Blogging au ralenti, certes, mais l’air pur et frais des montagnes a pour grand bénéfice de clarifier les idées !
Je repensais sur les cimes à l’une des grandes phrases de Warren Buffet qui, en substance, dit que le plus important en matière d’investissement est de s’assurer de l’avantage concurrentiel et de sa pérennité...
Photoways est finalement dans un métier où il est très difficile d’obtenir un avantage concurrentiel déterminant. La différenciation entre acteurs existe, mais soyons clair, elle n’est ni capitale, ni pérenne.
L’entreprise que j’ai fondée il y a 7 ans a été précurseur de beaucoup de choses et nous avons innové plus que quiconque. Mais ces multiples innovations ont été pour la plupart reprises progressivement par les nombreux concurrents. Avoir toujours une innovation d’avance fut, est et restera une bonne chose, mais cela ne dure qu’un temps. Question différenciation du point de vue du client, fondamentalement, c’est plutôt limité...
Et qu’en est-il au niveau des prix ? Si nous cherchons à les baisser, et nous le pouvons par notre force industrielle, la concurrence suit quasi immédiatement. Et il se trouve même de tout petits acteurs qui produisent 20 ou 30% plus cher que nous mais qui “s’amusent” néanmoins à se mettre à 0,1c plus bas, car ils ont des coûts fixes extrêmement limités (et certains concurrents, smart, s'évertuent justement à rester low cost sur toute la ligne), qui compensent leur surcoût de production.
Quant à s'échiner à être low price avec une structure de coûts fixes inapropriée, ce n'est pas une stratégie qui conduit à des bénéfices extraordinaires !
Dans un métier où il est à la fois difficile de se différencier fortement et d'être notoirement moins cher que la concurrence, et bien on se retrouve dans un métier à foire d'empoigne, où s'il est bien sûr possible de créer et consolider un leader, ce que Photoways est, mais il faut être réaliste, les marges seront toujours sous forte pression...
Ce genre de problématique est encore bien pire pour les "mass merchants" Internet tels qu'Amazon, RueduCommerce, CDiscount, Pixmania, etc, qui vendent des commodités et au final se retrouvent avec des marges nettes quasi nulles. Pour ces acteurs, il n'y a qu'une stratégie possible, celle de Walmart : non seulement être très gros, c'est une course au volume, mais également être hyper efficace à tous les niveaux de la supply chain et du service au client. Et dans ce cas là, on arrivera difficilement in fine à une valorisation de l'ordre de 1 fois le CA (ce qui est à peu près le cas de Walmart comme d'Amazon).
A l'opposé, j'ai beaucoup d'admiration et de respect pour mon ami Robert Keane, fondateur et PDG de VistaPrint, qui a réussit à créer un pure e-tailer dégageant des marges nettes exceptionnelles, proches des 15% ! Pas de secret, VistaPrint dispose d'un avantage concurrentiel colossal, voire presque "déloyal", reposant sur des coûts de production extrêmement bas grâce à de nombreux brevets.
Si VistaPrint est valorisée, hors cash disponible, plus de 6 fois son CA 2006-2007, Shutterfly, qui a fait une IPO très peu impressionnante il y a 3 mois, n'en est qu'à 2 fois environ. Rappelons que le multiple de CA est juste un indicateur, ce qui compte, in fine, est avant tout le résultat net.
VistaPrint a lancé VistaPix aux US, qui fait du tirage en ligne, mais au delà des artifices de pricing du service, il n'est pas le moins cher car il lui est impossible d'obtenir dans notre métier les mêmes avantages de coûts qu'il a dans l'imprimerie online.
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