Après Tesla et Microsoft qui ont annoncé hier soir leurs résultats trimestriels, et avant Apple et Google qui les présenteront eux semaine prochaine, c'est au tour d'Amazon ce soir.
L'opportunité de faire un petit point rapide.
De fait, comme l'illustre le graphique ci-dessus, l'action Amazon n'a pas une belle dynamique depuis 12 mois, elle sous performe non seulement les autres GAFAM mais également le marché et elle se situe 15% sous ses plus hauts.
Elle qui était brièvement devenue la 1ère market cap mondiale en janvier dernier, qui avait dépassé la barre symbolique des 1000Mds$ (2ieme à le faire après Apple, avant Microsoft), se retrouve aujourd'hui au 4ième rang seulement avec 872Mds$.
Très loin derrière Apple (1100Mds$), Microsoft (1060Mds$) et au coude à coude avec Google qui l'a dépassée hier d'un cheveux (872,5Mds$ vs 871,7Mds$).
Ce qu'il se passe est selon moi assez simple : jusqu'à il y a 2 ans environ, le marché était d'une incroyable bienveillance avec Amazon, excusait les maigres profits au nom d'une forte croissance, anticipant donc fortement le futur.
Et de fait, malgré la baisse de l'action, Amazon est toujours aujourd'hui valorisée 73x ses profits, avec un ratio valeur d'entreprise sur EBITDA de 27x.
En comparaison des autres GAFAM
- Apple : PE de 21 et EV/EBITDA de 14x
- Microsoft : 27 et 18x
- Google : 25 et 17x
- Facebook : 31 et 18x
Et cela sans compter le fait que ces 4 la ont une trésorerie nette (cash - dettes) très largement supérieure à celle d'Amazon, plus de 100Mds$ par exemple pour Apple, Microsoft et Google, et de quelques dizaines de milliards pour Facebook. Amazon a elle au contraire une trésorerie nette négative de l'ordre de 30Mds$.
Alors, oui Amazon est toujours aujourd'hui chère, bien mieux/plus valorisée intrinsèquement que les autres GAFAM, et le marché semble simplement vouloir aujourd'hui des preuves concrètes que les profits anticipés finissent bien par arriver.
Le marché semble aujourd'hui ne plus seulement se contenter d'un fort taux de croissance - et c'est vrai qu'Amazon est sur cet indicateur d'une vitalité exceptionnelle (une croissance de 20% encore pour une société qui réalise 250Mds$ de CA est du jamais vu) - mais veut voir une courbe des profits autrement plus excitante que ce qu'elle n'est aujourd'hui.
C'est clairement un changement de perception vs les années passées.
Ce soir, quand Amazon va reporter après la clôture du marché, les analystes regarderont surtout la rentabilité, scruteront les marges activité par activité, et le cours de Bourse de demain sera drivé par ces paramètres la.
Une baisse des marges, même avec toujours une croissance soutenue de 20%, serait très mal interprétée.
Je suis d'ailleurs un peu inquiet sur l'activité Cloud, le gros pilier de la rentabilité globale d'Amazon, qui sera surement encore en croissance de l'ordre de 40-50%, mais je crains que - sous le coup de la concurrence de plus en plus intense (Microsoft, Google, Oracle, IBM, en Chine Alibaba, etc), les marges s'effritent.
Réponse dans quelques heures.
Mon feeling fondamental cependant pour le futur :
- Amazon a bel et bien une opportunité de marché gigantesque, assez logique vu qu'elle s'attaque à un nombre incalculable de marchés. Nul doute qu'elle dépassera Walmart d'ici quelques années en CA global (plus de 500Mds$ en 2019) et même atteindra 1000Mds$. Se rappeler néanmoins que la Standard Oil fut démantelée quand elle atteignit ce seuil (en $ équivalent il s'entend).
- Mais en s'attaquant à tous ces marchés à la fois, d'une part elle concurrence un nombre incroyable d'acteurs, certains eux aussi extrêmement solides aux poches très profondes, d'autre part ça en devient une organisation d'une complexité exceptionnelle à gérer. Pour une taille comparable (disons 270Mds$ de CA environ), Apple est relativement autrement plus simple à gérer. D'ailleurs, Amazon c'est aujourd'hui sans doute 650,000 salariés, répartis sur un nombre incalculable de business units, contre 100,000 seulement à Apple, concentrés sur même pas une dizaine de lignes de produits, sachant d'ailleurs que les 3/4 des collaborateurs sont dans les magasins (Apple Stores). L'intensité et la multiplicité de la concurrence alliées à la complexité du business ne peuvent que peser sur les marges.
Si on admet qu'Amazon puisse d'ici 10 ans atteindre ou frôler les 1000Mds$ de CA, mais avec des marges nettes globales qui resteraient sous pression autour de 5%, soit 50Mds$ de profits nets (12Mds$ aujourd'hui), on ne les voit pas forcément dépasser de beaucoup les 1000Mds$ de market cap...
Et, logiquement et bien évidemment, si Amazon arrivait à afficher des marges bien meilleures, alors oui la market cap pourrait très bien d'ici 10 ans dépasser les 2000Mds$, soit un cours de Bourse probablement 3x ce qu'il est aujourd'hui.
On en revient donc à l'inconnue principale du business Amazon, ses marges, car pour la taille de l'opportunité de marché, il n'y a la dessus aucun doute !
A ce stade, j'ai un peu d'Amazon dans mon portefeuille, mais j'attends d'avoir plus de convictions sur ses fondamentaux avant de me renforcer éventuellement.
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