J'avais écrit en octobre dernier la nécessité de faire une "due diligence" approfondie dans le recrutement de ses collaborateurs et, de façon générale, de ses partenaires en affaires.
Le cas particulier le plus lourd de conséquences réside clairement dans le choix de son ou ses associés.
Je discutais ce midi avec un ami, ex patron d'une start-up du tirage en ligne, qui a tout perdu à cause d'un associé. Et autour de moi je dois bien connaître une dizaine d'entrepreneurs qui ont également eu "des problèmes d'associés" et qui s'en sont lourdement mordu les doigts. Se séparer d'un collaborateur incompétent est relativement simple juridiquement, se séparer d'un co-actionnaire dirigeant, c'est bien plus compliqué !
J'ai soit de la chance, soit du flair, mais aussi bien pour la rachat du Groupe Provifruits en 1996 (Benoit Galland), qu'avec Burlington (Michael Gell et Allan Gasson), que après pour Inspirational Stores (Martin Genot), j'ai eu la main heureuse et je n'ai jamais eu aucun problème. Pour Photoways, par contre, je l'ai créée seul à l'automne 1999 en parallèle de Burlington, avec juste un petit jeune pour m'aider, qui n'est pas resté longtemps car non adéquat. Martin Genot est arrivé fin 2000 dans l'aventure, a pris la direction générale à partir de 2002 et est devenu alors mon associé. De façon amusante, tous mes associés ont eu leur nom de famille qui commence par G, peut-être était-ce là la raison du succès !
Le coeur du problème en matière d'associés, ce ne sont pas vraiment les problèmes de compétence. Après tout, chacun à ses limites, et le but est de s'entourer de personnalités complémentaires. Ce n'est pas non plus un problème d'égo, les entrepreneurs en ont tous un, et heureusement.
Non, le point crucial réside pour moi dans 2 dimensions : l'éthique d'une part, une vision saine des choses d'autre part.
Quelles que soient les qualités professionnelles d'une personne, si son éthique est vacillante, ou s'il n'est pas capable d'analyser sereinement et sainement les problèmes, on a de grandes chances, tôt ou tard, de perdre quelque chose. Plutôt tôt d'ailleurs car la vie d'une entreprise est loin d'être un long fleuve tranquille, les moments délicats ne manqueront pas de se présenter rapidement.
Pour être certain de l'éthique et du raisonnement sain de vos associés, il faut bien les connaître, les avoir vu vivre, se comporter, agir, parler, ce dans différents univers, éventuellement connaître leur femme (dis moi qui tu fréquentes je te dirais qui tu es), leurs parents, leurs amis, etc. Après coup, on réalise que certaines petites phrases ou réactions "étonnantes", bien que paraissant anodines, étaient le signe de problème d'éthique ou de comportement.
Il y a des petits détails qui finalement sont révélateurs et ne trompent pas, mais encore faut-il les voir !
Je dirais que c'est d'autant plus dur qu'il n'y a pas de "Monster" pour associes , et qu'un associe n'est pas toujours facile a trouver...
Posted by: Julien | February 13, 2008 at 07:08 PM
Je suis d'ailleurs depuis plusieurs mois à la recherche d'un bon associé. Quelques conseils pour en trouver ?
Posted by: Mathieu Seguin | February 13, 2008 at 07:17 PM
Dans le cadre d'un associé qui occupe une fonction exécutive dans la boite, et en fonction de la taille de celle-ci, j'ajouterais à l'éthique et à la vision saine des choses de fortes qualités humaines et manageriales.
Je pense qu'il est très complexe de manager avec quelqu'un qui se fait détester des salariés. Soit on s'aligne sur l'associé et on risque de perdre l'adhésion de tous, soit on reste sur notre ligne et on risque de créer un déséquilibre dans le management, avec un double discours régulier.
Posted by: Jean | February 13, 2008 at 07:26 PM
C'est comme l'amour, il ne faut pas le chercher !
Posted by: hubert | February 13, 2008 at 07:29 PM
il en faut forcement un ?
Posted by: sebastien (ny) | February 14, 2008 at 12:15 AM
"Forcément", bien sûr que non !
Ca a du plus et du moins. Tu n'es pas nopn plus obligé de vivre en couple !!!
Moi j'aime bien pour au moins 3 raisons :
- On partage les joies et les peines
- On diminue les risques
- Ca va plus vite
Maintenant :
- On a moins de capital
- On s'engueule plus
A chacun de voir !
Posted by: Michel de Guilhermier | February 14, 2008 at 07:28 AM
L'ego bien que moteur nécessaire des créateurs d'entreprises, j'en suis d'accord avec toi n'est pas aussi "développée" chez tous. Et quand l'Ego brouille la vue d'un associé, il fait des choses irrationnelles, contre l'intérêt de la société et perd l’éthique. Dans ce cas la situation devient critique et dangereuse d'autant plus que les requins ne sont jamais bien loin pour profiter de la situation.
(certifié commentaire 100% vécu ;-)
Posted by: Yoann | February 14, 2008 at 09:24 AM
Sympa comme billet la veille de la St Valentin y a t il un rapport ?
Michel ton billet me rappelle les 3 regles de Warren Buffet avant d'investir dans une société :
- comprendre ce que vend la boite
- avoir des dirigeants à sa tête qui sont compétents et intelligents
- enfin la plus importante que les dirigeants soient honnêtes et avec une très grande éthique
Posted by: fx | February 14, 2008 at 10:20 AM
la vraie citation de warren b (je me suis un peu emmêlé..)
Quand vous recherchez des associés , vous devez vous concentrer sur trois qualités : l'intégrité
l'intelligence
l'énergie.
Et s'ils ne possèdent pas la première, les deux autres vous tueront.
Posted by: fx | February 14, 2008 at 10:25 AM
Merci fx, j'aime bcp en effet la quote de Warren.
Il n'y a aucun message caché, c'est juste l'opportunité de parler de cela qui est venu suite à mon déjeuner.
Posted by: Michel de Guilhermier | February 14, 2008 at 11:14 AM
Pour juger de l'éthique je préfère les parents au conjoint.
Mais je fais peut-être une erreur .
Posted by: pierreL | February 14, 2008 at 02:22 PM
C'est vrai que connaître les parents aide bien à comprendre les individus aussi.
Il y a quelque temps, je discutais avec une personne sur le PDG d'un important e-commerçant français qu'il connaissait très bien. Son message était "quand vous voyez la mère, vous comprenez...".
Posted by: Michel de Guilhermier | February 14, 2008 at 10:57 PM
En relisant votre article, pour parachever mon statut d'associé actif, j'invite vos lecteurs et lectrices à retenir deux autres points qui me semblent important :
- Le rôle de l'associé dans l'entreprise
- Son statut dans celle-ci et dans les relations humaines internes et externes.
Depuis 2002, j'ai eu souvent l'occasion en conseillant et accompagnant des créateurs et dirigeants d'entreprises innovantes au démarrage de leur activité de constater que ces deux éléments étaient peu conscientisés de leur part et celles de leurs premiers associés.
Je dis souvent aux créateurs et prospects que je rencontre que quatre éléments sont très importants pour bâtir une entreprise saine, au sens éthique du terme :
- L'intention du créateur (son intention originale, fondement de son action) est-elle d'être prédateur (et prendre tout pour lui) ou d'être constructeur (et bâtir une vision collective et une dynamique de groupe motivantes pour ses associés et collaborateurs comme ses partenaires d'affaires).
- L'engagement (agit-il en dilletant ou en pleine conscience de son action et de sa responsabilité éthique à l'égard de son environnement économique, social et écologique ?).
Ces deux éléments déterminent l'environnement dans lequel cette personne va évoluer et le type de relations qu'elle va attirer à elles (prédatrices et/ou constructrices, en réponse à son action de départ).
Il convient donc d'être attentif à ces éléments fondateurs de son affaire ou de celle dans laquelle on souhaite ou l'on nous propose d'être associé.
- Le rôle qu'il souhaite avoir à court, moyen et long terme, comme écrit plus haut
- Le statut qu'il souhaite avoir dans la société à court et long terme.
Bien cordialement,
Daniel Maniscalco
Posted by: Daniel Maniscalco - Conseil Associé - Comunethic | September 20, 2011 at 04:43 PM