Même si j'ai levé depuis 10 ans plusieurs dizaines de millions d'euro pour mes différentes sociétés Internet (Photoways et Inspirational Stores), je suis le 1er à reconnaître qu'il existe aussi un autre schéma de développement, celui d'une croissance maîtrisée avec le minimum de capital.
Néanmoins, il faut dans le même temps reconnaître un fait incontournable : bien souvent, sur Internet et dans la techno en général, d'une part le marché est d'emblée mondial et les concurrents le sont tout autant, et d'autre part tout va également très vite, beaucoup plus vite que dans le physique et l'économie traditionnelle. Walmart a mis 40 ans pour arriver à 50Mds$ de CA quand il en a fallu que 15 à Amazon pour atteindre le même niveau.
Il est assez aisé de comprendre que les capitaux nécessaires pour attaquer et réussir sur un marché mondial, et pour aller très vite, sont nécessairement d'une toute autre ampleur que ceux dont on a besoin pour attaquer relativement tranquillement un marché local. Il faut simplement voir l'argent exactement comme de l'oxygène, aller plus loin, plus haut et plus vite demande simplement plus d'oxygène.
Et on comprendra aussi qu'un acteur français qui se positionne sur un marché mondial et qui ne reste que franco-français n'a strictement aucune chance de perdurer, sauf à se faire racheter par un étranger. Et là les centres de décision passeront à Londres, à New York, dans la Silicon Valley, à Tokyo, etc...
En d'autres termes, si on veut pénaliser les investissements d'ampleur, on va nécessairement pénaliser nos champions potentiels, ces start-up dont les entrepreneurs auront fait la preuve qu'ils ont la capacité de créer rapidement une entreprise de pointe et de stature mondiale.
Certes, cela ne concerne évidemment qu'un % extrêmement faible de sociétés. 99,9% des entrepreneurs pourront considérer qu'ils auront déja très bien réussi leur parcours avec une société de 10M€ de CA et 1M€ d'EBIT. Et avec des milliers d'entreprises de ce genre, pilotées par des entrepreneurs de talent (éventuellement passés par la meilleure et la plus exclusive école d'entrepreneurs de France, l'Accélérateur© !), la France se portera certainement bien mieux.
Et même pour faire une société de 10M€, comme sur Internet les choses vont forcément vite et que pour aller vite il faut toujours plus de capital que si on veut se développer tranquillement en autofinancement, les besoins de financement externes sont bien réels.
Mais si il y aussi 0,1% de nos entrepreneurs qui peuvent construire le next Apple, Google ou Facebook, dont nous serons tous fiers, il ne faut pas s'en priver et encore moins les pénaliser. Ces supers entrepreneurs ont un effet modèle entraînant pour tous les autres.
Par ailleurs, même si un entrepreneur doit rester pragmatique avec les pieds sur terre, être lucide sur ses choix de développement, avoir de grandes ambitions et savoir qu'on a le soutien potentiel de l'eco-système derrière soi ne peut être que bénéfique pour tous, car c'est d'autant plus motivant.
Alors voila, toute idéologie et côté partisan mis à part (et je n'ai pas voté pour Sarkozy), le principe même de pénaliser ceux qui ont la capacité d'être des supers champions est à la fois moralement injuste, économiquement incompréhensible et culturellement néfaste à la France.
Drôle de pays et surtout drôle de culture quand même que de vouloir pénaliser ses meilleurs élèves, et qui ne comprend pas pleinement que le numérique est la colonne vertébrale de toute l'économie de demain et modifiera tous les secteurs, même les plus brick & mortar.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs du Gouvernement, comprenez et reconnaissez la spécificité de l'économie Internet.
Absolument d'accord!
Hors sujet: tu veux qu'on te donne un coup de main pour basculer ton blog sur une plateforme "made in France"? C'est dur d'avoir des articles sur lesquels il n'y a même pas un bouton pour faire like et un autre pour faire un tweet :)
Posted by: Frederic Montagnon | October 19, 2012 at 03:44 PM
Avec plaisir ;-)
TypePad, ça date quand même...
je sais que ce blog a un délicieux côté vintage, mais je suis pas contre un peu de modernité !
Posted by: Michel de Guilhermier | October 19, 2012 at 03:46 PM
"Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences quand ils en ont approuvé et chéri les causes."
Bossuet
Posted by: Alexandre M. | October 19, 2012 at 05:26 PM
Dans l'internet, le marché global est de langue anglaise, ce qui concentre les réussites mondiales à des entreprises américaines...
En France la plupart des investisseurs sont dans une stratégie de "spread and pray" par rapport à leur capacité d'investissement incompatible avec les moyens financiers nécessaires pour créer les futurs champions globaux de l'internet
Cette stratégie française dans le meilleur des cas sert à alimenter les leaders mondiaux par des “acqu-hire”.
Posted by: Michel Nizon | October 20, 2012 at 09:07 AM
A quand un un statut juridique sur-mesure pour les start-up, convertible en SAS, SaRL etc après quelques années si l'essai est transformé. Un petit paquet plein de vitamines genre un statut concept-car/proto qui a besoin d'appuyer sur le bouton boost à partir d'une certaine vitesse ou altitude... Fiscalité ultra-light et défiscalisation des fonds extérieurs pour se battre dans le monde entier!
Posted by: Will | October 20, 2012 at 12:40 PM
Monsieur de Guilhermier, vous êtes surement un entrepreneur brillant mais en politique, pas encore.
Je connais François Hollande. Pas intimement, mais je le connais. J'ai vu, de près, sa gestion en Corrèze. Je connais sa vision, je connais ses "amis", et je sais comment il fonctionne. Et si vous pensez que la politique à quoi que ce soit à voir avec le "bien commun", avec ce qui est juste ou efficace, et bien laissez moi vous dire que vous vous trompez complètement.
Nous vivons dans un régime que certains ont très justement qualifié de "capitalisme de copinage". Il ne saurait en être autrement aujourd'hui. Ne vous inquiétez pas pour les membres du gouvernement, ils connaissent tous Schumpeter et savent très bien c'est qu'est un business angel. Mais ils sont là pour le pouvoir, pas pour laisser les gens entreprendre en paix et saper les fondation de leur influence. Hollande est un politicien modèle: il est là pour sa carrière et pour placer ses copains. Il est là pour contrôler le pays, pas pour le libérer. L'Etat, qu'il soit à droite ou à gauche, n'aime pas les entrepreneurs car il ne peut pas prévoir leurs répercutions, ils ne peut pas les contrôler. Alors que les mastodontes bureaucratiques du CAC40... On peut taxer, subventionner, maitriser, tout est sous contrôle, planifiable, prévisible. Le chaos de l'entrepreneuriat est une menace pour les ordres établis, ordres qui supportent et pérennisent les castes de politiciens et d'industriels aux commandes.
Ceux qui contrôlent la loi ont toujours raison. Si vous voulez de bonnes conditions pour votre business, il faut arranger l'élu en question. Il en a toujours été ainsi - on n'a jamais gagné autant d'argent que sous Mitterrand - et ça ne va pas changer avec un nouveau gouvernement. Que la France courre à la catastrophe est un fait, mais aucun changement ne viendra consensuellement d'en haut sans que ça les arrange personnellement d'une manière ou d'une autre.
Je supporte votre point de vue à 100%. Mais comme on dit: " Gardez vos amis près de vous, et vos ennemis encore plus proches."
Posted by: Henri | October 21, 2012 at 09:58 PM
@Henri @De Guilhermier :
En Allemagne, les entrepreneurs coalisés avec les citoyens dans de puissantes fédérations, ne militent pas dans les coulisses du pouvoir pour que les lois fiscales soient modifiées, ils touchent au cœur, ils militent pour que soit instauré sur le modèle Suisse, un régime de démocratie semi directe avec principe de subsidiarité territoriale (référendums d'initiative populaire sans contrôle des juges + souverainetés des communes et provinces).
Aux USA, la démocratie directe, inspirée du modèle Suisse, fut instaurée en Californie après l'assassinat d'un juge dans l'affaire de la Southern Pacific, au début du 20ème siècle.
Un siècle plus tard et l'économie de la connaissance contraignant la Fédération à « horizontaliser » sa « verticalité », la majorité des States aux USA sont désormais sous régime de démocratie semi directe.
Puisqu'il y a antagonisme entre les States et Washington, alors que l'économie de la connaissance n'a plus besoin de bras dociles, mais de libres penseurs et inventeurs, le régime va muter.
Il est donc vain de toquer à la porte des cabinets ministériels, de pleurer dans les linges de Marianne et de sa mère Europe, il est donc temps de changer de paradigmes, de changer les règles.
Nous ne sommes, ni les esclaves, ni les prostitués de la République, les entrepreneurs, pas plus que les citoyens.
Il est temps de changer de Régime.
Il est temps de coordonner toutes nos revendications entrepreneuriales, comme en Allemagne ou aux USA, pour tendre vers cet unique objectif :
L'instauration de régimes « copropriétaristes » souverains, « démocrate-directs » et « subsidiaires ».
La Constitution Européenne est illégale, le Serment Suisse du « Grütli », est notre seule Constitution :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Serment_du_Gr%C3%BCtli
http://www.enquete-debat.fr/archives/6eme-conference-sur-la-democratie-directe-pourquoi-ca-marche
http://www.enquete-debat.fr/archives/3eme-conference-dyvan-blot-sur-la-democratie-directe-le-cas-des-usa
http://www.enquete-debat.fr/archives/uniquement-pour-les-souscripteurs-les-conferences-dyvan-blot-sur-la-democratie-directe
Bien amicalement.
Posted by: Alexandre M. | October 22, 2012 at 08:03 PM