Ca devait faire bien longtemps que je n'avais pas passé 1 semaine entière sans blogguer...
Mais il y a pourtant à dire sur la semaine dernière, qui fut particulièrement intense sur le plan de l'eCommerce et du couponing local, mettant en scène les 3 plus gros acteurs mondiaux du web : Google, Amazon et eBay !
Si le monde n'avait d'yeux que pour le rachat potentiel de Groupon par Google, pour la bagatelle de 6Mds$ environ après juste 2 ans de création - très très impressionnante création de valeur pour les fondateurs et actionnaires (même si on peut débattre de la réelle création de valeur globale), il y a eu plusieurs autres deals "stratégiques" sur ce marché :
- Amazon a discrètement investit 175M$ pour une participation minoritaire dans LivingSocial, concurrent direct de Groupon et qui annonce déja 1M$ de CA par jour. Très belle performance pour une société crée en 2009, 8 mois après Groupon !
- "L'anti Amazon" Milo (appelé de la sorte par un magazine US) s'est tout aussi discrètemenbt fait racheter par eBay pour 75M$ (supposée). Il me semble qu'on a largement sous estimé l'intérêt et la disruptivité du concept et la portée du deal avec eBay. "Milo's mission is to bring every product, on every shelf, of every store in the physical world onto the Internet" ! Sacrée ambition que de mettre une telle passerelle entre le web et le retail physique.
- Enfin, Retailmenot - online couponing - s'est fait racheté par WhaleSharkMedia "world's leading marketplace for coupons and deals" pour 87M$.
Tout ça dans la même semaine...
Sur le fond, si l'eCommerce est un canal de distribution en forte croissance, il ne faut pas uniquement l'associer avec start-ups et pure players, très loin de là. Les retailers du monde physique ont de nombreuses armes et points forts pour tirer parti de la mutation des canaux.
Aux US, il n'y a qu'à noter que sur les 30 1ers chiffres d'affaires eCommerce, on ne compte que 3 pure players indépendants, dont un qui est hors norme (Amazon), un qui est dans un segment particulier (Netflix, location DVD et VOD), et un seul pure player au modèle classique (achat/vente) NewEgg. La réalité est donc que 90% des 30 1ers CA eCommerce aux US sont le fait d'acteurs traditionnels !
En France, si on exclut Amazon, les acteurs du monde traditionnel réalisent les plus gros scores, directement ou indirectement, que ce soit Casino via CDiscount et son milliard d'€ de CA, l'anglais DSG via Pïxmania, la Redoute dont les 3/4 du CA vient mantenant de l'eCommerce, la Fnac, Leclerc Drive qui réalise plusieurs centaines de millions € de CA, Auchan avec Grosbill, M6 avec Mistergooddeal, Kiabi, etc...Il reste comme seul gros leader indépendant RueduCommerce que JC Naouri (holding Euris, Casino) aurait bien voulu absorber mais reste - pour l'instant - coincé à 12% du capital.
L'histoire de l'eCommerce, l'équilibre entre canaux de distribution, les parts de marchés des différents types d'acteurs, est encore loin d'être écrite. Et les nouveaux modèles développés par des Groupon, Alice, Milo ou les "drive" par exemple tendent tous à estomper la frontière entre web et physique.
Tendance logique et normale qui va mécaniquement se renforcer...
Petite question si vous avez le temps de répondre ..
Quelle est à votre avis l'intérêt de refuser une offre à 6Mds$ ?
je n'arrive pas à comprendre le point de vue des fondateurs et actionnaires de groupon .
Merci
Posted by: Christoph. | December 05, 2010 at 02:22 PM
Bonjour Christophe, peut-être croient-ils en leur projet et souhaite continuer à le conduire eux-mêmes, tout simplement !
Il n'y a pas que l'argent dans la vie.
De plus, il semblerait que l'offre de Google était basé sur un CA global en dessous de la réalité.
Posted by: Rémy Bigot | December 05, 2010 at 04:31 PM
Christophe, Remy m'a pose la question en me demandant si j'allais poster sur le refus !
J'ai bien trop peu d'éléments pour dire quoi que ce soit : quid du CA, quid de la rentabilite, quid de la croissance mois par mois, quid de ce qui a ete discute sur l'intégration post acquisition, etc...
Avec les quelques elements qu'on a, on peut juste dire que ça parait très couillu de refuser 6Mds$ apres juste 2 ans.
Mais Groupon doit se sentir tres fort et sûr de lui et parier sur le fait qu'une iPO serait encore plus intéressante...
Pour ma part, re, je pense qu'on a vraiment trop peu d'éléments pour avoir un avis circonstancié.
Posted by: MdeG iPad | December 05, 2010 at 05:49 PM
A mes yeux, Milo est la startup au plus fort potentiel ! Un concept tellement novateur. Apres, le challenge de taille reste tout de meme 'to bring every product, on every shelf, of every store in the physical world onto the Internet'. Ebay a la force de frappe, reste a voir comment ils vont agir !
Posted by: Ludovic | December 06, 2010 at 01:58 AM
Merci bcp pour vos réponses..même si la question me turlupine encore un peu ;)... l'avenir nous dira si ils ont eu raison
Posted by: Christoph. | December 06, 2010 at 09:55 AM
C'est clair que la news Milo.com / eBay est une grosse annonce. Il y a un vrai modèle complémentaire pour "fusionner" commerce online et commerce physique. De plus Milo crée du trafic en magasin, non pas sur une promesse de réduction mais sur la disponibilité des produits.
Nous avons en gestion une dizaine de boutiques eBay et il ne se passe pas une semaine sans que nous soyons sollicités par des dizaines de clients qui souhaitent récupérer leurs produits dans nos locaux sur Aix. Avec cette annonce, l'idée d'ouvrir un store physique fait son chemin... et clairement cela va attirer les détaillants à ouvrir une boutique sur eBay
Posted by: fx | December 06, 2010 at 11:27 AM
A vrai dire, tout ça m'échappe un peu!
Posted by: lucien | December 06, 2010 at 01:40 PM
Bonjour,
Ce qui me laisse dubitatif, c'est la création de valeur à long terme.
A lire l'excellent article du capitaine commerce, les commerçants se trouvent submergés par les demandes, suite à leur campagne groupon.
Ils ne peuvent plus honorer les clients qui payent et enchaînent les prestations avec un rythme fou délaissant la qualité.
1. Dans ces conditions, le commerçant ne reviendra probablement pas chez groupon
2. Le client, souvent à l'affût de la bonne affaire, un peu grippe-sou, ne reviendra pas non plus chez le commerçant.
Ceci étant dit, ce raisonnement n'est valable qu'en France, lieu où le couponning n'est pas culturellement implanté.
Cdlt
Posted by: jardinier | December 07, 2010 at 09:22 AM
Créer autant de valeur en seulement deux ans d'existence est tout à fait exceptionnel, certes on manque d'éléments chiffrés pour juger ce refus de 6 milliards mais au vu de la solidité et du développement de Groupon et du couponing, ils pourront revendre pour beaucoup plus d'ici quelques années de croissance.
Google a du cash flow et reviendra à la charge si il le souhaite ;-)
Posted by: awak | December 08, 2010 at 08:06 PM
@awak, c'est en tous cas ce que le management et le Board de Groupon a du se dire...
@jardinier, si on n'amène que du coureur de promos, autrement dit un client à très faible valeur, le pire des segments de clentèle, oui la création de valeur est faible.
@fx, et Milo.com couplé avec Redlaser, autre start-up racheté par eBay (on scanne le code barre avec son portable et le site donne les prix ailleurs !), c'est tueur !
@Lucien, faut s'accrocher, car c'est passionnant !
Posted by: Michel de Guilhermier | December 09, 2010 at 09:26 AM
Il manque un acteur de poids dans ce panorama c'est vente-privée qui se lance aussi sérieusement sur le secteur avec Rosedeal, et qui reste pour l'instant pure-player à la grande surprise de tous les autres
C'est vraiment une machine impressionnante !
Posted by: Daniel | December 09, 2010 at 12:06 PM