Voila, votre projet existe, vous avez déja fait une première levée de love ou même de seed money, vous avez crée quelques actifs (un site, du traffic, du CA, des contrats, une techno, etc) et pour saisir la fantastique opportunité que vous entrevoyez, pour aller plus vite et/ou plus fort, vous voulez faire appel aux capitaux-risqueurs, aux "VCs".
C'est une bonne chose, mais attention, l'exercice comporte des risques qu'il faut connaître ! Le but ici n'est pas de donner un guide complet mais de donner quelques conseils méthodologiques de bon sens paysan.
En préambule, et pour comprendre la psychologie des capitaux risqueurs, il est peut-être utile de relire les 10 mensonges des VCs écrit par le génial Guy Kawasaki, aussi clairvoyant que drôle et pédagogique. Il a aussi rédigé dans la même veine les 10 mensonges des entrepreneurs, mais vous devriez les connaître, et peut-être même en ajouter d'autres !
La rencontre entre un VC et une entrepreneur, c'est comme dans la vie entre un homme et une femme. Il y a un rapport de séduction, chacun cherche à se faire plus beau qu'il n'est et cherche à gommer ou cacher ses défauts. Mais, soyons lucide et honnête, ils ressortiront avec le temps !
Si ça se passe bien (attention, soyez prudent, les bons VCs sont aussi de très grands charmeurs et séducteurs), vous allez finir par vous marier, et il y aura un contrat de mariage, un pacte. Le point capital, c'est justement ce pacte qui va régir la vie future et notamment ce qu'il va se passer dans les différents cas de figure. On reviendra plus loin sur ce contrat, mais tout d'abord, 4 conseils méthodologiques extrêmement importants tirés de mon expérience :
- 1. Une valo, c'est bien, mais ça ne veut rien dire sans les clauses du pacte. Ne vous laissez pas séduire, ne vous laisser jamais accrocher et entraîner par une valo séduisante en concédant une exclusivité de négociation sans avoir les clauses. Vous risquer de le regretter quelques mois plus tard, et là il sera peut-être trop tard pour faire marche arrière car les besoins de cash pourraient alors être trop impératif. En clair, un deal c'est une valo ET des bonnes clauses. Ne les dissociez jamais, ne concédez jamais une exclusivité de due diligence sans être d'accord sur les clauses.
- 2. Faites-vous toujours assister par un bon avocat qui connaît son sujet (demandez m'en un si vous n'en avez pas), qui travaille totalement pour vous, sans aucun conflit d'intérêt possible. C'est quelques milliers d'euros à débourser, mais ça vaut vraiment de l'or. Cet avocat doit vous indiquer dés le départ les clauses à demander ou celles à ne pas accepter. Vous les donnerez aux VCs dés le début de la négo, s'ils ne les acceptent pas, qu'ils passent leur chemin et vous vous passez à un autre !
- 3. D'où le besoin d'avoir un process large ! Ne vous limitez pas à 1 ou 2 VCs, plus vous avez de choix, mieux ça vaut pour trouver ceux qui accepteront votre valo et vos clauses ! C'est du bon sens non ? S'il y en a un qui vous approche en direct, en vous faisant les yeux doux, c'est que vous avez de la valeur, raison de plus pour lancer immédiatement un process large et ne pas se limiter à lui !
- 4. Et pour avoir un process large, passer par un leveur de fonds sérieux et jouissant d'une bonne notoriété est une bonne chose qui ne peut que vous amener plus de choix. Ceci étant, le leveur de fonds travaille à la commission sur le deal. Son intérêt est donc avant tout que le deal se fasse, mais ce n'est pas forcément que vous vous fassiez un bon deal. D'où l'importance d'avoir un avocat à ses côté, quoi qu'il arrive !
Voila, en suivant bien ces 4 conseils méthodologiques, je doute que vous puissiez faire une grosse erreur ! Vous ferez une bonne levée, et surtout votre avenir sera mieux tracé en cas de divorce.
La réussite de l'entrée des investisseurs dépend elle principalement de comment dès le départ on a prévu les modalités pratiques de leur sortie plus que de la valorisation de départ ?
Posted by: michel nizon | March 10, 2007 at 08:56 AM
Il y a en effet des clauses sur la sortie (obligation de sortie conjointe par exemple) sur lesquelles il faut faire attention.
Il ne faut pas qu'elles vous empêchent de vendre librement plus tard.
Tant que vous êtes manager, avec une part de capital importante, cela se comprend. Mais si vous si vous décidez de partir, et après être devenu très minoritaire, la pire des choses serait que vous soyez "coincé" dans le capital...
Je connais ça !
Posted by: Michel de Guilhermier | March 10, 2007 at 09:02 AM
Merci michel pour ces conseils !
On a les mêmes lectures donc : http://www.ziserman.com/blog/2007/03/08/lart-de-se-lancer-avec-guy-kawazaki/
A bientôt !
François
Posted by: François Ziserman | March 10, 2007 at 11:27 AM
Euh, je me permets un commentaire complémentaire. Oui, c'est important d'avoir un bon avocat, mais il est également fondamental de ne pas trop déléguer. Au final, celui qui signe, qui s'engage, c'est l'entrepreneur, et pas l'avocat. Il faut donc bien choisir son avocat, lui demander des explications si un point parrait pas clair, lui demander son point de vue et au final, décider ce qu'il convient de faire.
François
Posted by: François Ziserman | March 10, 2007 at 11:30 AM
of course !
Posted by: Michel de Guilhermier | March 10, 2007 at 11:53 AM
Michel si vous connaissez un BON avocat - qui rédige les clauses de manière claire, concise et percutante ; qui fait preuve de souplesse pendant les négos sans transiger sur l'essentiel afin d'aboutir à un "fair deal" sur la durée ! - je suis preneur car je n'en connais pas...
Posted by: boya | March 10, 2007 at 04:30 PM
Encore un point qui me semble important par rapport aux avocats : il y a un vrai risque à la fin des négos, quand les avocats des deux parties (ou plus quand ils y a plusieurs VC's) se mettent à travailler ensemble. Le risque est qu'ils passent vraiment beaucoup de temps à faire des choses vraiment trop compliqué. Vous avez déjà vu un pacte qui fait plusieurs centaines de pages ? Qui est capable de s'y retrouver à la fin ?
François
Posted by: François Ziserman | March 10, 2007 at 05:43 PM
Boya, je vous l'envoie par email.
Posted by: Michel de Guilhermier | March 10, 2007 at 07:04 PM
Je n'ai certes que peu d'experiences en entrepreneur, mais je pense que le premier point est l'inconnu. En tant que jeune entrepreneur je ne connais pas le monde des BA ou VC mais dans ma prise de contacts j'ai eu qq difficultés :
- Entrer en contact avec les investisseurs (ils sont nombreux mais tous cachés)
- Défendre mon projet (viable mais mon besoin en financment est justement pour le développement commercial)
Tjs est il qu'aujourdhui me voila toujours au point 0.
Posted by: Sylvain | March 11, 2007 at 09:03 PM
Pour l’entrepreneur, le fait que des leveurs comme Aelios ou Chausson interviennent en capital (nous le voyons dans les Echos, cette semaine pour mxp4 et notrefamille) semble de nature a engendrer du conflit d’intérêts.
Et quid de ceux qui adressent un business plan d’une sté concurrente d’une sté qu’ils auraient amorcé.
Posted by: J. | March 12, 2007 at 09:02 AM
Je suis bien d'accord avec tous tes points... et encore plus sur le dernier.
Le leveur de fonds est aussi parfois sur un pourcentage du monntant leve, il a donc parfois interet a faire que la mariee (start-up) soit encore plus belle, et pirem mysterieuse!
Le leveur peut donc etre un formidable allie pour la levee meme, mais il ne sera plus la au matin de la nuit de noce pour cacher ce qui l'a ete jusque la!
Posted by: Julien | March 12, 2007 at 05:22 PM
Michel, avec cette grille de lecture, comment interpréter ce qui se passe chez Sarenza?
Pas un mot chez vous sur Sarenza, aujourd'hui.
Pour la gouvernance, je pense qu'il n'est pas souhaitable pour un dirigeant d'avoir un leveur avec des parts et un siège. Au moindre conflit, celui-ci devrait se ranger du côté des VCs ; il fera plus de deals avec ces VCs qu'avec l'entrepreneur, logique.
Posted by: J. | March 14, 2007 at 10:11 PM
Aussi, pour l'avocat, mieux en vaut un peu souvent mandaté par les VCs et qui d'ailleurs s'en tape et kickboxer comme Dominique Bompoint.
Posted by: J. | March 14, 2007 at 10:15 PM
Jean Louis, j'étais justement avec Sarenza aujourd'hui...Ce qu'il s'y passe mérite en effet un post entier. Je le prépare pour le week-end...
Posted by: Michel de Guilhermier | March 14, 2007 at 11:36 PM
Bonjour,
Bravo à vous pour votre très beau parcours.
Pensez-vous qu'il faille lever des fonds avec un leveur ou faut-il y aller seul?
Si vous pensez que c'est avec un leveur, auriez-vous des contacts? je suis assez d'accord avec les post précédents disant qu'une rémunération avec des parts soit loin d'être idéale. la rémunération en cash vous semble-t-elle adéquate?
Je suis également preneur pour un contact d'un bon avocat! Mais dans ces cas là il faut faire appel à un leveur + un avocat?
Merci d'avance pour vos réponses!
flod
Posted by: flo | May 16, 2007 at 05:07 PM