C'est dans les périodes de crise, comme celle qu'on connait actuellement, qu'on voit plus nettement les qualités des entrepreneurs. Ce qui rejoint d'ailleurs ce qu'a posé Warren Buffett de longue date :
"It's only when tide goes out that you discover who's been swimming naked".
Je cotoie et j'accompagne des entrepreneurs depuis plus de 20 ans maintenant (1er investissement en tant que Business Angel en 1997, c'était Odisei, dans la téléphonie IP, du x50 en terme de ROI, coup de chance pur à vrai dire), et je me formalisais ce matin les choses de la façon schématique suivante. Comme tout schéma c'est une simplification qui peut éventuellement être un peu caricaturale sur les bords, mais je pense qu'il y a une pertinence fondamentale dans cette matrice. Feel free de me dire ce que vous pensez dans les commentaires ou en direct par mail.
Il y a les vrais, et il y a les bons entrepreneurs. Et ce sont 2 choses différentes.
Je l'ai déja dit il y a quelques semaines (voir post du 18 juillet), c'est toujours l'entrepreneur qui fait toute la différence dans la réussite ou pas d'un projet. L'idéal étant évidemment de dénicher des vrais et des bons entrepreneurs. Mais évidemment, c'est rare, très rare. Et quand on en a un, il faut donc miser à fond dessus !
Le "vrai", c'est un état d'esprit, c'est une attitude ("attitude us a small thing which makes a big difference", Churchill), c'est celui qui porté par un optimisme indéfectible ne se laisse jamais vraiment abattre et qui voit in fine tout problème comme une opportunité, comme un challenge. Il est même excité par les difficultés. C'est son "trip".
Il est par nature résilient (la résilience est un paramètre fondamental de la réussite entrepreneuriale), et sa soif de conquête ne s'éteint jamais, always day one. Le monde des affaires est son terrain de jeu, construire encore et toujours le grise, c'est son moteur.
Et ce même à un âge très avancé (le livre "the richest man in town" insiste d'ailleurs bien sur ce trait de caractère, je conseille, un des Top 100 livres business à avoir dans sa bibliothèque).
D'ailleurs, avec une telle approche positive et conquérante de la vie, il reste forcément jeune dans sa tête très longtemps !
A l'inverse, vous avez déja remarqué à quel point les gens à caractère dépressif paraissent beaucoup plus âgés et usés que les autres ? Et par ailleurs quand on a pas/plus de projets, on se meure à petit feu...
Les VCs, en général, sont évidemment d'abord séduit par les "vrais", ceux qui ont une forte soif de conquête, débordant d'ambition, avec une big bold vision, voire même un peu megalo (ce n'est pas un défaut pour être entrepreneur). Adam Neumann de WeWork étant un exemple parfait, ayant amené Softbank à investir chez lui des milliards de $, puis à les perdre...
Le "faux" entrepreneur, c'est l'opportuniste qui s'est lancé juste parce qu'il y avait de la lumière et, croyait-il, de l'argent facile à se faire. Celui la repartira bien vite se mettre au chaud en cas de difficultés. Il ne tiendra jamais la distance. Etre entrepreneur c'est accepter intrinsèquement un certain stress permanent, mais celui-ci glisse sur vous comme si vous aviez une seconde peau, si bien que ce n'en est plus vraiment. Ou plutôt il est un moteur, voire une drogue, c'est a minima un stress choisi et pleinement accepté.
Mais être un "vrai" entrepreneur ne veut pas dire qu'on est un "bon" entrepreneur !
Le "Bon", c'est celui qui s'y prend bien question pilotage de son entreprise. Il allie rêve et réalité, vision et pragmatisme. Il écoute les signaux en provenance du marché, des clients, des collaborateurs, de "l'écosystème" de manière générale (terme à la mode qui m'apparaît intrinsèquement et fondamentalement pas du tout approprié pour le monde des affaires, pour des raisons très simples, j'y reviendrai un jour), il prend en compte la froide réalité des chiffres et des economics, ce pour prendre les bonnes décisions business.
Il est flexible car il est pragmatique, il a confiance, mais il n'a pas de certitude dogmatique ancrée, ce sont les réalités du terrain qui motiveront ses décisions, et il les prendra avec lucidité. Comme il avance et prend des décisions, il fait des erreurs, évidemment, mais il a le pragmatisme pour le reconnaître rapidement, rectifier alors, affiner son approche voire pivoter carrément.
Le bon n'a pas forcément toutes les qualités de manager, mais il sait quand il ne sait pas, ou il sait quand il n'est pas le meilleur, et il a le pragmatisme pour le reconnaître et alors s'entourer avec des top guns.
En ce moment, j'ai en permanence des discussions avec une cinquantaine d'entrepreneurs, nombreux évidemment du groupe Day One, mais aussi d'investissements personnels, ou certains autres que j'aide simplement parce qu'ils me le demandent et veulent un éclairage ponctuel sur une situation, et cette simple grille de lecture à double entrée "vrais" et "bons" est assez efficace...
A noter qu'il y a tout de même, sur la durée, une certaine corrélation entre ces 2 paramètres qui ne sont pas totalement et toujours 100% "discrets" (comme on dit en mathématique), mais c'est la ou un 3ième paramètre rentre en jeu, le temps et l'âge.
En effet, sur la durée, compliqué d'imaginer un "vrai" entrepreneur, toujours enthousiaste et positif, qui soit aussi "mauvais" sur le terrain en permanence. Sur la durée, il va aller d'échec en échec car il n'a pas compris que c'est son approche qui était défectueuse, et il finira fatalement pas s'user. On a des "serial losers", qui parce que ce sont des optimistes rebondissent sur de nouveaux business...pour se planter encore et toujours. J'en ai vu. Ils finissent souvent par se recaser en salariés, bien aigris...
Inversement, le "bon" qui s'y prend bien dans ses décisions, car il a un pragmatisme business rationnel, voyant qu'il réussira la plupart du temps ses entreprises, devrait mécaniquement gagner de la confiance et de l'optimisme au fil du temps.
Et la on revient encore à la sagesse de Warren Buffett, juste que je change le sujet :
"Time is the friend of the good businesses, and the enermy of the bad businesses".
Que j'adapte juste en :
"Le temps est l'ami des bons entrepreneurs, et l'ennemi des mauvais".
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