Merci à tous ceux qui m'ont donné un feedback précis, qu'ils soient incubés ou incubeur (clin d'oeil à Guilhem Bertholet, ex responsable de l'incubateur HEC).
A vrai dire, le sujet me passionne, mais il est loin d'être simple et soulève un grand nombre de questions. A ce stade, je n'en suis qu'aux réflexions (très) préliminaires et à structurer ma vision et mes intuitions.
Ma vision globale est de prendre de supers entrepreneurs en herbe (d'où sélection) et d'arriver, après quelques mois de coaching intense et passionnant rythmés par des deadlines régulières, à les faire accoucher d'un projet structuré, étayé, crédible, voire même d'un prototype de produit, afin qu'ils soient "bankable" par des business angels ou des VCs. Un véritable accélérateur de start-ups et de réussite !
Si on part du principe qu'un "accélérateur" se donne pour mission de maximiser les chances d'une équipe d'entrepreneurs de réussir son projet, il y en a 2 fondamentales qui sont d'ailleurs liées :
- Qui accélérer ? (très précisément)
- Qu'apporter à ces "incubés" ? (très précisément)
Qui sont juste des questions de base de toute bonne entreprise qui doit apporter un produit adéquat (et meilleur que la concurrence) à une certain segment de population qui a besoin de ce produit !
Une fois définie la cible, et le produit à apporter, on s'organise pour cela...
Aussi, si Mathieu P (en commentaire ci-dessous) regrettait que Le Camping soit focalisé sur des projets Internet, je crois pour ma part qu'une certaine spécialisation est nécessaire. On ne peut pas prétendre être bon sur tout, on ne peut pas prétendre apporter à tout type d'entrepreneurs dans tout type de secteurs le même niveau de valeur ajoutée et d'expertise. Ce n'est je crois ni possible ni crédible.
Et vu du côté "client", c'est à dire de l'entrepreneur, c'est simple : si par exemple je suis un entrepreneur Internet, je valoriserais un "incubateur" Internet qui a réuni un écosystème et des expertises spécifiques qui me seront profitables.
Cette segmentation n'est par ailleurs pas uniquement ni forcément sectorielle. Il faut de manière plus large se demander quelle cible de projet il faut targetter, pour qu'après les 3 ou 6 mois "d'accélération" on puisse réellement maximiser les chances d'avoir de belles pépites.
Sur la question du modèle économique, il me semble évident qu'un "accélérateur" de qualité peut apporter une énorme valeur ajoutée. Un entrepreneur a beau avoir une idée intéressante et plein d'enthousiasme, le succès repose sur l'exécution, et pour bien exécuter, ne pas s'égarer, gaspiller du temps et des ressources, prendre les bonnes décisions au bon moment, il va avoir besoin d'une foultitude de conseils et de coaching à tous les niveaux, au dela bien entendu d'un peu de cash et des facilités matérielles et logistiques.
Ceci, le (bon) "accélérateur" va l'apporter et il doit être rémunéré d'une façon ou d'une autre pour cela. Et le modèle le plus élégant et évident consiste pour moi à partager le risque avec l'entrepreneur en prenant quelques % de capital.
Je ne suis juste pas du tout certain qu'un modèle "tout gratuit" comme Le Camping soit la meilleure façon d'apporter des services professionnels de grande qualité aux start-ups. Pour "bien incuber" il faut une organisation professionnelle, il faut de multiples talents et expertises, et tout ceci a un coût...et donc un prix à payer !
Par ailleurs, en faisant payer ses services via la prise de quelques % de capital, au delà d'être dans le même bateau que l'entrepreneur, l'accélérateur devient aussi réellement redevable vis-à-vis de son "client", il a un devoir et une vraie responsabilité, et ça c'est primordial.
Bien entendu, comme toujours, il faut que le prix soit raisonnable, considéré comme tel par les "clients", et qu'en face il y ait bien la valeur ajoutée délivrée... Les 5 à 7% que prend par exemple le Y Combinator me paraissent à ce stade adéquats.
Sinon, sur les autres contours, les points clés sont :
- La sélection : elle sera "serrée". En effet, je ne pense pas que tout le monde ait les mêmes aptitudes à l'entreprenariat. J'ai une grille de sélection sur les qualités indispensables et différençiantes à avoir pour réussir sur le terme. Les participants aux Ateliers Entrepreneurs la connaissent...
- Le rythme : il sera intense, en 3 mois par exemple (ie Y Combinator), avec des weekly deadlines. Je me rappelle du séminaire "Création" à HEC Entrepreneurs (il y a plus de 25 ans...), c'est fou le travail qu'une équipe de 3 pouvait abattre en juste 1 mois. Je crois beaucoup à un rythme de type commando. Le point st d'arriver à un prototype et un business plan structuré et crédible au bout de ces quelques mois, et je pense que c'est largement suffisant.
- La formation et le coaching : elle est évidemment clé et doit couvrir tous les aspects pour devenir un "bon" entrepreneur et maximiser les chances de réussite de son projet. En clair, c'est l'Atelier Entrepreneurs + l'Atelier Ecoute Clients + L'Atelier Levée de Fonds et d'autres modules, et avec travaux pratiques et suivi serré par l'encadrement de l'Incubateur. L'une des grandes transversales de ces 3 mois de formation sera d'apprendre à se poser les bonnes questions, se remettre en cause, remettre l'idée et le modèle en cause, s'adapter avec réactivité...Le travail sur l'idée elle-même, sa pertinence, son adéquation avec l'entrepreneur oul'équipe, sera certainement l'un des 1ers points. Et je ne serais pas du tout surpris que des entrepreneurs changent d'idée en cours de route !
- L'encadrement : la, je sais aussi exactement ce que je veux : des entrepreneurs, de préférence des serial entrepreneurs, et de préférence aussi des serial entrepreneurs successful, mais qui ont aussi commis des erreurs, voire connu des échecs ou des semi échecs. Et qui, au final, par leur énergie, leur pragmatisme, leur écoute et leur résilience, s'en sont sorti. Car c'est bien cela l'entreprenariat, il y a des bas, beaucoup de bas, et quelques hauts. Et comme disait Churchill, "la réussite c'est d'aller d'échec en échec sans jamais perdre son enthousiasme" ! Et il faudra que ces entrepreneurs partagent "l'inside story" de leurs start-ups, qu'ils parlent de leurs erreurs, des choses qui ne peuvent être partagées qu'en petit comité, "off the record" ! La réalité est que toutes les start-ups successful, tous les entrepreneurs, ont commis des big blunders à un moment ou à un autre, et je souhaiterais qu'ils exposent tout cela dans les réunions informelles avec "mes incubés" !
pour remplacer "incubateur" : Accélérateur ?
Posted by: Florian | December 09, 2011 at 03:00 AM
Génial Michel !
En tous cas, je serai ravi de te donner un coup de main sur la sélection dans tout ce qui concerne l'usabilité et les process.
Can't wait.
Posted by: Hubert | December 09, 2011 at 10:19 AM
En fait tu veux permettre aux entrepreneurs d'atteindre "la marche suivante" plus facilement et beaucoup plus rapidement.
Dans un monde de technologies, cela a un nom : la catalyse. Le Catalyseur? E-Catalyst (E pour Entreprises/Entrepreneur). Je viens de déposer le nom...
Cheers,
Posted by: JD | December 09, 2011 at 11:34 AM
Je suis bien d'accord pour dire que le "tout gratuit" ne doit pas être envisagé, car quand qqch est gratuit, en général ça ne vaut pas grand-chose... Il y aurait donc moins de devoirs respectifs entre les 2 parties.
Posted by: Karl | December 09, 2011 at 12:44 PM
car quand qqch est gratuit, en général ça ne vaut pas grand-chose.
L'air, L'amour, La vie.... Tout cela ne vaut pas grand chose ? pas pour moi !
Posted by: Fermionne | December 09, 2011 at 04:56 PM
Hello Michel, ton projet est super intéressant.
Qu'entends-tu par sélection "serrée" ?
Des gens comme moi qui n'ont pas fait d'études poussées et qui ont peu de moyens ce sentent souvent découragés par l'incubation en voyant que la plupart des jeunes entrepreneurs incubés sortent des grandes écoles et/ou ont déjà des moyens avant de débuter.
Posted by: Aurélien (Atelier Entrepreneur n°4) | December 09, 2011 at 06:46 PM
Bonsoir et merci pour cet article très clair et intéressant.
N'ayant pas participé aux Ateliers Entrepreneurs, est-il possible de nous mettre à disposition la grille de sélection sur les qualités indispensables et différenciantes ? Merci !
Posted by: Elise | December 09, 2011 at 10:12 PM
L'élément différentiateur immédiat et unique de votre projet est que vous vous basez sur votre propre expérience de serial entrepreneur.
Pour le nom, il faut éviter un nom comme Camping qui évoque plus le tourisme, l'éphémère, le superficiel et les vacances c'est à dire l'inverse paradoxalement de ce que représente la création d'entreprise...
Pour le mode opértoire, il ne faut pas réinventer la roue et le modèle de participation d'Ycombinator de donner 50 000 USD contre 5% environ du capital est excellent.
Le plus difficile pour un créateur, c'est de trouver le premier investisseur extérieur qui financera avec son propre argent sur des critères objectifs non biaisés. Les autres investisseurs suivront.
Posted by: Michel Nizon | December 10, 2011 at 10:34 AM
Merci Michel,
Plusieurs points :
- Au dela de mon parcours de "serial entrepreneur", c'est aussi que j'ai eu une "vraie" vie d'entrepreneur, à savoir avec ses nombreux bas et ses hauts, ses adaptations voire ses pivots, et que j'ai compris ce que voulait dire les mots "resilience" et "flexibilité" et qu'ils étaient clé dans la réussite. Il faut apporter cette formation psychologique, elle est juste indispensable.
- Le rôle et le profil+qualité de l'encadrement doit etre clé, et il faut soigneusement sélectionner et encadrer les encadrants ! Chose que Robert Papin faisait à merveille à HEC Entrepreneurs, mais ce n'est plus le cas. Je ne veux que de vrais entrepreneurs, de surcroit avec une vraie capacité pédagogique, autrement dit la capacité à transmettre et partager. Je veux aussi des entrepreneurs qui savent parler avec candeur et humour de "l'inside story" de leur(s) société(s), de leurs erreurs, de leurs échecs, des moments clés de leur histoire, etc.
- Le Camping, contrairement au Y Combinator manque de management structuré, ce qui peut parfois impacter le professionnalisme de l'incubation. Or, cela me parait strictement nécessaire.
- Oui, il ne faut pas réinventer la roue sur les fondamentaux, ceux du Y Combinator sont très bons je pense et parfaitement adaptable en France. Comme toute entreprise, le succès de "l'incubateur" (je n'aime définitivement vraiment pas ce nom) va dépendre de l'exécution sur le terrain.
- Ce n'est pas 50,000$ que met le Y C dans les start-ups pour 5% du capital, plutôt 10-20K$ pour 2 à 10%.
- Y C n'est pas réellement un incubateur physique car il ne fournit pas les locaux.
A très vite
Posted by: Michel de Guilhermier | December 10, 2011 at 10:45 AM
"Le Camping est très "amateur" et touriste sur de nombreux plans."
Les résultats des startups saison 1 parlent
d'eux même et il suffit d'aller faire un tour au Palais Brongniart pour comprendre que les entrepreneurs sont passionnés et super bien entraînés.
Qui en France donne à voir de jeunes startups ambitieuses comme celles-ci ?
http://videos.tf1.fr/infos/plein-ecran/plein-ecran-du-10-12-2011-la-nouvelle-promotion-du-camping-6871353.html
Des gens comme Brad Feld y viennent donner des conseil, des hackathons avec Foursquare sont organisés et la SNCF se voit devenir client de startups (Doctrackr) ou même investisseur (Mesagraph).
Résultats saison 1 :
- 4 startups sur 12 ont levé,
- 3 n'ont pas besoin de lever car elles ont suffisamment de clients.
- 3 ont failed fast
- 2 sortent actuellement leur version publique
On ne compte pas le nombre de workshops diffusés librement accessible à tous ici : http://www.youtube.com/user/SiliconSentier#p/u/3/Ip9X3dCcWio
Le camping prend des risques dans son positionnement et le côté décallé aide à casser le côté inaccessible de l'entrepreneuriat.
"Le tout gratuit" n'est pas exacte. Tout cela a bien un prix. On va chercher des fonds chez des partenaires comme Google ou BNP et les startuppers s'engagent à être 100% alignés avec le programme, ils ont le devoir de "rendre" à la communauté par l'engagement envers les nouveaux campeurs. On peut les faire partir à tout moment.
C'est ce qui manque en France : une communauté d'entrepreneurs soudée qui fasse parler d'elle à l'international et aide les nouveaux entrants.
La réussite dans le web est intrinsèquement liée à une communauté locale (voir Londres, SF ou Berlin). C'est dans ce sens qu'avance Le Camping avec les mentors, les partenaires, les écoles, les autres incubateurs et les campeurs.
Au plaisir d'en reparler!
Posted by: Alice | December 10, 2011 at 04:43 PM
Merci Alice ;-)
Ce que je voulais dire, c'est qu'il n'y a pas assez de management structuré au Camping !
Discutons en en effet, depuis le temps qu'on devait se rencontrer !
Posted by: Michel de Guilhermier | December 10, 2011 at 04:53 PM
Hello Michel & autres animateurs de ce post...
D'accord avec les commentaires... J'insiste pour rajouter au programme obligatoire :
- une demi journée mensuelle où tous les incubés se réunissent & se parlent de leurs problèmes respectifs devant un parterre d'experts/mentors/autres regards extérieurs...
Car quand on a le nez dans le guidon, la solution a souvent déjà été testée dans le bureau d'à côté ;-)
Bon courage Michel pour ce beau projet !
Posted by: Renaud | December 11, 2011 at 07:43 PM
Bonjour Michel,
Cet "incubateur" serait-il réservé aux seuls futurs entrepreneurs qui ont uniquement une idée non exécutée ?
Exemple : j'ai lancé une place de marché en septembre, et la vision préliminaire que vous avez pour cet incubateur me semblerait très utile même après quelques mois d'activités pour se (re)poser les bonnes questions et accélérer le développement.
Julien
Posted by: Julien | December 12, 2011 at 04:11 PM
Hello Julien, non cet Accélérateur sera ouvert à des Start-ups qui en sont à différents stades, y compris celles qui n'ont pas encore une idée formatée !
Évidemment, les "services" apportés seront différents en fonction des besoins propres de chaque équipe
Posted by: MdeG iPhone | December 13, 2011 at 12:08 PM
J'attends la suite alors, ça m'a l'air très intéressant en tout cas ! :-)
Posted by: Julien | December 13, 2011 at 12:24 PM
Si je peux me permettre également de réagir. Je pense effectivement que c'est une super idée sur le fond.
Sur la mise en oeuvre je me demande si 5-7% de capital pour 3 (ou 6) mois d'accelération ça ne risque pas de paraitre beaucoup aux accélérés ?
Et en parallele si je regarde ce que nous on attend en ce moment, je pense que ce serait interessant d'avoir un suivi régulier après l'accélération.
Du coup je me dis que ce qui permettrait de coupler les 2 problématiques ce serait d'avoir effectivement l'accélération de 3 à 6 mois suivi d'un coaching dans la durée par un chef d'entreprise (ou un dirigeant) partenaire (pas forcément du même secteur d'ailleurs). Sur le même mode que Paris Entreprendre (la selection en moins puisqu'elle aura été faite au préalable par l'accélérateur).
En plus ça a quelque chose de rassurant de se dire qu'on est suivi sur le long terme. Et comme ils disent chez Paris Entreprendre c'est bon pour les deux parties : le coach et le coaché !
Posted by: Maximilien Moulin | December 13, 2011 at 06:49 PM
Salut Maximilien, il ne faut pas oublier que l'Accélérateur verse aussi de l'argent aux start-ups...
Je pense aussi réellement que la valeur ajoutée d'un programme d'accélération de 3 mois intense et bien ficelé est colossale et peut vraiment rendre largement plus "bankable" les start-ups.
Comme le modele Y Combinator, que je vais reprendre, il y a en effet un coaching à la demande par la suite (compris dans le deal initial) !
Posted by: Michel de Guilhermier | December 13, 2011 at 07:04 PM
Il y a un élément bloquant que j'ai remarqué dans beaucoup de jeunes start-up que j'ai croisé, c'est le commercial. Les start-up ont tendances à miser beaucoup sur le produit, le design, mais il est très rare que la jeune pousse possède un profil commercial qui ne fait que ça, c'est certainement culturel aussi, les tech, dev détestent ça. Il y a donc certainement une piste à creuser en coaching commercial.
Posted by: Hubert | December 19, 2011 at 11:27 AM
Merci Hubert,
Pour accélérer, il faut dans le fond 2 choses :
- Un produit/service que des gens sont réellement prêts à acheter, qui rapporte de la marge, puis le rendre visible à un public de plus en plus large. Donc des questions sur le produit lui même, son attractivité, sa rentabilité potentielle mais aussi la "route to market" et la façon de le rendre visible et de le vendre.
- Du carburant = du cash, donc une stratégie de fund raising.
L'Accélérateur travaillera sur ces 2 grands aspects, avec un dosage différent selon le rythme de maturité des sociétés coachées.
Posted by: Michel de Guilhermier | December 19, 2011 at 11:31 AM
je crois très fortement au concept.
Les incubateurs laissent trop les entrepreneurs dans le flou, il faut un vrai coaching et un suivi quasi permanent.
Entre les incubateurs et les BA, en général, c'est de l'eau qu'ils apportent aux jeunes pousses, c'est finalement le plus simple, ce que tu veux faire c'est apporter de l'engrais, ce qui, par définition, est beaucoup plus enrichissant.
Posted by: Hubert | December 19, 2011 at 02:57 PM