L'immense majorité des jeunes entrepreneurs se fourvoient complètement quant à l'interprétation de la "valorisation" lors d'un tour de table. Et bien souvent leurs espérances sont déconnectées des réalités et ils prennent des comparables non pertinents...
Alors, en reprenant la vocation de vulgarisation de la série "....pour les nuls", tentons d'expliquer clairement et simplement les choses en quelques lignes !
La clé est de comprendre que le niveau de valorisation n'est pas ce que la société vaut réellement au moment du tour de table mais représente la résultante de ce que les investisseurs reçoivent comme part de capital pour le cash investi.
Par exemple, si les investisseurs mettent 1M€ pour 25% de la société, la valorisation "post money" (c'est-à-dire après le tour de table) est de facto 4M€ (1/0,25) et la valorisation "pre-money" (avant le tour) est de 3M€.
Si les investisseurs acceptent de recevoir (par exemple) 25% pour 1M€ investis, c'est qu'ils estiment (qu'ils calculent, extrapolent, espèrent, whatever...) que cet argent va créer une valeur significative et que demain la société pourra être revendue ou introduite en Bourse pour beaucoup plus et que leur 25% vaudront alors significativement plus que les 1M€ investis initialement.
On perçoit alors tout de suite 2 conséquences :
1) La valorisation dépend du montant investi.
En effet, la valeur que l'on peut créer avec 200K€ n'est certainement pas la même de celle que l'on peut créer avec 1M€. Par conséquent, la valorisation in fine sera différente : Avec 200K€ on peut raisonnablement penser qu'il est possible de créer une société qui aura une valeur de marché de quelques M€ seulement par exemple, donc les investisseurs demandront probablement 25 ou 30% du capital, de manière à ce que les 200K€ investis puissent faire du x5.
2) La valorisation cristallise les attentes et les espoirs sur la valeur future
Le point pour l'investisseur est de faire une bonne affaire et de voir ses capitaux "faire des petits". Par conséquent :
- Sur un business très fortement scalable et viral, on pourrait estimer - par exemple - que 200K€ investis vont permettre de créer assez rapidement une valeur de société de 20M€. Dans cette hypothèse et cette logique, n'accepter que 10% pour cet investissement ferait du sens puisque on estime que ces 10% pour 200K€ vaudront rapidement 2M€ (10% de 20M€).
- Inversement, sur un business peu scalable, la valeur créée avec ces 200K€ sera inférieure, donc les investisseurs exigeront une part de capital supérieure de manière à ce que leur investissement de 200K€ fasse suffisamment de "petits".
- La valeur de sortie espérée, qui est donc un driver important de la valorisation d'un tour de table, dépend aussi mécaniquement des conditions de marché. Ainsi, on comprend que les valorisations américaines, où les perspectives de sortie sont autrement plus importantes que chez nous, soient largement supérieures aux nôtres.
On comprend alors que le jeu pour l'entrepreneur sera de faire rêver l'investisseur sur la scalabilité, sur le potentiel, sur la capacité d'exécution, sur les exits possibles, etc : plus celui-ci rêvera, plus la valorisation sera importante.
Et, inversement, le jeu pour l'investisseur sera évidemment de rester froid et lucide...
Belle photo de Juan, co-fondateur de L'Accélérateur, en train d'expliquer tout cela à une équipe d'entrepreneurs :
Comments