Dans mon article sur l'impact économique d'Amazon Premium, j'expliquais que c'était un nouvel avantage concurrentiel pour le n°1 mondial de l'e-commerce et qu'il avait sacrément bien réussit son coup, même si, dans vos commentaires, vous vous montriez sceptiques sur l'intérêt de ce service payant.
Amazon a annoncé hier soir ses résultats trimestriels sur le Q4 2008, et ils sont tout simplement excellents ! Dans un e-commerce américain an baisse de 3% sur la Xmas season (voir ICI), et de 4% sur le Q4, Amazon a vu ses ventes s'envoler de 18%, en clair sa part de marché du canal e-commerce a très fortement augmenté.
Prenons une plus longue période : en 2005, Amazon avait une part de marché sur l'e-commerce américain de 5%, elle est maintenant de 10% sur le Q4 2008 ! Dans le même temps, la part de E-bay est passé de 22% à 17%...Méthodiquement, inexorablement, Amazon augmente sa part de marché e-commerce...
Ma conviction est que cela va continuer, Amazon étant à mon sens le seul pure player généraliste important qui a démontré sa capacité à augmenter à la fois ses ventes, ses profits, et la qualité de son service.
Il est facile de croître en perdant de l'argent, il est possible de gagner de l'argent en rognant sur la qualité de service (surtout quand on cherche à se vendre), il est très difficile de faire les 3 à fois.
Jeff Bezos engrange maintenant les bénéfices d'années de R&D IT, d'améliorations constantes de ses systèmes informatiques, de ses process (logistiques et autres), de son volume d'achat, de sa connaissance intimes des clients, etc. Amazon a construit une "moat", pour reprendre un terme buffetien, certainement non rattrapable, si ce n'est peut-être par des hyper spécialistes et ce sur une catégorie précise seulement. Ainsi, la qualité et la force de Zappos a poussé Amazon a crée endless ! Comme dans le monde physique, le super généraliste peut se faire piquer par le spécialiste...
Preuve de sa confiance dans le futur, dans une conjoncture de récession, Amazon a indiqué s'attendre en 2009 à une croissance comprise entre +9 et +19%. Certes, la fourchette est large, mais cela reste une forte et belle croissance, très largement supérieure au reste de l'industrie !
Pour revenir sur le trimestre précédent, vu que tout le monde aux US se battait à coup de promo (e-commerce ou retail physique), Amazon a du sacrifier une partie de ses marges pour rester compétitif : la marge opérationnelle s'est ainsi contractée de 4,8 à 4%, soit finalement une baisse extrêmement raisonnable et sous contrôle.
Cela, aussi, est tout à fait remarquable et extrêmement prometteur pour la société. Réalisons ce simple fait, Amazon arrive a fortement croître, bien mieux que le reste de l'industrie, ce en ne sacrifiant que légèrement ses marges...
La question que tout e-commerçant doit maintenant se poser : comment se positionner efficacement face à ce rouleau compresseur, qui étend toujours de plus en plus son champ d'action, qui améliore toujours de plus en plus ses systèmes et la qualité de son service, qui bénéficie certainement de conditions d'achat de plus en plus favorables, etc.
Note : si je suis extrêment positif et confiant sur la qualité de la position concurrentielle d'Amazon, je trouve que l'entreprise est maintenant vraiment trop bien valorisée : à plus d'une fois son CA, 32 fois son résultat, 18 fois l'EBITDA, ça devient vraiment trop cher, je ne suis pas acheteur du tout.
Pour moi, le secret réside avant tout, commetu le souligne dans les années d'innovations en termes d'informatique, mais aussi (et surtout) de logistique. Amazon est sans doute aujourd'hui l'une des entreprises au monde les plus avancées sur ce point... Ebay n'est plus dans la partie, en revanche, la progression de Zappos (qui a commencé par les chaussures lui) et son approche tout aussi innovante laisse à penser que le vrai "combat" sera entre ces deux dans les années à venir.
Posted by: Julien | January 30, 2009 at 06:36 PM
Entièrement d'accord avec Julien sur la logistique, je dirais même que ce qui compte le plus c'est l'intégration des deux (informatique + logistique). Le client saisit lui-même sa commande, il faut que les stocks et la livraison suivent !
Pour moi, Ebay est différent, c'est une place de marché, il n'y a pas de logistique, elle est assurée par les vendeurs (particuliers ou pros).
Pour Amazon, je suis toujours étonnée à la fois de leur prix et de la gratuité des frais de port. Sur les livres, on peut commander un livre de poche à 2€ et se le faire livrer en colissimo (prix public 5€) même s'il ont des tarifs préférentiels avec la poste, sachant que la marge "libraire" est de l'ordre de 30% maximum, une telle vente ne va pas générer de bénéfice. Heureusement toutes les commandes ne sont pas comme cela. Mais je suis toujours intriguée par leur modèle économique.
Par contre, je ne sais pas quelle commission est prise sur marketplace, cela doit aussi être une source de revenus (sans frais).
Un autre point déjà identifié par Michel, sont les prix toujours très compétitifs, les achats doivent donc aussi être performants...
Mais, pour moi, ce qui fait le succès c'est la qualité du site et du service. Ce sont les premiers à avoir mis en place du filtrage collaboratif et des conseils aux acheteurs et, à l'époque (vers l'année 2000), c'était innovant, maintenant tout le monde a copié mais jamais aussi bien...
Posted by: Valérie Lumière | January 30, 2009 at 08:37 PM
Pour info Amazon prend environ 10 % sur la marketplace + un fixe mensuel.
Posted by: Francis | January 30, 2009 at 11:09 PM
Sur la markeplace amazon prend 39€ mensuel + 15% sur le CA TTC (frais de port inclus).
Pixplace prend 39€ mois et environ 8% de comm
RdC ne prend pas de frais mensuel mais 10% de com.
Cela génére un chiffre d'affaire important mais une fois leur comm enlévée il ne reste plus grand chose.
Posted by: jmlg | February 01, 2009 at 09:12 AM
Ces chiffres, en eux-mêmes, ne sont pas tout à fait exacts.
Cependant, aiu dela, le point est de savoir ce qu'on a pour ce qu'on paye.
J'aurais beaucoup de mal à comparer la qualité du service d'Amazon avec ceux des autres !
Posted by: Michel de Guilhermier | February 02, 2009 at 08:26 AM
En réalité Amazon tire la majeur partie de ses profits de la marketplace... leur coef de vente sur le reste est si petit qu'il leur arrive de vendre à perte (comme l'exemple du livre à 2€)
Je tiens ca de personne d'amazon, avec qui nous travaillons via la marketplace
En clair le modèle éco e-commerce d'amazon ne tient pas vraiment la route (environ 125 millions de RN pour 15Millirad de $ de CA c'est plutot nul quand même), et la marketplace génère en grande partie ce RN...
Posted by: Gwen | February 11, 2009 at 03:32 PM
Gwen,
1) Oui, une grande partie du profit vient de la marketplace. C'est pas pour autant que le modèle ne tient pas la route. La preuve d'ailleurs avec les résultats d'Amazon
2) Non, le RN n'est pas de 125M$ mais de plus de 600M$ (sur 19Mds$, ok). Pour un retailer, c'est pas mal du tout en fait.
3) La vraie mesure de rentabilité d'un retailer est d'ailleurs plus le ROI que le ROS (return on investment plutôt que return on sale)
4) La marge brute est de 26%. Alors, même s'ils peuvent éventuellement vendre à perte (à voir), il faut surtout retenir ce 26%. pour un "general merchant" retailer, c'est tout à fait normal comme marge brute.
Posted by: Michel de Guilhermier | February 11, 2009 at 03:40 PM
Michel,
1/ Je pense que c'est justement parce qu'il ne gagne pas assez avec la vente directe qu'il cherche à placer leur fullfillment service. Il me semble d'ailleurs qu'aux USA la majeure partie du résultat provient de la market place et du fullfillment service
leur modèle initial ne fonctionne pas encore...et c'est bien normal avec les prix bas qu'il pratique...
2/ je parlais de l'année précédente, mais la ratio reste le même... 600/19000 ca fait 3% de résultat... je trouve ça totalement insuffisant, mais logique...
Ce qu'il font c'est massacrer les marges commerciales (c'est pas du commerce ça...n'importe quel amateur cassant les prix va vendre n'importe quoi...)
Les vrais vendeurs (pro de la vente) vendent un produit/service, pas un prix
3/ oui c'est vrai mais je préfère résonner différemment pour ma part.
Il y a le CA généré par lui-même (fruit des ancien investissement), et la CA généré par les investissement en cours/actuel
par période je peux avoir un ROI quasi infini car je n'investis pas beaucoup et ca ne démontre rien en terme de résultat réel de l'entreprise, alors que le ROS, ne trompe pas...y'a ce qui rentre et ce qui sors, c'est beaucoup plus logique, le ROI c'est plus marketing comme vous le décrivez vous-même dans un de vos posts je crois...faut bien que les webmarketers chiffre leurs résultats pour leur client non ? :-)
4/ 26% !! arghhh
Mon activité tourne à plus de 40% sur un domaine ultra concurrentiel, mais je ne vends pas des prix, je vends des produits
En tout cas amazon aura marqué l'histoire du commerce ca c'est certain mais pas dans le sens qu'on croit (on peut en reparler en MP si vous voulez)
Posted by: Gwen | March 07, 2009 at 04:04 PM