A l'occasion de la présentation des comptes d'Amazon, 1er e-commerçant mondial, j'évoquais ICI le contexte économique difficile des e-distributeurs qui travaillent globalement avec des marges étroites (voire très étroites pour le high tech), mentionnant que pour les français Rueducommerce et LDLC le mot d'ordre actuel était "diversification", notamment dans les services porteurs de marges supérieures.
12 ans après sa création, et malgré sa taille et sa profitabilité récente, Amazon présente toujours un résultat cumulé négatif : "we had an accumultated deficit of $2.30Bn and our stockholders deficit was $227M." (extrait du rapport annuel 2004, le 2005 n'étant pas encore disponible).
Amazon est une aubaine pour les consommateurs, un peu moins, ou pas encore, pour les actionnaires ! C'est toute la difficulté de la distribution, et ce qui rend le métier passionnant (j'en parlais aussi ICI) :
- Il faut définir un concept qui colle avec les aspirations et les besoins des consommateurs, et le faire évoluer avec les tendances, ce qui n'est pas facile et suppose d'être réellement proche des gens. J'ai je le répète une profonde admiration pour ces grands commerçants que sont ou ont été Gérard Mulliez, Sam Walton, Ingvar Kamprad, les frères Albrecht, Tom Stemberg...
- Il faut prouver que ce concept peut-être exploité de façon rentable, qu'il s'agit un fine d'un bon modèle.
- Enfin, la distribution est un métier où l'on est au charbon tous les jours, de façon intense ! Aussi bien dans le e-commerce que le brick&mortar, les problèmes se payent cash, il n'y a aucun tampon : tout doit être parfait huilé en permanence sinon on perd des ventes qu'on ne récupèrera pas.
Parti de la seule vente de livres en ligne, Amazon est progressivement devenu le formidable supermarché du web au CA de 10Mds $ environ, avec pour le site américain 32 rayons différents (contre 7 ou 8 seulement pour le site français). On y trouvera ainsi des articles de jardin, de cuisine, des jouets pour enfants, etc, et même un rayon "développement photo", sous-traité à l'un de nos confrères américains et proposant des offres spécifiques Amazon.
Ses compétences en web user experience, web design, CRM, logistique et sourcing sont colossales et le modèle affiche désormais une rentabilité tout à fait acceptable.
A noter que la principale source de croissance d'Amazon se situe maintenant hors des frontières américaines : sur son marché domestique américain, la croissance annuelle moyenne entre 2002 et 2005 ne dépasse pas 15% (ce qui reste tout de même très enviable vs le brick&mortar !)
La rumeur circule actuellement qu'Amazon se lancerait maintenant dans la vente d'un balladeur MP3 couplé à un service de musique en ligne : une proposition commerciale tentant donc de répliquer le couple iPod/iMTS !
L'originalité vs le service Apple reposerait aussi sur le mode de facturation avec un forfait mensuel permettant le download d'un nombre illimité de titres, mais ceux-ci deviennent inopérants dés que la souscription est interrompue...
Je crois que Napster avait tenté un tel système en partenariat avec Samsung, mais L'initiative n'était pas allé loin devant le colossal marketing d'Apple !
Cette fois, il s'agit d'Amazon, le roi du e-commerce, de la relation client et du CRM. Le combat serait plus équilibré et beaucoup se réjouissent déja en coulisse de cette initiative qui pourrait limiter le poids hégémonique d'Apple.
A suivre, ce serait passionnant !
Recent Comments