consommateurs...Mais bien sûr, je plaisante, cela n'est pas possible, ça n'existe pas, ce serait illégal !
Quand je suis parti de cette société fin 1995, je savais déja à peu à près quels seraient les prix de vente du produit vedette en 2000...
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