Après Ebay Express et Zlio, voici qu'Amazon se lance aussi dans la mise à disposition d'une solution pour permettre à tout un chacun de s'improviser e-commerçant avec aStore, maintenant en version publique officielle après quelques mois de beta.
L'ami Jéremie (Berrebi), pionnier en France du social shopping, avait bien senti le marché quand il a (re)lancé Zlio en août dernier !
L'idée correspond à un vrai besoin et a une vraie fonction : pour les internautes et pour tout site en général, c'est une solution simple, rapide et gratuite pour gagner quelques sous, et pour les marchands, c'est un formidable moyen pour étendre et capilariser leur reach à un coût raisonnable (de même nature que l'affiliation). Lors du lancement d'aStore, Jérémie déclarait : "...ils ont d'ailleurs donné des idées à plusieurs très grands marchands français qui nous ont contacté pour monter leur réseau de boutiques virtuelles sur le même modèle...".
Avec aStore, l'internaute lambda a ainsi à sa disposition les 10 Millions de SKUs proposées par Amazon, avec les descriptifs et les reviews associés. A lui après de les mettre en forme de façon adéquate (Amazon fournit de nombreux outils pour cela) et surtout de se faire connaître.
Pour Zlio, Amazon est à la fois un "partenaire marchand" et également un concurrent avec aStore.
Le développement de ces boutiques virtuelles affiliées, créees en quelques instants par les internautes, est un phénomène à suivre de près. S'il est évident que la plupart ne réaliseront que des revenus très marginaux, la facilité de création favorisera leur multiplication et l'ensemble de ce "réseau de vente secondaire" finira bien par représenter une part des ventes des e-marchands tout à fait digne de considération.
Surtout, ce qui est je pense intéressant, c'est la nature même de ce qui peut être vendu via ces boutiques. Si un internaute n'ajoutera que très peu de valeur ajoutée à vendre sur son site tel appareil photo numérique en vente chez Amazon, le passionné de Sudoku (je cite volontairement ce produit en clin d'oeil à Jérémie) aura toute la crédibilité pour diriger ses lecteurs vers tel ou tel produit lié à sa passion chez le marchand spécialisé. Et dans toute population, il y a d'innombrables spécialistes de ceci ou cela. La connaissance et l'expertise collective est phénoménale comme l'a d'ailleurs montré wikipedia...
En conséquence, le "social shopping" doit mécaniquement favoriser l'émergence de la"Long Tail" chère à Chris Anderson (son livre a d'ailleurs été récemment primé "best business book of the year" par Amazon) qui explique que le futur ce sera de vendre moins de plus de choses.
Si le concept est intellectuellement séduisant, car nous voulons tous des produits spécifiques totalement adaptés à nos besoins et notre utilisation, il se heurte à un obstacle bien concret dans son application : il est très difficile pour un retailer physique de mettre en rayon des références qui ne tournent que quelques fois par an. L'immobilier coûte cher, la surface est toujours comptée, il faut donc optimiser; la grande distribution agit ainsi plus comme un promoteur immobilier qu'autre chose, concédant ses linaires aux références qui ont la meilleure rotation afin de dégager la marge brute la plus importante au mètre !
Si une référence ne tourne pas assez, elle est retirée sans état d'âme des linéaires, et tant pis pour ceux qui l'aimaient bien. Et tous les consommateurs savent la difficulté qu'il y a parfois dans le monde physique à trouver des articles bien spécifiques qui n'intéressent qu'une cible de population réduite.
Dans les mois qui viennent, je reviendrais longuement sur ce concept de long tail, de façon très concrète. Son avénement, rendu strictement et uniquement possible par le web, va économiquement bouleverser un certain nombre de choses...
En parallèle des fameux FMCG qui portent bien leur nom ("Fast Moving Consumer Goods", produits à rotation rapide traduit par "biens de grande consommation"), je pense qu'on va voir éclore grâce au web une nouvelle économie des Slow Moving Consumer Goods !
N'est-ce pas déjà le cas pour Amazon en grande partie ?
Jeudi lors d'une conférence à Lille, André-Yves Portnoff (Futuribles) disait que 50 % des ventes d'Amazon s'effectuaient déjà sur des produits qui ne sont pas des best-sellers, ce qui serait déjà beaucoup plus que dans les librairies classiques.
Virginie Robert, des Échos, abondait, en relatant que Glowria, en VOD, louait beaucoup plus les films de son fond que les films d'actualité.
Posted by: Xavier Moisant | December 10, 2006 at 07:17 PM
Les Slow Moving Consumer Goods, c'est les produits à l'accés physique difficile ET qui n'intéressent qu'une population réduite? Comme la catégorie de produits Krell, Mark Levinson, McIntosh?
Ou il s'agit d'autre chose?
Posted by: J. | December 10, 2006 at 09:31 PM
Xavier, oui concernant Glowria. j'en ai parlé il y a 9 mois à propos de Netflix, le grand frère américain de Glowria. Leur business est l'inverse d'un video club de quartier qui loue avant tout de la nouveauté.
ICI :
http://micheldeguilhermier.typepad.com/mdegblog/2006/03/jefferies_inter.html
Posted by: Michel de Guilhermier | December 10, 2006 at 09:37 PM
Jean Louis,
Je ne peux pas dire mieux, les slow moving consumer goods sont tous les produits à rotation unitaire faible...
S'ils sont slow mover, c'est par définition car ils n'intéressent qu'une population faible.
Et s'ils sont dur à trouver dans le monde physique, c'est une conséquence : c'est justement parce que ce sont des slow movers, prennent de la place physique sur les rayons, donc les retailers ne les veulent pas...
Posted by: Michel de Guilhermier | December 10, 2006 at 09:40 PM
Mais j'ai du mal quand même. Car il y a peu de choses que les retailers ne veulent pas: faible rotation ET faible marge.
Et lorsque la rotation est faible et que la marge est importante. Le producteur est distribué de manière au moins sélective.
Posted by: J. | December 10, 2006 at 10:08 PM
Lorsque la rotation est faible et la marge importante, il se trouve parfois, dans les grandes villes, une distribution spécialisée et sélective pour distribuer...
Posted by: Michel de Guilhermier | December 10, 2006 at 10:14 PM
Ok...je vois des catégories des produits dont les producteurs accepteraient d'être distribué sur Internet mais en tous cas le lien client/marque sera un lien client/Cacharel mais pas un lien client/Krell donc l' e-distributeur devra apporté beaucoup, beaucoup de choix...
Posted by: J. | December 10, 2006 at 10:21 PM
C'est un axe en effet !
Posted by: Michel de Guilhermier | December 10, 2006 at 10:24 PM
C'est la gestion du choix qui va faire passer des marges commerciales substancielles à quelques points de RN. C'est moche sauf si le CA est important (ça j'ai trouvé)...J'ai cherché des catégories de produits représentant un CA national inf. à 800 M€,avec de la marge et où l'univers de marques de références de l'acheteur est faible (moins de 30)...J'en ai pas trouvé des masses et lorsque la catégorie existe c'est niet du côté producteur...
Posted by: J. | December 10, 2006 at 10:36 PM
Bon, alors il n'y a donc rien à faire ?
Posted by: Michel de Guilhermier | December 10, 2006 at 10:49 PM
si;)
Posted by: J. | December 10, 2006 at 10:59 PM
des gros entrepôts ou je ne sais pas;)
Posted by: J. | December 10, 2006 at 11:01 PM
J'en suis convaincu !!!
Posted by: Michel de Guilhermier | December 10, 2006 at 11:01 PM
je pense à un truc. je ne fais jamais de photos, j'ai dû en faire un dizaine avec mon tél. donc je n'en fais jamais développé. De manière quali, j'aurai dit que j'avais une bonne mémoire, pas de portefeuille (juste un mini porte-carte), pas de goût pour les cadres et les albums photos pas mon truc, que j'avais une bonne mémoire et pas vraiment dans le passé...A priori, j'aurai parié que j'étais out the market. Quand, j'ai vu le produit Qoop, je me suis dit que c'était pas mal adapté à mon profil...bon, je ne prends pas plus de photos qu'avant mais cela va venir...
Posted by: J. | December 10, 2006 at 11:13 PM
cela pourrait cartonner dans les cours d'écoles et ailleurs...
Posted by: J. | December 10, 2006 at 11:16 PM
je repasserai pour la mémoire (2 fois dans la même phrase;)
Posted by: J. | December 10, 2006 at 11:17 PM
sympa de vendre les produits des autres, mais n'est ce pas réservé aux geeks?
Est-ce plus amusant de vendre ses propres produits (je pense à ebay, price, ...) que de faire la pub des autres marchands?
Posted by: paul | December 11, 2006 at 11:47 AM
par contre je suis d'accord avec le retour de la distribution spécialisée, devant la profusion de l'offre, je suis perdu et j'ai besoin de conseils. Un exemple, mon ipod est rempli à bloc, mais je n'ai pas le temps de faire des playlists, qui peut me proposer ce service?
Posted by: paul | December 11, 2006 at 11:50 AM