Avec mon projet de construction/restructuration de maison sur Boulogne (ICI), je lis beaucoup en ce moment de livres d'architecture contemporaine et de design.
Impossible bien entendu dans ce domaine de faire l'impasse sur le Corbusier et les 5 principes de l'architecture moderne qu'il publiait en 1927 : pilotis, toit-terrasse, plan libre, fenêtre en bandeaux et façade libre. La fameuse villa Savoye a Poissy est l'exemple même de l'application de ces principes.
Dans les faits, j'aime beaucoup les réalisations du Corbusier, simplicité, pureté et élégance, et je souscris totalement à ces 5 principes. Avec juste un petit bemol, je ne suis pas toujours fan des pilotis ronds.
En passant, question architecture intérieure, je suis du genre minimaliste, très peu de mobilier, et pour toute décoration j'aurais juste 3 éléments/principes se suffisant à eux-mêmes : de beaux volumes, de belles perspectives et des jeux de lumière/clarté.
Par ailleurs, pour revenir sur les 5 principes du Corbusier, sur le plan intellectuel, je suis aussi assez porté sur les schémas simples qui formalisent de façon concrète des concepts parfois un peu abstraits. En posant de façon claire ces 5 principes, le Corbusier a ainsi formalisé les bases de l'architecture moderne de l'époque (il y a quand même 80 ans). La Villa Savoye a par ailleurs eu un impact considérable sur l'architecture moderne.
Alors, dans cette lignée, après avoir lancé quelques formules valides mais compréhensibles seulement par les initiés (ici), je vous propose aujourd'hui les 5 principes d'un e-commerce rentable et pérenne, des principes clairs et simples compréhensibles par tous. Fruit de 10 ans d'expérience en e-commerce et de ma vision du commerce.
- 1) Marge brute à la commande confortable et pérenne : l'e-commerce est un vrai coupe gorge de par la facilité pour le client à comparer les prix et à aller chez le concurrent, ce qui comprime fortement les marges en général, les acteurs se devant d'être concurrentiel price-wise. La base de la base, et je le pose donc en principe n°1, c'est d'avoir et de préserver une marge brute à la commande satisfaisante. Le "comment" est très compliqué, on pourrait écrire un livre la-dessus : ça dépend de la structure de marge des secteurs eux-mêmes, de la concurrence actuelle et future, du merchandising proposé, de la cible de clientèle visée, de la taille qui influe sur le volume et les conditions d'achat, etc. La marge brute à retenir est en fait la marge nette de tous frais directs variables (logistique, commission bancaire de transaction etc).
- 2) Acquisition Client Rentable : des frais d'acquisition d'un client significativement inférieurs à la marge brute nette d'une commande. A la rigueur, et dans certains cas seulement, des frais d'acquisition significativement inférieurs à la marge brute nette potentielle apportée la 1ère année par le client. Incluez dans vos coûts d'acquisition les labor costs associés (équipe de marketing d'acquisition ou honoraires de l'agence). Croire que le client reviendra souvent est un leurre, les taux de retour dans un magasin e-commerce sont très significativement inférieurs à ceux du monde physique, et c'est parfaitement logique.
- 3) Approche Centrée Consommateur : l'e-commerce n'a rien inventé, on reste dans le commerce. Il faut une obsession permanente tant pour comprendre intimement le consommateur (dans ses besoins, ses envies, ses comportements, ses freins, etc) que pour le servir le plus parfaitement possible, en livraison (rapidité et fiabilité) et en service client (avant et après-vente). Cette empathie et cet "amour" du consommateur, tout le monde ne l'a pas.
- 4) Systèmes Performants : le retail a besoin de systèmes de reporting très performant pour être piloté efficacement, il n'en va pas différemment en e-commerce, et c'est même pire puisque les cycles sont bien plus courts. Il faut des systèmes de reporting sophistiqués pour suivre précisément en temps réel l'évolution et l'origine du trafic sur le site, les taux de conversion, le split des ventes, les marges brutes (par produit, par gamme de produits, par marque, par tranche de prix, etc). A noter que l'analyse ne doit pas être tant sur le CA que sur la marge brute, c'est elle qui fait vivre. Ne pas disposer de ces systèmes, c'est piloter dans le brouillard, et ça finit toujours dans le fossé.
- 5) Frugalité : des frais généraux (en incluant les frais techniques et le service client) qui ne dépassent pas 10% du CA. La frugalité est un vrai avantage concurrentiel, permettant, si besoin, de comprimer temporairement ses marges pour résister aux concurrents, ou les grapiller, ou alors simplement de gagner bien plus. Ne pas être frugal, c'est aussi s'exposer à la mort.
En architecture, le profane dira simplement avec ses mots "c'est beau", mais cette beauté perçue spontanément proviendra en fait du respect de quelques principes simples que le spécialiste pourra décrypter et formaliser immédiatement. Regardez de nouveau la villa Savoye plus haut et identifiez les 5 principes. Ce n'est plus "elle est belle" mais "elle respecte les 5 principes, donc elle est belle" ! Evidemment, ça enlève un peu de magie et de spontanéité cette formalisation...
En e-commerce, c'est pareil, le profane verra la rentabilité (ou la non rentabilité), mais la beauté du bottom line viendra du respect ou non des 5 principes ci-dessus ! Et là, pas de magie, et c'est tant mieux, la formalisation est diablement efficace pour comprendre pourquoi c'est rentable ou ça ne l'est pas.
Et voila comment on commence une carrière de "Corbusier de l'e-commerce" !
Olivier (Marx), rassasié question article de fond ?
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