Au delà de la "food for thought" de vendredi soir avec Thierry Mulliez, cette semaine passée aura finalement été très riche en enseignements !
J'étais mercredi soir avec un grand industriel français (OK, il ne réside pas en France, mais il est bien de chez nous !), qui a particulièrement bien réussit puisqu'il est leader mondial dans son secteur avec 50% environ de parts de marché, ce en étant partit de rien.
Au cours de la conversation, il me sortait "finalement, entre un projet qui marche et un qui marche pas, ça tient à peu de chose et souvent c'est à celui qui y croit le plus".
Je pense en effet qu'avoir une grande foi dans le projet qu'on conduit est indispensable. Une entreprise est très loin d'être un long fleuve tranquille, il y a des moments de bonheur comme des instants de doute, on peut parfois passer près du dépôt de bilan (ce fut le cas de Photoways en 2001), ou avoir de grosses difficultés (juste avant de se faire racheter par DSG pour une très belle somme, Pixmania devait payer ses fournisseurs au cul du camion) mais le fait d'y croire avec foi permet de passer bien des obstacles et de finalement s'imposer.
Un ami me citait d'ailleurs récemment qu'il aimait bien miser sur les entrepreneurs ayant déja frôlé le dépôt de bilan (mais l'ayant évité). C'est en effet un bon filtre, celui qui à vécu cela a d'une part des nerfs forcément solides, et d'autre part le petit quelque chose de plus !
Si avoir une foi inébranlable dans son projet me paraît essentiel pour aller loin, il y a bien entendu un bémol, car avoir la foi dans un projet sans aucun avenir manifeste, ce n'est pas être un bon entrepreneur tenace, c'est être un doux rêveur (je suis gentil) !
On ne peut pas finalement décorréler la foi de la lucidité et du pragmatisme. Comme il ne sert à rien de bien exécuter si on est pas dans la bonne direction, il ne sert à rien d'avoir la foi si on fait fausse route !
L'entrepreneur talentueux, c'est non seulement celui qui a la foi et qui est tenace, mais aussi celui qui a une vision juste des opportunités et des marchés.
Bon, un autre entrepreneur réputé et particulièrement successful (toujours largement majoritaire d'une société côté valorisée plusieurs centaines de millions d'euro), me confiait jeudi matin que le projet Ushuaia était génial !
J'en étais intimement convaincu, mais c'est toujours bon de se l'entendre dire par un entrepreneur au flair sûr ! Il aurait d'ailleurs dû être associé à Inspirational Stores mais un conflit d'intérêt l'en empêchera.
Convaincu que notre potentiel est fantastique, mais conscient que le projet est très ambitieux, complexe et difficile, il ne nous reste plus qu'à être très tenace et à le mettre patiemment en musique en recrutant les bonnes personnes au bon endroit...
Au-delà des proches qui ont de l'affection pour vous et des pairs qui vous considèrent compte tenu de votre track record, j'espère que vous avez aussi bcp de "ça ne marchera jamais" pour vous conforter dans l'idée qu'ISG apporte qq chose de fondamentalement neuf !
Posted by: boya | March 25, 2007 at 09:51 AM
Malheureusement non ! Le projet est quelque part trop limpide pour susciter ce genre de réactions !
Posted by: Michel de Guilhermier | March 25, 2007 at 09:58 AM
Si le projet ne suscite pas ce genre de réactions c'est que qqn y aura vraisemblablement pensé avant... ce qui n'est pas un pb en soit ! Il faudra juste frapper vite et fort avec effectivement le bon casting pour être "first to success" à défaut d'être "first to market" :)
Posted by: boya | March 25, 2007 at 10:37 AM
Boya, je ne crois pas en effet au 1st mover advantage en e-commerce. Il faut surtout être le meilleur plus que le 1er.
Et en e-commerce c'est comme en retail, les concepts se renouvellent perpétuellement.
Posted by: Michel de Guilhermier | March 25, 2007 at 10:41 AM
Et pour apporter du renouvellement perpétuel et des idées neuves, une équipe d'horizons différents et de sensibilités différentes et pas forcément issue de l'univers e-commerce ou retail d'ailleurs :)
Posted by: boya | March 25, 2007 at 11:00 AM
On va la faire courte, le retail n'est jamais que le reflet des mutations de la société, des comportement des consommateurs, etc.
POur s'adapter, il faut en effet avoir les yeux et les oreilles grandes ouvertes et être proche du peuple et de ses besoins.
Donc, oui, pas forcément retail, mais proche du peuple avant tout.
Posted by: Michel de Guilhermier | March 25, 2007 at 11:03 AM
Je ne peut que te rejoindre sur le fait qu'il faut croire dans son projet tout en restant pragmatique
Toutefois j'espere bien ne pas avoir a connaitre le spectre du depot de bilan meme si cela pourrait me permettre d'éprouver ma tenacité :-)
Posted by: Daniel | March 26, 2007 at 12:18 PM
Je rebondis sur la phrase de ton ami que tu cites : "il faut miser sur ceux qui ont frôlé un dépôt de bilan"... Entre connaître et frôler, il y a une sacrée différence ! J'ai monté 3 sociétés dont une a déposé le bilan en 2001. C'est après la DCP que j'ai forgé mon expérience, pas avant. "Avant", on réagit plus aux événements qu'on ne les anticipe, on apprend, si on ne le savais pas déjà, que ce n'est pas facile d'être un entrepreneur. "Après" on apprend ce que le mot "résilience" signifie et c'est là que réside la force de l'entrepreneur : Il ne suffit plus de passer par la fenêtre quand on vous claque la porte au nez, il faut voler un bulldozer, apprendre à le conduire et foncer droit sur la maison alors que tout le monde crie "au fou" !)
Mais je pense qu'il ne faut pas faire preuve d'un optimisme à toute épreuve quant à la vision que les banquiers ou investisseurs ont de cette expérience : As-tu des exemples de Business Angel ou Fonds qui ont déjà investit sur un entrepreneur qui a connu une DCP (en considérant que cette dcp est un atout) ?
Dans le meilleur des cas, c'est une expérience neutre, jamais un FCS.
Pour l'anecdote, j'ai déposé une annonce il y a quelques années pour embaucher un profil d'entrepreneur. Je précisais dans l'annonce "Expérience d'un dépôt de bilan appréciée", j'ai reçu qqs réponses d'entrepreneurs surpris et heureux qu'enfin on reconnaisse leur expérience.
Aujourd'hui, j'ai remonté une boite avec 3000 Euros (cela peut couter cher un dépot de bilan et cela n'aide pas à remonter...) et jamais mon dépôt de bilan ne m'a été aussi utile.
Posted by: seb | March 26, 2007 at 03:45 PM
je viens de relire.. désolé pour les fautes d'orthographe. J'ai horreur de ça chez les autres !
Posted by: seb | March 26, 2007 at 03:47 PM
Je crois qu'il y a des vertues à connaître un "bon" dépôt de bilan !
Posted by: Michel de Guilhermier | March 26, 2007 at 05:13 PM