Voila déja plus de 4 mois que l'épidémie a commencé en Chine, et 2 mois et demi qu'elle s'est bien installée chez nous...
Chaque semaine qui passe, je me dis "diable que ça va être long et dur"...
En France, et en Europe de manière générale, ça va clairement beaucoup mieux du point de vue sanitaire, le pire de la crise semble maintenant derrière nous, mais il va falloir vivre pendant de très longs mois avec le virus, terrible épée de Damoclès bien désagréable, ce qui va affecter aussi bien l'économie que notre moral et nos comportements.
De nouveau, si avec le déconfinement je ne m'attends pas à une 2ième vague majeure, une certaine réaugmentation du nombre de cas est néanmoins probable dans les semaines à venir. Mais ça devrait être gérable.
Photo saisissante du retour lundi dernier dans les transports en commun parisiens, une image inimaginable il y a 6 mois.
Crédit photo Romuald Meigneux/SIPA
Dans la rue, j'observe qu'une majorité des gens partent aujourd'hui un masque.
Samedi dernier, dans le seul magasin que j'ai fréquenté depuis bien longtemps, 95% des gens portaient un masque. J'aimerais comprendre la psychologie des 5% restants. Ils se croient certainement plus fort et malin que les autres, mais le problème est que le port du masque sert aussi et surtout à protéger les autres. C'est donc de inconscience irresponsable et incivique. Dans un lieu clos où circulent pas mal de personnes, ça devrait être strictement obligatoire.
Nous sommes aujourd'hui déconfinés, nous retrouvons les amis, nous sortons nous promener, nous sortons vivre dehors et faire les courses, fut-ce t'il avec un masque, ce qui donne une certaine impression de liberté et de beaucoup mieux.
Mais au niveau mondial le tableau est toujours aussi sombre si on prend les chiffres globalement : on a encore dépisté semaine dernière 621.000 nouveaux cas positifs, un niveau hebdomadaire record, et on a déploré 33.000 décès, soit à peine moins que la semaine précédente.
Avec toujours, notamment, la poursuite très significative de la hausse des cas et des décès au Brésil, sachant que dans ce pays la réalité y est aussi certainement bien pire (certains évoquent 15x) :
L'épidémie continue aussi de se propager et de croître en Inde, au Pakistan, au Mexique, au Bengladesh, en Afghanistan, en Arabie Saoudite, aux Philippines, en Indonésie, etc...
En Iran ça a repris :
Aux US le nombre de nouveaux cas dépistés positifs n'est en baisse que de 10% vs la semaine précédente, et le nombre de cas actifs est toujours à la hausse :
Tout comme en Suède, sans doute le seul pays européen à être aujourd'hui sur cette trajectoire, et on sait pourquoi :
La comparaison avec les voisins norvégiens, danois et finlandais, est parlante :
Cette progression continue de l'épidémie au niveau mondial me conforte dans l'idée qu'on ne retrouvera globalement pas le chemin de la "normale" avant 2 ans, et encore une fois, ce sera certainement une nouvelle normale.
Le jour où on aura enfin un vaccin efficace distribué largement, et ça c'est pas avant 12 à 18 mois, soit fin 2021, les choses pourront alors reprendre le chemin de la "normale".
Au niveau économique, je suis prêt à prendre le pari qu'on ne retrouvera pas le niveau de 2019 avant 2022, et dans certains secteurs fortement affectés (par exemple transport aérien, croisières), ce ne sera probablement pas avant 2023.
Si, vous entrepreneurs, êtes dans un secteur durement touché, vous avez intérêt à chercher à vous réinventer, car il ne faudra pas vous attendre pour votre coeur de business à une amélioration sensible en 2021, ce sera une nouvelle année de "transition" et d'amélioration économique lente.
Je discutais l'autre jour avec une start-up qui voulait surtout faire le plein de cash (PGE et autre), sans trop sabrer ses effectifs, pour être prêt au 1er janvier 2021 à repartir activement à la conquête. Scénario très optimiste, hautement improbable selon moi, auquel je ne crois pas vraiment. Et scénario risqué, avoir une barque trop chargée en coûts fixes par ce gros temps me semble être téméraire...Il faut au contraire s'acheter du temps. Du temps pour trouver et exploiter de nouvelles opportunités.
Et quand les choses iront vraiment mieux en 2022 et 2023, il est probable que ces 24 mois auront fait évoluer beaucoup de comportements et changé beaucoup de choses.
Je ne vais pas prédire l'avenir, mais je peux sans risque de me tromper dire qu'il faudra écouter le sens du vent et être attentif aux changements, aux évolutions des comportements, aux nouvelles façons de penser et d'appréhender la vie de manière générale, et être suffisamment flexible et agile pour s'adapter rapidement à ces nouveaux besoins et ces nouveaux usages des consommateurs.
Mais ça, ce sont les basiques fondamentaux de la réussite entrepreneuriale, rien de nouveau en fait, par beau temps ou temps de crise, il y a toujours une grosse prime aux entrepreneurs pragmatiques, créatifs, tenaces, sachant sentir et exploiter les nouvelles tendances de fond et les opportunités.
Et donc, au passage, j'en profite pour dire que notre rôle chez Day One, investisseur de très long terme dont l'objectif est de bâtir un groupe de très belles entreprises rentables et pérennes, est essentiellement de déceler les qualités entrepreneuriales qui feront la différence...
C'est difficile, mais qu'est-ce que c'est passionnant.
Teaser pour annoncer un post dans la semaine su ce sujet !
bonjour Michel,
Tout d'abord, merci pour ces posts hebdomadaires qui viennent ponctuer des semaines assez particulières. Effectivement pour reprendre le début et la fin de ce post :
"que ca va être long et dur... Mais qu'est ce que c'est passionnant" de vivre les heures sombres de cette crise.
Actuellement, nous achetons effectivement du temps pour nous réinventer et écouter les nouvelles attentes des consommateurs post-crise. Ma seule question est : "comment ne pas être taxé d'opportunistes en sortie de crise par tes clients quand tu as fait pendant 10 ans une activité assez différente ?" Quels seraient tes conseils sur ce point pour amener à faire comprendre cela au client, surtout si tu dois changer de marque ? Comment les amener le plus naturellement possible vers ce nouveau territoire de marque ?
Très cordialement,
JN
Posted by: JNN | May 19, 2020 at 07:32 AM
Hello Jean Noel,
Il ne s'agit pas non plus de passer du rouge au noir radicalement du jour au lendemain, de façon opportuniste. Cette démarche ne pourrait pas être perçue comme légitime par les clients.
Le tout est plutôt d'évoluer en douceur vs les nouveaux besoins, ou alors de conquérir de nouveaux territoires, et toujours avec des produits/services pertinents pour les clients.
Comme toujours, tout doit se passer avec du dialogue et de l'authenticité.
Posted by: Michel de | May 19, 2020 at 11:55 AM