Je reprends le titre d'un article du magazine Challenges de cette semaine, que vous trouverez online ICI, qui relate le combat entre ces 2 géants français de la chaussure en ligne, Spartoo et Sarenza, suivant tous 2 les traces de l'américain Zappos (racheté par Amazon en juillet dernier, voir ICI).
S'il y a une rivalité quasi frontale, my take est cependant :
- Je me réjouis qu'on ait 2 français co-leaders européens de leur secteur !
- Je me réjouis que et Boris (Saragaglia) et Stéphane (Treppoz) soient 2 anciens HEC Entrepreneurs !
- Je me réjouis que ce soit 2 "camarades" avec qui je discute régulièrement et entretiens d'excellentes relations. Je suis juste un peu énervé par Stéphane qui n'arrête pas de me qualifier de "pape de l'e-commerce en France" ;-)
- De facto, vu leur croissance et l'importance de leur CA, ils font tous les 2 du bon boulot !
- Ils prennent aujourd'hui des chemins capitalistiques différents : Stéphane a préféré (et a également pu avec son patrimoine plus important) injecter lui-même (avec sa DG) 2M€ il y a 1 an (il pouvait faire rentrer des VCs, mais à des conditions qui ne le satisfaisaient pas), alors que Boris vient de "pactiser avec le diable" (*) par une colossale levée de 12M€ pilotée par Highland Capital en chef de file. (*) C'est comme ça que Thierry Mulliez m'avait introduit à l'AFM en mars 2007 lors de ma conférence e-commerce devant la famille !
- Que demain Spartoo réussisse maintenant à croître plus vite avec une telle force de frappe ne serait pas étonnant, le contraire le serait d'ailleurs, mais cela ne veut pas forcément dire que demain Boris s'en tirera mieux patrimonialement parlant que Stéphane, qui lui reste plus maître de son capital. Si Photoways est devenu une grande et belle société qui va tendre vers 100M€ de CA en 2010 (ils devraient certainement les dépasser en 2011), en terme capitalistique, Etienne Descure de Photoweb est certainement celui qui, sans faire de bruit médiatique, sans être le roi de l'Europe (ni même de France d'ailleurs) se sera patiemment constitué au fil du temps le plus beau patrimoine dérivé du métier (de tous ceux qui se sont lancés en 1999 dans le tirage photo en ligne). Tout simplement parce qu'il n'a jamais fait aucune grosse levée de fonds, mais s'est simplement focalisé sur extrêmement bien faire son métier, jour après jour, avec un oeil sur la qualité du travail et la satisfaction client, et un autre sur les coûts et la rentabilité...et qu'il est toujours dans le métier plus de 10 ans après !
- Le marché est tellement large que 2 gros acteurs peuvent parfaitement réussir, on est pas un contexte de métier "grégaire" où "the winner takes it all" parce qu'être le plus gros est un argument d'attraction pour les consommateurs eux-mêmes. A chacun de se positionner judicieusement...
Et dans tous les cas de figure, re un grand bravo à Boris (et Paul) et Stéphane, tous superbes entrepreneurs qui font honneur à notre filière, j'ai beaucoup d'admiration pour ce qu'ils réalisent et construisent aujourd'hui !
Pour les connaître de près, je peux vous le dire, ils en ont des corones, ils ont su prendre des risques !
Bonjour,
pour avoir pratiqué les 2 sites en temps que client, je trouve que leur 2 approches de développement sont finalement assez représentatives de l'expérience d'achat que l'on peut faire:
- dans un cas, service de qualité, rien à dire
- dans l'autre, hum, hum...
Je n'insiste pas, j'ai déjà eu l'occasion d'évoquer le sujet dans un précédent commentaire.
Si je voulais prendre un énorme raccourci, je dirais qu'il faut savoir ce que l'on veut dans la vie, gagner de l'argent rapidement, ou développer une belle entreprise avec une démarche qui s'inscrit dans le temps.
Posted by: The Dudde | March 13, 2010 at 10:19 AM
Bonjour Michel,
Je m'interroge sur le modèle Crocs.
Penses-tu un jour faire un article ?
A défaut, où faudrait-il jeter un oeil ?
Merci
Posted by: ostéopathe | March 13, 2010 at 11:25 AM
Je ne suis pas sur d'etre d'accord avec ton argumentaire.
Sarenza (creee en Dec 2004) a leve au moins $15M depuis une premiere levee en Juillet 2005. S. Treppoz n'etait pas son fondateur et a donc du demarrer plus bas en detention de capital -- je suppose que l'injection de cash est aussi une maniere de remonter au capital.
Spartoo a a ce jour leve moins de cash: $1.2M en Aout 2006 et €4.3M fin 2007. Boris a 28 ans et n'a jamais fait de pognon dans le passe, difficile pour lui d'autofinancer et pas necessaire puisqu'il est le fondataire et commence avec un ownership eleve.
A ce jour si Sarenza a atteint €40m et Spartoo €30M le jugement serait plutot en faveur de Spartoo qui a demarre 15 mois plus tard et utilise moins de capital.
Reste a voir les marges etc, la comparaison du topline n'etant que d'un interet mitige.
Ce qui est certain c'est qu'on est face a deux boites d'e-commerce bien gerees et qu'on peut esperer l'emergence d'un champion francais au niveau pan-Europeen.
Posted by: Fred Destin | March 13, 2010 at 02:30 PM
Fred,
Plusieurs choses
Sur les levees, voila les elements !
Sarenza : 2+4+3+3: 12M€ au total
Spartoo : 1+4+12 : 17M€ au total
Steph possede aujourd'hui sans doute 3x plus de parts de capital de sa societe que Boris n'en a...
Pour etre "fair", on devrait aussi pour bien faire etablir 2 periodes pour Sarenza, car il y a eu un coup d'accordeon durant l'hiver 2006 et le changement de management...
Maintenant, il y a des raisons aux levees de Boris, il est en effet plus jeune et n'avait pas l'oseille qu'a pu mettre Steph. Mais au bottom line quand meme, Stephane a plus de capital.
Sinon, Spartoo a demarre 11 mois après environ (aout 2006 vs septembre 2005 au niveau du lancement du site).
Ceci etant, les 2 vont certainement reussir quelque chose de beau, c'est tout ce qui compte.
Posted by: MdeG iPhone | March 13, 2010 at 02:57 PM
Je suis ces deux boites depuis un moments et je les félicites! dommage qu'on ne médiatise pas un peu plus ce genre d'aventure.
Posted by: maurice | March 13, 2010 at 09:19 PM
Je pense que les 2 ont pour objectif de sortie la vente à Zappos/Amazon mais ce dernier ne rachètera que le leader comme Amazon l'a déjà fait par exemple en Europe pour le livre. La gestion des stocks doit aussi faire partie des facteurs clés de succès.
Posted by: MichelN | March 14, 2010 at 09:08 AM
Zappos/Amazon pourrait très bien ne racheter personne...
Posted by: Michel de Guilhermier | March 14, 2010 at 09:26 AM
@MichelIn,
sans compter que c'est un peu triste de créer une entreprise juste dans le but de la revendre. En même temps, ça colle avec une stratégie de développement rapide, de levées de fonds faramineuses et tutti quanti...
Mais bon, faut dire aussi que je suis de l'ancienne école.
Posted by: The Dudde | March 14, 2010 at 02:00 PM
Sans prendre parti, créer pour vendre est souvent, chez les entrepreneurs, une attitude hyper saine: finalement, ils sont dans la mouvance et se retournent souvent vers d'autres projets, parfois d'ailleurs plus "Idéalistes", plus altruistes.
En ce qui concerne le succès d'une entreprise, n'est-il pas en effet plus important d'être "Cash Flow positive" à la fin de la journée pour les investisseurs?
Mais c'est amusant de comparer le succès de ces deux mastodontes. Affaire à suivre. Spartoo a certainement une chance de s'étendre à l'étranger et de facto, une stratégie de devenir Amazon plutôt que de se faire racheter par ladite entreprise.
Posted by: Valerie | April 16, 2010 at 10:37 AM