Suite du post précédent où je mettais que, pour ma part, un cours de Bourse d'Apple à 560$ est une opportunité d'achat.
Je précise ici ma réflexion en étayant les hypothèses qui la construise. Afin d'établir le downside maximum possible je prends d'abord volontairement des hypothèses très conservatrices, puis je mettrais ensuite les upsides.
L'iPhone représente aujourd'hui la moitié du CA d'Apple, et certainment près des 2/3 des profits, et ce qui a très largement porté l'incroyable croissance sur les dernières années représente aussi un risque évident. La croissance d'Apple, et son potentiel, étant très lié au volume global du marché des smartphone. Sera t'il à terme de 500M ou de 1Mds d'unité par an ?
Ce marché des smartphones - aujourd'hui autour de 500M d'unités - pourrait arriver à maturité en 2014 ou 2015 avec alors un record de ventes autour de 700/800M d'unités. Il stagnerait alors pour décliner ensuite en devenant princalement un marché de renouvellement, peut-être autour des 500M d'unités/an, ce qui est donc le niveau d'aujourd'hui.
En clair, à plus ou moins long terme, il y a le risque que le marché ne soit pas plus important que ce qu'il est aujourd'hui, même si 2013 et 2014 seront encore de belles années de croissance, pour Apple comme pour l'industrie.
Vu l'importance de l'iPhone pour Apple, en terme de CA et encore plus en terme de profitabilité, l'hypothèse sur la taille du marché des smartphones est évidemment la grosse inconnue...On peut tout aussi bien supposer que la Chine a encore de très nombreuses années de croissance devant elle sur ce marché.
Sur ce marché global du smartphone qui descendrait à 500M d'unités/an (encore une fois, je précise que c'est dans la cadre du scénario pessimiste visant à fixer le point bas pour Apple), avec des produits adéquats, innovants, gardant une certaine avance sur la concurrence, tout du moins une forte différenciation, Apple pourrait avoir une part de marché de 20 à 25% (23% en ce moment), soit autour de 100 à 120M d'unités par an, un niveau légèrement en dessous des ventes actuelles. Cela donnerait un CA de l'ordre de 70-80Mds$ en comptant les accessoires.
L'autre grosse business unit est celle de l'iPad, aujourd'hui principal relais de croissance de Cupertino, 70M d'unités attendues cette année. Apple a une part de marché supérieure à 60% sur le segment des tablettes (68% sur le Q2 d'après mes sources), et je les imagine bien en posséder encore 35 à 40% dans 3 ans, ce sur un marché de 300M d'unités, soit autour de 120M d'iPad, et 80Mds$ de CA en comptant les accessoires. Ainsi, en 2015, l'iPad disputerait à l'iPhone la pole position en terme de CA chez Apple (aujourd'hui un rapport de 1 à 2,5 en faveur de l'iPhone). Mais il faut aussi se rappeler qu'actuellement l'iPhone a des marges brutes signficativement meilleures que l'iPad, de l'ordre de 55% vs 30% seulement.
Le business Mac, à hauteur de 25M d'unités par an, génére environ 35Mds$ de CA avec les logiciels et périphériques. Il ne devrait pas connaître de forte croissance. Je le suppose flat dans ma logique conservatrice.
Récapitulatif de mes hypothèses "conservatrices" pour 2015 :
- Smartphone : marché de 500M d'unités, à peu près stable car essentiellement du renouvellement. Part de marché d'Apple de 20 à 25%, soit 100 à 125M d'unités (rappel, environ 130M prévues en 2012), dégageant un CA global de 70 à 80Mds$
- Tablette : marché de 300M d'unités, Apple gardant une part de marché de 40%, soit 120M d'unités (rappel 70M en 2012), total de CA de 80Mds$. le marché sera encore en hausse à cette époque et je le vois bien dépasser les 500M d'unités à terme.
- Mac : 25M d'unités (rappel, comme aujourd'hui) et 35Mds$ de CA avec les logiciels et accessoires.
En comptant le reste (iTunes notamment), on arrive ainsi avec des hypothèses très prudentes à un CA un peu supérieur à 200Mds$ pour Apple en 2015, contre 175Mds$ attendu cette année.
Donc, à horizon 3 ans, sur la base des hypothèses volontairement conservatrices évoquées ci-dessus, Apple ne serait que sur des niveaux de CA à peine supérieurs à celui d'aujourd'hui.
Avec un peu plus de 200Mds$ de CA, et en prenant également des marges en retrait vs les records actuels (mix produits différent avec des produits moins margés), Apple devrait néanmoins pouvoir gagner en 2015 autour de 50Mds$ de profit net, ce qu'il va d'ailleurs réaliser en 2012 calendaire avec 175Mds$ de CA.
Si en 2013 et 2014 Apple devrait encore bénéficier de la forte croissance du marché des smartphones, et donc connaître de très belle années, dépasser fortement les 200Mds$ de CA et frôler voire dépasser les 60Mds$ de résultat net, au delà de 2015 je préfère tabler sur 50Mds$ seulement dans une optique conservatrice.
Fast forward fin 2014, Apple a dans ses caisses près de 250Mds$ de cash et peut s'attendre à 50Mds$ de profits nets sur les années suivantes. Question, combien vaut une société de techno, donc dans un segment où les choses bougent vite (Nokia et RIM en savent quelque chose) avec une croissance prévisible plutôt faible, qui gagne 50Mds$/an ?
A mon sens, on peut difficilement mettre un P/E supérieur à 8 si on veut être conservateur, hors cash. Un cash qui ne se valorise d'ailleurs pas vraiment à 100% (70% du cash d'Apple est offshore et il n'est pas rapatriable aux US sans une taxe de l'ordre de 35%).
En conséquence, dans ce scénario volontairement pessimsite, on trouve qu'Apple pourrait sans problème justifier d'une market cap de l'ordre de 550 à 600Mds$ en 2015, contre 540Mds$ en ce moment. Donc, premier point important, le downside et le plancher pour moi d'Apple en 2015 est du niveau d'aujourd'hui. Réconfortant.
En partant de ce minimum, il y a aussi plusieurs upsides significatifs potentiels :
- Apple déboule dans de nouvelles catégories très importantes et lucratives, lui apportant des dizaines de milliards de revenus supplémentaires avec une forte profitabilité, comme l'ont fait l'iPhone et l'iPad, et dans une moindre mesure l'iPod. Evidemment, les virages vers ces catégories avaient été entrevus par un génie visionnaire...
- Apple conserve 60% du marché de la tablette qui arrive à 500M d'unités. Soit 300M d'unités et peut-être 120-150Mds$ de CA vs les 80Mds que j'ai mis dans mes hypothèses du dessus.
- Mes hypothèses du dessus concernant le marché du smartphone (500M seulement à partir de 2015), ou la PDM d'Apple (20-25%) s'avéraient bien trop conservatrices. Il n'est pas impossible que le parc de smartphones arrivent in fine à 4 ou 5 Milliards d'utilisateurs, avec un marché de renouvellement de 1Mds par an au minimum. En gardant sa part de marché, c'est alors 100M d'iPhone et 60Mds$ de CA en plus pour Apple.
- Apple continue de bien croître sur le marché du Mac, atteignant 35 ou 40M d'unités contre 25M aujourd'hui, ce qui ferait une quinzaine de milliards de CA en plus.
Dans cette configuration "best case", on aurait alors un CA largement supérieur à 300Mds$ et un net profit de 70, 80Mds$ et plus...
Ces perspectives justifieraient alors sans problème d'une valorisation dépassant les 1000 Milliards$, soit près du double de celle d'aujourd'hui.
Seul le temps permettra de dire si Apple va atteindre un pic en 2013/2014 ou si, continuant à bien surfer sur un fabuleux marché du smartphone, continuant de dominer largement le marché de la tablette qui s'avèrerait aussi être colossal, trouvant également un nouveau relais de croissance avec un important marché lucratif, Cupertino serait sur une trajectoire l'amenant à plus de 300Mds$ de CA et une capitalisation boursière de 1000Mds$, soit un cours de Bourse très supérieur à 1000$ (il y a 940M d'actions actuellement, mais Apple va en racheter).
Dans la mesure où les niveaux de cours actuels sont le plancher de ce qu'on pourrait avoir en 2015, et où il y a aussi des upsides signficatifs, Apple reste pour moi un très safe bet sur le moyen terme. Au pire ça stagne, et un x2 n'est pas exclu du tout. Et entre les 2, il reste de toute façon une progression notable. Dans un monde où le maintien de son capital n'est pas forcément évident, c'est appréciable.
Les avantages concurrentiels d'Apple restent extrêmement solides (sa R&D, sa marque, son réseau de distribution, son ecosystème, etc), mais il reste encore à sortir les produits adéquats et faire les beaux virages stratégiques comme Steve Jobs savait faire...
Bien évidemment, je suis incapable de dire où sera l'action dans 2 mois ou dans 6 mois, je ne parle ici que du moyen terme, dans lequel je suis fondamentalement confiant. Comme le précise Warren Buffett, "it's far easier to predict WHAT will happen that WHEN it will happen" !
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