Amazon présentait hier soir ses résultats du Q2 2011 et, comme à son habitude, ils restent impressionnants en terme de croissance : +51% vs 2010, taux atteint aussi bien aux US qu'à l'International.
C'est évidemment largement mieux que l'e-commerce dans son ensemble, ce qui traduit de gros gains de parts de marché et des extensions dans de nouvelles catégories : ainsi, le segment EGM (Electronics & General Merchandise, donc tout ce qui n'est pas son métier d'origine "Media", livres, CD et DVD) est en croissance de +67% aux US et de +71% à l'international. Des extensions qui, parfois mais rarement, se font par une grosse acquisition, ie Diapers en novembre dernier.
Au total 144 Millions de clients ont allégé leur portefeuille pour venir acheter chez Amazon au dernier trimestre. Amazon ne reporte pas le nombre total de clients dans sa base (contrairement à Apple qui annonce plus de 220M de compte iTunes) mais je suppose que c'est moins de 200M. Donc les 3/4 des clients sont venus acheter au moins 1 fois au dernier trimestre. Par comparaison, CDiscount annonce je crois près de 11M de clients en base mais seulement un peu plus de 3M de clients actifs sur l'année, soit un taux de retour annuel inférieur à 1/3. La récurrence n'est pas la même, fruit notamment d'une sélection gigantesque couvrant des dizaines de rayons différents.
Marge brute globale de 25% et 20% d'Opex, cela laisse un EBIT de l'ordre de 5%, faible dans l'absolu mais très bon pour un retailer ou un grand e-tailer généraliste. Les autres de la place en France (ie Pixmania, RueduCommerce, CDiscount) étant très loin de faire aussi bien.
La Bourse a apprécié les résultats, le titre s'enflammant de 7% en after-hours pour atteindre ses plus hauts historiques. Aujourd'hui en séance, Amazon va officiellement dépasser les 100Mds$ de capitalisation boursière...Mais en ce qui me concerne j'ai toujours beaucoup de mal à payer 100x les résultats d'une société ou 50x son EBITDA, même si elle est très très belle, ce qui est le cas.
Surtout que, si la croissance est exceptionnelle, il faut tout de même noter que les très lourds investissements (logistiques avec 15 nouveaux centres de distribution cette année et IT) pèsent sur la rentabilité qui est en retrait sur 2010 : 191M$ vs 207M$. Mais on peut toujours supposer que ces lourds investissements payeront fortement plus tard..."Spend we must"' semble être le mot d'ordre d'Amazon actuellement : au dernier trimestre la croissance des coûts opérationnels fut supérieure à la croissance du CA et de la marge brute.
Ceci étant, comme je l'écrivais récemment, il est extrêmement difficile de valoriser objectivement Amazon avec ses multiples facettes : e-commerçant, concepteur & distributeur de device électroniques (kindle et très probablement une tablette dans les mois à venir), place de marché, fournisseur de contenus numériques (les ventes de livres numériques dépassent aujourd'hui les ventes de livres physiques), de services logistiques et informatiques (Cloud, FBA, etc)...
Lors de la conf call, on a eu l'habituelle petite phrase customer-driven, sur laquelle je reste 100% en ligne : "we remain heads down focused on driving a better customer experience through price, selection, and convenience. We believe putting customers first is the only reliable way to create lasting value for shareholders".
Ca devrait être la ligne de conduite principale de tout retailer, voire même de toute entreprise ! Bien que cela paraisse évident, je ne suis pas du tout certain que sur le terrain cela soit le cas pour beaucoup d'entreprises qui cherchent très souvent à améliorer leur bottom line par des "pricing tricks" qui sont loin d'aller dans le sens des clients ! Sur le long terme, ce n'est pas une bonne stratégie.
Plus de détails sur les résultats d'Amazon ICI
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