Avant hier soir Apple présentait des résultats absolument exceptionnels, tant en croissance qu'en rentabiité. De fait, ils ont réalisé le 2ième meilleur bénéfice trimestriel de toute l'histoire économique, seul Exxon a fait mieux une fois !
Et pourtant, l'action n'a monté que de 6% environ hier, et n'est valorisé qu'environ 10x les résultats 2011 calendaire hors cash :
- Apple a réalisé 128Mds$ de CA en calendaire 2011, et 33Mds$ de profit net, soit 35$ par action
- Apple a 98Mds$ de cash dans ses caisses, soit 104$/action
A environ 450$ l'action hier, on a bien 35 x 10 + 104 à peu de chose près.
Et un multiple de 10 seulement pour une société qui en 2011 a cru de +68% son top line et +98% son bottom line, avec une croissance d'au moins 25% attendue en 2012, semble "cadeau". Après tout, le marché valorise Amazon près de 100x ses résultats, avec une croissance inférieure du top line (sur 2011), et encore bien pire du bottom line.
Et ce faible multiple alloué à Apple n'est pas nouveau en fait. Et il y a une raison, Apple n'est pas une mono-produit company, mais de fait l'iPhone, un seul produit, réalise plus de la moitié du chiffre d'affaires et sans doute plus des 2/3 des profits.
Et quand on voit la chute incroyable de RIM en l'espace de 3 ans, on ne peut que considérer qu'il y a un élément de risque important sur la pérennité de la croissance d'Apple.
C'est en tous cas ce qu'il est légitime de prendre en compte par une analyse sommaire.
De mon côté, j'ai une vision différente et j'estime que le risque sur l'action est très limité :
- S'il est vrai qu'Apple est aujourd'hui très dépendante de l'iPhone, son business est aussi réparti sur 3 autres lignes de produits, dont l'une, l'iPad, est également en très forte croissance.
- Apple a des avantages concurrenciels très forts : n°1 mondial de l'achat de semi-conducteurs, ce qui lui donne un puvoir de négociation puissant, incroyable capacité d'innovation, réseau de distribution propre, marque emblématique, etc. Ca, c'est le point clé, Warren Buffet et d'autres ont largement démontré que la capacité de génération de profits est lié à la possession d'avantages concurrentiels pérennes. Et je crois que c'est le cas pour Apple.
- Apple a certainement la capacité de venir disrupter d'autres industries, et son business dans le cloud pourrait aussi décoller.
Donc, non, Apple n'est pas Blackberry et je ne la vois pas du tout connaître une décroissance de la sorte.
Et puis, très pragmatiquement, prenons des hypothèses extrêmement basses : imaginons que d'ici 18 mois Apple vois sa croissance non pas ralentir, mais même devenir négative : marché saturé, ils loupent un produit, la concurrence les dépasse, etc :
Dans 18 mois, au rythme actuel (donc mi 2013), ils devraient avoir près de 180Mds$ dans les caisses, soit disons pas loin de 200$ par action.
En partant du profit par action de 35$ en 2011 calendaire, supposons que sur 2014 ils retombent à seulement 30$ (à noter qu'on attend 45$ en 2012 calendaire !).
Avec cette forte décroissance, la Bourse sanctionne et ne "donne" alors qu'un misérable P/E de 8. A noter qu'HP, empêtré dans ses problèmes, est aujourd'hui à bien plus que 8 si on prend en compte qu'ils ont 20Mds$ de dette nette.
Avec ces hypothèses (profit en forte baisse, multiple massacré), on arriverait alors à 200 + 8 x 30, soit 440$, donc le cours actuel à peu de choses près.
En synthèse, le cours actuel intègre totalement le worst case, donc je ne vois que des upsides !
Sur 2014, je vois plutôt Apple conserver un multiple faible, donc autour de 9/10, ne pas décélérer de la sorte mais plutôt garder un profit autour de 50$/action, et avec 200$ de cash par action on serait alors à 650-700$ l'action.
Bottom line : worst case de 450$ et 700$ en objectif d'ici 2 ans, soit un potentiel d'appréciation de l'ordre de +50%.
Serais-tu toujours acheteur à 450$ ?
Posted by: Patrice B. | January 27, 2012 at 12:25 AM
Dans une perspective de qq années, oui, pas de pbm.
Posted by: Michel de Guilhermier | January 27, 2012 at 07:07 AM