Allez, en ce samedi matin, un conseil méthodologique pour réussir en Bourse avec le maximum de chances !
Trouvez une belle société avec 2 caractéristiques essentielles et indispensables : d'une part une forte croissance (revenus et résultats nets), d'autre part une excellente visibilité sur les résultats futurs.
Contre exemple : shutterfly, dont les estimations pour 2008 varient entre -20% et +30% vs 2007 (j'en ai parlé ICI). A ce niveau, c'est de la roulette russe, ce n'est pas de l'investissement, le modèle est bien trop incertain à ce stade.
Attention, grosse mise en garde : il va de soi que vous ne pouvez investir que dans un domaine que vous comprenez intimement et parfaitement. Un modèle à la mécanique qui n'a pour vous aucun secret et dont vous comprenez tous les paramètres et chaque ligne du bilan et du compte de résultats, que vous entrevoyez parfaitement les risques de marché comme d'exécution. C'est ainsi que pour vous la société est "lisible" avec une forte visibilité.
La forte croissance "mécanique" des résultats fait que le cours de Bourse de la société doit tout aussi mécaniquement monter sur la durée. Mais "Mr Market" n'est pas toujours rationnel, c'est une maîtresse un peu "fofolle" qui s'emballe et déprime régulièrement, qui sur-réagit presque systématiquement, et donc qui sur valorise ou sous valorise régulièrement.
Bien évidemment, plus la croissance est potentiellement forte, plus la volatilité et l'amplitude des fluctuations sera forte, et c'est tant mieux pour celui qui sait en tirer parti.
A partir de là, il vous faut 3 choses :
- D'une part du recul et des nerfs d'acier. on le dira jamais assez, "investing is more a matter of guts than intelligence".
- D'autre part vous fixer des prix d'achat et des prix de vente, et s'y tenir (c'est là où il faut des guts, en plus d'une excellente et même parfaite compréhension de la société)
- Enfin connaître la règle de Kelly d'allocation proportionnelle du capital (ici).
Et vous agissez : vous achetez progressivement (kelly), vous vendez progressivement (kelly encore), puis vous attendez sagement, patiemment, sans précipitation. Tant que l'opportunité n'est pas suffisante, vous ne revenez pas. Le bon investisseur est un guetteur, il doit savoir attendre le temps qu'il faut, des jours, des semaines, des mois s'il le faut. Savoir ne rien faire est une qualité essentielle en Bourse !
Un exemple concret, sans donner le nom, du cours de Bourse sur les 12 derniers mois d'une action côté à Wall Street :
Durant ces 12 derniers mois, l'action (en arrondissant) :
Passe de 40 à 30 entre début juillet et mi août 2007.
Passe de 30 à 50 entre mi-août et début novembre 2007.
Passe de 50 à moins de 30 entre début novembre et fin janvier 2007.
Spécifiquement, passe de 45 à moins de 30 entre fin décembre et mi janvier 2008.
Passe de moins de 30 à presque 40 entre mi janvier et début février 2008
Passe de 40 à 30 entre début février et mi mars 2008
Passe de 30 à 40 entre mi mars et fin avril 2008
Passe de 40 à 30 entre fin avril et mi mai 2008
En moins d'un an, il y a donc eu 3 cycles majeurs, avec des fluctuations entre 30% (de 30 à 40$) et 50% (de 30 à 50$) environ.
Supposons cependant que vous ne pouvez atteindre que 20%, ce qui est réaliste car vous ne pourrez jamais acheter au plus bas ni revendre au plus haut d'un cycle.
Imaginons que vous allouez 30% de votre capital sur cette action (vous pouvez aussi être plus téméraire et en allouer 50% voire plus, et plus vous avez une parfaite connaissance de la société, plus vous pouvez en prendre le risque.
Si vous exploitez ainsi 4 cycles annuels où à chaque fois vous gagnez 20% sur 30% de votre portefeuille, cela fait déja près de 25% (pre tax) de gain annuel pour l'ensemble de votre portefeuille. A noter que si vous n'avez alloué que 30% de votre portefeuille, il y a 70% de libre, en cash par exemple, ce qui donne un haut degré de confort !
Vous pouvez aussi allouer 50% de votre portefeuille, ce qui vous fait prendre plus de risque, mais compenser en vendant plus rapidement et en ne prenant que 15% sur les 30 à 50% de fluctuations. A chaque cycle, la performance globale sera de 7.5%. Vous le faites 4 fois, vous obtiendrez 30%.
Le principe fondamental sous jacent, que Monish Pabrai explique très bien dans son livre "the Dhandho Investor" est : Few Bets, Unfrequent Bets, Big Bets.
En clair, on ne fait que quelques gros investissements, à espace distants, non régulier, uniquement quand une opportunité majeure apparaît.
Bien évidemment, on n'allouera jamais 30% de son portefeuille dans une société si l'opportunité ne peut pas être qualifiée avec une certitude très importante de majeure. Ce qui suppose, encore une fois, d'avoir une connaissance parfaite.
Plus la société est jeune, plus les cycles seront courts et d'amplitude. Une société bien établie comme Coca par exemple a par contre des cycles extrêmement long. Je recommande donc des prendre des sociétés assez jeunes, mais d'au moins 500M$ de market cap, ce afin d'avoir un modèle un miminum prouvé.
Cette technique a aussi un grand mérite : vous ne passez pas beaucoup de temps la dessus. Vous achetez aux niveaux fixés, vous attendez, vous vendez aux niveaux fixés, vous attendez sereinement, confiant dans le résultat final !
A mon humble avis, allouer 50% de son portefeuille sur une seule ligne en espérant un retour de 30% est une pure hérésie d'un point de vue rendement/risque. On ne recommandera jamais assez la diversification des risques dans un portefeuille...surtout en ces périodes incertaines ;-)
J'ai un très bon livre à vous prêter Michel si vous le souhaitez : "Way of the Turtle" de Curtis M. Faith un illustre trader du groupe des tortues (cf http://www.tradingblox.com/originalturtles/story.htm).
Certes, leurs horizon de trading est largement plus courte que la votre, néanmoins les chapitres sur l'allocation de capital et la diversification des risques sont passionnants. N'hésitez pas à me contacter.
Très bonne journée.
Posted by: Geoffroy | May 17, 2008 at 12:17 PM
Ah, encore ce credo de la diversification, estimant faussement que la diversification réduit systématiquement le risque...
Geoffroy, ce n'est absolument pas un hérésie, et je te renvois à ce sujet à de saines lectures (Warren Buffet et Ponish Babrai, entre autres).
Comme Warren Buffet, je pense qu'on appelle souvent "risque" une incapacité à comprendre à fond une société et anticiper son futur dans les grandes lignes.
Quant à la diversification, cela revient souvent à saupoudrer , à chaque fois sans vraiment comprendre ce qu'on fait et là où on met les pieds.
Warren Buffet : "Wide diversification is only required when investors do not understand what they are doing"
Charlie Munger : "The idea of excessive diversification is madness"
Warren Buffet encore : "‘Many pundits would therefore say this strategy must be riskier than that employed by more conventional investors. We disagree. We believe that a policy of portfolio concentration may well decrease risk if it raises, as it should, both the intensity with which an investor thinks about a business and the comfort-level he must feel with its economic characteristics before buying into it."
Maintenant, si ce n'est pas une hérésie au sens littéral, c'est en effet et évidemment un risque important, irrationnel, pour celui qui le fait sans une connaissance parfaite de la société et dans un cas de société manifestement sous valorisée avec un futur lisible et prévisible, etc.
Quand au couple risque/rendement, il est évident que concentrer ses capitaux sur quelques sociétés fortement sous valorisées avec un futur très visible (je réinsiste fortement dessus) est bien le MEILLEUR compromis.
Warren Buffet encore : "Too much of a good thing can be wonderful"
Je n'ai pour ma part aucun problème théorique à agir de la sorte, mais dans le même temps je ne recommande pas cela à quiconque qui ne connait et ne comprends pas une société et ses paramètres à fond.
Posted by: Michel de Guilhermier | May 17, 2008 at 02:34 PM
On voit bien Michel que tu as désormais plus de temps : c'est le retour des notes de fond sur ton blog. Good.
Et bien moi en tant que Marx, je pense que le capitalisme est intrinséquement voué à sa perte et que le travail gratuit a de beaux jours devant lui (rires, ceci est une blague sauf pour le nom).
Sinon pour tes théories boursières j'en parlerais à des spécialistes pour pourvoir comparer les avis (Zone Bourse ou Mataf par ex).
Moi la Bourse c'est pas (encore) ma passion. Jouer sur le cours d'une société pkoi pas. Jouer sur le cours d'une monnaie, hum. Jouer sur le cours d'une marchandise vitale, bof. Les limites de la bourse selon moi...
Comme quoi, je pourrais presque être d'accord avec mon copain Karl ;-). Je fais mon Attali , désolé hein les boursicoteurs...
Bon allez, j'y vais
/Olivier
"petit fils de"
Posted by: /Olivier | May 17, 2008 at 07:40 PM
Le principal problème étant que n'est pas Warren Buffet qui veut...Une infime minorité d'investisseurs peut très certainement réussir grâce à ce genre de stratégies quasi légendaires (Néanmoins, si Warren Buffet était plus jeune de 40 ans et commençait à investir en ce moment, ses résultats seraient loin d'être aussi brillants, les marchés ont changés et les investisseurs aussi...) Je pense très sincèrement que la majeure partie des investisseurs qui tentent de suivre ses méthodes de nos jours courent à leurs pertes...
Posted by: Geoffroy | May 17, 2008 at 08:52 PM
En fait, Michel et Geoffroy, vos deux argumentaires se rejoignent. Sur le modèle de Warren Buffet, il est évidemment bien moins risqué de concentrer ses investissements sur quelques entreprises dans un marché ciblé dont on a une connaissance particulière plutot que de diversifier à l'aveugle pour un rendement/perte minimal.
"Diversification is a protection against ignorance. It makes very little sense for those who know what they are doing"
Mais c'est une stratégie qui suppose une expérience certaine en analyse financière, ce qui est loin d'être le cas de la majorité de la population.
Buffet ne dit pas autre chose: "If you are not a professional investor, if your goal is not to manage money in such a way that you get a significantly better return than world, then I believe in extreme diversification. I believe that 98 or 99 percent — maybe more than 99 percent — of people who invest should extensively diversify and not trade. That leads them to an index fund with very low costs."
Et puis soyons honnêtes, Warren Buffet possède des pourcentages significatifs dans plus de 30 sociétés, il intervient sur les devises, les métaux précieux, sa compagnie possède des filiales dans des domaines aussi variés que l'assurance ou la fabrication de cowboy boots. Cela me parait plutôt diversifié comme patrimoine!
Posted by: Eric | May 18, 2008 at 12:09 AM
Les multiples opinions que vous exprimez sur Buffett me paraissent etre liees a la nature un peu particuliere de Berkshire: il ne s'agit pas d'un fond mutuel ou d'un hedge fund, mais bien d'un conglomerat qui reinvestit l'argent de societes d'assurance. Tous les concepts evoques: diversification, Kelly, etc... sont des concepts venus de la gestion de fonds (je les retrouve dans le hedge fund ou je travaille). Mais Warren Buffett a ferme son fonds en 1969 et dirige une societe cotee en bourse, qui initialement etait...une societe de textile.
Posted by: sebastien (ny) | May 18, 2008 at 03:19 AM
Geoffroy, je suis bien d'accord, une infime proportion d'investisseurs peut se permettre de concentrer une bonne partie de ses actifs sur qq valeurs.
Ce pourquoi j'ai très clairement découragé quconque à suivre ça sans connaître parfaitement une société et son modèle.
Ce que je voulais dire, et que j'ai peut-être mal ou insuffisamment explicité est que, si l'on a la chance de connaître à fond une société rentable, en croissance et au futur prévisible, la méthode que j'expose est extrêmement intéressante.
Je l'applique d'ailleurs avec un grand succès depuis plusieurs années. A titre indicatif, ma perf 2007 : +50% pour un Dow à +6% et un S&P à +4%.
Et depuis le début de l'année, je suis largement en positif, ce qui n'est le cas d'aucun des indices américains.
Il faut aussi noter que, à ses débuts, il est arrivé à Warren d'avoir son portefeuille investit dans seulement 3 actions.
Posted by: Michel de Guilhermier | May 18, 2008 at 09:17 AM
By the way Sebastien, tu as maintenant rejoins un hedge fund ?
Posted by: Michel de Guilhermier | May 18, 2008 at 09:18 AM
yep, desole j'ai pas eu l'occasion de t'en parler, trop occupe. on en parle a ta prochaine venue ici !
Posted by: sebastien (ny) | May 18, 2008 at 04:40 PM
Bonjour
Ci joint des notes du shareholder meeting du début du mois.
Q32: Timothy Ferris, Princeton guest lecturer. Imagine you are investing with small sums of money at 30yrs old, with your first $1mil. Your savings can cover expenses for 18 months. You are not a full time investor, no dependents. What advice do you have, please be as specific as possible.
WB: Put it all in a low cost index fund. Vanguard. Reliable, low cost. Not professional, thus an amateur. Unless bought during strong bull market, that investment would outperform bonds over long period of time and I would forget it and go back to work.
CM: The great horde of professionals taking croupier profits out of system, and most of them pretending to be experts. If you don’t have prospects as a professional investor, do an index fund.
WB: No one will give you that advice since it doesn’t make anyone money. You will get a good return. Why should you expect more than that when you don’t bring anything to the party?
Index , diversification...
La stratégie qui consiste à allouer une grande part de capital à une action donnée suppose que l'on ne se trompe pas sur les fondamentaux, et / ou que les dirigeants n'envoient pas des signaux trompeurs ..
Imaginez ce que cela pourrait donner avec WFMI ?
Cdt
Posted by: valery | May 18, 2008 at 06:13 PM
Oui, oui et oui, il faudra le répéter 100 fois, on ne doit concentrer QUE si on a vraiment une parfaite connaissance de la société, son modèle , ses economics, ses perspectives, ses risques, etc...
Quant à WFMI, on ne va pas rentrer dans le débat, mais cela reste pour moi une très bonne valeur...pour du LT.
Elle n'est pas chere actuellement car elle est en phase de digestion de Wild Oats et ses couts fixes d'intégration ont fortement monté.
Mais des retail chain qui ont une croissance des comps de 5 à 6%/an, j'en voudrais plus !
Posted by: Michel de Guilhermier | May 19, 2008 at 06:50 AM
Ma philosophie d’investissement est de n’acheter que des actions dont le prix va monter. Simplicité, efficacité!
;-)
Posted by: Monsieur Glob | May 19, 2008 at 11:08 AM
Hello,
A mon humble avis, les "petits" (à part quelques coups) sont toujours voués à gagner petit (sur les gros cap) ou à se faire tondre par les gros qui manipulent les cours de bourses des small caps.
Posted by: Filmail | May 20, 2008 at 09:02 AM