Merci à tous de votre participation au sondage d'hier sur le modèle préféré de la marque automobile que vous considérez comme la plus mythique (très loin devant les autres marques, voir ICI) ! Avec près de 130 réponses je peux maintenant le clôturer.
La splendide DB4 GT Zagato de 1961 s'impose finalement avec un peu moins d'1/4 des voix juste devant la contemporaine DBS, suivi à une courte encablure de la DB9. Les positions rapprochées sont le signe que le choix fut certainement difficile, les Aston étant quasiment toutes très belles !
Avant d'approfondir les 3 1ers vainqueurs, quelques commentaires tout de même sur les autres modèles :
- Virage, 10ième, dernière : 0 pointé, aucun vote en sa faveur, je ne suis pas surpris, la voiture exprime de la puissance mais elle est bien lourde et massive, avec un design qui n'a pas bien vieillit. A l'époque cependant (c'est à dire il y a 20 ans), les commentaires sur son esthétique n'étaient pas négatif, on lui reprochait par contre un poids excessif qui pénalisait les performances.
Ce fut la dernière Aston de production conçue avant le rachat par Ford en 1987, et la firme réussit quand même à en vendre 411 entre 1988 et 1994. De plus, si Aston laissa tombé le nom "Virage", le modèle continua avec cette carosserie jusqu'en 2000 avec la dénomination simple "V8".
- DB7, 9ième et avant dernière : vous êtes je pense un peu ingrat avec elle ! Il y a 15 ans, quand elle est apparue, elle faisait tourner les têtes, c'était esthétiquement parlant un vrai coup de génie. C'est grâce à ce modèle qu'Aston a pu sortir du marasme dans lequel il était depuis 20 ans, avec au total un peu plus de 7000 véhicules construits au cours de ses 10 ans de carrière, ce qui était énorme pour Aston à l'époque. En effet, avant la DB7, en 80 années d'histoire (1914-1994), la firme avait construit en tout et pour tout moins de 15,000 véhicules !
S'il faut donc lui rendre hommage, force est de reconnaître que son successeur, la DB9, est encore plus belle, plus racée, et évidemment plus contemporaine.
- Rapide, 8ième : c'est difficile de faire une 4 portes vraiment belle.
Aston y est à mon avis arrivé, surtout quand on compare à la Panamera
de Porsche, mais ça reste une 4 portes... L'intérieur est splendide et son toit en verre garantit une splendide luminosité dans l'habitacle (ci-dessus).
Vendue 2 fois plus cher que la Panamera, très bien équipée elle aussi,
la partie ne va pas être facile même si Aston projette d'en vendre 2000/an (j'imagine que Porsche vendra 15 à 20,000 Panamera par an). La Rapide arrivera en concession à l'automne.
Si elle avait 5 places, ma femme me pousserait presque à l'acheter. Avec ses 5m de long, elle n'est cependant pas plus facile à garer à Paris qu'un Q7, surtout que la visibilité vers l'arrière n'est certainement pas terrible. Comme toutes les Aston contemporaines, il n'y a pas non plus vraiment de pare-chocs, c'est donc le salaire de la peur en ville.
- V8 Vantage, 7ième : la "baby Aston" est craquante, nul doute...mais avec 30cm de moins environ elle ne dégage pas l'incroyable équilibre et classe de son ainée la DB9. Je la préfère d'ailleurs en cabriolet, petit gabarit sublime (ci-dessus, en Islande) qui garde une bonne partie de la rigidité et du dynamisme du coupé. Très sympa à conduire, surtout en boite séquentielle avec palettes au volant pour affuter ses trajectoires.
Apparu avec un moteur 4,3L de 385cv, Aston l'a upgradé en 2008 à 4,7l et 420cv, effaçant ainsi son seul vrai défaut qui était le manque de punch à bas régime, ce qui la rend aujourd'hui bien plus dynamique et vraiment attractive dans sa catégorie.
Seul problème de la V8 Vantage, elle connaît un énorme succès ! Déja produite à plus de 15,000 exemplaires depuis son lancement en 2005 (un millier seulement pour les DB4, DB5 et DB6), représentant aujourd'hui environ 70% des ventes de la marque, elle n'est pas et ne sera jamais vraiment une Aston très exclusive. La rançon du succès.
Si elle a encore une belle carrière devant elle, la V8 Vantage est déja la voiture de série qui fut le plus produite chez Aston et avec elle la firme a triplé sa production en 3 ans; c'est donc un modèle d'une importance capitale dans l'histoire de la firme.
Aston s'est récemment amusé à mettre le gros moteur V12 de la DBS (517cv) dans cette petite et relativement légère Vantage, ce qui donne on s'en doute une vraie bombe pour amateur passionné, qui ne sera produite qu'à 1000 exemplaires.
- Vanquish S, 6ième : 8 ans après sa sortie, la Vanquish, qui n'est plus produite depuis l'été 2007 (les 40 derniers modèles firent l'objet d'une série spéciale appelée "ultimate edition"), reste une très belle voiture, à la fois musculeuse et ronde, qui vieillit finalement très bien. Exigeante et délicate à conduire, surtout sous la pluie, c'est un monstre de puissance passionnant et superbement attachant qui accroche les 320km/h, soit bien plus que la DBS actuellement (un peu plus de 300km/h).
La Vanquish est un modèle assez rare puisque seulement 2500 exemplaires furent produits au cours des 6 ans de sa carrière.
Ce fut l'outil de travail de Pierce Brosnan en Islande dans "Die another day" !
- DB5, 5ième : c'est l'Aston mythique par excellence, la quintessence de la GT des années 60, avec un grand merci à James Bond pour la pub gratuite ! Apparue pour la 1ère fois avec Sean Connery à son volant dans Goldfinger, puis dans Opération Tonnerre, on la retrouve 30 ans plus tard dans Golden Eye (1995) avec Pierce Brosnan puis dans Casino Royale (2006) avec Daniel Craig. Comme je le postais ICI, le public anglais l'a élue voiture anglaise la plus iconique de l'histoire.
Sans conteste ! Elle est belle, elle est rare, elle a un héritage unique. Vous auriez même pu la placer u peu plus haut !
- One-77, 4ième : celle qu'Ulrich Bez appelle la "quintessence Aston Martin" n'inspire finalement qu'un honorable succès d'estime, et je comprends. Au dela de son prix décalé et inaccessible (1.2M£), vous devez certainement la considérer comme "too much" au niveau de son esthétique. C'est d'ailleurs un peu ce que vous sembliez vouloir dire en novembre dernier ! Elle reste cependant une voiture très impressionnante à tous les niveaux qui renforcera sans nul doute l'image exclusive des Aston, même si on s'éloigne là du "british understatement" de la marque.
Avec 77 exemplaires qui seront construit en tout et pour tout, vous avez moins de chance d'en avoir une dans la rue qu'une Bugatti Veyron ! D'ailleurs, je ne suis même pas sûr qu'Aston en ait vendu une seule en France...
Peut-être que le classement moyen de la One-77 sera une déception pour Aston Martin, mais il s'agit de toute façon d'un modèle de prestige à la signification commerciale relativement faible. Le CA total généré par les ventes de ce modèle devrait être 10 fois inférieur à celui issu des ventes de la DBS.
Et maintenant, passons au trio de tête en commençant par la DB9 :
- DB9 : quelle superbe voiture ! S'inscrivant dans le prolongement du trait de génie de Ian Callum avec la DB7, le designer Henry Fisker a dessiné l'archétype de la voiture Grand Tourisme moderne, dont la 1ère apparition publique fut au salon de Francfort en septembre 2003.
Quel que soit l'angle de vue, elle est tout simplement sublime, exprimant à la fois de la force, de la rondeur et de la classe. Un équilibre parfait ! 6 ans après son lancement, on ne s'en lasse pas et, comme la beauté est ce qui résiste au temps, elle devrait très bien vieillir. Un superbe V12 de 6L et environ 480cv sont suffisant pour dépasser les 300km/h et accomplir le 0-100 en moins de 5 secondes. Petit bonus pour les familles, on peut caser de jeunes enfants à l'arrière, n'est-ce pas Laurent L. ?!
Le modèle cabriolet, très populaire aux US, notamment en Californie (Spielberg en possède un), perd cependant beaucoup en matière de dynamisme et de précision de conduite : il se savoure tranquillement et il ne faut surtout pas brusquer la belle, elle réagirait mal !
Déja produite à plus de 10,000 exemplaires, soit 3,000 de plus que la DB7, la DB9 marquera certainement l'histoire d'Aston Martin. Pas de remplaçante en vue pour l'instant, mais y en a t-il vraiment besoin ?
Elle fut la 1ère voiture produite dans l'usine ultra moderne de Gaydon, construite sur mesure pour Aston (merci à Ford pour l'investissement), que j'ai visitée en septembre 2007. Elle a vraiment fait rentrer dans une nouvelle ère moderne la firme, qui mis notamment a contribution plus d'une centaine d'infographistes/designers pour la façonner, une 1ère pour la firme à l'époque, tranchant avec ses méthodes passées, plus artisanales.
- DBS 2007 : dérivée de la DB9, la DBS est le flagship actuel de la marque en ce qui concerne les modèles de production. Au final, c'est une DB9 améliorée sur quasiment tous les plans : plus légère grâce à la fibre de carbone, même V12 6L mais plus puissante (40cv de plus), des freins en carbone céramique très sécurisants et endurants, un meilleur train et une meilleure suspension (pilotée), encore plus luxueuse à l'intérieur (système Bang & Olufsen de série) elle offre finalement un agrément et un plaisir de conduite supérieur, tout en gardant la grande classe de sa petite soeur. C'est pour moi aujourd'hui, tout simplement, la meilleure voiture Grand Tourisme au monde.
Comme je l'indiquais ici après avoir passé une journée entière à son volant, elle est incroyablement facile à conduire et en cela tranche avec la délicate Vanquish. Confortable aussi, on a cette étrange sensation de conduire une voiture de sport assis dans un salon cosy ! A son bord, on roule...pour le plaisir de rouler, tout simplement !
Esthétiquement, surbaissée d'un ou 2 cm vs la DB9, avec quelques appendices aérodynamiques de plus, elle paraît encore plus dynamique et agressive que sa soeur. Moi j'aime ce léger "tuning", d'autres moins, question de goût.
Aston a par contre totalement tort d'expliquer que c'est une voiture sans compromis, cherchant peut-être indirectement à la positionner dans le clan des voitures de sport extrême. Des compromis, elle en fait au contraire un certain nombre, et c'est tant mieux. Son registre n'est pas d'être une sportive pure et dure comme peuvent l'être certaines Porsche, Ferrari ou encore Lamborghini, mais juste d'être la plus belle et la meilleure Grand Tourisme du monde. Et c'est déja énorme !
Elle fait payer cher ses différences avec la DB9 (80K€ de plus environ), mais entre ses caractéristiques techniques supérieures, son pédigré (James Bond) et son exclusivité, cela peut se défendre. J'imagine cependant qu'il a du y avoir de très longues discussions en interne sur le fait de l'appeler DB9 "S" ou pas. De fait, en la dénommant DBS, Aston la positionnait sur un statut à part - alors que fondamentalement c'est bien une DB9 mais très largement améliorée - et a fait ainsi naître des attentes pas totalement satisfaites et quelques frustrations pour un modèle "flagship".
On pourra bientôt l'avoir en cabriolet, présenté au dernier salon de Genève, ce qui est bien agréable en été, mais je trouve qu'on perd alors un peu de la fluidité dans la ligne.
- DB4 GT Zagato : à tout seigneur tout honneur ! Le grand
carrossier Italien a frappé très fort avec ce modèle qui n'est pas sans
rappeler la mythique Ferrari 250GT ! J'ai voté pour elle, sa sublime
beauté intemporelle est sidérante, des courbes puissantes et
voluptueuses, un dessin unique.
Je suis totalement sous le charme, ce que dégage la DB4 GT Zagato est très fort. Si je
devais choisir une seule voiture de collection, ce serait celle-ci. On la
voit très souvent en couleur "Aston Racing Green", comme ci-dessus,
mais ce n'est pas la couleur que je préfère.
Avec 314cv, la voiture accrochait déja à l'époque - il y a près de 50 ans - les 250km/h.
Dérivée de la DB4 GT
(déja une petite série de 75 unités seulement), la Zagato est encore
plus rare puisque 19 exemplaires
seulement furent construits. Voiture
donc aujourd'hui très convoitée par les collectionneurs passionnés...et
fortunés, pas moins de 1M€ dans les ventes aux enchères, et encore
faut-il en trouver une vu la rareté !
Anecdote incroyable
: 30 ans après les débuts de la Zagato, un spécialiste anglais de la
marque, Richard Williams, entrepris en 1991 la fabrication de quatre autres DB4 GT Zagato,
en utilisant 4 numéros de châssis non utilisés auparavant, ce avec la
coopération totale de l'usine elle-même et de Zagato (ce ne sont donc
pas de vulgaires répliques). Ces modèles furent appelés "Sanction II",
vendus pour 750K£, soit 1.250.000 euros environ (à l'époque). Le raisonnement du PDG d'Aston de l'époque, Victor Gauntlett,
était aussi simple que brillant : en 1990, au plus haut de la spéculation automobile, les DB4 GT Zagato d'origine allaient
chercher près de 2M€ dans les ventes aux enchères, alors si Aston
pouvait gagner de l'argent en vendant des modèles neufs identiques à
moitié prix, pourquoi pas ! Il appela et trouva 4 clients potentiels,
et l'affaire fut entendue...
Et pour continuer dans l'étonnant, en 1998-2000, on construisit 2
nouvelles - et dernières - DB4 GT Zagato, appelées "Sanction III".
Finalement, l'histoire de la DB4GT Zagato s'est écrit sur 4 décennies. Vraiment un modèle à part !
Pour conclure, petite parenthèse sur les dénominations Aston, tout sauf cohérentes, mais ça doit aussi être ça le charme anglais !
La DB1 n'a en fait jamais existé, il y a eu en 1948 une "2 liter sport", 1ère voiture de l'ère David Brown, qui fut appelé DB1, mais cela a posteriori.
En 1959, Aston est passé de la DB2 à la DB4, car il y avait eu 6 ans auparavant, en 1953, une DB3, mais qui était une stricte voiture de course.
On est également passé en 2003 de la DB7 à la DB9, zappant le terme "DB8", pour ne pas faire potentiellement allusion à un 8 cylindres.
La DBS 2007, celle du sondage, est la 2ième du nom, après la DBS de...1968, qui avait succédé à la DB6.
La petite V8 Vantage du sondage reprend aussi un label déja utilisé dans les années 70 (il y a d'ailleurs eu une V8 Vantage Zagato), puis encore dans les années 90. Incohérence supplémentaire, dans le jargon Aston, "Vantage" désignait auparavant un modèle "gonflé", alors qu'il s'agit ici d'un modèle de (relative) grande diffusion standard.
Bon, ce doit bien être ma note la plus longue sur Aston non ?
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