Bon, après 4 mois de négos intenses et épuisantes, à rebondissement, je me suis levé ce matin en me disant que le process toucherait enfin à son terme aujourd'hui, avec un "closing" en bonne et due forme, à 99,9% de probabilité.
Les derniers détails/points de négo furent réglés dans la nuit, et ce matin j'avais la joie de recevoir des emails des vendeurs indiquant "plus de commentaire, bon à signer" !
Je ne donnerai pas trop de détails sur ce deal pour une raison simple : nous sommes un (tout) petit challenger dans un secteur très concurrentiel, avec un leader archi dominant, et trop en dire sur la cible et sur la façon dont le deal s'est passé serait dévoiler certaines informations.
Disons simplement que rien ne nous aura été épargné, et qu'il fallait bien une ténacité extrême pour aller jusqu'au bout, les vendeurs n'étant pas du tout en ligne entre eux, bien au contraire. Et ce qui est amusant, c'est que ce sont certains des actionnaires vendeurs actuels qui nous remercient aujourd'hui le plus vivement de la persévérance affichée au cours de ces mois !
Pendant des mois, il m'est tombé presque chaque jour une déconvenue et une raison d'arrêter ce deal ! Entre les réticences de certains vendeurs, les exigences du management, les problèmes techniques, le manque d'information ou le flou artistique sur d'autres, le financement du deal (j'ai aussi notamment des co-actionnaires à 10.000kms de Paris), les complexités juridiques (4 entités juridiques dans 3 pays), les problèmes linguistiques et culturels, la disponibilité de certains acteurs clés du deal côté vendeur (l'un d'entre eux passait les 3/4 de son temps au Vietnam), j'ai eu droit à toute la palette des problèmes potentiels...
Aujourd'hui, après tant d'énergie investie desssus, ce n'est absolument pas un sentiment de "victoire" que je ressens, mais un mix entre plusieurs choses, que je vous livre en vrac :
- Un immense soulagement tout d'abord. La pression va enfin retomber avec un "done deal". Il y a des nuits où je n'ai quasiment pas réussi à trouver le sommeil à cause de cette pression. Et ce deal m'a finalement absorbé bien plus de bande passante que ce que j'avais prévu, m'obligeant à mettre ponctuellement de côté d'autres projets (ie Tapis Rouge, Soirée du Déclic, "30 Glorieuses", etc...). J'ai même du annuler 3 Ateliers Entrepreneurs (février, avril et mai) !
- Un plaisir humain, car l'aventure se fait avec un ami de longue date qui sera le CEO de l'affaire. J'en prends seulement la Présidence, je ne serai pas opérationnel day-to-day, fidèle à ma vocation "d'entrepreneur investisseur". L'ami en question est un grand spécialiste du secteur ("if you don't know jewelry, know the jewelrer", Warren Buffet). De plus, il y a dans mon tour de table de nouveaux amis, dans des pays ou des zones géographiques que j'ai hâte de découvrir.
- Un désir de conquête, être petit challenger a un côté puissamment motivant. Nous jouissons d'un avantage concurrentiel certain, mais il faudra d'une part le cultiver et l'embellir, et d'autre part le transformer en M€ de ventes concrètes en s'y prenant bien au niveau stratégie commerciale.
- Une satisfaction "professionnelle" : au cours de ma carrière, j'ai racheté une douzaine de sociétés, mais là, ce fut vraiment, et de loin, le deal le plus complexe (techniquement et humainement) et stressant, qui m'a donc aussi énormément appris.
- Un plaisir intellectuel, celui de découvrir et de m'immerger à fond dans un nouveau secteur avec des problématiques, des acteurs et des règles que je ne connais pas encore bien (mais ça commence !). Cela tombe bien avec le Groupe MotoBlouz/Access Moto maintenant très solidement on track, parfaitement sous contrôle par ses 2 managers co-fondateurs, et qui demande donc de moins en moins de supervision. Ce n'est pas le secteur de l'équipement moto/motard online qui est intrinsèquement attractif, ce sont vraiment eux qui sont "au dessus du lot". Comme toujours, on en revient au management, c'est ça qui fait la différence.
- Side point, mais qui s'est révélé absolument crucial et totalement déterminant, la satisfaction d'avoir fait le bon choix d'avocat ! Anne-Charlotte Riviere du cabinet Dechert a fait un travail extraordinaire. Mais un grand bravo et merci également à toute l'équipe, François Hellot (Partner en charge du dossier) et Xavier Leroux à Paris, Karla Vuyts et François Reytens au bureau de Bruxelles (et oui, ça se passe la haut). Je connais François H et Anne-Charlotte depuis de nombreuses années, puisque c'est eux qui avaient fait la vente de Photoways en 2005. Je peux le dire, le deal ne se serait pas fait sans la ténacité et la créativité de François et d'Anne-Charlotte. La aussi, certain des vendeurs la remercient chaudement car sans elle le deal n'aurait pu voir le jour. Pour ceux qui y avaient assisté, elle avait animé une partie de l'Atelier Levée de Fonds d'Octobre dernier. Jeudi dernier, j'étais prêt à arrêter, mais Anne-Charlotte a su me convaincre, à raison, de revenir dans la boucle. Des avocats très bons et impliqués, ça change tout !
Soulagement d'avoir fini un process long et painful, mais l'aventure ne fait que commencer, et bien entendu elle ne sera certainement pas un long fleuve tranquille !
Tout avait commencé il y a environ 1 an, lorsque mon ami - celui qui devient donc justement le nouveau CEO - m'avait parlé de cette société en disant que c'était "une tuerie", car elle possédait un actif clé, très en avance sur les autres de son secteur !
Initialement, l'idée était simplement que je l'aide à faire une levée de fonds. Puis, en creusant, je me suis aperçu que pour "tuerie" potentielle qu'était la boite, elle avait pas mal de problèmes, à commencer par un couple management-actionnariat qui ne s'entendait plus du tout.
Et, de fil en aiguille, après avoir bien validé techniquement et commercialement que l'actif était vraiment de très belle qualité, que le potentiel de marché et les perspectives de développement étaient aussi là, je suis passé d'aider à faire une levée de fonds en organisateur du rachat pur et simple avec installation d'un nouveau CEO. L'ancien management reste cependant dans la structure, motivé comme jamais !
Update 22h30
Bon, le deal a bien été signé en fin d'après-midi, entre Paris et Bruxelles, le champagne a coulé...
Il s'agit d'un éditeur de logiciel professionnel (B2B donc) qui a déja quelques milliers de licences installées chez une soixantaine de clients dans une vingtaine de pays. La société était de droit Luxembourgeois mais avec des entités juridiques en Belgique et aux Pays-bas, et l'équipe opérationnelle est avant tout à Bruxelles.
Recent Comments