Comment faire plusieurs dizaines de milliards de $ de CA et connaître encore une croissance annuelle de plus de 50% tout en affichant un insolent taux de rentabilité nette de près de 25% !?
Apple, à ma connaissance, est la seule société de l'histoire a être passé de 65 à plus de 100Mds$ de CA en une seule année, tout en gardant une formidable rentabilité. Au delà de la culture de créativité, il faut aussi une organisation redoutable pour arriver à ce genre de performance sidérante. Il n'y a ni hasard ni magie.
Adam Lashinsky du magazine Fortune a tenté de comprendre les "secrets" d'Apple en interviewant au cours des mois des dizaines d'ex salariés et de personnes dans l'orbite de Cupertino. L'article n'est pas en lecture libre mais il est downloadable sur Amazon ou en achetant sur l'App iPad le numéro du 23 mai.
Quelques insights clés que j'ai relevés :
- Il y a chez Apple une incroyable culture de la responsabilité, dure et sans pitié : Apple a institué la notion de DRI, "Directly Responsible Individual". Dans un projet, il y a toujours un responsable, un "champion", désigné et reconnu comme tel par l'organisation, si bien que si le projet échoue ou n'est pas à la hauteur du Maître, il n'y a pas à tergiverser sur celui qui sautera !
On se rappelle du départ de Mark Papermaster, Senior VP en charge du hardware iPhone & iPad qui avait quitté la société suite à ce qui fut "l'antenna-gate" !
A chaque nouveau Vice President promu ou embauché, Steve Jobs délivre le "sermon de la femme de ménage" : "imaginez que mon bureau ne soit régulièrement pas nettoyé. Si on demande à la femme de ménage, elle a une excuse : la clé a été changée et elle n'a pas la nouvelle clé. C'est une excuse valable de la part d'une femme de ménage, qui donne une raison pour laquelle quelque chose ne marche pas. Quelque part entre le CEO et la femme de ménage, les raisons cessent de compter. Et quand on devient Vice President, le Rubicon a été franchi".
En clair, en tant que VP, vous n'aurez aucune excuse : vous devez délivrer, end of story (ou la porte !).
- Malgré ses 50.000 salariés (ou disons la moitié si on exclut les collaborateurs du réseau de Retail), Apple a un fonctionnement de gigantesque start-up : des petites équipes hyper motivées (et responsabilisée, cf point du dessus), peu de niveaux hiérarchiques (cf map ci-dessous) avec un Steve Jobs au centre de tout, et une capacité à se focaliser sur quelques projets importants seulement.
- Chez Apple, au delà des divisions, il y a surtout des spécialisations et des responsabilités par fonction, ce qui exclut donc une "full P&L responsbility". Le seul a avoir une responsabilité de P&L est le CFO. Par exemple, Ron Johnson, l'Executive VP en charge du retail, n'est pas responsable des stocks dans ses magasins, cela est l'affaire du COO, Tim Cook. Ou le VP en charge de l'Apple Internet Store, Jennifer Bailey, n'est pas responsable des photos du site, c'est l'affaire du département Graphic Arts de la société.
Pour Steve Jobs, cette spécialisation permet d'avoir les meilleurs, des stars, ce à chaque fonction. Il ne veut pas de "super managers" d'une unité, qui finissent par se créer des baronnies !
excellent article
Posted by: frédéric harmel | May 14, 2011 at 01:56 PM
ouep, très bon article Michel.
Je suis d'ailleurs preneur de ref d'articles ou de bouquins sur ce type d'organisation basé non pas sur des managers généralistes mais sur des super spécialistes!
Posted by: Loïc | May 14, 2011 at 07:17 PM
J'ai beaucoup de mal à comprendre comment des gens peuvent s'extasier devant de tel résultats.
Pire encore, investir dedans !
Une boite qui fait 25% de rentabilité nette quand elle paye ses "employés indirects" (ses amis de foxconn et autres) au lance-pierre, ca reste honteux. D'autant que la trésorerie de Apple est suffisamment colossale.
On peut comprendre que d'un point économique, on cherche a priori a maximiser sa marge. Ceci dit, si le succès au rendez-vous (cas de Apple), il faudrait savoir en redistribuer.
Pour quoi ne redistribue-t-on pas en "bonus" aux employés de foxconn tous les bénéfices au delà de 15%, améliorons les conditions de travail. Question moral ca motiverait en plus.
Engraisser des milliardaires ne change pas leur quotidien, mais ca peut considérablement changer celui des travailleurs pauvres d'asie du sud-est.
Ceux ci investissent dans Apple ne sont pas mieux que ceux qui spéculent sur les denrées alimentaires.
Ce n'est pas parce qu'on a pas du sang sur les mains directement qu'on en a pas indirectement.
Je ne comprend pas Michel comment tu peux investir à fois sur Whole Foods et Apple à la fois.
Et ne me parlez pas de comparaison avec Microsoft ou Google. Microsoft fait du logiciel surtout, ce qui n'a rien à voir avec Apple. Je n'oublie pas de dire de Apple est un cancre environnementalement parlant, malgré tout le foli marketing orienté Green Washing.
Apple est devenue tellement grosse qu'elle devrait avoir des obligations sociales et sociétales. Au lieu de cela, elle lobotomise tout le monde et crée des besoins pourtant futiles en les faisants passer pour des necessité. En plus "il faut tout racheter" :)
Steve Jobs devrait se retirer et consacrer son génie du marketing et de l'innovation à des causes plus nobles. Il a suffisament gagné je crois. On a beau critiquer l'ami Bill G., Jobs devrait prendre exemple sur lui.
Posted by: Jean-Pierre | May 15, 2011 at 07:23 PM
En France, quand on ne gagne pas bien sa vie, on se plaint, mais on ne fait rien pour innover, quand on la gagne bien, on ne s'en vante pas, vaut mieux pas...
Posted by: frédéric harmel | May 16, 2011 at 12:14 AM
Tu voudrais faire passer ma critique pour un stéréotype de réaction de classe moyenne franchouillarde aigri ?
Ici la question de bien gagner sa vie ne me pose pas de problème, c'est la limite de l'indécence et le fait de batir sa fortune sur l'exploitation de personne pauvres.
Steve Jobs le carnassier n'a pas de limites, et ne voit certainement pas le monde selon un mode de développement durable.
Etant entrepreneur moi-meme, je ne fantasme pas sur la reussite de jobs. Il a beaucoup de mérite, mais pas forcément beaucoup plus que d'autres qui oeuvrent dans des secteurs moins hype, ou carrément dans le social.
Ici je le répete, c'est le 25% de résultat qui me pose probleme SACHANT les conditions dans lesquelles les produits Apple sont fabriqués.
Que Google fasse 25% de résultat net me poserait pas ce problème, meme si tout n'est pas rose de leur coté.
Il y a tout une nouvelle génération d'entrepreneurs sociaux qui ne sont pas que des rapaces bourrins attirés par les dollars et le court-terme, et vivent dans la réalité du quotidien et pas dans le virtuel, et matérialisme et le superficiel.
Je ne vois vraiment pas le rapport entre ma position, et le fait qu'il est vrai qu'en france, on n'aime pas la réussite des autres et qu'on se plaint beaucoup.
Posted by: Jean-Pierre | May 16, 2011 at 01:09 AM
Très intéressant... mais plus ou moins rassurant, tout dépend du point de vue où l'on se place et de l'idée qu'on s'en fait...
Sérieusement, au travers de l'organigramme en cercle, on voit bien que chez Apple, tout est centré sur le CEO, sorte de sur-homme, qui non seulement créée et partage sa vision, mais aussi contrôle la bonne exécution des tâches principales.
Ca marche avec Steve Jobs, qui est effectivement un sur-homme, un visionnaire et un manager hors-pair. Mais dans ce type d'organisation, un CEO moins bon pourrait très vite tout mettre par terre.
C'est puissant, mais risqué (finalement l'essence même d'une start-up !).
Faute de trouver un CEO à la hauteur de ce type d'organisation et surtout de l'échelle à laquelle celle-ci est déployée, Apple devra certainement migrer vers une organisation moins risquée...
Chapeau à Steve, bon courage pour le(s) suivant(s) pour maintenir le rythme...
Posted by: Emmanuel FRANCOIS | May 16, 2011 at 09:25 AM
Jean Pierre, mon objectif, c'est d'élargir mon parc automobile. Donc ce n'est pas avec des états d'âme que je vais y arriver, et je te rappelle que le proprio de Foxconn est aussi riche que Steve Jobs... là le marketing envoie un joli organigramme pour faire un buzz positif, donc ne cassons pas l'ambiance. ( ps : quoi qu'il arrive dans 2 ans, Apple, je vendrai...)
Posted by: Jerome | May 16, 2011 at 09:29 AM
Jean Pierre, le post était pour donner un éclairage "organisationnel" sur le succès d'Apple (absolument unique dans l'histoire économique)
Posted by: Michel de Guilhermier | May 16, 2011 at 10:07 AM
Désolé pour le HS, je réagissais sur la première phrase, qui il est vrai n'illustre pas le contenu de tout l'article.
Concernant Foxconn, je disais bien évidement pas de redonner l'argent à Foxconn aussi simplement, cela irait avec des clauses de reversement de toutes les primes aux employés mentionnés.
Posted by: Jean-Pierre | May 16, 2011 at 12:12 PM
Pour moi ce succès se résume à du travail, du bon sens et un sacré leadership !
Posted by: Nicolas Burger | May 16, 2011 at 02:25 PM
Juste pour faire plaisir aux amoureux de la pomme. Juste le deuxième avertissement. Il y en aura d'autres. http://venturebeat.com/2011/05/09/galaxy-s-2-3m-preorders/
Posted by: Jacques-André Bondy | May 16, 2011 at 05:31 PM
tres bon article sur le booming du moment le m-commerce :
http://www.cfnews.net/services/cfnews_passion_techno__1/the_next_big_thing_le_m_commerce_c_est_pour_aujourd_hui_ou_pour_demain
Bonne journée !
Posted by: vincent | May 19, 2011 at 09:03 AM