En plein coeur de l'été, l'esprit maintenant reposé après un trimestre particulièrement chargé et palpitant - Day One a tout de même fait une bonne dizaine d'opérations, de financement, de refinancement ou d'exit - je prends un peu de recul pour donner les 2 grands principes de vie qui m'animent aujourd'hui.
Bien évidemment, je n'ai pas toujours raisonné comme cela, la sagesse est plus l'un des rares privilèges de l'âge (pas toujours cependant, c'est loin d'être systématique, il y a de jeunes cons qui deviennent des vieux cons) mais c'est bien aujourd'hui quelque part le fruit de l'expérience et de la vie. Ce à 56 ans, après maintenant plus de 30 années de carrière et de multiples expériences variées : conseil chez Bain & Cie, job corporate chez Dole Food et PepsiCo, et depuis 1995 entrepreneur libre avec des rachats d'entreprises comme le Groupe Cerise & Potiron (originellement Provifruits), ou la création avec notamment Photobox (originellement Photoways), Inspirational Stores/Motoblouz ou Day One, quasiment toutes réussies, à des degrés variés.
A l'exception de ma rocambolesque aventure belge dans laquelle j'ai été happé malgré moi en tant qu'investisseur, et dont j'ai récemment relaté les leçons tout comme l'épilogue heureux, lire ICI.
L'expérience est parfois l'alibi de vieux cons, mais si mon expérience et ma vision de la vie peuvent faire réfléchir voire même éventuellement inspirer et être utile à d'autres, alors je veux bien être un vieux con avec plaisir ;-) Toute comparaison gardée, je souhaite aussi comme Warren Buffett à ce qu'on se rappelle surtout de moi "as a teacher" ! Et si cest un "inspiring teacher", encore mieux !
Une fois qu'on connu un certain succès matériel (du moins suffisant), on cherche surtout (ou on devrait chercher) à avoir de la "valeur", notion certes un peu floue à l'interprétation variable, et la valeur que je veux moi avoir, c'est de transmettre ce qui peut servir à d'autres.
Remarque au passage, ceux qui n'ont pas encore connu ce succès matériel, surtout à un âge relativement avancé, n'ont généralement pas la même recherche : ils s'accrochent parfois coûte que coûte à l'avoir, parfois at all cost, parfois au mépris du bon sens, mais aussi de l'éthique voire de la légalité. Ce qui, évidemment, ne donne pas une attitude et une perspective de vie que je partage. Mais, comme on verra, personne n'oblige à les cotoyer et travailler avec eux !
Donc, mes 2 grands principes de vie, qui sont comme on le verra totalement complémentaires et interdépendants :
PERSPECTIVE & FOCUS
Je ressens l'importance de donner du sens à sa vie, et pour cela en conséquence il faut se donner une vraie perspective crédible et atteignable à moyen et long terme, puis après filtrer les opportunités, les décisions à prendre et les actions à entreprendre à l'aune de ce qu'on veut justement réussir à 5 et 10 ans.
On ne peut pas tout faire, on ne réussit que si on sait rester focus sur ce qui est vraiment important et va rapporter ou apporter un plus vs son objectif (et c'est pas seulement en terme d'argent, on peut aussi raisonner en terme de plaisir de vie, de sérénité, d'amitiés, etc).
Comme disait Warren Buffett, on réussit parce que qu'on passe plus de temps à dire non que oui. 'The difference between successful people and very successful people is that very successful people say no to almost everything".
Dire oui à trop de choses sans discernement, c'est l'assurance d'éparpiller son temps et son énergie, 2 ressources par définition limitées, et de ne pas maximiser ce qui doit justement être maximisé. On peut faire beaucoup de choses, mais chaque action, chaque initiative, doit faire du sens par rapport à l'objectif global à 5 et 10 ans.
Si ça n'apporte pas sa petite pierre à l'objectif moyen et long terme, il faut idéalement simplement l'écarter, ou au minimum y passer le moins de temps possible.
Dans la vie des affaires et dans la vie tout court on passe son temps à régler des problèmes, mais il faut se concentrer sur les problèmes qui vaillent la peine d'être attaqués et résolus, ce à l'aune de la perspective que l'on s'est donnée. Et la, libre à chacun de définir ce qu'il veut vraiment accomplir.
Chez Day One, nos objectifs sont simples et clairs : nous voulons avoir été instrumental dans l'émergence d"une dizaine de belles entreprises rentables et pérennes, dont nous serons encore l'actionnaire-partenaire de référence sur le très long terme, travaillant avec des équipes que nous apprécions (ambition, énergie, bon sens et intégrité), sur des projets sélectionnés qui font du sens et pour lesquels nous pouvons créer de la valeur. Avoir un objectif simple et clair, et atteignable, permet après de prendre des décisions logiques et de filtrer la pertinence des actions.
Nous avons ainsi nous aussi été amenés à nous simplifier la vie en revendant des participations avec lesquelles nous ne voulions plus travailler, pour simplement rester focus sur nos valeurs et nos objectifs. Peu importe d'ailleurs que cette "sortie" ait été financièrement prématurée et pas optimisée car l'entreprise a éventuellement bien performé par la suite, d'une part nous n'avons rien perdu (objectif n°1, ne jamais perdre, objectif n°2, toujours avoir l'objectif 1 en tête), d'autre part le point était la simplification et la minimisation des tracas et ce que nous avons gagné avec ça a plus que mlargement compensé la non optimisation de la sortie.
Je me rappelle d'un papy business angel (avec 0 track record) qui me disait récemment lors d'un Board : "vous avez manqué de discernement", évoquant sans doute une de nos sorties. Mais non mon gars, on a juste simplement fait un choix circonstancié, et ce choix on ne le absolument regrette pas...
A noter, autre principe buffettien, que dans les objectifs et les perspectives que l'on se donne, pour avoir les meilleures chances de les atteindre il faut rester dans son cercle de compétences. Principe loin d'être simple à appliquer, on croit parfois que nos qualités et notre expérience nous donnent des chances de réussir dans certains domaines, mais ce n'est qu'un leurre car on a trop de distance par rapport à la réalité des choses. Savoir apprécier qu'on a oui ou non le profil pour réussir dans un certain domaine est très loin d'être évident. Le plus simple pour avoir des éléments de réponse pertinents est certainement encore de prendre moultes avis circonstanciés et de se faire après sa propre opinion lucide.
SIMPLIFICATION (KISS : Keep it Simple Stupid)
Ca, c'est une notion extrêmement complexe à appréhender, et tout aussi compliquée à mettre en oeuvre. C'est je pense uniquement l'expérience de la vie qui apprend tout ça.
On pourrait d'abord résumer par une phrase choc : "il est simple de faire compliqué, il est compliqué de faire simple". Ou encore la phrase d'Einstein qui avait résumé beaucoup de choses par l'équation E = MC2, "si ce n'est pas simple, c'est qu'on y a pas assez réfléchit", ou encore "n'importe quel type intelligent peut faire les choses les plus compliquées, mais il faut du génie pour faire plus simple".
La vie est complexe, certes, non seulement il ne faut pas se la compliquer, mais il faut aussi et surtout, tout le temps, chercher à se la simplifier.
Systématiquement chercher à faire simple, c'est tout simplement se libérer du temps et des soucis pour mieux attendre son but et la perspective qu'on s'est donnés (point 1 du dessus), mais aussi vivre plus sereinement, plus sainement, et certainement plus longtemps aussi en bonne santé.
Au final, faire simple, c'est donc aussi aller plus loin, et ce plus sereinement.
On prend chaque jour des dizaines de décisions, petites (la plupart du temps) ou grandes, dans les affaires comme dans la vie de tous les jours, mais elles n'ont pas toutes les mêmes répercussions par la suite. Certaines entrainent des complications qu'il va ensuite falloir gérer et qui vont donc prendre du temps, de la bande passante, et également enlever un peu de sérénité.
Quand on a le choix, je soutiens qu'il faut quasi systématiquement aller vers ce qui est le plus simple. Il y a généralement bien plus de bénéfices à agir de la sorte. Et puisque je dis "quand on a le choix", on pourrait ériger un principe corolaire tout aussi important qui serait "toujours se donner le choix en multipliant les options", ce qui demande parfois un peu d'imagination pour penser out of the box, librement. Se mettre dans une seringue avec 2 choix compliqués, choisir entre 2 maux, est la pire des choses.
On revient donc la encore à ce que disait Einstein, pour faire simple, il faut vraiment réfléchir et se creuser la tête.
Je suis littéralement effaré par la proportion de gens spécialistes de la complication, on dirait même qu'ils prennent un malin plaisir à se compliquer la vie et s'attirer des tracas, et ce en permanence. Dans leurs actions et leurs réactions au quotidien, c'est fou comme ils prennent les décisions qui par nature va leur attirer plus de soucis que d'autres choix qu'ils auraient pu/du faire.
Vivre c'est choisir, et il faut choisir le chemin de la simplicité, car on ira plus loin et plus sereinement vers son objectif.
On pourrait d'ailleurs faire remarquer que se compliquer la vie, c'est soit être illogique avec l'objectif qu'on s'est fixé, soit, tout simplement, ne pas s'être donné d'objectif clair. En effet, si on est vraiment déterminé à atteindre son objectif, alors presque logiquement on doit aussi être amené à se simplifier la vie, car c'est bien la meilleure façon de l'atteindre. Aussi simple que cela !
Au passage, mentir, frauder, et au pire agir dans l'illégalité, c'est être certain de choisir le chemin de la complication. Notion de base de Barenton confiseur : "l'honnêteté est une preuve de bon sens, pas d'intelligence". Si je paye mes impôts normalement, c'est un peu pour être un "bon citoyen" mais surtout voire essentiellement pour ne pas me compliquer la vie ;-)
Personne n'oblige à mentir et frauder, personne n'oblige à travailler avec des gens peu éthiques, menteurs et manipulateurs, sans scrupule qui raisonnent win/lose car ils ne pensent qu'à leur succès personnel (financier ou autre), personne n'oblige à travailler avec des gens compliqués qui se font des noeuds au cerveau, personne n'oblige à travailler avec des gens peu fiables, personne n'oblige à travailler avec des mythos qui vous entrainent dans leur rêve déconnecté des réalités (mon histoire belge notamment), etc...
Je mets volontairement l'accent sur le côté humain car vivant en société, ce sont bien les choix humains qui sont les plus fréquents, et qui ont les plus lourdes conséquences sur la vie. Choisir avec qui ont veut être et/ou travailler (ses collaborateurs, ses actionnaires, ses clients, ses fournisseurs, ses partenaires divers, etc) est extrêmement structurant.
Comme je l'ai notamment exprimé à travers mon histoire belge, les plus grands regrets que je peux avoir, c'est d'avoir perdu du temps et m'être compliqué la vie avec des gens dont je n'avais pas fait une due diligence assez approfondie.
Que de temps, d'énergie et d'argent j'aurais pu économiser, et mis sur des choses qui en valait beaucoup plus la peine, si j'avais parfois évité de mauvais choix de personnes qui m'ont lourdement compliqué la vie !
Au final, concrètement, c'est bien en permanence qu'on a à choisir entre simplicité et complication...mais c'est bien parce qu'on sait où on veut aller, et qu'on est terriblement déterminé à y aller, qu'on est amené à faire le choix de la simplicité, dans tout.
Comme je sais où je veux aller, et que je suis généralement très déterminé à y aller, et que je mets un focus sur me simplifier la vie, et que cette simplification entraîne un choix sur avec qui je veux être et travailler, on comprend pourquoi je suis assez rapidement "carré" avec les gens...Je n'ai pas spécialement d'atavisme ni de diplomacie pour perdre mon temps avec ceux dont je n'apprécie pas l'approche, l'incompétence, le pipeau, le manque de valeurs et/ou d'intégrité !
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