Le salon eCommerce Paris ouvrira ses portes semaines prochaines, alors c'est peut-être le moment de faire un bref post sur ce nouvel eldorado qui attire actuellement 2 ou 3 nouveaux sites en France par heure !
Et puisqu'un schéma vaut mieux qu'une longue démonstration, voici à droite ce que j'en pense vraiment !
Vous connaissez le phénomène des ciseaux ? Et bien associez le à l'eCommerce : entre des marges brutes en baisse (sous l'effet d'une concurrence pléthorique one click away), et des coûts d'acquisition en hausse (merci notamment Google qui sait parfaitement faire jouer la concurrence entre marchands), bien peu de pure players peuvent y échapper à terme.
Ajouter à cela que les pure players qui pensent fortement croître en eCommerce vont devoir se doter d'une structure managériale de qualité, faisant alors jumper les coûts fixes, ce qui serait alors la 3ième branche des ciseaux !
Evidemment, vous pouvez échappez à ce phénomène de ciseaux inéluctable en eCommerce si :
- Vous avez un produit ou un service vraiment très spécifique qu'on ne trouve que chez vous, ce qui vous permet de pricer vos produits sans comparaison directe.
- Vous jouissez d'avantages concurrentiels notoires en terme de notoriété (ce qui joue sur les coûts d'acquisition) et de conditions d'achat par votre volume (d'où de meilleures marges brutes).
...Ce qui nous ramène essentiellement aux retailers ! Au delà d'être - pour certains - un business à part entière, l'eCommerce est avant tout un canal de distribution pour eux. Qu'il s'y imposent progressivement, après être parti en retard, est tout ce qu'il y a de plus logique et inéluctable.
Pour les autres pure players, il n'y a aucun secret, juste du bon sens :
- Il faut être assez gros dans sa catégorie pour jouir de bonnes conditions d'achat (en se battant comme un chien en amont, ou plutôt comme un retailer), je pense qu'un minimum de 5% est une bonne target, mais 10% apporterait plus de confort.
- Il faut être extrêmement frugal question frais de structure, vraiment très low cost. Si vous commencez à recruter à tout va dans l'espoir de grossir (après une belle levée par exemple), ça va être compliqué. Voir mon post sur le "ventre mou" de juillet 2011.
- Il faut être extrêmement rigoureux dans ses coûts d'acquisition et être obsédé par la Life Time Value (qu'il faut calculer avec précision, nombre de commandes/clients x marge brute nette à la commande) en comparaison avec le CoCA.
Alors bon courage les pti loups de l'eCommerce, mais attention dans les couloirs du salon : ils sont nombreux les consultants, les pseudos "experts eCommerce" (surtout ceux qui mettent ce terme en haut de leur blog) et les prestataires de tous poils qui vont vous vendre la lune avec un ligne de mire votre portefeuille, le point fondamental de votre réussite repose avant tout sur votre différenciation produits et/ou services.
Si vous ne l'avez pas, ça sera (très) difficile, end of story. Et ça, le prestataire ne vous le dira évidemment pas car ce n'est juste pas son intérêt...
Si on a pas d'avantage concurrentiel fondamental, et même si on peut évidemment améliorer plein de choses techniquement (l'ergonomie du site, les coûts d'acquisition, etc), vous n'aurez jamais un business pérenne, c'est aussi simple que cela.
Vous pouvez alors rêver de vite monter en volume pour espérer vous faire ensuite racheter par un retailer (c'est très tendance et encore une fois logique), mais la probabilité est intrinsèquement faible vu le nombre de sites existants, et quant au prix, on ne parle pas en multiple mais en % du chiffre d'affaires ! Je rappelle que les Rosenblum ont vendu le reliquat de leur participation dans Pixmania pour environ 5% du CA seulement...
Vu comment Amazon explose Google et le reste des e-commerçants aux USA (logique d'ailleurs), la bonne idée est de trouver des produits qui ne sont pas en vente sur cette plate-forme :-P
Sinon, ton chiffre est impressionnant. Je ne pensais pas qu'il y avait une fréquence aussi élevée de lancement en France.
Par contre, il me semblait avoir croisé un chiffre qui énonçait que 2/3 des entreprises françaises n'ont pas de site Web.
Posted by: LaurentB | September 15, 2012 at 11:21 AM
Michel,
A point nommé ce post.Je suis parfaitement en ligne, il y a selon moi une 3° voie à exploiter avec des coûts d'acquisitions bcp plus faibles,des paniers moyens bcp plus conséquents.
Cette voie permettant de se doter ou/et de renforcer ces fameux avantages concurrentiels notamment sur les parties HA et Supply Chain, points clés de bcp de businees, qui une fois acquis de manière définitive permettra de leverager l'ensemble sur la cible plus vaste et plus consommatrice de cash et de ressources humaines.
Laurent Bourrelly met l'index sur cette 3° voie je pense.
Posted by: Stéphane | September 15, 2012 at 12:01 PM
Bonjour Monsieur de Guilhermier, tout d'abord, merci pour vos articles en général que je lis via RSS donc je commente peu (mais je partage souvent via FB). J'adore vos expressions en english tous les three mots. C'est votre style. Sinon, toujours beaucoup de pertinence dans ce que vous écrivez et parfois de la pub (mais je comprends, ce sont des gens que vous soutenez). J'espère que vous continuerez encore longtemps. J'aime vous lire et en plus, j'apprends... "comme être assez gros, frugal et rigoureux". Bon week-end. Olivier
Posted by: Olivier | September 15, 2012 at 01:42 PM
Merci Olivier, j'avoue que je ne fais pas d'effort pour avoir un. "pure French"...
Posted by: MdeG iPhone | September 15, 2012 at 02:02 PM
Tu as bien raison de parler des "experts" car effectivement, bien souvent ils n'ont qu'une vision a court terme, et il est facile de se laisser impressionner quant on debute... J'ai fait beaucop d'economies et gagne pas mal de temps depuis que j'ai appris a leur dire non rapidement !
Quand tu parles des 5 a 10%, je suppose que tu parles de la part de marche mini a avoir dans la categorie ?
Posted by: Karim - Direct Optic | September 15, 2012 at 02:15 PM
Excellent article Michel. On retrouve la qualité de tes articles il y a 3 ou 4 ans, bravo !
Oui tu as raison, beaucoup de blabla chez les prestataires, quant à Altics, notre modèle est d'être remunéré sur le CA et/ou la conversion que l'on rapporte en plus aux eMarchands ! C'est exigeant mais du coup cela nous oblige à sélectionner nos dossiers avec attention : exemple www.JeVaisMieuxMerci.com dans la parapharmacie, lancé en janvier, ou encore www.mode-in-Motion.com dans l'horlogerie bijouterie.
Après, le fait de construire une boite pérenne à partird'avantages comparatifs me semble être une réflexion valable pour n'importe quel business :)
À bientôt !
Posted by: /Olivier Marx | September 16, 2012 at 03:07 PM
Ah sacré Olivier, tu en perds vraiment pas une pour faire ta pub. On t'a déjà fait plusieurs remarques ici à ce sujet mais tu continues !!
C'est vraiment dommage de cantonner ta valeur ajoutée ici à cette pub ou à la distribution de bons points, et ce serait bien si tu venais un jour faire des commentaires étayés, et ainsi prouver que tu es réellement un "expert" eCommerce !!
Allez, lance toi !
Posted by: MdeG iPhone | September 16, 2012 at 03:24 PM
J'oubliais, on parle d'avantages concurrentiels et pas d'avantages comparatifs et, oui, c'est bien valable pour tous les business.
Ceci étant, l'eCommerce est particulièrement trompeur car les couts d'accès initiaux sont très bas, et ça paraît - de loin - si simple
Posted by: MdeG iPhone | September 16, 2012 at 03:28 PM
Mais non Michel ce n'est pas de la pub : aurais-je du parler de PlusDeBulles.com ou de Motoblouz ? Allez je te joke un peu ne m'en veux pd (trop). En plus je fais faire des économies à tes lecteurs ;)
Plus sérieusement, je n'ai rien a rajouter à tt ce que tu dis, c'est tellement vrai : le repeat business est essentiel (par exemple, 45j la moyenne de reachat ds la parapharmacie), bien acheter est un fondamental du commerce dc valable aussi pour l'eCommerce, et une bonne expérience d'achat dès le lancement permet d'éviter de perdre des points de conversion. Tu vas encore m'engueuler si j t dis qu'on convertit 2*plus que les autres sites du marché sur JVMM. Tous les segments ne sont pas encore pris : connais-tu Miniplanes.com par ex et bien sur les coût d'acquisition augmentent.
Sinon, je trouve que les eMarchands sous estiment terriblement le business qu'ils perdent sur mobile. Peu d'eMarchands ont une version mobile alors que l'audience Smartphone atteint 10% en moyenne. Le Groupe OTTO l'a bien compris en faisant du mobile une priorité.
Spartoo, verbaudet, la Redoute, mister auto font un sacré ÇA sur mobile avec leurs versions optimisées.
Bon allez, on parlera du cross canal et de Facebook une prochaine fois ;) j'arrête car dans le magnifique pré ou je suis les vaches vont foncer sur mon iPhone 4 :)
À bientôt !
Posted by: /Olivier Marx | September 16, 2012 at 04:06 PM
Et autre chose : je pense que désormais il faut des moyens financiers comparables au retail pour se lancer dans l'eCommerce. Faire venir du monde est coûteux puisque Google pousse uniquement les liens sponso (l'espace laissé au référence ment naturel est passé de 50% à 11% ce qui fait qu'il est désormais quasi impossible d'être ds les 1ers de Google en ref nat). Et je pense que les retailers ont un bel avenir devant eux en eCommerce s'ils arrivent à faire leur révolution culturelle ! Cf Camaïeu par ex (ou Morgan, client altics ;))
Bon, on n'a pas parlé du BtoB, une autre fois.
Bon dimanche à toi !
Posted by: /Olivier Marx | September 16, 2012 at 04:13 PM
Je ne te demande pas de faire la pub de sites dans lesquels je suis impliqués, juste de ne pas faire TA pub en permanence ;-)
Sinon, non, pour se lancer en eCommerce il ne faut pas bcp de sous, c'est pour y réussir et y perdurer de façon rentable que la ca se corse terriblement.
Et pour un pure player, il en faut d'ailleurs sans doute plus que dans le retail, du moins en capitaux propres, car dans le retail la banque financera une bonne partie du Droit au Bail et/ou fond de commerce. Essayez de vous faire financer une campagne Google par la banque ...
Va d'ailleurs demander ce qu'ils en pensent à des pure players qui ont découvert la joie du retail et qui maintenant jure surtout ... par le retail !
Par exemple SizeFactory ou CuirCity...
Quant à mon iPhone 4S, il vit ses derniers moments entre mes doigts dans l'attente du 5 vendredi prochain !
Posted by: MdeG iPhone | September 16, 2012 at 04:32 PM
Cuir City ! Pub ;) très belle boutique ouverte à Lille début sept pour compléter ton Info, suis pas encore allé voir
Sinon tu as raison, les financements du eCommerce par les banques c un autre vaste sujet ! les banques n'y comprennent pas grand chose et surtout elles n'ont rien à récupérer comme actif en cas de faillite.
Bon allez, retour à une activité normal, je vais aller jouer au Monopoly de Blog eCommerce :) pour aider les visiteurs à se repérer sur eCommerce Paris du 18 au 20 sept (pub comexposium) ;)
À +
/Olivier
Posted by: /Olivier Marx | September 16, 2012 at 04:43 PM
Mais t'es incorrigible Olivier !!! Je n'ai aucune relation économique avec CuirCity...
Financer un DAB, c'est financer un actif tangible et pérenne (même si sa valeur peut fluctuer). Acheter un DAB c'est acheter une visibilité pérenne.
Acheter du trafic en eCommerce, c'est louer de la part de marché qui peut repartir tout aussi vite.
Les banques ont donc rationnellement bien raison, c'est pas qu'elles n'y comprennent rien !
Posted by: MdeG iPhone | September 16, 2012 at 04:53 PM
The fusional love. Passionate love. Mutual love and finally a beautiful complicity. Is that it is what I am saying? I hope so ...
Posted by: Don | September 17, 2012 at 04:12 AM
Comme un autre lecteur plus haut, j aimerais bien connaitre moi aussi le metrics de 5% voire 10% qui est plus comfortable ;-)
Merci Michel
Posted by: Guillaume | September 17, 2012 at 05:03 AM
Il s'agit bien de 10% d'une catégorie de distribution.
Ce chiffre étant une indication simplement, niveau nécessaire pour bénéficier d'un,volume d'achat conséquent et perdurer dans une catégorie
Posted by: Michel de Guilhermier | September 17, 2012 at 07:05 AM
Sur la question de la différenciation j'utilise souvent l'analogie avec les émissions de tv. Soit la marque constitue un incontournable car elle est archi connue. Soit il faut débarquer avec un concept de vente original comme une émission de tv crée sa propre audience
Posted by: Renaud Joly | September 17, 2012 at 08:17 AM
Sur le web, ce qui compte avant tout est la différenciation PRODUIT/SERVICE, bien plus que le "concept de vente"
Posted by: Michel de Guilhermier | September 17, 2012 at 08:20 AM
Excellent article Michel !
RETAIL IS THE NEW INTERNET. Retour aux fondamentaux, mais avec une approche intelligente, utilisant le web comme un outil.
Je serais curieux de te lire sur cette nouvelle tendance qui découle de ces conclusions : les marques online (essentiellement mass luxury) et leurs croissance et rentabilité importante.
Cf. Bonobos, Nastygal, Everlane, Jimmy Fairly, Warby Parker, Threadless, etc
Concernant le lean structure, pour moi c'est essentiel aussi bien en ecommerce qu'en retail, same difference.
Enfin, pour répondre à ton lecteur sur les banques : aucune raison pour elles de prendre un risque important pour gagner 4% du montant prêté.
Ou alors elles prennent de l'equity et là ce n'est plus un prêt mais de l'investissement et aujourd'hui toute les banques ont des filiales qui font ça.
Par exemple Zappos a eu le plus grand mal à ouvrir une ligne de crédit à ses débuts. Ce n'est qu'au bout de plusieurs années d'existence et plusieurs dizaines de millions de CA qu'ils ont enfin réussi à obtenir 2m$ de crédit.
Posted by: @antoninchartier | September 17, 2012 at 08:38 PM
Actuellement consultant en référencement, je veux à mon tour me lancer dans l'aventure du e-commerce, persuadé qu'il y a encore de la place.
Je vous rejoins sur l'obligation désormais d'avoir un produit spécifique comme véritable axe de différenciation... Ne reste plus qu'à le trouver !...
Posted by: Arnaud | October 11, 2012 at 03:39 PM