Netflix, le pionnier américain de location en ligne de DVD qui a commencé il y a 6 ans, à fait rendre gorge à Walmart qui avait tenté de se lancer dans ce business il y a 2 ans. Netflix a tout simplement racheté le business de Walmart, et le géant quitte ainsi le secteur !
La 1ère entreprise mondiale (en CA comme en nombre d'employés) qui cède devant une "start-up" (devenue quand même respectable avec près de 700M$ de CA prévu en 2005), c'est quand même pas banal.
La prime au 1er arrivant a joué sur ce coup là. Toute la puissance de Walmart n'a pas suffit pour battre la compétence et l'expertise acquises par Netflix dans ce business au cours des années. Walmart n'avait réussit qu'à acquérir environ 100,000 clients contre les 3 Millions de Netflix qui, finalement, s'avère très bien tenir sa position sur le marché.
Enfin, Netflix a gagné une bataille, mais pas encore la guerre. La firme s'attend à perdre entre 5 et 15M$ cette année, alors qu'elle doit lutter aux US contre une guerre des prix lancée par Blockbuster, filiale de Viacom et leader mondial de la location de video avec 8500 magasins (dont 6000 aux US), qui investit maintenant très fortement sur ce secteur après ne pas y avoir cru pendant plusieurs années (ce qui a permis à Netflix de prospérer). Netflix a d'ailleurs perdu 8.8M$ au Q1 2005 contre 5.8M$ au Q1 2004, malgré des ventes en augmentation de 50% (154 vs 100M$).
Et Amazon peut pointer également son nez (service ouvert au UK) !
Mais un concurrent de moins, surtout quand il s'appelle Walmart, même s'il n'avait pas réussi à percer dans la location en ligne de DVD, ça fait pas de mal !
Et toi Mihai qui a fondé notre Glowria national, n°1 en France de la location de DVD à domicile, que penses tu de tout cela ?
Dans le tirage en ligne, les distributeurs physiques classiques, Auchan, Carrefour, Darty, la Fnac, sont également marginaux face aux pure players specialistes, Photoways en tête. Je doute que leur part de marché cumulée dépasse les 10-12%. Sur ce marché aussi, je crois aux vrais spécialistes, dont toute l'énergie et les ressources vont, jour après jour, à bâtir et améliorer leur business, dans toutes ses composantes.
Une nouvelle preuve que le modèle classique de disruption fonctionne, que ce soit pour la location de DVD ou le tirage photo.
Voir à ce sujet l'article paru il y a plus d'un an dans la newsletter Strategy&Innovation de Harvard et qui prédisait déjà la fin des errements de Walmart dans un marché qui n'est pas le sien et sur lequel le géant n'a aucun avantage compétitif face à un pure-play solidement installé:
http://hbswk.hbs.edu/item.jhtml?id=4004&t=innovation
Le cas Walmart réglé, restent Blockbuster et Amazon. Le premier ne peut pas jeter le gant puisque c'est son coeur de métier qui est attaqué par Netflix. Même si son horizon est forcément limité par la disparition programmée du support physique (DVD) pour la transmission des contenus, il ne peut pas laisser ses meilleurs clients le quitter sans mettre en péril l'équilibre de ses boutiques. Il va être des plus intéressant de voir comment un énorme réseau Brick&Mortar négocie le virage du virtuel.
Le cas d'Amazon est moins incertain. Ils ont déjà annoncé qu'ils allaient sous-traiter leur service de location de DVD en ligne à un des acteurs en place. Le pionnier, l'archétype, le champion de la disruption va-t-il traiter avec son pair (Netflix) ou avec un logisticien (Blockbuster). Autrement dit, la proximité génétique sera-t-elle plus forte que les synergies?
Posted by: Marc | May 22, 2005 at 06:09 PM
J'attendais cet événement depuis très longtemps ! Walmart n'avait rien à faire dans cette activité, si ce n'est prouver in fine que c'est effectivement une affaire de spécialistes dans laquelle il n'avait aucune "rage", donc aucune chance de réussir (comme tu l'as fort bien résumé, Michel). Le seul qui s'accroche encore est Blockbuster, mais ses raisons sont valables : il s'agit de sa survie ! Netflix lui a taillé des croupières, et s'il ne réagit pas, il finira par se restreindre à vendre des pop-corn et à ne louer que des jeux vidéo ! Mais il est obligé de faire un métier qui n'a jamais été le sien - un joueur de rugby dans une partie de foot !
Netflix, comme Glowria, est une société qui est génétiquement programée pour réussir dans ce qu'elle fait parce que c'est la seule condition à son existence meme et à sa survie. Et elle ne fait que ça, de la locatio video par internet, donc 100% de son énergie et de son attention sont focalisées sur cette activité - et pas sur 200.000 références qui vont du yaourt au pare-choc de camion. Que les analystes financiers ne perdent pas de temps à épiloguer : c'est une raison suffisante pour etre meilleur que quiconque et remporter la bataille - et ça ne date pas d'hier !
Posted by: Mihai Crasneanu | May 23, 2005 at 12:32 AM
Merci Marc, analyse très pertinente. En effet, le modèle Blockbuster est menacé par le modèle Netflix, qui sera lui-même menacé, à moyen terme, par le téléchargement de films via le web...
Blockbuster se doit donc d'avoir une réaction rapide et très énergique...
Posted by: Michel de Guilhermier | May 23, 2005 at 07:45 AM
Merci Mihai de ton commentaire d'insider du métier !
Je note tout particulièrement le mot "rage" qui me paraît être à la base de la réussite d'une entreprise, et c'est ce qu'il y a de difficile de maintenir overtime. Quand on démarre, on est une petite équipe hypermotivée, tous des fondateurs qui ne pensent qu'à se décarcasser pour gagner sa place au soleil. LA question de motivation ne se pose même pas.
Après, on grossit, de nouveaux collaborateurs arrivent. La difficulté est de leur faire partager, et totalement adhérer, à cette rage de vaincre...
Et, une fois que l'hypothèse de la pertinence du modèle est derrière, cet aspect humain est je crois la principale difficulté de l'expansion d'une société.
Recruter, former, motiver, garder les meilleurs éléments et en faire des warriors de choc. C'est passionnant, mais c'est vraiment pas facile.
Il y a la méthode Jack Welsch ou Baudecroux, marche ou crève : on pressurise au maximum, on met des objectifs hyper élevés, et on arrive à un turn over des cadres de 20 ou 25% par an. Jack Welsh était appelé aussi "le boucher"...Ce n'est pas mon style.
Posted by: Michel de Guilhermier | May 23, 2005 at 07:53 AM
"Il y a la méthode Jack Welsch ou Baudecroux, marche ou crève : on pressurise au maximum, on met des objectifs hyper élevés, et on arrive à un turn over des cadres de 20 ou 25% par an. Jack Welsh était appelé aussi "le boucher"..."
Sympha mais c'est bizard ça ne me donen pas envie de travailler. Aurais perdi la positive attitude si chère à Laurie et JP Rafarin ? ;=)
Posted by: Laurent Desechalliers | May 25, 2005 at 11:33 AM
En effet, la méthode NRJ ou GE ne convient pas à tous !!!
Posted by: Michel de Guilhermier | May 25, 2005 at 03:30 PM
Oui Michel
Il ne me reste plus qu'à aller sur l'iTune Music Store pour m'acheter le dernier Laurie et retrouver la positive attitude ! ;=)
Posted by: Laurent Desechalliers | May 26, 2005 at 09:50 AM
Beat it or buy it !
Je crains que walmart n'en reste pas là, ce type de business doit s'analyser en intégration verticale & horizontale et on devrait voir réapparaître un concept réengineering assez rapidement. Les paris sont ouverts
Posted by: Xavier MALHERBET | June 16, 2005 at 07:26 PM