Je voulais revenir sur mon post du 8 juin dernier et le compléter.
L'e-commerce, comme dans tout marché en croissance (on est quand même sur du 20 à 25% par an !), attire beaucoup de monde.
Mais c'est exactement à mon sens comme la restauration ! Il paraît aisé d'accès, mais en réalité le faire correctement, efficacement et de façon rentable demande tout un ensemble de compétences techniques et humaines qui de surcroît doivent être parfaitement équilibrées et coordonnées.
J'ai trop vu dans le passé, et vois toujours encore, des hommes de la techno s'improviser e-commerçant. Je vois de même trop souvent encore, notamment au travers de blogs, des consultants de ceci ou cela se positionner "expert global" en la matière après seulement quelques mois d'e-commerce et encore, qu'ils ont vu à travers un angle pointu !
Je vois aussi régulièrement des entreprises se fier à des web agencies ou des agences de marketing interactif, qui même si elles font parfois du bon boulot technique - ce qui n'est pas toujours le cas - ne crée au final aucune valeur car il n'y a aucune coordination !
On se croirait parfois revenu dans les années 99-2000 ! Les honoraires demandés sont à la hauteur de l'appétit des clients...
Dans ce marché de l'e-commerce en plein boom, où on est à la recherche d'avis et de compétences, il est très facile de se faire avoir et de perdre beaucoup d'argent. Et comme toujours, se fier et se reposer sur les mauvaises compétences, ne pas avoir un démarche globale cohérente et organisée, c'est l'échec ou la sous-performance assurée à terme !
Comme je l'exprimais le 8 juin dernier, un e-commerce efficace repose sur la parfaite maîtrise de 4 piliers fondamentaux : la techno, le e-marketing, le commerce et le fulfilment. C'est un véritable métier.
Ma conviction profonde est qu'avec le temps on va progressivement comprendre (parfois the hard way), que c'est un métier spécifique et difficile qui ne peut réellement être bien réalisé que par des structures spécialisées possédant l'ensemble des compétences pour cela.
Un exemple dans le monde physique : pourquoi la plupart des enseignes et des marques passent par des retailers locaux au Japon ou au Moyent Orient (tel le groupe Alshaya par exemple, qui doit bien posséder une bonne trentaine de licences de distribution) : parce qu'elles considèrent que ce sont des territoires géographiques particuliers qui demandent une forte expertise locale qu'elles n'ont pas.
Ma conviction est qu'il en va exactement de même pour l'e-commerce. C'est un "territoire" très particulier. Le jeu de compétences à mettre en oeuvre est multiple, et le pire est qu'il évolue en plus très vite, si bien qu'il me paraît économiquement difficile pour la plupart des marques de pouvoir se doter d'un e-commerce efficace.
A dire vrai, beaucoup ne réalisent pas encore l'extrême spécificité de l'e-commerce - tout comme beaucoup ne comprennent pas que la restauration est un métier finalement très complexe et spécifique - et ils se lancent, en prenant au passage des consultants, des web agencies et des agences de marketing interactifs qui leur prendront force honoraires, ce qui est la seule chose certaine dans l'histoire !
Il faut que jeunesse se passe, certains doivent faire leur expérience.
Mais le sens de l'histoire, la réalité incontournable, est que l'e-commerce est un vrai métier, particulier, avec ses techniques, ses mindsets, ses règles, et il ne peut être efficacement géré que par de vrais spécialistes sachant acquérir et manager les compétences adéquates, sachant investir à bon escient, etc.
L'e-commerce n'est d'ailleurs pas uniquement une affaire de techno ! Il ne viendrait pas idée à quiconque de confier la gestion commerciale d'un magasin aux architectes qui l'ont construit, et il n'est pas plus sensé de confier son e-commerce à des gens qui ne comprennent, par exemple, que la techno !
La techno n'est qu'un des 4 piliers, mais un bon e-commerce c'est tout un ensemble de choses, notamment de vraies compétences "commerce" !
C'est là où je peux faire ma "dot connection" (cf ICI ce fantastique discours de Steve Jobs à Stanford) avec mes années passées dans le retail ou à parfaire mes techniques de compréhension et relationnel consommateur. Le levier sur le chiffre d'affaires que possède l'homme ressentant ce dont a besoin le consommateur, et comment parler à ce dit consommateur, est tout simplement colossal, mais nombreux sont les hommes de la techno à ne même pas le soupçonner !
La maximisation du chiffre d'affaires d'un e-retailer se fait tous les jours en allant au charbon, exactement comme dans le monde physique. Imaginer les messages, le merchandising, les têtes de gondole, etc, qui feront se déplacer les consommateurs et sortir leur cartes de crédit est le job quotidien de l'e-marchand.
Appel aux belles marques !
Pour les très belles marques qui possèdent à la fois une forte image et des produits réellement hors pair, Inspirational Stores offre ses compétences et son infrastructrure e-commerce globale, sa capacité à développer fortement et efficacement les ventes sur un plan international. Ce au sein d'un vrai partenariat où nous prenons à notre charge tous les investissements relatifs au développement du canal e-commerce.
Ce pourquoi de véritables fleurons français comme Ladurée par exemple nous font aujourd'hui confiance pour développer leur e-commerce mondial.
Faire croire que le E-commerce est simple est mentir. Faire croire que l'E-commerce est un monde complexe, fait de jargon technique anglais est une vue de l'esprit. Créer un site de vente en ligne n'est pas l'affaire d'ultra-spécialistes ou de consultants expérimentés à 1000 euros la journée. C'est avant tout une affaire de compétences et de pertinence du commerçant lui même.
Au contraire je trouve que le niveau d'expertise des E-comercants aujourd'hui n'a jamais été aussi bon, et c'est agréable de rencontrer sur des salons des vendeurs de chaussures ou de machines outils qui ont une démarche pertinente sur le web et qui se pose les questions de base : le marche, les cibles, les plus produits etc... bref les questions de cours de marketing de la première semaine. le reste... C'est de l'enrobage techno-lexical...
Traduire : les E-commerçants et les webagencies ne sont pas tous des branlots débiles qui pensent à gagner des miliards en vendant des patates sur le web... Un auvergnat, les pieds sur terre.
Posted by: Scopika | June 11, 2008 at 09:28 AM
Scopika,
En effet, tout est affaire de compétences, de pertinence, et en effet ce n'est pas une question de jargon opaque.
Ceci étant posé, la question reste entière : avoir cette pertinence, réunir, manager et coordonner ces compétences n'est justement pas simple du tout.
Ca, c'est le constat de bon sens de celui qui vit dans le milieu de l'e-commerce, recrute des équipes et investit là où il faut investir de façon efficace.
Enfin, les cours de marketing de la 1ère semaine sont nécessaires, il ne faut pas les oublier, mais ce qu'on apprend après sur le terrain, ou en 2ième semaine, c'est pas inutile non plus !
Faire croire qu'en ayant du bons sens cela suffit est également une vue de l'esprit. Le bon sens est strictement indispensable, mais n'est pas suffisant, et de loin, à développer un e-commerce performant.
Sinon, à quoi justement servirait les spécialistes des web agencies, par exemple ?
Posted by: Michel de Guilhermier | June 11, 2008 at 09:42 AM
On ne peux plus d'accord : je rencontre souvent des personnes qui veulent se lancer dans le ecommerce. La seule chose indispensable, c'est la connaissance d'un produit ! Ceux qui flairent juste une opportunité vont uniquement se faire mal...
Mais, après, il faut apprendre tout ! J'aime bien votre métaphore : Vendre sur internet, c'est comme vendre en Chine ! Personne ne se dirait "Tiens, demain je vends en Chine"...
Question cible, 42stores s'occupe juste d'une autre cible : tous les petits qui veulent se lancer sur le web...
Posted by: Olivier 42stores | June 11, 2008 at 10:15 AM
Bravo !
Je souscris totalement à votre analyse. Le e-commerce est un métier pas une opportunité de développement.
C'est dur, ça coute cher, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. Chaque matin, la vérité de la veille n'est plus qu'un souvenir.
Pour reprendre votre image, je rajouterai que compte tenu des évolutions incessantes (tehno, marketing...) il me parait indispensable de réaliser "la fragilité" des 4 piliers. Un peu comme pour une maison dont il faudrait sans cesse revoir les fondations.
Posted by: Olivier b | June 11, 2008 at 11:43 AM
Pourquoi tant de rancoeur de la part de quelqu'un d'aussi intelligent...
J'avoue que moi même je me plains très souvent de la médiocrité de certains acteurs de la chaîne de valeur, mais quelqu'un me faisait remarquer récemment que c'était en éduquant le marché que les bons tireraient leur épingle du jeu, plutôt qu'en attaquant les mauvais.
Posted by: Raphael | Blog-Conversion | June 12, 2008 at 01:39 AM
Raphael,
Pas de procès d'intention stp.
J'insiste essentiellement dans ce post sur le fait que l'e-commerce est un métier spécifique qui, pour être bien réalisé, demande la parfaite maîtrise et coordination de 4 grandes compétences.
Posted by: Michel de Guilhermier | June 12, 2008 at 04:59 AM
La première partie de l'article est tout de même assez orientée...
Concernant le reste de l'article, je suis tout à fait d'accord. Mais de la même manière l'exploitation minière est un métier spécifique, l'agriculture en est un... La différence ? La maturité. En à peine 10 ans, difficile d'établir des règles qui ont été établi sur des dizaines d'années pour d'autres métiers.
Donc je trouve ta démarche vraiment intéressante car structurante, et je pense qu'il faut alors lancer le débat sur 4 pilliers ou plus ? quelle organisation ? quelle formation ? quels outils ? mais aussi quels prestataires ? qu'attendre d'eux ? sous quel forme ? quel modèle économique ? avec quel cadre légal ?... Il faut donc en effet s'atteler à construire une vraie industrie avec ses règles héritées d'échec et de pas mal de réflexion.
J'essaierai toujours de t'aider dans ce sens à faire avancer le débat.
Posted by: Raphael | Blog-Conversion | June 12, 2008 at 09:31 AM
Beaucoup d'appelés, peu d'élus, c'est un peu la dure loi (mais ancienne) du commerce et du succès.
Qu'il y ait une alchimie, faite de savoir-faire, de rigueur, d'intuition, de bon sens pour réussir dans le e-business, je dirais tant mieux !
Qu'il y ait des offres de consultants qui ne produisent pas les effets escomptés, cela a été vrai de la publicité, du marketing direct, des conseils fiscaux et patrimoniaux.
Ce qui me semble vrai, c'est que se faire conseiller et, pour cela, savoir s'entourer, c'est le premier des talents.
Ensuite, être capable de remettre l'ouvrage sur le métier, alors que tout semble fonctionner (enfin!), c'est l'autre qualité du dirigeant.
Mais surtout, je dirais que le commerce en ligne, c'est d'abord du commerce et qu'en cela, chaque cas est différent.
Je rejoins l'idée que le fulfilment, c'est à dire ce qui se passe "après" est essentiel.
Mais également qu'aujourd'hui, laisser le produit se défendre seul, c'est suicidaire. L'e-business ne peut réussir qu'intégré dans un ensemble multicanal parfaitement maîtrisé.
En tous cas, bravo Michel pour le succès de Photoways !
Emmanuel MIGNOT
PDG de Teletech International
Posted by: Emmanuel MIGNOT | June 12, 2008 at 04:47 PM
Très bonne note
Toutefois l'analogie avec la restauration a ses limites:
- L'e-commerce a des effets de levier plus importants que la restauration qui ne peut compter que sur de l'humain pour faire la cuisine et servir
- L'e-commerce ne bénéficie pas encore de la TVA 5.5 quand le client vient chercher le colis en point retrait :-)
Posted by: Daniel | June 12, 2008 at 05:28 PM
@Emmanuel MIGNOT
>la dure loi (mais ancienne) du commerce et du succès.
Si ce n'est que jamais, se lancer dans le commerce n'a été présenté et perçu comme facile.
Ouvrir un site de e-commerce est aujourd'hui chose aisée et présentée comme la condition suffisante pour faire du e-commerce.
Il se créé actuellement 2 sites e-commerce/heure en France...
J'ai peur qu'au bout du compte la ruée vers l'or de 1848 ait laissé moins de monde sur le bord de la route.
Je suis globalement bien entendu d'accord avec toutes vos remarques mais il me semble "d'intérêt public" de dire et redire que le e-commerce n'est pas loin s'en faut à la portée de tous et de toutes (particuliers comme entreprises). En cela l'article de Michel de Guilhermier est une bénédiction.
@daniel
>L'e-commerce ne bénéficie pas encore de la TVA 5.5 quand le client vient chercher le colis en point retrait :-)
Une idée à creuser ? à soumettre ? S'il y a une pétition je la signe ;-)
Posted by: Olivier b | June 12, 2008 at 06:43 PM
Tout le monde peut dire tout et n'importe quoi et les clients ne comprennent pas ce qu'ils achètent: c'est une réalité indéniable !
Le marché souffre de sa complexité technique qui favorise une grande opacité. Celle ci est entretenue souvent par les prestataires eux-même... L’abondance d’une offre disparate et inégale (du neveu de la comptable qui bidouille des sites aux grandes web agencies en passant par les indépendants) vient brouiller les cartes.
Mais le problème vient principalementt de la profession qui n'a pas su se doter des outils classiques d’une corporation : normes professionnelles de qualités, organismes de certification, autorité d'arbitrage et de conciliation, et bien, communication et évangélisation auprès des entreprises d'abord et du public ensuite.
Dans le contexte décrit par Michel, où l'argent flambe sans contrepartie au niveau des résultats,il est clair que le concept Inspirationnal Stores a devant lui un boulevard pour proposer aux marques du luxe de s'offrir un nouveau canal de distribution sur une mode proche de la franchise, sans risque et surtout en faisant l'économie d'un long process d'apprentissage, ponctué de déconvenues couteuses. Et l'objet de ce billet est justement de rappeler ce positionnement malin et original. Bravo, Michel: tout compris !
Une objection pourtant : le pouvoir réel est à celui qui est au contact du client final. Je serai une grande marque, je me demande si je ferai l'économie de cette expérience, même couteuse. J'aurai sans doute un peu peur de perdre ce lein direct avec mes consommateurs d'une part, et qu'ils me soient confisqué peut-être même si les rapports avec le franchisé venait à se détérioré. Michel, à qui appartient le fichier client de Ladurée On Line ?
Posted by: Diagnosite | June 12, 2008 at 09:22 PM
@diagnosite,
Merci ;-)
Dans le monde physique, les marques passent souvent par des distributeurs indépendants et sont tout aussi coupées d'un contact direct avec les consommateurs.
En passant par Inspirational Stores, elles sont au moins sûres d'une chose, c'est que j'aurais autant à coeur de comprendre intimement le consommateur que ce que j'ai fait chez Photoways...et qui nous a permis de surclasser la concurrence.
Et bien entendu, je partage ma connaissance des clients avec les marques.
Posted by: Michel de Guilhermier | June 12, 2008 at 09:33 PM
Daniel, l'analogie avec ta restauration ne tenait que sur un seul point : ça paraît simple d'ouvrir un site e-commerce, et de fait ça l'est, mais c'est après que ça se corse et ça on ne le voit pas !!
Posted by: Michel de Guilhermier | June 13, 2008 at 06:56 AM
Laissons à chacun une part de rêve que diable.
Certains dans le E-commerce voient une façon de créer, d'entreprendre d'étendre une activité.
Beaucoup n'ont pas toutes les compétences, certains vont les acquérerir, d'autres jamais...certains vont mourrir rapidement, d'autres survivront....
Dans le E-commerce comme partout, les meilleurs survivent car ils ont été les meilleurs.
Je trouvais quand même que l’article est un peu tarte à la crème et je ne voyais pas ou vous vouliez en venir, jusqu’à ce que je me rende compte que c’était un « appel au client »
Et là j’ai un peu mieux compris.
Posted by: Filmail | June 13, 2008 at 08:36 AM
@ Filmail
Appel aux clients ? Où ça ? ;-)
Posted by: Raphael | Blog-Conversion | June 14, 2008 at 03:58 PM
Bonjour
Je pense que vous avez exactement mis le doigt sur la principale problématique que doit affronter l'entrepreneur de E-Commerce. La multiplicité des compétence nécessaires et le coût astronomique que cela peu générer pour un projet de petite ou moyenne envergure (nous allons dire que les gros budgets ont les moyens de s'offrir un chef de projet opérationnel digne de ce nom).
Je me suis posé la question suivante : Comment arriver à offrir une véritable équipe de spécialiste pour un budget minimum. La réponse au final est très simple mais bien sûr il faut savoir comment la mettre en place. Cette réponse c'est : La mutualisation de ressources.
Oui vous ne rêvez-pas, ce concept qui fonctionne pour l'hébergement internet peut-être appliqué aux compétences nécessaires au E-Commerce. La principale difficulté va être de réunir suffisamment de projets pour arriver à "amorcer la pompe" de la mutualisation.
C'est un pari risqué que j'ai décidé de prendre en mettant en place le Club ECOM.
La promesse est de partager les ressources d'un gros (ou très gros (on peu rêver)) projet réunissant stratèges, marketeurs, publicitaires, développeurs web, graphistes, référenceurs,logisticiens, administratifs,....Bref tout ce qu'il faut comme compétences pour mettre en place des projets techniquement efficaces, valorisants, visibles et rentables.
J'aimerai vous remercier Michel pour cet article qui devrait éveiller quelques consciences dans des entreprises ou l'on s'interroge sur les raison de l'échec de leur stratégie web. Il ne trouvent souvent à accuser que le graphisme, le référencement, le code ou dans le meilleurs des cas la démarche commerciale.
Cet article est un bon plaidoyer pour la maturité concernant le média internet. Dieu fasse qu'il devienne la référence de l'an zéro de l'internet efficace.
Érik NICOLAS
Posted by: Munchausen | June 18, 2008 at 05:34 PM