Qui ne connait pas le principe du couponing local genre Groupon, le concept hype du moment sur le web mondial (US, Europe, Russie, Chine...) : tous les jours le site offre un deal dans une localité donnée (par exemple, -50% dans le restaurant tartempion à New York), l'offre n'est validée que s'il y a un minimum de souscripteurs à cette offre. Ainsi, en apportant aux partenaires un nombre minimum de clients, Groupon peut négocier des remises très attractives.
Crée en 2007 avec 1M$ de levés auprès de business angels, Groupon a organisé un tour de table de 5M$ en 2008, puis 30M$ en décembre 2009 (valo supposée 250M$), et on parle maintenant, quelques mois plus tard, d'un colossal tour de table de 130M$, avec une valo supposée de 1,3Mds$ ! Mais avec pas mal de cash out néanmoins. Le site s'est développé dans 40 villes américaines.
En Europe, et comme aux Etats-Unis d'ailleurs, les Groupon-like foisonnent maintenant, le milieu est ultra-concurrentiel et c'est semble t-il à celui qui ira le plus vite, en levant le plus possible ! Entre le réseau de commerciaux pour aller démarcher les partenaires et les dépenses media pour acquérir une forte visibilité, le métier est extrêmement capital intensive.
A ce jeu, il y a 2 allemands qui aujourd'hui mènent le jeu en Europe en terme de levées de capitaux :
- D'abord les 3 frères Samwer, très brillants entrepreneurs à succès, investisseurs par exemple dans de petites start-ups comme Facebook ou LinkedIn (!), toujours à l'affut pour importer des US un concept qui marche puis le développer aussi rapidement que possible avant de le revendre tout aussi vite (ils ont commencé avec Alendo.de, un Ebay-like crée en 1998 et revendu en 1999, évidemment à Ebay...), ont lancé CityDeal, qui a déja levé 9M€.
- Ensuite, DailyDeal, de Stefan Glänzer (ex last.fm) et Michael Brehm (ex StudiVZ) a lui récemment levé 7M€ auprès de Mangrove et Adinvest.
En France, outre la filiale de CityDeal lancée en janvier, dirigée par l'un de mes anciens élèves d'HEC Entrepreneurs (et également stagiaire Photoways !), Thomas Revest, on a aussi Skoopon, fraîchement lancé, également crée par coincidence par l'un de mes élèves "pineur", Aurelien van Berten ! Et d'autres, tel Dealisssime, Bonprivé ou KGB par exemple, et la liste est longue.
Si le concept est chaud, prouvé aux US, et attire ainsi de nombreuses vocations ici, le développement d'un business pan-européen sera bien moins aisé.
Groupon s'est développé fantastiquement vite aux US en s'appuyant sur 2 faits : d'une part le nombre de villes importantes de plus de 2M d'habitants, d'autre part la culture américaine du couponing. 2 éléments qui manquent évidemment en France.
Si en Europe on peut dénombrer un nombre suffisant de villes importantes de plus de 2M d'habitants, il manque toujours cette culture du couponing et évidemment le développement sur 6 ou 7 marchés linguistiques et culturels différents (All, UK, Fr, It, Esp, Benelux, etc) est bien moins facile et plus coûteux que sur le seul marché unifié américain.
Tout cela me fait penser à l'intensité concurrentielle du début du marché du tirage photo online en France. Quand j'ai eu l'idée de reprendre le concept US Shutterfly à la mi 1999, je pensais être seul sur le marché. Quand j'ouvrais le site le 26 juin 2000 (et oui, ce sera bientôt le 10ième anniversaire de Photoways), j'avais, rien qu'en France, une dizaine de sites concurrents opérant sur le marché : Photoreflex, Photoweb, Colormailer, Fotango, PicBull, etc.
Ce business de couponing local rentre un peu dans la catégorie de métiers que j'appelle "grégaire", à savoir que la taille et le nombre d'adhérents ou de clients est en lui-même un argument pour attirer d'autres clients. Comme les enchères ou les rencontres par exemple : l'internaute a un intérêt bien compris à aller là où il y a un maximum d'autres internautes, car cela a un réel bénéfice/utilité pour lui.
Cette logique pousse à grossir extrêmement vite pour pré-empter le marché et donne donc une prime à ceux qui savent lever beaucoup et exécuter bien et rapidement.
Maintenant, je reste persuadé qu'il existe aussi dans le couponing local des stratégies de différenciation et de niche, appuyées par un CRM pointu.
"grégaire", j'aime beaucoup
Perso, j'appelle cela une phénomène de consolidation organique.
Posted by: Yann | April 17, 2010 at 07:35 PM
ne pas oublier le commerçant français qui n'a pas la même culture que le commerçant américain : il recule de 10 mètres quand vous lui annoncez de réduire son prix de 50 % (mentalité différente sur PARIS, je pense).
Effectivement, pour travailler sur ce sujet, grosse excitation sur ce sujet.
Cependant, tout n'est pas rose si on regarde le début de citydeal en France : il suffit d'interroger certains commerçants qui ont lancé une opération avec eux...
Pour info, la marge prise est de 20% contre 30 à 50 % pour Groupon
D'ailleurs, une de tes connaissances chez ISAI émet quelques doutes sur la viabilité de ces modèles.
à+
Posted by: stev | April 17, 2010 at 10:31 PM
@Stev, le modele n'a en effet pas encore fait ses preuves en Europe.
Posted by: MdeG iPhone | April 18, 2010 at 08:17 AM
Le modèle grégaire présente un intérêt limité pour les consomateurs je pense (sauf à court terme) car celà conduit à une consolidation organique, pour reprendre les bons mots de Yann, qui de fait éliminent un à un les concurrents en retard ou plus faibles. Le choix de marché s'en trouve réduit et celà renforcent ainsi les positions monopolistiques qui s'accompagnent alors de politiques de prix moins favorables aux consommateurs.
Cette logique évolutive vous rapellera certainement celle de Ebay. Ebay est maintenant la cible de beaucoup de critiques (notamment les miennes!) pour avoir tendance à mal écouter sa clientèle au sujet de la tarification et SURTOUT à assurer un service clientèle déplorable.
Comme je dit Steve Jobs, "competition is good".
Posted by: Fred | April 18, 2010 at 07:33 PM
> Maintenant, je reste persuadé qu'il existe
> aussi dans le couponing local des
> stratégies de différenciation ...
En s'appuyant sur les réseaux sociaux et sur une composante sociale ...
La somme deux permet de faire de grosse économie en terme de communication et de vente :))
Posted by: Laurent Bervas | April 19, 2010 at 12:13 PM
Le truc est effectivement d'avoir des villes de + de 2 millions d' habitants or la plupart des business models qui circulent se contentent de faire une homothétie entre les US et la France avec au mieux une étude à Paris, ville ô combien représentative de la France ;-))
Autre problème: le rôle exact du site: intermédiaire "financier" ou juste "mise en contact". Qui paie quoi à qui et qui vend et qui achète ?
En ce qui concerne l'utilisation des réseaux sociaux ...Le jour où les réseaux sociaux serviront à vendre + qu'à du blabla ( http://www.tubbydev.com/2010/07/business-sur-le-net-le-mail-plus-efficace-que-facebook-et-autres-machins-blabla.html ), on verra ;-))
Posted by: Pierre Méchentel | July 28, 2010 at 06:05 PM
Je veux juste exprimer mon respect!
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Posted by: rayjian | August 24, 2010 at 06:00 AM
Thank you for your blog post. I found so many interesting stuff in your blog especially its discussion. Groupon s'est développé fantastiquement vite aux US en s'appuyant sur 2 faits : d'une part le nombre de villes importantes de plus de 2M d'habitants, d'autre part la culture américaine du couponing. 2 éléments qui manquent évidemment en France.. Done! I am not the only one having all the enjoyment here! Keep up the good work.
Business Consultant
Posted by: Business Consultant | May 23, 2011 at 02:08 PM