Amis entrepreneurs, je suppose que nombre d'entre vous galèrent actuellement, à la recherche peut-être d'une offre pertinente et différençiante, ou à la recherche de vos 1ers clients, ou encore à la recherche d'un modèle économique, ou encore à la recherche de financement ?
Et si vous regardez de belles sociétés qui aujourd'hui réalisent quelques centaines de millions (PhotoBox, née en 2000) ou quelques milliards d'€ de chiffre d'affaires (Décathlon, née en 1976), 2 sociétés très rentables, vous constatez le succès, mais vous ne vous rendez peut-être pas compte que, elles aussi, ont comme probablement toute start-up également connu la galère et ont même peut-être frôlé la catastrophe !
Pour ma part, je me rappelle l'ouverture du site Photoways le 26 juin 2000, où alors qu'on escomptait quelques dizaines de commandes par jour on atteignait difficilement 1 à 2 commandes seulement, dans les bonnes journées, parce qu'il n'y avait pas de marché à l'époque (très peu d'appareils numériques et quasiment pas de haut débit).
Je me rappelle aussi avoir du faire la tournée de nos fournisseurs pour leur expliquer qu'ils allaient devoir nous faire une énorme ristourne sur leurs factures, car sinon nous devrions déposer le bilan...
Je me rappelle aussi des moments intenses et angoissants devant mes investisseurs, cherchant à les convaincre par 3 fois de remettre au pot en avril 2000, octobre 2000 et avril 2001 car sinon nous mourions...(par contre, fin 2002, ils se battaient pour remettre et se reluer au capital !).
Je me rappelle de tous ces moments de doute...Et ils sont finalement ancrés en moi bien plus profondément que ces moments de joie, par exemple celui de l'été 2005 où nous venions de lever 24M€ avec Index Ventures et Highland Capital...Je n'ai d'ailleurs jamais considéré que mettre de l'essence dans son moteur était un grand moment...
Et je peux vous assurer une chose amis entrepreneurs, c'est que la plupart des belles sociétés d'aujourd'hui que je connais de près sont également passés par ces moments d'angoisse et de doute !
Décathlon, leader français et mondial de la distribution d'articles de sport, formidable modèle économique aujourd'hui et réalisant 10Mds€ de CA, a lui aussi connu des moments très difficiles au début des années 80, frôlant la catastrophe...Il en est de même d'Auchan dans les années 60, où Gérard Mulliez avec son 1er magasin perdait beaucoup d'argent et a du aller demander les conseils d'Edouard Leclerc," l'épicier de Landerneau"...
Au final, la vraie force d'un entrepreneur, c'est justement la capacité qu'il a à surmonter ces moments d'adversité, ces moments de doute, et éventuellement de découragement.
Comme disait Bob Davis, fondateur de Lycos (et aujourd'hui partner chez Highland Capital) :
« I think the life of an entrepreneur is a life of setbacks, challenges, disappointments and failures. It’s not how you celebrate the successes, it’s how you overcome the adversity and the hardship that determines how the business succeeds.»
Mais cette ténacité, cette niak, ne vient pas du néant. Et même au contraire, s'accrocher coûte que coûte pour et foncer dans un mur n'est évidemment pas la bonne méthode. Pour avoir cette ténacité et cette résilience de bon aloi et nécessaire, il faut avoir 2 choses :
- Avoir une vraie vision long terme pour, quelque part vouloir "make the world a better place", et en faire sa mission long terme. On pourrait presque parler d'une véritable "foi" dans ce qu'on fait, et la foi est souvent inexplicable, une petite lueur intérieure, un petit feu sacré...
- Avoir la certitude qu'on crée de la valeur pour ses clients, ses consommateurs. Ca, c'est pas trop compliqué, il suffit de leur demander en posant les bonnes questions !
C'est cette mission long terme, et cette conviction qu'on crée de la valeur pour ses clients, qui donneront la force d'encaisser tous les nombreux coups, les revers et les déceptions qu'on va obligatoirement avoir. Parce qu'on sait où on va, qu'on a un but, et qu'on sait qu'il est bon.
Et c'est aussi pour cela que les entrepreneurs uniquement opportunistes, qui ne sont pas animés d'un vrai projet long terme, n'iront jamais très loin car ils n'auront certainement pas les guts pour encaisser. Ils s'arrêteront aux 1ères difficultés et ne créeront au final, at best, que peu de valeur.
L'entrepreneur qui ne veut que faire un coup aura un succès à la mesure de son ambition, c'est-à-dire limité !
Excellent post comme toujours, très enrichissant et inspirant.
Posted by: Stéphane | April 19, 2015 at 11:03 AM
L'attraction préférée des entrepreneurs ? Les montagnes russes !
Un jour en haut, un jour en bas.
Mais si on s'accroche au premier tour, on a qu'une envie : recommencer !
Posted by: Thierry | April 19, 2015 at 04:41 PM
Hello Michel, très bon billet plein de bon sens entrepreneurial comme d'hab ;-)
C'est vrai qu'en tant qu'entrepreneur qui galère au quotidien, sans ténacité/pugnacité/résistance à l'effet rollercoaster, je n'aurai pas pu tenir très longtemps...
Le pire étant de constater dans les médias, les belles histoires, les success stories et/ou levées de fond, et de se dire : suis je vraiment dans le bon train ? j'ai pas loupé un truc là ?
Alors entre obstination / aveuglement / ou p... de conviction / autopersuasion, je ne sais certes pas où je vais...mais pour rien au monde je n'envisagerai de travailler au quotidien sans cette adrénaline permanente, sans cette douche écossaise que doivent ressentir les vrais entrepreneurs...
Toujours avec humilité et intégrité bien sûr ;-)
A très bientôt Michel ! toujours preneur d'un café à l'occaze ;-) . Renaud.
Posted by: renaud | April 24, 2015 at 03:00 PM