Quand j'avais 7 ou 8 ans, mon premier livre d'échecs fut "Bobby Fisher vous apprend les échecs". Ce nom mythique a marqué mon enfance, au même titre que des noms comme Gaston Rébuffat ou René Desmaison pour la montagne, autre passion !
Mais quel destin pour ce joueur précoce, génial, excentrique, mégalomane et fantasque, en grande délicatesse avec son pays natal, les Etats-Unis. Sa déclaration sur le 11 septembre 2001, "un jour merveilleux", caractérise l'état d'esprit du personnage.
Après avoir brillamment conquis le titre mondial en 1972 à Reykjavik contre Boris Spassky (il n'avait alors que 29 ans), il disparu peu après de la circulation, se réfugiant dans un certain mysticisme, ne défendant même pas son titre en 1975 contre le russe Anatoli Karpov.
Pour avoir
participé à un tournoi au Monténégro en 1992 au mépris des sanctions
internationales qui pesaient alors contre les pays de l'ex-Yougoslavie, il encourt maintenant une peine allant jusqu'à dix ans de prison et une
amende de 250.000 dollars.
Bobby Fischer avait été arrêté à la mi-juillet à l'aéroport
Narita de Tokyo alors qu'il se trouvait en possession d'un passeport
américain non valable. Il avait alors annoncé qu'il voulait renoncer à
sa nationalité américaine mais avait néanmoins passé 9 mois dans les prisons japonaises.
Plus de 30 ans après sa victoire, le voici maintenant de retour en Islande, dont le Parlement vient de lui accorder la nationalité, échappant ainsi à l'extradition vers les Etats-Unis qui lui avait été promise par les autorités japonaises.
A droite une photo de son arrivée en Islande, petit contraste avec la photo plus haute prise 30 ans auparavant ! A l'aéroport, il s'est laissé allé à quelques déclarations fracassantes notammant sur "cet idiot criminel de Koizumi" ou encore que tout américain qui vivait aux US était un envahisseur car « ce pays, les Etats-Unis, appartient aux peaux-rouges, aux Indiens américains».
Bobby Fisher, quoique n'ayant plus aucun impact dans le monde des échecs depuis sont retrait des années 70 est une vraie légende et a toujours de nombreux supporters, avec plusieurs sites internet qui lui sont dédiés.
En voici un : freebobby.org.
Depuis des siècles le jeu d'échecs a fournit un certain nombre de Grands Maîtres qui ont sombré dans la folie ! Le Tchèque Steinitz, décédé en 1900 dans un asile à Londres, voulait affronter Dieu en lui donnant un pion de plus !
Autre champion du monde, le
russe Alexandre Alekhine, né à Moscou en 1892, est devenu pratiquement
fou après avoir été engagé par les services secrets français pendant la
guerre parce qu'il parlait couramment huit langues. Il se mit à crier
avec rage des slogans antisémites et pro-nazis, partit au Portugal, et
fut interné avant de mourir dans l'opprobre en 1946.
Au cinéma, le film du Français
Richard Dembo "La diagonale du fou" met en scène un champion du
monde d'échecs russe (interprété par Michel Piccoli) qui se bat contre un de ses élèves, dans un univers de
complots et de jalousies qui vont jusqu'à
l'utilisation de parapsychologues dans le public pour hypnotiser
l'adversaire...
Si les échecs ne rendent pas fou, il est probable qu'ils précipitent vers la folie ceux qui en étaient aux portes...
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