L'équipe de L'Accélérateur (Jonathan Lascar, Juan Hernandez et moi-même) avions décidé de faire le Mont Blanc fin août avec notre "sponsor" (le Family Office de la famille Leclercq, fondatrice de Decathlon/Oxylane).
Pour ma part cela devait être la 12 ou 13ième fois que je faisais l'ascension, la 1ère avait été en 1987 à 25 ans et la précédente était en août 2008 avec mon associé de Photoways et Inspirational Stores, Martin Genot (ICI). Il y a 5 ans, à 46 ans, ce fut dur, et j'avoue que cette fois-ci, à plus de 50 ans et toujours sans préparation spécifique ni acclimatation à l'altitude, ce le fut encore plus, j'ai du puiser dans mes ressources physiques et mentales pour aller jusqu'au bout, avec plusieurs fois l'envie d'arrêter et de redescendre.
Au retour au Refuge du Goûter le soir, j'étais à bout de souffle, incapable de parler, ni de pouvoir faire l'effort d'avaler quoi que ce soit si ce n'est 3 cuillères de soupe...et suis donc parti m'allonger et me coucher dès 19h ! Plus que la fatigue physique, car en fait j'ai fait la descente du sommet jusqu'au refuge du Goûter à 3800m assez rapidement et sans problème, c'est surtout le manque d'oxygène du à l'altitude qui cette année m'a vraiment affecté. Dans le passé, je n'ai pas souvenir que cela avait joué de façon aussi forte. D'ailleurs, à l'heure où j'écris ces lignes au lendemain de notre retour, je ne ressens pas de fatigue particulière ni n'ai aucune courbature, signe que je suis tout de même en très bonne condition physique intrinsèque (indispensable d'ailleurs pour faire le Mont Blanc, et pour tout en général d'ailleurs !), mais que c'était surtout le manque d'oxygène et l'acclimatation à l'altitude qui était le problème.
Nos amis du Team Leclercq, en superbe condition physique, marathonien ou triathlète, avec aussi quelques années de moins, ont clairement eu beaucoup plus de facilité ! Ils m'ont même bluffé !
A noter, pour ceux qui veulent aussi tenter l'ascension du Mont Blanc, qu'il faut faire très attention au fameux "mal des montagnes", qui est très dangereux et peut causer la mort par oedème cérébral ou pulmonaire : si vous êtes atteint de nausées, que la tête tourne avec des vertiges, que vous vomissait, là il faut impérativement rebrousser chemin et perdre de l'altitude, le mal disparaîtra alors immédiatement. Quand on a pas eu le temps de s'acclimater à l'altitude pendant quelques jours, ce mal atteint quasiment tout le monde, mais la susceptibilité personnelle est très variable : il n'intervient pas à la même altitude, ni de manière aussi aigüe pour tout le monde. Personnellement j'ai la chance de ne pas trop souffrir de ce mal, du moins pas avant 4500m réellement, mais l'altitude me fait néanmoins fortement perdre mon souffle et j'ai besoin d'hyperventiler pour compenser (une vraie locomotive !) ; ce qui est assez normal, à 5000m il y a moitié moins d'oxygène qu'au niveau de la mer !
Sur la douzaine de tentatives, je ne suis monté tout en haut que 2 fois sur 3 environ, car régulièrement il y a soit un problème humain d'un des compagnons de cordée (mal des montagnes, trop grosse fatigue, etc), soit un problème météo. Savoir renoncer est parfois nécessaire, et c'est souvent du bon sens ! Se retrouver sur le dôme du Goûter dans le brouillard, du vent et une forte neige qui efface la trace est de la folie pure.
Même (très) difficile, c'est toujours de toute façon une très belle course et un grand plaisir de partager l'ascension et des efforts avec des amis, et c'est ce qui me motive depuis 25 ans à guider et accompagner les uns et les autres sur le toit de l'Europe. On en garde des souvenirs pour la vie...
Cependant, j'ai avoué à mes amis d'ascension au retour que je n'étais cette fois-ci pas si sûr de recommencer. Enfin, je dis ça maintenant, mais tel que je me connais, l'envie reviendra, car dans quelques semaines j'aurais certainement oublié les moments difficiles et les peurs pour ne retenir que les joies des moments partagés et la victoire de l'ascension. Et j'ai déja plusieurs personnes qui m'ont demandé de faire l'ascension avec elles en 2014...
Anecdote amusante, c'est en 2008 en faisant l'ascension du Mont Blanc avec Martin Genot que nous avions alors imaginé monter un Accélérateur de Start-up sur le modèle du Y Combinator...qui s'est concrétisé 3 ans plus tard. Martin n'est pourtant pas aujourd'hui l'un des fondateurs d'origine car il était à l'époque missionné par OTC pour redressser AchatVIP, dans lequel il s'est donné à fond comme d'habitude, mais il joue aujourd'hui un rôle non négligeable avec L'Accélérateur puisque, via le fonds d'investissement Network Finances dont il est vice Président, il a financé 2 de nos start-up (FioulReduc et AnimalBox), et a également investi à titre personnel dans Printic. Il devrait aussi coacher des équipes à partir de la promo 4.
Alors que depuis le temps je connais maintenant la voie par coeur, j'avoue avoir aussi ressenti de la peur à plusieurs reprises, sur l'aérienne arrête sommitale du Mont Blanc où il n'y a qu'un passage de 50cm de large avec 500 mètres de vide à droite et à gauche, et dans la vertigineuse descente de l'aiguille du Goûter, toujours délicate au retour quand on est fatigué, de surcroît avec de la neige comme cette fois-ci.
Cette année, la neige était en effet très abondante, et d'ailleurs nous avons fait le 1er tronçon (Nid d'Aigle 2400m - refuge de Tête Rousse à 3200m environ) sous la neige et dans le brouillard.
Ci-dessous la vue depuis le Refuge de Tête Rousse à notre arrivée :
Vue depuis le Refuge de Tête Rousse sur l'Aiguille du Goûter, une vraie muraille verticale de 700 mètres à gravir, totalement enneigée cette année (pour moi c'était une 1ère), ce qui rendait l'ascension, et encore plus la descente, délicate :
Mon associé Juan dans l'ascension de l'Aiguille du Goûter, au dessus des nuages :
Vraiment sous la neige cette ascension de l'Aiguille du Goûter, jusqu'à 15/20 cm de poudreuse. Mais dans la montée, je ne pouvais pas m'empêcher de surtout penser à la descente le lendemain : c'est en effet là que 90% des accidents arrivent. Et par cette neige, cela ne serait pas simple...
Dans l'ascension de l'Aiguille du Goûter, le Refuge du Goûter (au milieu de la photo, clicquez pour zoomer) paraît proche, et il l'est en distance, juste 600 mètres plus haut, mais à la verticale !
Dernier tronçon, nouveau Refuge du Goûter (3800m), ouvert en juin de cette année - Mont Blanc, par un superbe temps ! Ce refuge moderne est magnifique, sauf pour les toilettes, qui ont clairement un problème actuellement : y faire un tour est une épreuve...Celles de Tête Rousse sont largement plus agréable !
Dans l'ascension finale, on ne pouvait pas rêver d'un ciel au bleu plus profond !
Arrivée au sommet ce mercredi 28 août à 15h10, après 4h10 de marche depuis le Refuge du Goûter, un peu moins bien que mon record de 1992 à 30 ans, en 3h50 avec Benoit Galland, mon associé du rachat du Groupe Provifruits (et également marathonien !), mais quasi identique au temps de 2008 avec Martin Genot, et un bon temps de toute façon puisque l'ascension est généralement indiquée en 5h ! A noter que depuis de nombreuses années je préfère faire le Mont Banc l'après-midi, au moins on est quasiment seuls. Sinon il faut partir à 2h du matin avec la foule...
Dans la descente du sommet, neige et nuages se confondent, une mer de blanc...
Le lendemain, après une bonne nuit réparatrice au Refuge du Goûter, la descente de l'Aiguille s'est déroulé sans problème malgré mes craintes dues à la présence de neige, assez rapidement même. Le passage du couloir de la mort (couloir du Goûter) fut même très facile : la poudreuse de la veille était dure, le passage étant alors bien plus assuré.
Vue à la descente de l'Aiguille du Goûter, la verticalité n'est pas très bien rendue cependant !
Jonathan, mon autre associé, au niveau de Tête Rousse, heureux après la descente :
The end...jusqu'à la prochaine fois, ou pas...
Quand on pense que le catalan Kilian Jornet fait le Mont Blanc en moins de 5 heures aller-retour depuis l'église de Chamonix à 1000m d'altitude seulement, ça laisse rêveur. Pour notre part, depuis le Nid D'Aigle à 2400M, il nous a fallu environ 14 heures de marche aller-retour, avec 2 nuits en refuge...
Pour les amateurs, voici les longueurs habituelles et approximatives des tronçons :
Nid d'Aigle (2400m) - Refuge Tête Rousse (3200m) : 1h30 à 2h
Refuge Tête Rousse - Refuge du Goûter (3800m) : 2h30 à 3h
Refuge du Goûter - Sommet (4810m) : 4 à 5h
Descente Sommet - Refuge du Goûter : 1h30 à -2h30
Descente Refuge du Goûter - Nid d'Aigle : 3h30 à 5h (très variable en fonction de la fatigue et des conditions de l'Aiguille qui peut-être très délicate, je rappelle que 90% des accidents se passent à ce moment là)
Cet épisode Mont Blanc marquait la réelle fin des vacances, retour maintenant - en très grande forme - à l'Accélérateur, avec le kick off de la promo 4 dès ce lundi. Une promo avec des projets particulièrement variés, pas seulement Internet, et qui s'annonce donc extrêmement excitante.
L'ouverture de la promo 4 ne doit pas eclipser les succès des promos précédentes : certaines équipes, notamment Printic ou PayPlug de la Promo 3 (printemps 2013), mais également 1001Menus ou The French Talents de la Promo 1 (printemps 2012), BeepJob ou CuisiShop de la Promo 2 (automne 2012), connaissent des tractions réellement impressionnantes, certaines ont déja reçu des propositions de rachat (en plus de Pastas Party rachetée par Meetic en mai dernier), et 5 ou 6 levées de fonds, voire des relevées de fonds, ont eu lieu cet été ou doivent se clôturer incessamment !
Le très gros travail de fond que les coachs de l'Accélérateur effectuent au quotidien avec les entrepreneurs sur leur start-up (offre, modèle économique, équipe, opérationnel, etc), et le très riche eco-système apporté aux start-up (mentors associés, investisseurs & business angels, partenaires et prestataires, journalistes, etc), paye !
A propos, je reprécise, encore et toujours, qu'une levée de fonds n'est qu'une étape - importante - parmi d'autres, mais aucunement une fin en soi pour l'Accélérateur et ses start-up comme elle l'est pour un "leveur".
Le seul but que nous poursuivons est de créer un maximum de valeur en construisant sur la durée de belles sociétés pérennes, proposant à leurs clients une offre pertinente, bien positionnée, avec un modèle économique rentable, et menée par des équipes d'entrepreneurs possédant les qualités adéquates : ambition, niak, pragmatisme, humilité et éthique.
Belle grimpette :)
J'ai monté le Kilimanjaro cette année! C'est extrèmement facile d'un point de vue de 'ascension pure, mais le manque d'oxygène est vraiment criant! Je te conseille si tu as l'occasion car les 5 jours d'accilimation valent aussi le détour!
Posted by: Julien | August 31, 2013 at 07:55 AM
Salut Julien,
Le Kili m'attire aussi beaucoup, mais la c'est clairement une expédition qui se prépare !
Hope all's well
A bientôt
Posted by: Michel de Guilhermier | August 31, 2013 at 07:59 AM
funny to read that you went without preparing as one of the first rule you promote for a successful business is Preparation.... ;-)
Posted by: Raphael R | September 02, 2013 at 07:14 PM
Salut Raphael, hope all's well à Boston !
Pour reprendre ton point, pas tout à fait !
D'abord, le Mont Blanc, je le connais par coeur après l'avoir fait une douzaine de fois par la même voie (la "normale par St Gervais.Nid d'Aigle/Goûter). Connaissant le timing idéal, les passages délicats, l'équipement adéquat, etc.
Par ailleurs, pas acclimaté à l'altitude, ça oui, mais en excellente condition physique générale néanmoins avec 14kg de perdus en 6 mois, en faisant du sport tous les jours, et aussi parfaitement préparé pour des efforts intenses !
Quand je voulais dire pas spécifiquement préparé, c'était à l'altitude/acclimatation.
Il est évident qu'avec 3 jours de préparation à 3000m, l'ascension aurait été beaucoup plus facile. Mais bon, so what, on est encore une fois arrivé en haut de toute façon !
Posted by: Michel de Guilhermier | September 03, 2013 at 07:32 AM
Tout va pour le mieux en Nouvelle Angleterre.
Je faisais également référence a la préparation a l'altitude et aux conditions particulières (neige, brouillard) qui requièrent un supplément de preparation.
Effectivement, l'objectif a été pleinement atteint, no doubt. Bravo!!
14kg en 6 mois? Wow, chapeau!!
Posted by: Raphael R. | September 12, 2013 at 05:57 PM
mon arme absolue : le Fitbit !!!
Posted by: Michel de Guilhermier | September 12, 2013 at 08:25 PM