Michel de Guilhermier's Blog

Une Approche de (Pseudo) Business Angel Comme je ne les Aime...Pas !

L'une de nos start-up a reçu cette semaine le court email suivant :

 

"Bonjour,

je suis le fondateur et le CEO de XXX, 1er ...(suit chiffre d'affaires, nombre de pays dans lesquels est son entreprise, nombre de collaborateurs). J'ai développé également une foncière immobilière.

http://www.challenges.fr/classements/fortune/2016/fiche/XXXXX

A vous de voir.

Cdt"

 

En guise d'introduction, ce monsieur ne trouve donc rien de plus sympathique et chaleureux que de mettre directement sa fiche Challenges indiquant que son patrimoine est très important (je ne vais pas donner le chiffre exact pour qu'on ne puisse pas mettre un nom, mais sachez que c'est un nombre à 9 chiffres)

J'ai tout de même envoyé au gars un mail pour lui dire : "cela aurait ceci dit été bien peut-être de mettre un peu d’émotionnel et d'affectif, par exemple que vous aimez beaucoup la marque et le projet, et que cela vous aurait donc fait plaisir de rencontrer le fondateur pour voir comment aider…".

Business oui, mais certainement pas Angel !

 

Apple FY2016 Q4 Earnings !

Apple a présenté mardi dernier les résultats de son 4ieme trimestre fiscal 2016 (donc 3ième trimestre calendaire 2016). Ils montrent comme attendu un recul vs le Q4 FY2015, mais moins fort qu'au trimestre précédent.

3 chiffres :

• CA global : 46,9 Mds$, -9% (-15% au trimestre précédent)
  
• IPhone : 40,4M, -5% (-15% au trimestre précédent)
  
• Résultat net : 10,5Mds$, -19% (-23% au trimestre précédent)
  

Quelques éléments complémentaires importants donnés lors de la conférence de présentation des résultats :

• L'iPhone a progressé dans 33 des 40 1ers marchés d'Apple. La grosse baisse est venue de Chine. L'explication - valable - donnée par Apple est qu'il y a non seulement eu une énorme acquisition de nouveau clients la-bas en 2015, mais aussi un nombre plus important qu'ailleurs d'upgraders. Autrement dit, on se compare en 2016 à une année 2015 hors norme. Et c'est vrai que la croissance y avait été de plus de 50% en 2015. Si on suit leur logique (ce qui est mon cas) on devrait alors retrouver en 2017 en Chine une bonne croissance. Tim Cook a réitérer qu'ils étaient très bullish sur le long terme en Chine.
• L'Inde est en croissance de 50%, mais en volume ça ne prend pas encore vraiment le relais de la Chine.
• L'iPhone 7 Plus marche extrêmement bien, et mieux que leurs prévisions. Tim Cook n'est même pas certain qu'ils seront capables de les produire en nombre suffisant pour couvrir la demande avant la fin de ce trimestre : "demand looks extremely strong on both products but particularly on the iPhone 7 Plus versus our forecast going into the product launch". Il y a d'ailleurs toujours 6 à 8 semaines d'attente pour certains modèles de 7 Plus.
• Il y a eu plus de switchers Android en 2016 que sur les années précédentes. Avec un volume d'iPhone en baisse de 8% sur 2015, on peut donc en déduire que la base de users a elle bien plus augmentée qu'au cours des années précédentes, ce qui est très positif pour la suite. La régression vient d'un nombre d'upgrades plus faible de la part de la base. Les gens ont simplement tendance à changer tous les 3 ou 4 ans maintenant.
• Les revenus de l'App Store ont cru de 43%, avec une accélération sur le trimestre précédent (où c'était +37%). C'est aussi une conséquence du nombre de switchers qui dépensent forcément relativement plus pour les autres en Apps pour s'équiper.
• De manière générale, la partie services a augmenté de 22%. Après l'iPhone, c'est aujoud'hui la 2ieme division d'Apple, devant le Mac et l'iPad...
• Les transactions Apple Pay sont en hausse de 500%.
• Tim Cook a insisté sur le fait qu'Apple n'aurait aucun problème à faire une grosse acquisition, si elle était évidemment justifiée stratégiquement et au niveau du prix. Si Apple est très actif question M&A, leur plus grosse à ce stade est Beats avec 3Mds$ seulement. Jusqu'à présent ils ont préféré racheter des petites sociétés leur apportant une technologie ou une équipe spécifique. Voir la liste des sociétés acquises ICI. Tim Cook : "We are open to acquisitions of any size that are of strategic value where we can deliver better products to our customers and innovate more. And so we look at a whole variety of companies, and based on that, we choose whether to move forward or not. But we're definitely open and we definitely look".
• Il y a aujourd'hui 90,000 Mac installés chez IBM ! Finalement, 35 ans après, la pub de 1981 d'Apple lors du lancement de l'IBM PC "Welcome IBM, seriously", prend tout son sens !
• Tassement de la baisse de l'iPad, à -6% seulement sur 2015. Il semblerait qu'à 40M d'unités vendues par an on arrive à un pallier. Ca représente un business global de 20Mds$ tout de même pour Apple.

Après 3 trimestres de baisse du CA (-13% au Q1 calendaire, -15% au Q2 et donc -9% qu Q3), j'ai la nette impression qu'Apple a atteint le point bas et devrait maintenant recommencer à croître, légèrement sur le Q4, et plus fortement sur toute l'année 2017.

Les prévisions du management d'Apple, qui s'avèrent dorénavant très fiables - depuis 8 trimestres on a toujours été dans la fourchette donnée - indiquent d'ailleurs un CA du Q4 entre 76 et 78Mds$, soit une petite croissance de 0 à +3%.

Pas énorme, mais une inversion de courbe tout de même et une croissance sur ce qui avait dèja été un record historique, donc une vraie croissance, et ce alors qu'Apple est toujours en sous capacité de production vs la demande...

Par la suite, sur les trimestres 2017, on se comparera à des trimestres 2016 qui avaient été en retrait sur 2015, donc le taux de croissance devrait être bien supérieur.

C'est donc vraisemblablement le bon timing pour acheter Apple, en profitant notamment de la petite baisse de cette semaine. D'autant plus qu'on devrait avoir en septembre prochain un nouvel iPhone 8 qui introduira des changements bien plus significatifs.

Tous les transcripts de l'earnings conf call ICI.

Avoir Confiance en Soi Fait Paraître Plus Compétent !

Petit entrefilet dans les Echos de ce matin qui remonte une vérité assez logique et universelle : avoir confiance en soi fait paraître plus compétent.

Je crois que tous ceux qui sont dans l'investissement et le "business angelism" devraient bien la méditer.

L'école de Palo Alto l'avait d'ailleurs aussi montré dans un test aujourd'hui bien connu : ils avaient fait intervenir un acteur dans un colloque sur un sujet scientifique. Il ne connaissait évidemment rien au sujet, mais la salle l'avait chaleureusement applaudi et avait loué sa compétence !

Je rencontre moultes entrepreneurs ou would-be entrepreneurs, certains brillamment diplômés (HEC, X, etc) ou étant passés par de beaux cabinets de conseil. Une caractéristique commune, alimentée par leur parcours : ils ont confiance en eux, ils parlent bien, de façon structurée...

On associe spontanément cette assurance et cette éloquence à la compétence, mais de fait la corrélation est nulle, et souvent même inverse...

Pour ne pas tomber dans ce piège naturel, il faut alors leur poser des questions très précises et incisives, attendre en retour des réponses précises pour chasser le bullshit, détecter les pipeauteurs et manipulateurs (sans parler des mythos), ceux qui ne maitrisent pas le nitty-gritty et/ou les aspects techniques de leur business (ie le marketing et le CRM pour des sujets B2C).

Accélérer à Bon Escient...ou Pas !

Il ne viendrait à l’idée d’aucun conducteur sensé d’accélérer fortement sur une petite route de montagne perdue, verglacée et dans le brouillard, de surcroit avec une voiture brinquebalante au châssis et au moteur défaillants, et encore moins si on n’a aucun tableau de bord…

Tout du moins si on cherche vraiment à aller loin et qu’on a le sens des responsabilités, car à l’arrière il y a des enfants, et que la voiture a été financée en grande partie par des amis qui vous ont fait confiance.

Il en va certainement de même en matière d’entreprise.

Avec l’avènement des technologies numériques, l’information circule aujourd’hui quasi immédiatement, et on peut obtenir ce qu’on recherche de façon bien plus rapide qu’il y a 20 ans. Merci notamment à Google, Amazon et consorts.

De facto, cela façonne notre mode de pensée, avec une nette tendance à vouloir tout et tout de suite, et à ne pas accepter qu’il faut parfois laisser du temps au temps, et que certaines choses ne s’obtiennent pas en un simple claquement de doigts.

Attiré et aveuglé aussi par les succès mondiaux aussi foudroyants que rares que sont Uber (fondée en 2009, pas loin de 70Mds$ de valorisation), AirBnB (2008, 30Mds$) ou bien sûr Facebook (2004, près de 380Mds$), il est compréhensible qu’on aspire aussi à vouloir devenir un géant, et ce rapidement en accélérant très fortement, sur le modèle de ces fameuses « licornes » dont tout le monde parle.

Comme si c’était la seule option de vie, comme si c’était l’unique chemin vers le succès entrepreneurial, comme si c’était tout ou rien...

Rien n’est évidemment plus faux, il y a des centaines de milliers d’entrepreneurs de par le monde qui ont magnifiquement réussi, plus discrètement certainement, avec des business bien rentables et des chiffre d’affaires en dizaines ou centaines de millions, voire plus. Pour donner un peu d’inspiration, on pourra d’ailleurs relire les livres suivants : « building a small business that Warren Buffett would love » de Adam Brownlee ou encore « small giants, companies that choose to be great instead of big » de Bo Burlingham.

Non seulement l’accélération massive pour la domination monopolistique ou oligopolistique d’un marché n’est que très rarement le seul chemin vers le succès entrepreneurial et la création de valeur durable, mais il y a aussi une donnée fondamentale à prendre en compte : la vraie liberté, c’est tout simplement d’avoir la maîtrise du temps, de pouvoir se permettre d’accélérer…ou de ralentir ! Au gré de son marché mais surtout de la capacité de l’entreprise à absorber ou non cette accélération tant désirée. Et placer son action entrepreneuriale sous le diktat de l’accélération indispensable, c’est aussi se mettre d’emblée une très forte pression…que bien peu savent aussi gérer.

Au delà du fait que nombreux sont ceux qui cherchent à accélérer pour de mauvaises raisons, frénésie ou ego, nombreux sont ceux aussi qui accélèrent sans en avoir les capacités, comme le conducteur fou sur la petite route de montagne verglacée…

Schématiquement, pour accélérer sainement et à bon escient, il faut 4 éléments :

• Savoir où l’on va, ce que l’on veut vraiment réaliser à court, moyen et long terme, et que ces objectifs soient pertinents et réalistes vs le marché, la concurrence, les moyens financiers nécessaires, etc.
• Avoir une proposition de valeur pertinente, différençiante vs les concurrents, qui a bien concrètement démontré son intérêt pour les clients (dans le jargon, un product/market fit) : ceux-ci l’attestent sans ambiguïté (ie NPS), et le prouvent concrètement aussi en revenant et/ou en faisant un bouche à oreille positif.
• Avoir un modèle économique pertinent, à savoir une marge brute suffisante pour payer à court ou moyen terme la R&D, les coûts de structure ainsi que les frais d’approche du marché (marketing et commercial). Dis de façon simple et prosaïque, il faut que la valeur d’un client dans le temps (ce qu’il rapporte en marge brute au fil des années) soit très supérieure au coût d’acquisition de celui-ci.
• Avoir mis en place une organisation avec des process carrés à tous les niveaux : recrutement, objectifs, reporting, etc, afin à de prévenir et détecter tout dérapage, notamment les sorties de cash. Plus on accélère vite, plus il faut aussi savoir vite rattraper la voiture. Je pars du principe qu’aucune accélération ne vaut le coup si on ne contrôle pas les choses. La encore un principe de bon sens.

Si ces éléments ne sont pas réunis alors qu’on accélère fortement, la conséquence logique est qu’on va commencer à brûler énormément de cash et donc à gaspiller des ressources. On perdait un peu d’argent en allant lentement, en accélérant on ne fait qu’amplifier les problèmes. Des problèmes dont on avait aussi peut-être pas forcément conscience car on ne s’était pas assez posé les bonnes questions : « est-ce que ma proposition de valeur est vraiment pertinente pour un certain segment de clients, lequel ? », « est-ce que mon modèle économique tient bien la route ? », « a t’on bien mis en place les process de contrôle adéquats ? », etc.

Et en l’absence de tableau de bord et de process de contrôle, on risque aussi tout simplement de ne pas s’apercevoir ou de ne pas comprendre le dérapage, ce qui mettra alors d’autant plus de temps à le rectifier, à supposer que cela soit encore possible.

Et quand on dérape, il n’y a que 2 options :

• Au mieux on va dans le fossé. On s’en est aperçu à temps, il restait des sous dans les caisses ou on a pu en relever, on a donc eu l’opportunité de pouvoir tweaker le modèle commercial et/ou économique, de mettre ou de renforcer les process de contrôle. Rien de fatal, mais de fait l’accélération aura généré un gros gaspillage de ressources, on aura perdu du temps au lieu d’en gagner, et il y aura peut-être aussi une nouvelle dilution pour l’entrepreneur, conséquence d’une clause de ratchet ou d’une nouvelle levée de fonds salvatrice.

• Au pire, on va dans le ravin, la sortie de route est donc fatale. Le dérapage a été aussi rapide que brutal, le cash est parti bien trop vite, il n’en reste plus assez et personne ne veut en remettre car, se posant enfin les bonnes questions, on ne voit plus comment pivoter pour arriver à un modèle commercial et économique sain, et/ou il n’y a plus de confiance dans le management. C’est d’autant plus ingrat et cruel que ce sont parfois les investisseurs eux-mêmes qui ont poussé à l’hyper-croissance, au crime donc.

En cas de sortie de route fatale, il peut exister une possibilité de revendre la société et/ou les actifs, mais selon toute probabilité ce sera pour une fraction de la valorisation précédemment obtenue, et la clause de « liquidation préférentielle » soigneusement mise dans le pacte par les derniers investisseurs arrivés va jouer et va faire qu’ils récupèreront peut-être une partie de leur mise, mais que les entrepreneurs et les 1ers investisseurs n’auront strictement rien du tout. On a rien sans rien, les investisseurs qui acceptent des valorisations très élevées, car en avance de phase sur le développement économique, se protègent et exigent aussi des clauses de liquidation préférentielle et/ou de ratchet. Et c’est parfois un vrai marché de dupes dont l’entrepreneur ne comprend les conséquences qu’après coup.

Si je suis un investisseur, que je décide de mettre 5M€ sur une valorisation pré-money de 20M€, très en avance de phase sur le business (ie 1M€ de chiffre d'affaires et énormément de pertes), mais que je suis convaincu qu'au pire la société pourra être revendue pour au moins 5M€, ce qui correspond à ma mise et à ma clause de liquidation préférentielle, je ne prends pas à vrai dire beaucoup de risque...

Personne ne niera qu’accélérer, avec la levée de capitaux qui précède, est éminemment grisant et excitant, tant pour les jeunes entrepreneurs, les investisseurs que les médias, qui raffolent eux de parler des « succès » des grosses levées.

Mais la véritable création de valeur économique et financière passe avant l’accélération par une série de questions fondamentales : d’abord pourquoi accélérer, en faisant bien faire la part des choses entre la réelle nécessité économique, l’ego et la pression des investisseurs, puis est-on réellement en capacité d’accélération avec un modèle commercial, un modèle économique et des process de contrôle bien calés ?

Je constate que bien trop souvent « l’ego » et la « griserie de l’accélération » frénétique prennent le dessus sur le bon sens, que certains se mettent consciemment ou inconsciemment des œillères avec des logiques type « ça passe ou ça casse » qui relèvent plus en fait du jeu au casino que du vrai entrepreneuriat bâtisseur.

Que veut-on finalement, une petite jouissance ponctuelle, ou poser les bases d'un grand bonheur permanent ?

Mieux Vaut Aller Moins Vite...mais Bien !

Ce qu'il s'est passé est simple, Samsung a accéléré outre mesure pour introduire son nouveau flagship, le Galaxy Note 7, quelques semaines avant l'arrivée des nouveaux iPhone (débarquant comme toujours en septembre), histoire de faire un joli pied de nez à Apple.

C'est ainsi qu'il fut introduit en fanfare en août...

Leur petit moment de plaisir fut de courte durée, les Galaxy Note 7 étaient affectés d'un énorme défaut, ils pouvaient exploser !

Hier, 2 mois après la présentation de l'appareil, et après avoir un peu tergiversé, Samsung a décidé de totalement l'arrêter (de fait, ils n'avaient plus trop le choix). Bilan des courses, plusieurs milliards de pertes, sans compter une image écornée, ce qui se chiffrera aussi certainement en milliards de ventes perdues. Conséquence directe également, la capitalisation boursière de Samsung a perdu plus de 20Mds$ depuis le début de l'affaire.

Morale de l'histoire, qui à mon sens est aussi valable quand on veut vraiment évelopper une entreprise et aller loin, il vaut mieux très souvent (dans 99% des cas) faire bien, plutôt que faire vite. En tous cas, quand on a en face de soi un concurrent puissant avec qui on se bat âprement (Apple dans le cas de Samsung), on a pas trop le droit à l'erreur.

Du bon sens que mon ami Barenton, le confiseur, a certainement du glisser dans une de ses pages !

Entrepreneurs, de grâce, lisez et relisez le !

Sinon, tout semble se passer mieux que prévu pour Apple, ils vendent plus d'iPhone 7 que prévu, et une proportion également lus importante que prévu de 7 Plus, ce qui donc va faire monter l'ASP à sans doute des niveaux records. Les déboires de Samsung sont évidemment un plus maintenant pour Apple, qui pourrait vendre 7 à 8M d'iPhone 7 Plus supplémentaires, soit 6 à 7 Milliards de $ de CA...

L'action a presque pris +20% depuis un mois. Le marché commence à comprendre qu'Apple en a encore sous le pied et que, en parallèle, l'action est de facto pas chère en terme de multiples, en tous cas vs de nombreuses autres sociétés (13x vs une moyenne de 18). Et je ne parle même pas d'Amazon et de son multiple de 100, qui est un ovni du monde moderne.

Je ne serais pas surpris si Apple continuait sur sa lancée et dépassait allègrement les 120$, voire flirtait d'ici la fin de l'année avec ses records (autour de 135$), mais j'ai appris à ne faire aucun pronostic en Bourse. Elle est souvent irrationnelle et imprévisible sur le court terme ! Mais à long terme la raison finit toujours par l'emporter.

Ector Parking, Sport Heroes et FioulReduc : Rendez-vous dans 10 ans !

Après une superbe journée de travail et d'échanges mercredi dernier avec les équipes Decathlon sur leur Campus à Villeneuve d'Ascq, petite bière aux "3 Brasseurs", une brasserie bien connue en face de la gare de Lilles Flandres, ce avant de reprendre le dernier train pour Paris à 21h20.

De gauche à droite :

Manoel Roy (Ector), Boris Pourreau (Sport Heroes), Hervé Degrève et Guillaume Bort (FioulReduc), et votre serviteur.

Ce que je souhaite exprimer ici, c'est tout simplement ma fierté et aussi ma joie de travailler avec eux, de les accompagner et de les aider ! En clair, merci les gars !

Fierté d'avoir dans le pool de L'Accélérateur de tels entrepreneurs, fierté d'avoir la chance de les accompagner quasiment au quotidien, fierté de faire partie de leur aventure, fierté de les avoir pris à leur berceau, de les avoir vu joliment pousser et d'avoir contribué à les faire devenir aujourd'hui de beaux bébés plein d'atouts et de potentiel...

FioulReduc nous a rejoint début 2012, à l'époque c'était juste un powerpoint project. C'est aujourd'hui des dizaines de milliers de clients, 50% du marché du fioul online, et des dizaines de millions d'€ de volume d'affaires.

Sport Heroes (anciennement Running  Heroes), nous a rejoint au printemps 2014. La société n'était même pas créée juridiquement, et il n'y avait que quelques milliers de users au service, totalement balbutiant donc. C'est aujourd'hui pas loin de 500,000 users, dans 50 pays !

Ector (anciennement SmartPark) nous a réjoint début 2015, ils avaient ouvert depuis quelques mois seulement à Orly et Roissy, et n'avait réalisé que quelques centaines de transactions. J'avais apprécié le service pour d'abord en avoir été client. C'est aujourd'hui des dizaines de milliers de transactions qui ont été faites en même pas 2 ans, sur 12 hubs en France.

Internet et le mobile ont totalement modifié notre rapport au temps : aujourd'hui, on veut tout tout de suite, et on croit aussi souvent que tout vient très vite. Rien n'est plus faux, la vérité est que les vraies grandes idées demandent tout simplement du temps pour mûrir et s’épanouir. Et bien plus de temps que ce que l'on peut croire initialement.

Internet et le mobile ont clairement raccourci le temps pour obtenir la plupart des choses, mais il reste nombre de phénomènes et réalités physiques qui ne se contournent pas par un claquement de doigt. Scaler l'humain - recruter des collaborateurs compétents, les former et les garder motivés - est diablement compliqué, trouver de nouveaux locaux, ou des emplacements de qualité quand il s'agit de retail, mettre en place des process, tout cela prend un temps incompressible...

Celui qui n'a pas la force de caractère pour inscrire son action sur la longue durée, en passant au passage par moultes années de vaches maigres et/ou très compliquées, n'a selon moi pas tout à fait tout compris à l'entrepreneuriat ni à la vraie création de valeur économique et sociale.

Beaucoup ne pensent qu'à accélérer, en levant forcément au passage des millions, comme si le succès de leur société ne passait nécessairement que par cette accélération forcenée...et souvent hors contrôle. Dans 99% des cas, cela est faux, c'est une erreur, et s'avèrera aussi une faute stratégique coûteuse. On l'a notamment vu cet été avec plusieurs dépôts de bilan de start-up ayant cherché à accélérer en levant des millions, mais sans avoir des bases saines et solides.

Revenons au bon sens, on ne cherche pas à courir si on ne sait pas déja bien marcher, et encore moins si on a pas les chaussures pour cela et que le sol est glissant voire aussi jonché de bouts de verre !

Si parfois il est en effet nécessaire d'accélérer, croire que tout est un sprint est une énorme erreur d'analyse, et aussi certainement le reflet d'un manque de tempérament et de qualités de bâtisseur.

Et si on arrive à la conclusion qu'accélérer est une véritable et impérieuse nécessité stratégique, si on trouve une véritable réponse pertinente au "pourquoi accélérer", c'est rare mais pourquoi pas, alors au minimum on a l'intelligence et le sens des responsabilités pour mettre en place les process de contrôle. Qui peut se permettre d'accélérer sans avoir un tableau de bord précis ?

Comment qualifier ceux qui accélèrent alors qu'ils n'ont pas les bases (ie un vrai product market fit prouvé, un modèle économique sain), que ce n'est en rien une nécessité stratégique (pas vraiment de grosse prime au leader), et qui en plus ne mettent pas en place les process de contrôle ?

Ce sont sans doute plus des joueurs de casino, qui misent sur le n°18 en croisant les doigts pour qu'il sorte, mais pas de vrais entrepreneurs responsables ! Qu'ils se fourvoient et qu'ils se brulent les doigts, c'est leur affaire, mais qu'ils crament l'argent des investisseurs, et l'argent de la BPI éventuellement (donc le nôtre), et laissent aussi un coût social, ça c'est autre chose. D'aucuns diront aussi que s'il y a des investisseurs naifs qui ne font pas leur boulot, c'est bien aussi leur problème. Ce n'est pas faux, il y a des investisseurs irresponsables qui jouent avec l'argent des autres, mais moi quand un investisseur me fait confiance, je mets un point d'honneur à honorer sa confiance, et je me sens très mal si je lui fais perdre de l'argent.

C'est si facile de jouer avec le pognon des autres...

Ce sentiment de responsabilité vis-à-vis de l'investisseur actionnaire et des collaborateurs semble bien malheureusement échapper aujourd'hui à beaucoup d'entrepreneurs.

Du bon sens, un sens des responsabilités, et la volonté de construire sur la durée quelque chose de vraiment solide, plutôt qu'une compulsivité irresponsable à l'accélération hors contrôle, voila ce qui manque bien souvent à moultes apprentis entrepreneurs !

Et ce qui me fait justement très plaisir avec mes entrepreneurs de L'Accélérateur ci-dessus, c'est que ce sont des gars très ambitieux, mais dans le même temps pragmatiques et responsables, la tête dans les nuages mais les pieds bien sur terre !

Les cotoyer au quotidien, c'est une fierté, un honneur et un plaisir !

Réussir son entreprise, c'est quelque part prendre toute une série de bonnes décisions (qui l'emportent sur les nombreuses mauvaises décisions et erreurs que l'ont fait nécessairement au passage), parce que l'on sait lucidement voir la réalité telle qu'elle est, parce qu'on sait s'entourer, écouter et analyser pragmatiquement avant de décider.

Ce pragmatisme et ce bon sens, c'est bien cela in fine qui va les faire réussir et va les faire aller très très loin. On ne sait pas encore comment, car la vie des affaires est toujours pleine de surprises et d'opportunités, mais je suis convaincu qu'ils vont tous très bien réussir. Car, avec leur intelligence, leur pragmatisme, leur capacité d'écoute et leur lucidité, ils sauront prendre les bonnes décisions, et rapidement rectifier les moins bonnes.

Les 3 équipes ci-dessus, c'est déja une bonne centaine d'emplois, donc une véritable création de valeur économique et sociale tangible, mais ce n'est que le tout début.

Rendez-vous dans 10 ans, ces équipes auront certainement crée des centaines d'emplois, elles auront enchanté des millions de users et de clients, elles auront aussi certainement vécu moultes moments difficiles, mais in fine elles auront crée quelque chose de grand. Le chemin aura été passionnant, on se sera bien éclaté ensemble en vivant une belle aventure humaine, et en buvant au passage encore de nombreuses bières ;-)

Et ce ne sera encore et toujours que le début.

Car it's always day one pour les vrais entrepreneurs, les bâtisseurs long terme, ceux qui ne pensent pas uniquement valorisation financière, mais avant tout développement, croissance, rentabilité, valeur économique et sociale  !