Ca ne se passe pas trop bien pour le leader français de la chaussure en ligne. La coincidence fait que hier matin je petit déjeunais avec l'un des fondateurs !
Fin août 2006, on pouvait lire un triomphal "Sarenza lève 4 Millions d'euro pour viser l'International". 7 mois plus tard, c'est "l'Ex PDG AOL France prend la direction d'un Sarenza en pleine crise" avec le départ des 3 fondateurs !
Joel Flichy, de Galileo, annonçant même : "soit Stéphane Treppoz acceptait, soit nous mettions la clé sous la porte" !
Pour couronner le tout, on apprend que Francis Lelong, co-fondateur, entend assigner en justice Galileo et SGAM sur les méthodes employées pour l'évincer.
Voir l'article du JDN ici.
Sacrée saga, sans prendre de parti-pris et commenter les déclarations des uns et des autres, il y a plusieurs grilles de lecture possibles :
- Comment 2 capitaux risqueurs peuvent injecter 4M€ dans un business pour lequel quelques mois plus tard ils ont les plus gros doutes sur le management et la stratégie ? Surtout que Galileo connaissait déja Sarenza pour y être entré dés octobre 2005. N'y a t-il pas eu une erreur d'appréciation quelque part ?
- On peut s'y prendre par tous les bouts, celui qui a le vrai pouvoir, dans une start-up qui a des besoins de financement important (et ne peut pas s'auto-financer), c'est celui qui a le cash. En l'occurence, ce sont très souvent les VCs. il faut le savoir et l'intégrer. Quand on se marie avec un VC, c'est pour le meilleur, mais pas pour le pire car là il y aura séparation. Il est simplement important d'en prévoir les termes et de les négocier lors du deal (voir ma note ici). This is just business.
- Je ne crois pas que l'assignation annoncée de Francis Lelong aille loin. Je comprends sa rancoeur, personne n'aimerait vivre cela, mais je pense que cette action est vaine et qu'il vaut beaucoup mieux mettre son énergie ailleurs. Il y a actuellement tellement de choses à faire et entreprendre ! J'aurais envie de dire : Francis, négocie tes titres comme tu peux et va entreprendre autre chose.
- Je comprends que Stéphane Treppoz a mis des sous de sa poche dans Sarenza, c'est je crois une excellente et sage décision de la part des 2 VCs pour le motiver fortement, ce au delà des stock-options.
- Sur le fond, l'e-commerce est bien comme le souligne Stéphane Treppoz une affaire d'exécution avant tout. C'est un ensemble de très nombreuses petites choses à tous les niveaux qui font que, au final, on a affaire à une belle société rentable ou un canard boiteux. Ceci étant posé, il faut aussi savoir comment exécuter et ressentir ce qu'il faut faire ! C'est en permanence du millimétrage. Quand j'ai fait rentrer Highland et Index au capital de Photoways en 2005, nous étions très rentable car Martin Genot et moi-même comptions tout de près ! Frugalité, proximité consommateurs et sens du relationnel, sens du merchandising et du promotionnel, rigueur de gestion, voila quelques lignes toutes simples mais incontournables en (e)-commerce.
Lors de l'entrée de VCs, la valo est aussi basée sur des projections futures.
Pour maximiser sa valo, l'entrepreneur peut "gonfler" ses projections. Attention au pacte d'actionnaires et aux covenants, l'entrepreneur peut se faire coincer de sa propre faute et se faire éjecter lorsqu'il s'écartera de son business plan.
C'est ce qui a probablement dû se passer.
Pour que cela se passe aussi rapidement après leur 2ème tour, je pense que Régis Saleur doit être "ennuyé" au sein de Galileo.
Posted by: J. | March 15, 2007 at 08:36 AM
je saisie mieux que nous n'ayons pas plus abordé le cas de cette société quand nous nous sommes vu il y a une semaine... Je suppose que tu avais déjà certaines intuitions !
C'est dommage pour Francis, il était passionné par sa société, et cela doit être un vrai choc.
Mais comme tu le dis si bien... Celui qui a le pouvoir, c'est celui qui a le cash...
Et pour tenir une boite... rien de mieux que les fondements de base : avoir l'esprit commercant, tant avec ses clients... que dans sa gestion !
Posted by: Yann | March 15, 2007 at 02:43 PM
C'est triste effectivement... Voyons le comme un nouveau depart pour les fondateurs, dont Francis et pour la societe!
Julien
Posted by: Ju | March 15, 2007 at 06:16 PM
Jean Louis,
Régis Saleur n'est plus chez Galileo...
Posted by: Michel de Guilhermier | March 15, 2007 at 06:19 PM
L'effet Sarenza?
Posted by: J. | March 15, 2007 at 06:22 PM
Bon si dans le capital, il y avait François Chateau, Mousse partners...cela n'a pas dû rigoler au niveau des covenants...
Posted by: J. | March 15, 2007 at 06:29 PM
Non, il n'y avait que SGAM et Galileo. Mousse est dans Glowria, pas dans Sarenza.
Pour le départ de Régis, Il semble surtout que ce soit lié à un recentrage de Galileo sur son métier d'origine, le capital développement. Ainsi, sont partis avec Régis 2 autres partners qui s'occupaient du capital risque.
Posted by: Michel de Guilhermier | March 15, 2007 at 06:33 PM
Et bein, le capital-risque en France a un TRI très faible sur 5 et 10 ans.
Là, niveau e-commerce, cela va être "moins" évident.
Posted by: J. | March 15, 2007 at 06:53 PM
Bah, on se financera différement !
Posted by: Michel de Guilhermier | March 16, 2007 at 12:14 AM
Pour l'ouverture d'un hyper, c'est là que les producteurs sont le plus sollicités: gratuit (à peu de choses près l'ensemble des pdts en rayon sont du gratuit), participations pub etc...
Lorsque l'hyper ouvre les caisses sont remplis grâce aux producteurs, pour un peu il y aurait du cashback sur l'investissement des murs.
Posted by: J. | March 16, 2007 at 08:26 AM
Il y a un article dans Les Echos sur Sarenza, aujourd'hui.
Posted by: J. | March 16, 2007 at 08:29 AM
Il y a surtout un bel article dans Libé, avec un ton différent des Echos...
http://www.liberation.fr/actualite/economie/241269.FR.php
Posted by: Fabien | March 16, 2007 at 07:04 PM
Merci Fabien, on m'avait aussi envoyé cet article que je viens de lire.
No comment la dessus !
L'article des Echos semblent par contre comporter de grosses erreurs : les fondateurs ne peuvent pas passer de 15 à 5% du capital si Sarenza est valorisée 300K€. Mécaniquement impossible.
Posted by: Michel de Guilhermier | March 16, 2007 at 08:52 PM
Michel, ce que je comprends de l'article :
1) Treppoez prend 25% sur une valorisation de 300K€.
2) les actionnaires remettent 3M€ sur une valorisation de 3M€, donc dilution de 50%
Au final, les fondateurs se font bien diluer de l'ordre de 66% en passant de 15% à 5%
L'arrivée de Treppoz à 300K€ est clairement un cadeau étonnant, 6 mois après une valorisation de 20M€ (comme indiqué dans l'article). Treppoz ne prend ainsi pas beaucoup de risques personnels financiers.
La valorisation de 3M€ est certes très basse, mais pas totalement absurde "économiquement" si la société fait de lourdes pertes. On peut quand même se poser des questions. Il y a 6 mois, la société n'avait pas plus d'argent et ils l'ont valorisée 20M€...
Posted by: Fabien | March 17, 2007 at 08:14 AM
Merci Fabien, en effet, après relecture, la valo des financiers est bien de 3M€ pre-money.
Mais difficile de comprendre comment ils feraient rentrer Stéphane à 300K€ et après faire un tour à 3M€ ?
Sur le fond, comme les VCs sont rentrés sur une valo totalement extravagante de 20M€ en août 2006, certainement parce que la société a été sur-vendue, ils ne pouvaient qu'être déçus et sanctionner.
Après, il semble que de fortes divergences soient apparues entre les fondateurs et chacun à joué sa carte.
Posted by: Michel de Guilhermier | March 17, 2007 at 09:02 AM
Il me semble que l’activité de Sarenza nécessite la maîtrise de 4 métiers.
Pour avoir travaillé 32 secondes dans la gde distri, il y a 3-4 mois, une offre d’emploi émanant de Sarenza m’avait un peu étonné pour un responsable logistique.
Etonné par le fait qu’ils n’en avaient pas déjà un, étonné par la rédaction de l’offre qui laissait à penser que leur cible était flou et le métier peu stratégique.
Posted by: J. | March 17, 2007 at 10:34 AM
Bonjour,
J'aime ce genre de commentaires... on croirait lire un cours de mécanique relativiste. Pour moi qui suis profane en matière de valorisation, c'est délectable.
Sérieusement, avez-vous du nouveau concernant la malheureuse histoire de Françis Lelong?
Posted by: Franck C. | April 11, 2007 at 05:53 PM
Il faut lire son blog et espérer qu'il postera des infos fraîches quand nécessaire !
Posted by: Michel de Guilhermier | April 11, 2007 at 08:38 PM
Si ça vous intéresse, je viens de trouver un article assez cinglant à propos de Francis.
http://blog-ecommerce.blogspot.com/2007/03/sarenza-dans-m
y-ecommerce-sucks.html
Je ne sais pas si tout est véridique (ça sent la jalousie), mais si ça l'est je pense en effet qu'il était temps de changer de cap pour Sarenza.
Posted by: Franck C. | April 13, 2007 at 07:44 PM
Si ça vous intéresse, je viens de trouver un article assez cinglant à propos de Francis.
http://blog-ecommerce.blogspot.com/2007/03/sarenza-dans-m
y-ecommerce-sucks.html
Je ne sais pas si tout est véridique (ça sent la jalousie), mais si ça l'est je pense en effet qu'il était temps de changer de cap pour Sarenza.
Posted by: Franck C. | April 13, 2007 at 07:47 PM
Sur son blog, l'analyse d'Olivier est intéressante.
En tant que pdg, Francis était responsable de tout mais le directeur marketing ne doit pas être exempt. Par l'absurde, on imagine mal un pdg empêché un directeur marketing d'être bon. Non, je ne sais pas?
Posted by: J. | April 14, 2007 at 07:39 AM
Si si, ça existe J. !!
Posted by: Hubert | April 15, 2007 at 12:21 PM
Hubert/ hé bien!!! cela me laisse sans voix...
Posted by: J. | April 15, 2007 at 01:03 PM