Avec une action aujourd'hui propulsée à plus de 112$, soit une colossale capitalisation boursière de 660Mds$, on peut se demander s'il en reste sous le pied à Apple. Lors d'un post d'août dernier je voyais l'action à 120$ sous 6 mois, soit avant février 2015, ce qui sera vraisemblablement le cas.
Pour benchmark d'ailleurs, la 2ième capitalisation mondiale est depuis quelques jours Microsoft (jusqu'à il y a quelques jours c'était Exxon), mais très loin derrière à seulement un peu plus de 400Mds$...
Le gros moteur de la croissance d'Apple est l'iPhone, qui réalise près de 60% du CA de la firme et probablement 75% des profits. Sur l'exercice fiscal 2015 (octobre 2014-septembre 2015) on s'attend à environ 130Mds$ de CA réalisé par l'iPhone seul. Pour se représenter cela depuis notre contexte français, disons que l'iPhone fait à lui tout seul presque autant que le CA du Groupe Peugeot-Citroen (55Mds€), Renault (40Mds€) et Danone (40Mds€) réunis ! On a du mal à trouver les mots pour exprimer à quel point c'est colossal...
Si le marché des smartphones connait toujours une bonne croissance, avec 1,2Mds d'unités vendus en 2013 pour pas loin de 2Mds attendus dans 5-6 ans, les analystes ont 2 principales craintes concernant le business iPhone :
- Apple va perdre des parts de marché et des volumes du fait des attaques des producteurs low cost, notamment chinois (Xiaomi, Lenovo, etc)
- L'ASP (average selling price) va considérablement chuter du fait de la commoditisation des produits.
Et entre une contraction des volumes et une baisse des prix donc des marges, Apple aurait ainsi déja atteint son pic de rentabilité...
Je ne souscris pas à ces postulats, ni à la commoditisation, ni à la baisse des volumes sous le coup des attaques des producteurs low cost.
Quant à la baisse des parts de marché d'Apple dans les smartphones, j'ai également évoqué en août dernier en quoi c'était une donnée pas très pertinente pour la valorisation d'Apple.
Baisse des volumes
Au cours des 9 1ers mois 2014, on a pu observer (voir d'ailleurs mon post de fin juillet 2014) :
- Une explosion des constructeurs chinois low cost, Huawei, Lenovo mais aussi l'étonnant Xiaomi, dont le fondateur est considéré comme le "Steve Jobs chinois".
- Une baisse des volumes de Samsung, squeezé qu'il est entre Apple dans le haut de gamme et par les low cost chinois dans le bas de gamme, qui font aussi de l'Android et sont donc directement comparables.
- Une progression correcte en volume d'Apple.
Donc, alors qu'Apple n'avait pas d'appareils grand format, plébiscités depuis quelques années par les consommateurs (Steve Wozniak a rappelé à juste titre il y a quelques jours qu'Apple avait eu 3 ans de retard la dessus), alors que son réseau de distribution en Chine (1er marché mondial) est encore bien faiblard, il a pourtant réussit à bien progresser en volume. Pourquoi diable alors ne continuerait-il pas à le faire avec une gamme maintenant mise à jour et au niveau, plus complète que jamais, et une forte expansion de son réseau de distribution propre en Chine (qui doit doubler dans les 3 ans) ?
Les débuts en fanfare de l'iPhone 6 (10M d'unités vendues en 3 jours, ce sans la Chine) montrent clairement la tendance.
Sur un marché mondial encore en progression pour plusieurs années, je ne vois donc aucune raison pour que la volumétrie d'Apple baisse à court/moyen terme.
Commoditisation
S'il est vrai que de nombreuses features techniques deviennent avec le temps des commodités, les sources de différenciation restent nombreuses pour Apple :
- ils existent d'abord de très nombreux domaines techniques où un producteur peut - ponctuellement - se différencier et avoir de l'avance pendant un certain temps : les capteurs embarqués (ie le capteur d'empreinte), l'écran (3D), les batteries, etc.
- Le système d'exploitation, qui pour le coup est propre à Apple alors que qu'un utilisateur Android pourra facilement changer de marque.
- L'eco-système, qui pour le coup de nouveau est totalement spécifique à Apple alors que tout acheteur de téléphone sous Android peut passer facilement à une autre marque.
- Le design, où Apple a toujours une longueur d'avance
- Enfin, l'image et l'aura de la marque, notamment à travers son réseau de distribution, et la Apple marque encore de nombreux points.
De facto, la stratégie de différenciation d'Apple, à l'instar des codes des marques de luxe, fonctionne parfaitement. Il y aura toujours un segment important pour le haut de gamme accessible, et dans ce segment le leader incontesté et de très loin est et restera longtemps Apple.
Par ailleurs, je fais un constat simple : le smartphone est devenu l'outil voire le compagnon central de la vie, servant à de mutiples choses, la fonction téléphone étant d'ailleurs presque annexe. Certes, il a un coût qui dans l'absolu n'est pas négligeable, mais que représente réellement ce coût devant toute l'étendue des services que le smartphone rend au quotidien ? Comparé à moultes autres appareils ou produits, son rapport intensité d'utilisation/intérêt/prix me paraît extrêmement favorable. A vrai dire, les 2 seuls produits pour lesquels je suis satisfait de mon achat sans aucune réserve au vu des services rendus, c'est mon scooter et mon smartphone. Bien plus que ma voiture, mon iPad, ma télé ou autre !
Devant l'importance que prend le smartphone dans la vie, que représente alors - en tous cas dans les pays occidentaux - de payer quelques centaines d'euros de plus pour 2 ou 3 ans ?
Je pense donc qu'Apple continuera à voir ses volumes d'iPhone augmenter, avec de surcroit un ASP en progression notable du fait du grand succès de l'iPhone 6 Plus et de la montée des capacités de stockage (Apple a supprimer les 32Go). On devrait ainsi avoir pas loin de 200M d'unités d'iPhone vendus à 650$ en 2015, soit 130Mds$ de CA.
Au niveau global, Apple devrait engranger en 2014 plus de 40Mds$ de profits net, mais on peut s'attendre à 46-47Mds$ en 2015 et 50-55Mds€ en 2016, pour un EBITDA proche des 80Mds$. Cela va se traduire par bien plus de 150Mds$ de cash flow opérationnel supplémentaire entre aujourd'hui et la fin 2016, venant s'ajouter au 150Mds$ qu'il y a actuellement dans les caisses.
On ne prend pas trop de risque à dire qu'une entreprise qui a 300Mds$ dans les caisses et dégage 80Mds$ à de cash flow peut bien parfaitement valoir à un moment donné, dans un marché en forme (ce qui on le sait n'est pas toujours le cas) pas loin de 1000 Milliards.
Et avec un nombre d'actions (6 Millards aujourd'hui) qui va encore fortement se réduire avec le programme de rachat, cela nous amènera bien à 200$/action d'ici la.
Maintenant, à court terme, je ne fais aucune prévision : au vu de la forte progression depuis 3 semaines (en fait, après l'annonce des résultats du Q4 fiscal 2014), il pourrait y avoir une consolidation mais le très fort momentum actuel pourrait encore propulser l'action plus haut.
Bonjour Michel,
Analyse fondamentale très intéressante qui se confirme d'un point de vue de l'analyse technique bien qu'il ne soit plus opportun d'entrer sur la valeur depuis plusieurs mois : le risque de moins value consécutivement à un signal de sortie sur la valeur étant trop élevé si on est dans l'optique d'un investissement type "bon père de famille".
Olivier
Posted by: Olivier | November 14, 2014 at 03:04 PM