Tiens, ça bouge dans le monde du développement photo en ligne, puisque l'un des (très bons) concurrents historiques de Photoways (*), le grenoblois Photoweb, vient de se faire racheter par un industriel du papier, bien brick & mortar, le groupe Exacompta-Clairefontaine, réalisant environ un demi milliard d'€ de CA (et côté en Bourse à Paris).
Je m'en réjouis tout d'abord pour mon ex concurrent, Etienne Descure, avec qui j'ai depuis longtemps noué des liens amicaux, et que j'ai toujours respecté pour la qualité du travail qu'il faisait mais également pour son comportement éthique.
Bravo Etienne ;-)
En 14 ans, en partant de rien, il a monté un groupe d'une vingtaine de millions d'€ de CA dégageant une rentabilité tout à fait respectable (voir le comptes ICI). Si Photoways a joué la croissance et le leadership européen à coup de mega levées de fonds et d'acquisitions (devenant aujourd'hui le n°2 mondial du secteur après l'américain Shutterfly), Photoweb, sans capitaux extérieurs (capital social 40K€ seulement), s'est progressivement imposé comme un très bon numero 2 sur le marché français.
Move stratégique intéressant aussi, qui montre l'importance qu'ont pris les produits de type "imprimerie" dans les laboratoires en ligne, c'est-à-dire ceux utilisant du papier blanc et non pas du papier photo : livres photo en 1er lieu, mais aussi carterie, calendriers et agendas. Les revenus tirés du développement sur "vrai" papier photo (des classiques tirages 10x15 aux divers agrandissements) ne représentent en effet aujourd'hui qu'une fraction du business généré pas les produits type imprimerie.
On peut déceler 2 types de synergies entre Exacompta et Photoweb :
- Les intrants : L'industriel papetier doit évidemment pouvoir optimiser les achats de papier blanc de Photoweb.
- La distribution physique et la visibilité : Exacompta est présent dans des milliers de points de vente (en France et en Europe) et qui n'a pas déja utilisé au moins un de leur produit, sous ses différentes marques (Exacompta, Quo Vadis, Clairefontaine, Rhodia) ?!
Ceci dit, les batailles de demain se joueront aussi sur l'innovation produits, sans doute aussi sur la mobilité, et la le papetier n'apporte pas grand chose de plus à Photoweb.
Question moyens financiers, malgré son demi milliard de CA, le Groupe industriel n'est pas au mieux de sa forme, le CA a de facto stagné depuis 5 ans et la rentabilité est très faible (résultat net même négatif en 2012). Voir ICI.
Seul 75% du capital de Photoweb a été racheté, donc les fondateurs sont encore de toute façon motivés à la croissance et la création de valeur future.
Entre, notamment, Photoways/PhotoBox, M6/MonAlbumPhoto.fr, Vistaprint et maintenant Exacompta/Photoweb, et d'autres industriels que je sais arriver, le marché des produits d'imprimerie photo est encore loin d'être stabilisé !
Quant à l'avenir capitalistique de Photobox, dans lequel Highland et Index sont rentrés il y a maintenant près de 9 ans (et ont donc certainement envie de sortir), avec un CA cumulé qui doit dépasser les 200M€ et un EBITDA de quelques dizaines de M€, les possibilités de sortie sont sans doute plus à chercher au niveau du Private Equity, et la on parlera probablement de 400M€. Si Shutterfly peut servir de benchmark, avec une marge d'EBITDA de l'ordre de 12% du CA (Photobox fait donc un peu mieux), le marché américain les valorise environ 20x l'EBITDA et 2x le CA. Voir ICI.
(*) J'ai l'impression que la marque "Photoways" disparait peu à peu du paysage et des mémoires. Mais pour l'information historique, Photoways (société française que j'ai créée en 1999) a racheté l'anglais Photobox en 2006. Par la suite, pour avoir une seule et même marque dans toute l'Europe, seul le nom Photobox a été gardé (2 raisons : marque bien plus simple à prononcer d'une part et le Groupe en avait toute les déclinaisons d'autre part) et le nom du groupe est alors également devenu Photobox.
Pour la séquence nostalgie, ci-dessous la home page qui doit dater de début 2004, à l'époque il n'y avait que du tirage photo :
Dans la mer, les gros poissons ne mangent-ils pas les plus petits ?
Ceci dit, je n'ai rien contre Exacompta, depuis plus de 40 ans j'achète chaque année leur agenda SAS 17 !
Posted by: Alain Durrieu | March 17, 2014 at 02:42 PM