Michel de Guilhermier's Blog

Amazon Q4 Earnings : Forte Croissance, Maigre Rentabilité !

Amazon vient de publier ses résultats du 4ième trimestre 2011 : la croissance est toujours bien là, +35% à 17,4Mds$, mais le taux de rentabilité de 1% seulement n'est que le tiers du Q4 2010. Et en valeur absolue, le bénéfice a fondu de 60% environ (177M$ vs 416M$).

Amazon n'est pas Apple, qui au dernier trimestre a accru son CA de +80% et ses bénéfices de +120%

Sur toute l'année 2011, la "pieuvre" a réalisé 48Mds$ de CA et 631M$ de résultat net (taux de marge de 1,3%) contre 34,2Mds$ et 1,2Mds$ en 2010, soit respectivement +41% et -45%.

Amazon continue d'investir lourdement pour sa croissance future, notamment en vendant des Kindle à perte, mais aussi en infrastructure logistique et cloud ! On peut se demander quand tout cela payera, et surtout si ça payera correctement ?! Mais pour l'instant les investisseurs sont assez bienveillant et prêts à troquer de faibles marges pour une poursuite de la forte croissance.

Avec une market cap de 88Mds$ aujourd'hui, Amazon vaut 140x ses profits 2011 et environ 100x les profits 2012 (avec les estimations pour l'année). Je ne sais pas acheter à ces niveaux !

A moins qu'ils arrivent à faire concrètement la preuve qu'ils sont capables de se positionner correctement dans des métiers à forte marge, avec des avantages concurrentiels notoires et pérennes, je ne vois aucune raison de payer le prix actuel. Il y a bien trop de rêve non étayé dans la valorisation actuelle d'Amazon. D'autant plus de rêve que Jeff Bezos et assez avare de détails sur les comptes, on ne sait même pas par exemple combien Amazon vend de Kindle, ou fait de CA avec AWS (Amazon Web Services), on en est réduit à faire des suppositions.

Aujourd'hui, ce qui est certain, c'est que ce sont les rois de l'eCommerce, jouissant d'avantages concurrentiels extrêmement forts la dedans, mais c'est un secteur à marges intrinsèquement faibles, comme le retail généraliste "à la Walmart" d'ailleurs (qui pour sa part est cependant bien plus rentable qu'Amazon !).

Apporter de façon royale aux consommateurs du prix et de la convenience, comme ils le font si parfaitement, et bien mieux que les autres acteurs généralistes, ça ne paye pas très bien ! En restant le roi de l'eCommerce, oui ils peuvent dans 10 ans peut-être faire 200Mds$ de CA avec disons 3-4% de marge nette si tout va bien, soit 6 à 8Mds$ de résultat net, mais même en prenant un multiple de disons x15, on arriverait alors à une market cap de 90 à 120Mds$. Soit une très faible croissance vs les 90Mds$ actuels...

Je maintiens donc que, avec les données du moment, je trouve le prix d'Amazon en Bourse trop cher et me tiens donc à l'écart. Si demain ils prouvent qu'ils ont des opportunités majeures de percer dans des secteurs très rentables, je reconsidèrerais ma position !

John Browett Remplace Ron Johnson à la Tête des Apple Stores !

Belle annonce d'Apple il y a quelques instants : après plus de 6 mois de recherche ils viennent de nommer l'anglais John Browett, 46 ans, CEO actuel de Dixons Retail au UK  (maison mère de Pixmania) en remplacement de Ron Johnson. Il prendra ses fonctions dès avril prochain.

Tim Cook commentant : “our retail stores are all about customer service, and John shares that commitment like no one else we’ve met,” said Tim Cook, Apple’s CEO. “We are thrilled to have him join our team and bring his incredible retail experience to Apple.”

John Browett a une superbe expérience à la fois du retail et du web, c'est notamment lui qui avait bâtit from scratch dans la 2ième partie des années 90 tesco.com, un superbe succès.

Je parlais d'ailleurs de lui dès 2007 : ICI, puis en juillet dernier LA.

Il laisse une chaîne qu'il a bien dépoussiérée mais qui doit continuer à se réinventer, pour rejoindre ce qui est sans aucun doute aujourd'hui le meilleur retailer du monde, et en tous cas celui qui a battu tous les records !

A noter que John Browett a vraiment agit comme un entrepreneur lorsqu'il a crée Tesco.com : "it involves a great deal of humility, testing and fine-tuning, and we will roll out the model progressively". En effet, avant de scaler, on y va progressivement, on teste, on ajuste, on comprend ce qui marche ou pas, en écoutant humblement le marché et les faits !

MAJ 15h : à l'annonce de son départ pour Apple, l'action Dixons Retail a chuté de plus de 10% à Londres, signe de l'égard et de la confiance que le marché à avec John Browett.

Pour Réinventer le Retail et le Positionner vs le Web, Suivez Ron Johnson !

J'intervenais semaine dernière lors de la convention annuelle d'un retailer, en faisant un petit topo sur "l'adaptation à l'heure du web" !

Car finalement, la grande question pour un retailer n'est pas tant de savoir quoi faire et comment sur le web en eCommerce, que comment adapter ses magasins à la nouvelle donne engendrée par le web et les nouvelles technos, notamment la mobilité.

Mon analyse est la suivante : beaucoup de retailers voient le web comme un canal concurrent qui leur prend des ventes, la réalité est bien plus profonde : le web change fortement la donne et rend l’offre de très nombreux retailers moins attractive pour le consommateur. Des lors, la solution n’est pas juste pour eux d’ouvrir une boutique eCommerce, mais de complètement se réinventer, à tous les niveaux !

Prenant en compte la nouvelle donne, ils doivent vraiment se mettre à la place du consommateur, se demander ce qu'il veut vraiment et qu'est-ce qu'il faut lui offrir qui lui fera revenir vers la chaîne (aussi bien dans ses magasins que sur le site eCommerce).

Soyons clair, il y a 3 facteurs fondamentaux :

• Une hyperconcurrence...à quelques clics. Le consommateur a autour de lui quelques centaines ou milliers de magasins physiques dans un rayon de disons 30', et l'on passe à des centaines de milliers en quelques secondes avec le web (en comptant les sites étrangers).
• Un consommateur au pouvoir fortement accru, il est informé des prix de la concurrence, de la qualité des produits et des services, a le don d'ubiquité, et ce en tout lieu et à toute heure avec son smartphone.
• Des economics difficiles, l'hyperconcurrence et la transparence notamment font que les coûts de visibilité flambent et les marges diminuent.

Et à partir de là, il faut réinventer le retail en donnant vraiment envie aux gens de venir et revenir, tout en gardant une profitabilité adéquate. Et ce n'est clairement pas à faisant un maximum de promotions qu'on va arriver à résoudre l'équation, du moins dans son 2ième paramètre !

Pour aller droit au but, la meilleure source d'inspiration que je peux trouver actuellement repose dans toutes les idées qu'à amener Ron Johnson avec les Apple Stores. Ceux-ci ont battu tous les records du retail : croissance, CA/m2, CA/employé (et pourtant, avec 1 employé pour 7M2 il y en a !), rentabilité, etc.

En décortiquant les éléments fondamentaux du succès des Apple Stores, on ouvre de nombreuses pistes :

• Question merchandising, des produits exclusifs, avec un pricing totalement sous contrôle, à forte marge
• Essai et test à volonté
• Personnel pléthorique pour aider et conseiller, helpful mais non insistant
• Nombreux services à valeur ajoutée
• Ateliers & conférences
• Du cross canal (mais qui commence juste)

Et vs les magasins le web se positionne naturellement, sans devoir jouer de promotions exclusives artificielle ni la variable prix, en actionnant simplement ses spécificités propres qui vont bien au delà de la seule convenience d'acheter depuis le confort de son fauteuil :

• Configurations sur mesure & personnalisation (gravage des iPod/iPad)
• Paquet et emballage cadeau
• Gamme de produits plus large (le web est parfait pour la long tail)
• Avis consommateurs sans aucune censure
• Transparence des délais de livraison
• Livraison offerte (>120€)
• Prix rigoureusement identiques dans les 2 canaux
• Destockage (le "refurb")

Aprés avoir inventé un mega concept chez Apple, où il bénéficiait de la puissance de la marque et de la désirabilité des produits Apple, Ron Johnson a maintenant la tâche de réinventer JC Penney, une chaîne de grands magasins américains d'environ 1 millier d'unités la-bas, qui n'est pas au mieux.

Retrouvez ses 1ère grandes décisions ICI ou LA. Tout est passé au crible : price, presentation, personnality, product, promotion, place. Ce ne sont plus les 4P du marketing qu'on m'apprenait il y a 30 ans mais les 6 !

Ou ICI en video (vraiment top)

L'Accélérateur® : nos Critères de Sélection !

Initialement, nous souhaitons prendre 5 ou 6 start-ups pour le 1er cycle qui démarrera dans la 2ième quinzaine de mars 2012.

Les sélections se feront en février, et la date limite de réception des candidatures est le 17 février.

Alors, quels types de start-ups peuvent rejoindre l'Accélérateur ?

Il y a d'abord une logique simple que vous comprendrez tous : tout notre programme pédagogique de suivi, formation et coaching est entièrement gratuit, nous ne nous rémunérons qu'en revendant le petit capital investis, c'est notre formule win/winn alignant les intérêts.

Nous ne pouvons donc prendre que des sociétés que nous pouvons réellement accélérer en 4 mois et amener aux portes du financement (par des Angels ou des VCs).

Cela amène donc à considérer les éléments suivants :

- Des sociétés à "accélérer" et non pas "à démarrer", ce qui n'est pareil du tout ! En 4 mois, il n'est pas possible de toujours tout faire, dans tous les contextes et les secteurs. Une société bien trop jeune, sans idée, sans modèle, sans produit quasi finalisé, ou avec un modèle et un produit à revoir intégralement ne pourra pas rejoindre l'Accélérateur. Aux US, le Y Combinator peut prendre des équipes avec juste une idée, mais dans l'eco-système français, je ne crois pas que cela soit possible.

- Au niveau sectoriel, nous restons sur les domaines d'expertise des "coachs" (les 4 fondateurs), ceux que nous comprenons intimement et dans lequel nous pouvons ajouter de la valeur : les NTIC, retail et consumer goods.

- De l'ambition : la taille du marché visé doit être de plusieurs centaines de millions d'€. Si vous vous sentez investi d'une mission pour changer le monde (comme nous voulons changer celui de l'accélération de start-ups en France), cela nous plaira beaucoup !

- Type de projets : nous avons une affection particulière pour ce qui est bien disruptif...Un nième eCommerce de bijoux par exemple à peu de chance de nous intéresser, à moins d'avoir mis la main sur une mine de pierres précieuses qui assurerait un avantage concurrentiel majeur ;-)

- Entrepreneurs et Equipe : je considère que monter une société est bien trop compliqué et risqué pour un homme seul, nous ne prendrons donc pas de "single founder company" mais miserons sur des équipes aux compétences complémentaires. De plus, au niveau de la personnalité, un bon entrepreneur doit faire preuve d'humilité, de capacité à se remettre en cause, d'adaptabilité et d'agilité...Et évidemment, vu l'intensité que nous allons imposer pour accélérer, il faut accepter un commitment total.

- Alignement sur la finalité :  la finalité même du programme d'Accélération étant d'amener les start-ups aux portes du financement, il faut au préalable un alignement sur cet objectif. Mai si vous visez un marché de plusieurs centaines de millions d'€ et que vous êtes ambitieux, cela ira de soi non ?

Pour Postuler au Programme l'Accélérateur : ICI

 

 

Petite Précision sur Inspirational Stores et mon Rôle !

Quand Franz Grenier, le Rédac Chef du Journal du Net e-Business m'a interviewé avant hier au sujet de l'Accélérateur, il m'a évidemment posé la question de mon rôle dans Inspirational Stores.

Ce que j'avais dit à Frantz concernant Inspirational Stores se résume simplement :

• Inspirational Stores = Groupe MotoBlouz, n°1 incontesté de l'équipement moto et motard sur Internet, avec un CA très respectable, maintenant rentable comme il se doit.
• Mon rôle est celui d'actionnaire, Board Member, coach et consultant, et j'interviens ponctuellement pour aider Thomas Thumerelle, Président et co-fondateur de MotoBlouz, entre disons 1 et 3 jours par mois (et idem pour mon associé fondateur d'IS, Martin Genot).

Et, encore plus important, je lui disais que si on m'en donnait 10 comme Thomas je ferais forcément 10 mega succès, car avec lui c'est le rêve de l'investisseur : intelligent, niakeux, ambitieux, excellent animateur et manager, honnête et fun to work with ! Et en plus il est ch'ti, comme moi, donc forcément de la bonne graine !

Un super entrepreneur comme on en trouve que très rarement. Et quand Frantz me disait que j'avais de la chance, je lui ai répondu que je l'avais bien choisi et bien négocié aussi, et que ce n'est ni par hasard ni par défaut que nous avions fusionné IS avec MotoBlouz ! Je savais qu'avec l'équipe fondatrice de MotoBlouz nous pourrions aller très loin. Et, de fait, c'est bien parti pour.

Quand j'ai crée Inspirational Stores en 2007 avec Martin Genot (qui était mon directeur général chez Photoways), on était parti dans une direction, celle de faire une sorte de "e-commerce factory" (c'était d'ailleurs le 1er nom de la société), attaquant toute une série de niches e-commerce. On a au bout de quelques mois bifurqué vers ce qu'on appelle aujourd'hui la "délégation eCommerce", avant de très vite comprendre les contraintes et les limites de ce secteur et de se décider à faire autre chose.

Comme quasiment toujours en entrepreneuriat, les choses ne se passent jamais comme prévu, mais l'important est de in fine créer de la valeur et de bâtir quelque chose de solide. C'est le cas aujourd'hui, pas du tout dans l'axe de départ, mais cela n'a aucune espèce d'importance, surtout quand je vois les galères de ceux qui rament encore dans ce métier ! Et, à la limite, je suis même fier aujourd'hui d'avoir initié un pivot mémorable en aussi peu de temps.

Et maintenant, avec MotoBlouz, bravo Thomas, c'est un plaisir, un honneur et une chance que de travailler avec toi !

Retour sur Apple et ses Perspectives 2015 !

Comme je le postais il y a quelques jours, le 4ième trimestre 2011 a été hallucinant pour Apple, tant en croissance (+80% en CA) qu'en rentabilité (+120%), avec le 2ième plus gros bénéfice trimestriel de toute l'histoire économique (après Exxon).

Pourtant, la hausse du titre ne fut pas à la mesure des ces résultats exceptionnels, même si l'action a tout de même pris un peu plus de 5% vs les 420$ où elle était avant l'earnings report et qu'elle a redépassé Exxon comme 1ère market cap mondiale : hors cash disponible, Apple ne vaut aujourd'hui qu'environ 10x ses résultats 2011 (35$/action) et 8x les résultats 2012 anticipés (42$/action). Pour une société connaissant une telle croissance, c'est quelque part une aberration.

Les 2 raisons fondamentales principalement invoquées pour cette prudence (qui est chronique en fait, cf tout en bas *) :

• Avec déja près de 130Mds$ de Chiffre d'Affaires, Apple ne peut plus croître aussi vite.
• Apple est extrêmement dépendante de l'iPhone qui réalisé plus de la motié du CA et des 2/3 des profits, et on a vu à quelle vitesse RIM et Nokia avaient sombré.

S'en tenir là serait aller bien trop vite en besogne et ne tient pas compte de 2 autres réalités tout aussi tangibles :

1) Apple est positionnée sur des secteurs en forte croissance et en bénéficie naturellement :

• Il s'est vendu plus de 400M de smartphones en 2011 (plus que de PC), ce pour un marché total de 1,5Mds de téléphones. Le réservoir de croissance est donc encore extrêmement large. Apple n'a que 6% du marché mondial de téléphones contre 25% à Nokia.
• Tim Cook voit à terme un marché de la tablette (autour de 60M d'unités en 2011) dépassant celui des ordinateurs (soit 400M d'unités/an). Je le pense aussi tant la versatilité de la tablette permet un grand nombre d'usages dans des contextes très variés. La aussi, il reste un énorme réservoir de croissance. A noter aussi qu'Apple a vendu 15M d'iPad au Q4 2011 pour 5M de Mac...
• Apple est très bien positionnée en Chine, qui connaît une croissance explosive : la classe moyenne, de 300M de personnes actuellement, devrait doubler dans les 10 ans ! Dit autrement, un nouveau marché aussi important que les US ou l'Europe devait se créer la-bas !

2) Apple dispose d'avantages concurrentiels très forts :

• Un effet de taille, 1er acheteur mondial de semi-conducteurs, il bénéficie non seulement de prix meilleurs, mais peut aussi assécher le marché en réservant les productions à son profit, ce qui empêche tout simplement les autres constructeurs de produire les quantités qu'ils voudraient.
• Une R&D rodée, extrêmement efficace et focalisée. Le nombre de produits d'Apple est extrêmement réduit. Il n'y a par exemple aujourd'hui que 3 modèles d'iPhone (3GS/4/4S).
• Un puissant réseau de distribution propre (qui joue parfaitement sa complémentarité avec l'Apple Store Online) et une marque emblématique au fort pricing power.
• L'iPhone, plus qu'un téléphone, est un puissant eco-système, chose que ni Blackberry ni Nokia n'ont réussit à développer. idem pour l'iPad.
• Enfin, une balance sheet "pristine" comme dirait les analystes américains : 100Mds$ de cash et aucune dette...

Aussi, positionnée aujourd'hui sur des marchés à forte croissance, qui peuvent encore doubler ou tripler de taille dans les 5 ans (les smartphones, les tablettes et l'Asie notamment la Chine), jouissant d'avantages concurrentiels solides, je pense tout simplement que les chances sont extrêmement fortes qu'Apple double au minimum de taille dans les 5 ans.

Bien évidemment, on parle ici de potentiel, ce qui n'enlève rien aux risques d'exécution !

Et ce potentiel ne prend même pas en compte l'irruption sur d'autres marchés. On parle beaucoup de la télévision, marché de 200Mds$ au niveau mondial, même s'il reste à Apple à inventer la dedans un modèle lucratif (avec forcément de la valeur ajoutée via le contenu et l'interface).

Il y a 1 an, j'estimais qu'Apple réaliserait 200Mds$ de CA en 2015, aujourd'hui je crois qu'il faut plutôt viser 300Mds$. Le taux de marge nette, de 26% en 2011 (33Mds sur 128Mds$ de CA) ne devrait sans doute pas rester à ces niveaux (l'iPad est moins porteur de marge que l'iPhone), mais en tablant sur 20% par exemple cela donnerait tout de même 60Mds$ de profit net.

De quoi justifier une valorisation de 600Mds$ + le cash disponible à ce moment là. En supposant de façon extrêmement théorique qu'Apple garde tout le cash généré d'ici là, elle aurait certainement dans ses caisses bien plus de 300Mds$ en 2015, cela nous amènerait à 900Mds$, soit environ 1000$/action.

Bien entendu, il est plus que certain qu'à un moment donné Apple va retourner le cash aux actionnaires (en dividende et/ou stock buybacks), du moins en partie, mais in fine - modulo l'impact fiscal - la valeur reviendra dans la poche de l'actionnaire.

A 450$ l'action aujourd'hui, et dans une perspective de 1000$ en 2015 (si sans dividende d'ici là), il y a de quoi monter une belle stratégie d'investissement.

Disclaimer pour rire : je suis évidemment "long" sur Apple, et j'entends bien me renforcer très significativement dans les jours, les semaines et les mois à venir en fonction des dips que le marché ne manquera pas de m'offrir dans son court-termisme et son irrationalité classique !

Qui veut parier avec (contre) moi que dans les 4 ans le cours de Bourse d'Apple aura doublé (dividende-adjusted) ?

(*) De la prudence chronique des analystes avec Apple : Horace Dediu, l'un des analystes les plus fin et perspicace sur Apple, a publié sur son site Asymco le tableau suivant qui donne l'écart entre les estimations des analystes et les résultats réels, année après année (par exemple, ils prévoyaient 25% de croissance en 2011 alors qu'Apple a délivré 83% !) :

Principes et Fonctionnement de l'Accélérateur ! Des Serial Entrepreneurs Permanents Totalement Dédiés à la Réussite d'Entrepreneurs !

Le Journal du Net vient de publier une petite interview que j'ai faite aujourd'hui avec eux au sujet de l'Accélérateur, ICI.

Avec cette 1ère interview publique, le projet démarre "officiellement", aussi je donne ici plus de détails sur l'organisation, les principes, le programme et le fonctionnement.

L'Accélérateur, comme je l'ai déja écrit, s'inspire du Y Combinator dans la Silicon Valley, un modèle d'accélérateur de start-ups qui a déja largement fait ses preuves : crée et animé au quotidien par des entrepreneurs, pour des entrepreneurs, avec des intérêts alignés, ce modèle m'avait tapé dans l'oeil il y a de nombreuses années !

Nous ne sommes ni un incubateur classique, ni un fonds d'investissement early stage, mais notre vocation est d'accélérer fortement les start-ups au cours d'un cycle de quelques mois.

Spécifiquement, voici les 10 points clés, sachant que d'ici la semaine prochaine le site sera mis à jour et donnera encore plus de détails.

- Le coaching est assuré par des entrepreneurs permanents, tous des serial entrepreneurs au talent pédagogique, animés par la passion de partager leur expérience. Si cela faisait longtemps que j'avais rêvé de monter un accélérateur, encore fallait-il trouver des associés de grande qualité, partageant ma passion pédagogique, et prêts à s'investir à 100% dans cette initiative. Des associés qui rêvent tous de construire quelque chose d'unique ! C'est cette implication totale et permanente de serial entrepreneurs qui est certainement la grande différence de l'Accélérateur par rapport à d'autres programmes d'accélération ou d'incubation !

- Le programme d'accélération, et donc de travail intense, va s'étaler sur 16 semaines. Le 1er cycle débutera dans la 2ième quinzaine de mars, jusqu'à début juillet. Le 2ième cycle sera en septembre.

- Nous investissons un peu d'argent dans chacune des start-ups du programme. Ce petit investissement, de l'ordre de 10-15K€, pour quelques % de capital, doit plutôt être pris comme une "bourse" et n'a pour vocation que d'aligner totalement les intérêts avec nos start-ups et de nous rémunérer "à la performance" (cf le modèle économique). Un véritable win/win par nature même, des intérêts alignés.

- Coaching ad'hoc à volonté et à la demande, pendant le programme d'accélération et même après ! Les start-ups réserveront des créneaux horaires. Durant ces sessions, nous travaillerons avec elles sur tous les aspects : l'idée, le produit, le modèle économique, le pitch commercial, la distribution/route-to-market, les aspects juridiques, l'équipe et le recrutement, et bien entendu le pitch investisseur et la stratégie de financement. La balance entre les aspects "fondamentaux" et les aspects "levée de fonds" dépendront de chaque cas, mais plus on s'avncera dans le programme plus le curseur sera sur le 2ième aspect.

- 1 réunion/diner chaque semaine avec un entrepreneur (ou un VC), qui viendra raconter de façon "off" ses aventures, donner ses conseils les plus précieux, etc. Cette réunion hebdomadaire sera aussi bien entendu l'occasion pour les start-ups de se rencontrer et de partager. Nous chercherons aussi à favoriser le "mentoring" par ces entrepreneurs en fonction des affinités projet et personnes, sachant que nous restons les coachs !

- 5 présentations intermédiaires, plus ou moins formelle d'abord devant les co-accélérés, puis des entrepreneurs, des angels, des VCs, et une grande répétion avant le Demo Day (ci-dessous).

- A la fin du cycle, couronnement, après 4 mois intenses de travail et d'amélioration de chacun des aspects de la start-up, une journée "Demo Day", où les start-ups pitcheront une audience de business angels et de VCs pour se faire financer !

- Notre modèle économique est simple : tout le programme est totalement gratuit pour les entrepreneurs, nous ne nous rémunérons qu'en revendant notre petit capital investis, donc nous devons être performant !

- Nous ne sommes pas un "incubateur" physique : les sessions de conseil/coaching se dérouleront au siège de l'Accélérateur, mais les start-ups travaillent dans leurs propres locaux. Il n'y a je pense pas beaucoup de valeur à fournir des locaux, mais au contraire beaucoup de complexité économique. Et pour ce qui concerne les échanges entre start-ups, entre les diners/réunions hebdomadaires et les présentations, elles en auront très largement l'occasion !

- Le QG de l'Accélérateur sera à Paris près de la Trinité, tout près du GooglePlex !

 

Prochain post : nos critères de sélection des start-ups accélérées !

L'Accélérateur...Accélère !

Malgré le timing très short que je m'étais fixé début janvier, tout se déroule comme prévu :

- Notre tour de table est maintenant achevé, et nous accueillons dés le départ une poignée de VCs enthousiastes en tant que co-fondateurs !

- Nous avons déja reçu (sans autre visibilité que ce blog d'ailleurs) une grosse trentaine de candidatures, et ce sans même avoir précisé quoi que ce soit sur les critères et sur le mode opératoire ! Nous n'avons pas encore commencé les sélections, ce sera le cas à partir de la semaine prochaine, et ce jusqu'à fin février/début mars, ce pour un démarrage effectif du programme d'accélération dans la 2ième quinzaine de mars. Vous pouvez donc continuer à déposer vos candidatures ICI (étape indispensable pour tous).

- D'ici quelques jours, tous les détails seront donnés sur le programme. Où, quand, comment, qui, combien, etc !

Amis entrepreneurs, merci de votre confiance. Je voulais d'ores et déja insister sur un point fondamental et différençiant : l'Accélérateur, c'est une entreprise de serial entrepreneurs, animés par une profonde flamme et passion pédagogique, totalement dédiés à votre succès !

Alignés dans le même intérêt (et je pourrais revenir sur les nombreux prestataires qui gravitent dans l'eco-système start-ups mais dont les intérêts ne sont pas toujours ni forcément ceux des entrepreneurs), nous travaillerons ensemble à vous accélérer dans les meilleures conditions !

J'avoue aussi une chose, après avoir crée ou racheté depuis 15 ans une bonne douzaine de sociétés, c'est mon plus beau projet, à la croisée entre l'entrepreneuriat, la pédagogie, le coaching et l'investissement. Ce genre de projet qui vous galvanise et qui vous donne l'envie de changer le monde ! Il va reprendre et englober mes activités de formation (les Ateliers Entrepreneurs, Ecoute Clients, Levée de Fonds, etc), de business angels et de coaching one-to-one que je fais depuis plusieurs années !

En complément des formations académiques d'entrepreneurs, ie HEC Entrepreneurs que j'ai bien connu pour y être passé (mais qui a bien changé après le départ de son fondateur Robert Papin), l'Accélérateur va chercher à être le flambeau de la formation pratique et de l'amorçage de start-ups en France et va monter un véritable eco-système de l'entrepreneur ! Car au lieu de travailler sur des cas d'école, on va travailler intensément main dans la main avec les entrepreneurs sur des cas concrets, leurs start-ups ! Au quotidien, méthodiquement, point après point...

Cela fait 15 ans que Robert Papin m'avait nommé Maître de Conférence à HEC Entrepreneurs, cela faisait concrètement quelques années que j'avais imaginé un Accélérateur animé en permanence par des serial entrepreneurs dédiés (sur le modèle du Y Combinator), le voila qui se concrétise aujourd'hui !

A propos de Robert Papin d'ailleurs, le succès d'HEC Entrepreneurs et l'aura que la filière a eu reposait sur un secret qui n'en est pas un : Robert, passionné de pédagogie, se donnait juste à fond, encadrant de très près non seulement les élèves mais aussi les professeurs, leur fixant des guidelines pédagogiques précises et les recrutant avec beaucoup de sélectivité, et se battant à l'intérieur même d'HEC pour imposer ses méthodes.

En fait, bien plus qu'un professeur, Robert Papin se comportait en véritable "entrepreneur pour les futurs entrepreneurs".

Wall Street Prudente avec Apple, Justifié ?!

Avant hier soir Apple présentait des résultats absolument exceptionnels, tant en croissance qu'en rentabiité. De fait, ils ont réalisé le 2ième meilleur bénéfice trimestriel de toute l'histoire économique, seul Exxon a fait mieux une fois !

Et pourtant, l'action n'a monté que de 6% environ hier, et n'est valorisé qu'environ 10x les résultats 2011 calendaire hors cash :

• Apple a réalisé 128Mds$ de CA en calendaire 2011, et 33Mds$ de profit net, soit 35$ par action
• Apple a 98Mds$ de cash dans ses caisses, soit 104$/action

A environ 450$ l'action hier, on a bien 35 x 10 + 104 à peu de chose près.

Et un multiple de 10 seulement pour une société qui en 2011 a cru de +68% son top line et +98% son bottom line, avec une croissance d'au moins 25% attendue en 2012, semble "cadeau". Après tout, le marché valorise Amazon près de 100x ses résultats, avec une croissance inférieure du top line (sur 2011), et encore bien pire du bottom line.

Et ce faible multiple alloué à Apple n'est pas nouveau en fait. Et il y a une raison, Apple n'est pas une mono-produit company, mais de fait l'iPhone, un seul produit, réalise plus de la moitié du chiffre d'affaires et sans doute plus des 2/3 des profits.

Et quand on voit la chute incroyable de RIM en l'espace de 3 ans, on ne peut que considérer qu'il y a un élément de risque important sur la pérennité de la croissance d'Apple.

C'est en tous cas ce qu'il est légitime de prendre en compte par une analyse sommaire.

De mon côté, j'ai une vision différente et j'estime que le risque sur l'action est très limité :

• S'il est vrai qu'Apple est aujourd'hui très dépendante de l'iPhone, son business est aussi réparti sur 3 autres lignes de produits, dont l'une, l'iPad, est également en très forte croissance.
• Apple a des avantages concurrenciels très forts : n°1 mondial de l'achat de semi-conducteurs, ce qui lui donne un puvoir de négociation puissant, incroyable capacité d'innovation, réseau de distribution propre, marque emblématique, etc. Ca, c'est le point clé, Warren Buffet et d'autres ont largement démontré que la capacité de génération de profits est lié à la possession d'avantages concurrentiels pérennes. Et je crois que c'est le cas pour Apple.
• Apple a certainement la capacité de venir disrupter d'autres industries, et son business dans le cloud pourrait aussi décoller.

Donc, non, Apple n'est pas Blackberry et je ne la vois pas du tout connaître une décroissance de la sorte.

Et puis, très pragmatiquement, prenons des hypothèses extrêmement basses : imaginons que d'ici 18 mois Apple vois sa croissance non pas ralentir, mais même devenir négative : marché saturé, ils loupent un produit, la concurrence les dépasse, etc :

Dans 18 mois, au rythme actuel (donc mi 2013), ils devraient avoir près de 180Mds$ dans les caisses, soit disons pas loin de 200$ par action.

En partant du profit par action de 35$ en 2011 calendaire, supposons que sur 2014 ils retombent à seulement 30$ (à noter qu'on attend 45$ en 2012 calendaire !).

Avec cette forte décroissance, la Bourse sanctionne et ne "donne" alors qu'un misérable P/E de 8. A noter qu'HP, empêtré dans ses problèmes, est aujourd'hui à bien plus que 8 si on prend en compte qu'ils ont 20Mds$ de dette nette.

Avec ces hypothèses (profit en forte baisse, multiple massacré), on arriverait alors à 200 + 8 x 30, soit 440$, donc le cours actuel à peu de choses près.

En synthèse, le cours actuel intègre totalement le worst case, donc je ne vois que des upsides !

Sur 2014, je vois plutôt Apple conserver un multiple faible, donc autour de 9/10, ne pas décélérer de la sorte mais plutôt garder un profit autour de 50$/action, et avec 200$ de cash par action on serait alors à 650-700$ l'action.

Bottom line : worst case de 450$ et 700$ en objectif d'ici 2 ans, soit un potentiel d'appréciation de l'ordre de +50%.

Apple Q4 Earnings : EXCEPTIONNELS !

Apple a présenté ce soir ces résultats du trimestre passé (Q4 2011) et a...totalement écrasé les prévisions les plus optimistes !

37M d'iPhone et 15M d'iPad ont été vendus, soit dans les 2 cas plus de 2x plus que sur le Q4 2010 (+128% et +111% respectivement pour être précis) ! Et même les Mac, avec 5.2M d'unités, ont connu une forte croissance de +28%, très largement au dessus du marché.

A noter donc que le Kindle Fire ne semble pas avoir vraiment eu un impact significatif sur les ventes d'iPad. Il est probable qu'Apple a vendu sur ce trimestre 3x plus d'iPad que de Kindle Fire (15pour 5M), et pour 3x leur prix (650$ pour 199$ de prix moyen). A noter que Tim Cook a précisé qu'au Q4 le marché des tablettes (donc drivé en grande partie par l'iPad), fut aujourd'hui plus important que le marché des desktop.

Sur l'année calendaire 2011, Apple aura donc vendu 93M d'iPhone (47M en 2010) et 40M d'iPad (15M en 2010, mais sur 3 trimestres seulement).

La marge brute est de près de 45%, et Apple a engrangé 13Mds$ de bénéfice net sur un CA de 46Mds$, soit un taux de rentabilité absolument ahurissant de l'ordre de 28% ! Et 13Mds$ de profit, ça représente la totalité du CA de Google sur le dernier trimestre ! Et en fait, le bénéfice d'Apple sur tout 2011 dépasse le CA de Google sur 2011...

Tous les records (volume, marge brute, CA, rentabilité nette) ont évidemment été enfoncés. Qu'une société de cette taille (qui va quand même vers les 150Mds$ de CA cette année 2012) arrive à croître à cette vitesse et produire autant de bénéfices défie tout simplement l'entendement.

Pour donner un peu de perspective à cette impressionnante croissance, il faut comprendre que les bénéfices d'Apple sur ce trimestre égalent son chiffre d'affaires du 3ième trimestre 2010, ou encore toute la market cap de la société en 2004. Ou encore, que son chifrre d'affaires de ce trimestre égale son chiffre d'affaires de tout 2005 et 2006 réunis !

Graphiquement, c'est assez parlant !

On n'imagine plus qu'Apple puisse continuer à ce ryhtme évidemment, mais un bon 40% de croissance pour 2012 est parfaitement possible, avec un objectif au dessus de 150Mds$. Dans un post d'il y a 14 mois, je voyais un CA d'Apple entre 150 et 200Mds$ et 2015, et on va y être dés 2012/2013 !

A cette heure (22h40), l'action a été arrêtée en after hours, nul doute qu'à la reprise Apple va s'envoler et redevenir la 1er market cap mondiale, devant Exxon.

Tim Cook : “We’re thrilled with our outstanding results and record-breaking sales of iPhones, iPads and Macs,” said Tim Cook, Apple’s CEO. “Apple’s momentum is incredibly strong, and we have some amazing new products in the pipeline.”

Side point, mais qui pourrait avoir son importance dans le futur, Apple a vendu 1,4M d'Apple TV, soit autant que tout ce qu'ils en avaient vendues en 2010.

Ah, one last thing, Apple a 98Mds$ de cash dans ses caisses (14Mds$ de plus qu'au trimestre précédent) ! On espère que dans la Conf Call qui va suivre Tim Cook va donner des pistes sur ce qu'il entend en faire : enfin verser un dividende, un programme de rachat d'actions ?

Ces résultats promettent en tous cas pour la suite, je confirme mon pari de $500 l'action en vue sur 2012 (et c'est en fait maintenant un strict minimum, je m'attends à bien plus). A noter que début 2013 - hors dividendes versés, rachat d'action ou grosse acquisition, Apple devrait avoir dans ses caisses entre 160 et 170$ de cash par action. Et s'ils génèrent comme on s'y attend environ plus de 40$ de bénéfice/action en 2012, même à 500$ en début d'année prochaine ça ne ferait qu'autour de 8x les bénéfices hors cash, ce qui reste extrêmement raisonnable. ce pourquoi un cours au dessus de 600$ est tout à fait envisageable en 2012 ou début 2013.

MAJ 22h55 : à peine le post achevé qu'Apple a repris ses côtations, en hausse de 8% environ, redevenant ainsi bien la 1ère market cap mondiale.