C'était hier l'assemblée générale de Berkshire Hathaway, le holding de Warren Buffett. C'est toujours un plaisir de savourer le bon sens, l'acuité, la sagesse, le sens du recul et le long termisme de "l'oracle d'Omaha". Lire le live blog ici.
Je me faisais aussi pour l'accasion une petite réflexion, en relation avec ce que je vis au quotidien avec les entrepreneurs et les start-up.
Warren Buffett, entre autres choses, aime les CEO "shareholders friendly".
Petit question : combien d'entrepreneurs du web d'aujourd'hui le sont eux vraiment ?
Certains espèrent ou demandent des valorisations en millions d'€, ce pour des chiffres d'affaires très faibles (ie quelques centaines de K€), des profits (fortement) négatifs dans l'immense majorité des cas, sur le simple argument du "potentiel d'accélération" bien théorique que le projet revêt...
Et quand je vois que malgré ces valorisations "décalées", incorporant déja par définition un énorme goodwill, certains souhaitent aussi recevoir quasiment le même niveau de rémunération qu'un cadre de leur âge, je me dis qu'il y a un truc qui va pas et qu'ils n'ont pas beaucoup d'égard pour leurs investisseurs.
Message pas tellement subliminal qu'ils envoient: messieurs investisseurs, merci de passer à la caisse pour me faire vivre mon rêve, me payer très correctement, et après advienne que pourra...
Pour l'entrepreneur : pile il gagne énormément, face il ne perd rien du tout.
Pour les investisseurs : pile ils gagnent un peu, face ils perdent tout ou quasiment tout, et si jamais par le plus grand des hasards ça tombe sur la tranche la ce sera éventuellement jackpot !
Ce n'est pas indispensable d'être Warren Buffett pour calculer que l'espérance mathématique de gain est alors très faible...
Moi, j'aime les relations équilibrées, où il y a des downsides dans les 2 camps. Principe de base, ne jamais faire affaire avec une personne qui peut perdre moins que vous (relativement) si les choses vont mal.
Je l'ai oublié récemment ce "principe de base" et pourtant il est très vrai...
Posted by: lalieve | May 07, 2017 at 07:11 PM
Too much money,not enough good companies!
Je pense qu'il s'agit d'un effet pervers de l'offre et de la demande en capitaux.Trop d'argent disponible aujourd'hui chasse trop peu de projets viables... d'où peut-être les comportements que vous constatez sur le terrain.
Posted by: Michel Nizon | May 09, 2017 at 05:12 PM
Un autre signe que les entrepreneurs du web sont assez peu shareholders friendly est le nombre d'entreprises qui ont 2 classes d'actions (Google, Facebook, Snapchat,...) ce qui permet aux fondateurs de garder le contrôle sans avoir la majorité du capital. Ca peut conduire a une gestion de l'entreprise pas alignée avec les intérêts des actionnaires (rémunérations excessives, les 2 milliards de perte annoncés par Snapchat ce trimestre représentent purement des plans d'options dilutifs). C'est la porte ouverte a tous les abus. C'est d'autant plus ennuyeux que dans les entreprises traditionnelles, le management arrive déjà souvent a prendre des décisions contraires aux demandes des actionnaires (il suffit de voir les récents votes sur les plans de rémunérations rejetés par les actionnaires mais validés par le board).
Posted by: Jean | May 13, 2017 at 11:44 AM
Oui, il y a beaucoup voire trop d'argent...
Il faut laisser passer quelques années...
Posted by: Michel de Guilhermier | May 14, 2017 at 11:03 AM