Pour Tesla, 2020 fut une excellente année, voire historique :
- Sur le plan industriel et commercial d'abord, avec environ 500,000 voiture produites et vendues vs 365.000 en 2019, soit une croissance de l'ordre de +40%, ce alors que la quasi totalité des constructeurs traditionnels ont vécu une année épouvantable du fait du notamment Covid (mais qui occulte aussi le mouvement de fond).
- Le cours de Bourse a fait du x7 environ, propulsant la société à plus de 600Mds$ de market cap, soit environ 20x le Chiffre d'Affaires. C'est d'ailleurs pas compliqué, Tesla vaut plus en Bourse que l'ensemble de tous les autres constructeurs réunis !
Sur le plan général, le marché de la voiture électrique a quasiment doublé en 2020 en Europe. Mais même avec ce doublement il ne représente que 4% du marché total, et le parc de véhicules électriques représente lui moins de 1% du parc total...
Factuellement, si on parle beaucoup de véhicules électriques, et si Tesla a beaucoup fait parler d'elle cette année, ça ne représente encore pas grand chose concrètement dans le paysage. On en est donc de facto qu'aux balbutiements de la transition vers la voiture électrique
Mais je vois poindre d'ici 3 à 4 ans un point d'inflexion majeur et une puissante accélération, et ce sera mécanique.
Je me faisais d'abord les réflexions suivantes :
- Une voiture, c'est tout de même un sacré investissement. De l'ordre de 20-25K€ sans doute en médiane pour un véhicule neuf, et encore toujours moitié moins pour un véhicule d'occasion.
- Quand il y a un risque de forte dépréciation de son investissement, on réfléchit à 2 fois avant de le faire, ou on ne le fait pas ! Et en matière de voiture, la valeur de revente est un paramètre clé.
A partir d'un certain moment, on peut imaginer que le public, palpant visuellement dans les rues et sur les routes la montée de la voiture électrique, par sa simple présence physique, va alors rationnellement imaginer que sa voiture à moteur thermique aura de plus en plus de mal à trouver un acheteur dans 3, 4 ou 5 ans, ou alors à un prix très bas.
Il pensera alors peut-être à la revendre avant qu'il ne soit trop tard, et pour le moins sa prochaine voiture ne sera pas thermique. Qui, en 2024 par exemple, va en effet vouloir acheter une belle voiture à 30K€, s'il extrapole qu'elle ne vaudra plus que 10K€ 3 ans plus tard car le marché aura totalement changé et que très peu de personnes ne voudront un véhicule thermique en 2027 ou 2028 ! Qui veut investir dans un actif dont la valeur résiduelle sera très faible voire nulle 3 ou 4 ans plus tard parce que le marché aura changé ? A moins d'être un très gros rouleur et de pouvoir amortir en 3 ou 4 ans (ie taxi, VTC, etc), ce n'est clairement pas un comportement rationnel.
On peut donc assez facilement conclure qu'à partir d'un certain moment on devrait avoir un vrai basculement du marché et une accélération très rapide du déclin du thermique.
Quand pourrait être ce point d'inflexion ?
A mon sens, ça devrait commencer à frémir quand la voiture électrique représentera environ 5% du parc total de véhicules, et ça bougera très fortement à partir de 10%.
Comme on a aujourd'hui environ 30M de véhicules particuliers qui roulent vraiment sur nos routes en France, il faudrait donc 1,5M de véhicules électriques pour déclencher cette prise de conscience psychologique.
On va vendre cette année environ 110,000 voitures électriques en France (hors hybrides rechargeables), en croissance de x2,5 sur 2019, et le parc roulant de véhicules électriques devrait finir en 2020 aux environs des 250.000 chez nous.
Si je prends ensuite les hypothèses de marché suivantes :
2021 : 200.000 VE vendus, x2 sur 2020
2022 : 400.000 VE vendus, x2 sur 2021
2023 : 600.000 VE vendus, +50% sur 2022
Cela donnerait un parc de VE de :
2021 : 450.000, soit 1,5% du parc total
2022 : 850.000, soit 2,8% du parc total
2023 : 1450.000, soit 4,8% du parc total
Avec la règle des 5% de taux de parc pour que psychologiquement la prise de conscience se fasse vraiment, on arriverait alors à la conclusion que le tipping point serait début 2024...
Peut-être que mes hypothèses de ventes de VE sont un peu agressives, mais en tout état de cause je pense que le tipping point sera bien en 2024 ou 2025...
3 à 4 ans, c'est aussi le temps qu'il faut pour descendre le prix des batteries (et donc des voitures), ainsi que fortement améliorer les infrastructures de recharge.
Les constructeurs ont donc encore 3 ou 4 ans pour se préparer à la grande disruption. Mais quelque part, c'est très peu...
Par ailleurs, la voiture de demain sera pour une bonne part un ordinateur connecté sur roues avant tout, et il est donc évident que les géants de la tech ont une avance considérable en la matière, non rattrapable je pense, et d'autant moins avec les moyens relativement limités dont disposent les constructeurs automobiles actuellement. Ceux-ci n'auront d'ailleurs pas d'autre choix que de nouer des alliances avec les géants de la tech, incluant des sociétés comme NVidia ou Baidu (avec qui Geely a d'ailleurs fait un JV pour produire de voitures électriques).
Sachant qu'en plus le véhicule électrique engendre un tout autre modèle économique pour l'écosystème (les révisions sont bien plus simples), je ne les vois pas trop scier avec encore plus d'ardeur la branche sur laquelle ils sont actuellement assis. Les pure players de l'électrique, Tesla en tête, n'ont eux pas à gérer l'existant.
Certes les géants de la tech ne savent pas produire des voitures, mais je pense ça ne devrait pas être un problème !
Pourquoi ?
Car j'extrapole que parmi les grands constructeurs certains vont disparaitre ou verront comme seule échappatoire à la mort de se "foxconniser", à savoir qu'ils se mueront en sous-traitant de production...La valeur ajoutée sera captée en amont, tout comme dans le modèle iPhone Apple capte l'essentiel de la valeur, laissant à Foxconn les miettes.
Dans ce contexte, et pour revenir à Tesla, je ne serais pas étonné qu'ils arrivent avant la fin de la décennie à produire et vendre plus de 10M de véhicules par an, réaliser 400Mds$+ de CA...et ainsi amplement justifier la valorisation actuelle de 600Mds$.
Même si celle-ci, à cet instant t, m'apparait tout de même en "avance de phase".
Maintenant, d'une part Elon Musk a prouvé qu'il était plus que dangereux de parier à la baisse contre lui, et d'autre part je pense que Tesla c'est un peu l'Amazon de l'électrique, à savoir que leur maitrise du sujet, incluant leur maitrise du software, des batteries et des infrastructures de recharge, pourrait leur permettre de réussir dans un certain nombre d'autres marchés (camion, habitation, etc) et ainsi considérablement élargir leur marché adressable et le potentiel...
Quant à Apple, je reste persuadé qu'ils arriveront bien dans le secteur automobile d'ici à 2024 ou 2025, mais rien ne presse, d'une part c'est un projet lourd et complexe, et d'autre part le marché n'est de toute façon pas encore prêt.
Je vois deux manques à ton argumentaire :
- 1 : Tesla n'est pas qu'un constructeur automobile. Sa maîtrise de l'IT en général, de la FSD en particulier + la mise en place d'un éco-système complet autour de l'énergie et des transport la place bien au dessus des constructeurs classiques.
D'où la différence de valorisation.
- 2 : Nous entrons dans une ère de l'usage. On loue notre voiture plutôt que l'acheter (LLD / LOA), ce qui va changer la donne => plus de revente nécessaire.
Posted by: Stéphaen Jambu | December 15, 2020 at 01:21 PM
Excellente analyse comme d'habitude :)
Un aspect (niche) de cette transition, réside peut-être dans le rétro-fit de véhicules thermiques. La valeur résiduelle de celle-ci étant amenée à chuter, quid de l'impact d'un retro-fit de véhicule dont la valeur actuelle est potentiellement de 0 mais qui pourraient être adaptée au marché de l'électrique...!
Posted by: Antoine Grillon | December 15, 2020 at 01:28 PM
Hello Stéphane, pour le 1er point, si si, c'est ce que je mets quelque part en disant que leur maitrise de l'électrique et du logiciel leur permet d'aller sur d'autres marchés !
Concernant le 2ieme point, oui on entre dans une ère d'usage, c'est un facteur qui va atténuer, mais d'une part il y a tout de même encore 7M de ventes de véhicules par an (2M neuf, 5M occasion), et d'autre part, quand bien même la décôte serait portée par autrui, elle existe bien...
Posted by: Michel de Guilhermier | December 15, 2020 at 01:46 PM
Merci Antoine, le retrofit est en effet une solution, mais je pense que ça devrait rester une niche tout de même
Posted by: Michel de Guilhermier | December 15, 2020 at 02:10 PM
Je n'y crois personnellement pas du tout au véhicule électrique pour plusieurs raisons :
- La pénurie de métaux rares nécessaires à la fabrication des batteries explique le coût élevé des véhicules électriques comparativement aux véhicules thermiques, alors que cette pénurie de métaux est exponentielle.
- Un véhicule électrique consomme plus d'essence qu'un véhicule à essence, car pour produire de l'électricité il faut des centrales thermiques. Aussi le véhicule électrique est promu par la filière nucléaire, notamment en France, le véhicule électrique tout comme le chauffage électrique des bâtiments étant la seule porte de sortie pour justifier la construction de nouvelles centrales atomiques, avec un habillage écolo par dessus.
Donc, il y a des déperditions lorsqu'on transforme du pétrole ou du gaz dans une centrale électrique pour produire de l'électricité, ce qui fait qu'un véhicule électrique consomme plus d'essence qu'un véhicule à essence.
- Les véhicules hybrides consomment plus de carburant en cycle urbain que les véhicules à essence, à cause du poids des batteries. Le véhicule hybride n'est rentable que pour un usage autoroutier. Produire des citadines hybrides est donc un non sens économique et les clients finiront par le comprendre, à moins que le politique ne veuille encore y mettre son grain de sel.
- Un véhicule électrique peut rouler 1 million de kilomètres sans panne. Il n'y a donc plus de repeat business dans ce domaine et tout l'après-vente des garages auto serait condamné, ce qui n'est pas l'intérêt des constructeurs.
En un mot, tout cela c'est de la politique et de l'idéologie écolo au service du nucléaire.
Après Chernobyl et Fukushima..
Posted by: Alexandre | December 15, 2020 at 02:11 PM
Alors Alexandre, reprenons point par point :
- La pénurie de métaux rares nécessaires à la fabrication des batteries explique le coût élevé des véhicules électriques comparativement aux véhicules thermiques, alors que cette pénurie de métaux est exponentielle.
==> 1) le coût des batteries diminue de 15% par an à iso puissance. Certes c'est pas la loi de moore, mais ce n'est clairement pas le signe d'une pénurie exponentielle 2) Les recherches se portent sur des batteries utilisant des métaux moins rares (et moins dépendant de la Chine)
- Un véhicule électrique consomme plus d'essence qu'un véhicule à essence, car pour produire de l'électricité il faut des centrales thermiques. Aussi le véhicule électrique est promu par la filière nucléaire, notamment en France, le véhicule électrique tout comme le chauffage électrique des bâtiments étant la seule porte de sortie pour justifier la construction de nouvelles centrales atomiques, avec un habillage écolo par dessus.
Donc, il y a des déperditions lorsqu'on transforme du pétrole ou du gaz dans une centrale électrique pour produire de l'électricité, ce qui fait qu'un véhicule électrique consomme plus d'essence qu'un véhicule à essence.
==> J'aimerais bien savoir où vous avez lu cela !
- Les véhicules hybrides consomment plus de carburant en cycle urbain que les véhicules à essence, à cause du poids des batteries.
==> Non, un hybride consomme plus sur route autoroute, du fait en effet du poids, mais pas en ville où ils sont en électrique. Par ailleurs, j'évoque dans le post les VE, pas les véhicules hybrides.
Le véhicule hybride n'est rentable que pour un usage autoroutier.
==> Re non, regardez encore les chiffres de consommation, c'est le contraire.
Produire des citadines hybrides est donc un non sens économique et les clients finiront par le comprendre, à moins que le politique ne veuille encore y mettre son grain de sel.
==> Oui, il vaut mieux du 100% électrique en ville
- Un véhicule électrique peut rouler 1 million de kilomètres sans panne. Il n'y a donc plus de repeat business dans ce domaine et tout l'après-vente des garages auto serait condamné, ce qui n'est pas l'intérêt des constructeurs.
==> Oui, on est bien d'accord, mais j'expose justement que les constructeurs traditionnels, du fait de leur "legacy" vont avoir de gros problèmes face à tous les nouveaux qui eux n'ont pas à gérer et composer avec l'existant .
En un mot, tout cela c'est de la politique et de l'idéologie écolo au service du nucléaire.
Après Chernobyl et Fukushima..
==> je ne suis pas spécialement ecolo, juste pragmatique !
Posted by: Michel de Guilhermier | December 15, 2020 at 02:38 PM
Bonjour Michel,
J’ai sauté sur le lien quand j’ai vu sur Twitter qu’il y avait un nouvel article sur mon sujet préféré ;)
Toujours une très belle analyse, que je partage sans réserve !
Où plutôt si : les constructeurs traditionnels ont des chaînes de production importantes certes, mais bien différentes de celles de Tesla ou de tous constructeurs de véhicules 100% électrique qui se respecte ! Aussi, je les vois plutôt disparaître (pour partie) plutôt que de se foxconiser : leur outil de production « à l’ancienne » intéressera t il un Apple ? Rien n’est moins sûr ... Tesla en revanche investi lourdement dans ses gigafactory et elon musk l’a dit : tout le monde parviendra à fabriquer des véhicules électriques et autonomes à terme, celui qui gagnera la partie sera celui qui produira le mieux : la machine qui produit la machine selon ses dires.
Donc si Apple cherche un bon outil de production électrique, je ne serai pas surpris qu’ils choisissent Tesla (si ces derniers parviennent à produire suffisamment pour les besoins forcément colossaux de la Pomme), tesla ayant toujours dit qu’ils sont ouverts à tous types de partenariats ... la question serait plutôt de savoir si Apple aurait l’envie de confier cette production à une entreprise si jeune finalement ?
Reste la question des points de charge pour laquelle je ne parviens toujours pas à entrevoir qui raflera la mise : qui va les développer ? Les constructeurs traditionnels me semblent déjà out (a voir ce que peut proposer ionity ?), les producteurs d’énergie type EDF ? Réseau made by Apple (bonne probabilité, ils ont les moyens et comme tesla ça serait un énorme avantage concurrentiel), reste total qui a de grosses ambitions et pourrait faire le job ? A moins que la surprise ne vienne d’un autre acteur, pure player encore inconnu ?
Je trouve ça passionnant de voir qu’un marché aussi immense et essentiel qu’est l’automobile (le transport en général) soit disrupté dans les années à venir, toutes les cartes vont être redistribuées, et je partage, je pense que les Big Tech et Tesla prendront une énorme part de gâteau !
Merci pour vos analyses, les échanges avec vous doivent être passionnants !
Posted by: Benjamin | December 15, 2020 at 10:07 PM
Food for mind : Tesla Model 3 retains almost 90% of its value over 3 years, study shows
https://electrek.co/2020/07/16/tesla-model-3-retains-90-percent-value-3-years-study/
Posted by: Louis van Proosdij | December 16, 2020 at 12:17 AM
"Qui, en 2024 par exemple, va en effet vouloir acheter une belle voiture à 30K€, s'il extrapole qu'elle ne vaudra plus que 10K€ 3 ans plus tard car le marché aura totalement changé et que très peu de personnes ne voudront un véhicule thermique en 2027 ou 2028 !"
En France, environ 50% des véhicules viennent du B2B (src: https://pro.largus.fr/actualites/marche-auto-le-canal-des-particuliers-souffre-les-societes-au-top-10206393.html).
Avec un amortissement sur 4-5 ans, ou avec une location longue durée, la prise de risque est très faible => compte tenu des contraintes actuelles qui pèsent sur l'électrique, le thermique l'emporte.
## Quelques chiffres pour alimenter le débat
# Infrastructure
- Nous sommes au 1/3 du nombre de points de recharge *publics* prévu il y a 8-9 ans.
"Selon l’Avere (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique), on compte 29 800 points de recharge publics en France (en hausse de 13 % en un an)."
(src: 2011: https://www.actu-environnement.com/ae/news/livre-vert-recharges-voitures-electriques-collectivites-louis-negre-12454.php4
2020: https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2020/09/17/recharge-des-vehicules-electriques-l-enjeu-des-7-millions-de-bornes_6052620_4497319.html )
- Bornes privées
On parle de 200K privées + public
En sachant qu'il y a ~30K de public, on compte probablement environ 170K bornes privées. (src: lien le monde ci-dessus)
# Prix
- Prix de la recharge
"il existe un vrai manque de cohérence dans la politique de prix des réseaux. Résultat, pour une Renault Zoe équipée d’une batterie de 52 kWh qui aura été rechargée de 10 à 80 %, le coût peut varier de 12… à 28 euros. A tel point que dans certains cas, le prix de revient au kilomètre peut être supérieur à un véhicule essence ou diesel." (src: lemonde ci-dessus)
C'était l'argument non sociétal clé.
En sachant que la demande d'électricité sera croissante, et que l'offre d'électricité "garantie" va très probablement se raréfier à court-moyen termes (ou sera hyper taxée car utilisation d'énergie fossile quand les retenues d'eau ne peuvent plus suivre), il est très probable que le prix de l'électricité augmente.
En //, le prix des énergies fossiles augmenteront probablement moins vite (offre toujours très très élevée pour les X prochaines décennies)
=> Le facteur consommation au km ne jouera plus.
- Décote
Avec une fonction d'utilité décroissante liée à la perte de capacité de la batterie, la décote globale du véhicule électrique sera probablement élevée.
- Entretien
Il restera toujours des entretiens: freins, disques, suspensions, amortisseurs, optiques à 3000€ etc etc; le bloc moteur & la boite sont rarement le maillon faible, même > 300 000km).
Par ailleurs, + d'électronique = + d'expertise de pointe = prix + élevé ET plus forte dépendance / réseau constructeur.
Bref, en raisonnant à l'échelle de la France, il reste encore un peu de chemin avant d'arriver aux 1450.000 de VE en 2023 ;)
Posted by: Quentin | December 16, 2020 at 07:28 AM
@Louis, et oui, la décote d'un véhicule électrique est forcément moins forte.
@Benjamin, oui, l'infrastructure de recharge est bien actuellement le point (très) faible. Il va falloir décupler la capacité dans les 5 ans...
@Quentin :
Merci des inputs, mais je trouve pas mal de tes arguments contournables :
1) Les flottes d'entreprise passent de plus en plus à l'électrique quand il s'agit de déplacement urbain.
2) Décote : non, elle sera intrinsèquement moindre qu'un véhicule thermique.
3) Entretien : l'électronique suit la loi de Moore.
4) Prix : à voir le total cost of ownership : une voiture se dépréciant moins, entretien moins couteux, etc. Par ailleurs, au dela du prix il y a de plus en plus la conscience écologique et de l'environnement. S'il faut un fine (très éventuellement) un peu payer plus cher pour plus respecter la planète...
4 bis) Prix de l'électricité : ça c'est un grand débat, l'électricité c'est je pense comme le contenu Internet, ça peut être produit et distribué partout de façon individuelle. On va avoir une très très grosse révolution la dessus. Ca ne devrait pas militer par faire monter les prix. On sera je pense loin de la situation actuelle avec production sur quelques lieux + gros réseau de distribution lourd et couteux (aussi bien pour l'électricité que les énergies fossiles). La révolution de l'énergie va driver la révolution automobile.
5) Infrastructure : cf plus haut, oui on est très en retard et c'est bien aujourd'hui un problème majeur, mais il me semble parfaitement solutionnable.
Posted by: Michel de Guilhermier | December 16, 2020 at 08:04 AM
@Michel:
1) essentiellement fonction de l'infrastructure disponible. cf lenteurs du développement du réseau de bornes depuis 10 ans pour se faire une idée de ce que sera la prochaine décennie.
2) durée de vie d'une batterie, données constructeurs: 8 à 10 ans. (ensuite 70% de capacité de charge, et probablement 50% en tentant compte des recommandations pour ne pas abimer la batterie par sur-charge et trop forte décharge)
4) Ok, l'entretien est probablement moins couteux.
Pas certain que la conscience écolo l'emporte face aux contraintes.
Egalement, électrique ne veut pas dire écolo pour ceux qui pourraient avoir une conscience écolo (production nucléaire & fossile).
En Allemagne, avec un cout du kilowatt X2 / France, il faut avoir de fortes convictions...(et il ne faut pas regarder l'orgine de l'électricité...).
4 bis) si l'on raisonne toujours à échéance 2023, rien de révolutionnaire d'annoncé ;)
Sauf enjeux économiques importants, la révolution prendra beaucoup beaucoup de temps.
Et si cette révolution énergétique doit driver la révolution automobile, ça commence à faire beaucoup de "si" imbriqués pour faire des projections ;)
5) Le problème d'infra est solutionnable, oui. Mais par qui, quand, à quel prix, avec quelles prises, quelle puissance, quel réseau derrière etc pour que cela permette une révolution de la demande de véhicule électrique ?
Il n'y avait pas de solution en 2010.
Il n'y en a pas eu au cours des 10 dernières années.
Le prochain président ne sera probablement pas (ré)élu à l'aide d'un programme basé sur un investissement massif dans les bornes pour véhicules életriques.
Ce n'est une priorité que pour une poignée de personnes... malheureusement.
##
Du vécu récemment et qui me fait douter quant au potentiel de l'électrique (tout au moins comme véhicule familial):
Un trajet qui devait se faire en moins de 4h et qui dure en fait plus de 6h et une bonne centaine de KM en plus, à cause d'une autoroute fermée à la dernière minute à cause d'une tempête.
Il fait un froid de canard (tempête...) et le chauffage de la voiture tourne non-stop (conso de watt élevée...).
Un enfant de - de 3 ans à nourrir.
Batteries de tel quasi-vides, des petites routes bloquées par la neige.
Pas de Airbnb (quasi lockdown & hors saison).
C'est évidemment un cas à la marge, mais pourtant bien réel.
Quid de tout cela avec un véhicule électrique ?
=> Stress X2 ou X3.
Bref, je me suis habitué à un certain confort, et sauf à me voir offrir une compensation significative, il est très peu probable que je downgrade. Force est de constater que je ne suis pas le seul: malgrè toutes les aides de l'Etat, la mayonnaise ne prend (quasiment) pas.
Posted by: Quentin | December 16, 2020 at 02:12 PM
Hello Quentin,
Passionnant tout cela...
Construire un nouveau futur n'est jamais simple, et en effet il reste beaucoup d'inconnues. On parle plus de convictions ici que de certitudes absolues en fait.
Peut-être que tu as raison, peut-être que les freins actuels vont subsister, que le problème de la recharge ne sera jamais vraiment solutionné, mais qq chose en moi me dit que tout ça va évoluer dans le bon sens et qu'on apportera progressivement des réponses à tous tes points.
Il est clair que si on troque le thermique pour avoir moins de convénience et plus de stress, ça marchera pas. Je n'ai pas encore de voiture électrique pour cette raison (+ le prix très élevé).
Je me tape 20x par an des trajets Paris-Valmorel non stop en 5h30-6h environ avec ma vaillante DS Mazout qui peut faire 900km d'une seule trotte (impossible avec un moteur essence), et je n'ai aussi aucune envie de les faire en 9-10h avec 2 ou 3 arrêts de recharge pendant 45'...
Quand je me tape Paris-Valmo ou Valmo-Paris, c'est 1 arrêt pipi de 10' (voire 2 quand je suis avec la famille, les filles...), et ça doit être tout. Sauf pour mettre les chaines en hiver !
Posted by: Michel de Guilhermier | December 17, 2020 at 10:00 AM
Voilà une analyse intéressante, qui provoque un débat passionnant que je n'avait jamais vu encore sur ce blog. Tant mieux!
Je rejoins et je m'apprêtais à faire des remarque similaires à celles de Quentin, en moins exhaustif. Je reprend les points du dernier commentaire:
1/ces dernières années, systématiquement, les objectifs de point de recharge électrique ne se sont jamais réalisés. La "construction administrative" du réseau électrique Français est très efficace en cas de tempête, mais plutôt lente et couteuse pour les raccordements classiques, en milieu rural (c'est dans ce milieu que je vis...en milieu urbain, aucune idée, l'initiative privée pourrais prendre une place si on lui laisse une liberté "administrative" je suppose, paperasse quand tu nous tiens...)
2/les innovations batterie et la recherche sont extrêmement féconds, y compris du coté de l'efficacité photovoltaïque, cependant, les ruptures tech à coût "scalable" nécessaires à la révolution batterie: -autonomie longue + recharge rapide + dégradation faible de la capacité sur la durée + matériaux abondants et bon marché- devraient arriver vers 2030.
3/ l'entretien: l'électrique devrait effectivement couter nettement moins cher malgré les compétences nécessaires, l'informatique simplifiant la tache.
4/L'énergie électrique à bas cout: je n'y crois pas, et même pas du tout. Sauf a considérer le cout relativement à l'énergie fossile qui augmenterais considérablement, ce qui est probable. Je suis moi même producteur d'électricité photovoltaïque, et à la fin de mon contrat de rachat, vendre au prix de marché d'aujourd'hui ne me permettra pas de m'y retrouver, sauf augmentation significative d'ici là, et malgré une installation amortie!
A/ En France, nous sommes un des pays les moins cher d'Europe (source statista: https://fr.statista.com/infographie/11825/comparaison-cout-electricite-en-europe/
B/ Il n'y a qu'a regarder la folie d'une facture d'électricité pour comprendre qu'en cas de baisse éventuelle du prix du kW, la facture augmentera: taxes acheminement etc...ça ressemble à une fiche de paie d'il y a 10 ans)
C/depuis 2005 les tarifs réglementé ont toujours augmenté sauf en 2016.
D/ il y a un vrai problème dans la Gouvernance du nucléaire Français: -Inkley Point, Areva- Cela pèsera sur les tarifs, de mémoire 70 à 75% de l'élec Française est nucléaire. Pour ce qui est du renouvelable "raisonnable", (peut soutenu et peu intermittent: l'hydraulique, son potentiel n'est plus extensible et la création de nouveau barrages/retenues est ou sera "zadisée."
5/rien a rajouter.
Quant au vécu de Quentin, je n'ai pas de voiture électrique bien que j'aimerai rouler en Tesla, cependant, les expériences qui m'entoure ressemble beaucoup a celle décrite.
Coté "aide de l'état", je me demande jusqu'où va durer le "Quoi qu'il en coute". Le Covid a ouvert les vannes du Keynésianisme comme jamais, je suis curieux de voir comment le mur de l'endettement et des Gilets jaune sera géré....
Posted by: francois | December 17, 2020 at 10:31 AM
Personne n évoque le paramètre règlementaire et les nombreuses régions du monde et surtout villes ayant annoncés une date d interdiction d usage et de vente des voitures thermiques
Face à cette date butoir, les comportements d achat sont à anticiper, d une décennie ?
Dans ce contexte, dans une optique purement investissement, je me dis que des voitures thermiques de collection offrant un réel « confort » de conduite traditionnel, verraient leur côte exploser: rarefaction, prestige, historique, différent...
Autant un Apple II a une côte mais est peu exploitable, autant un cabriolet MG, tant que de l essence sera en vente, offrira un plaisir à son conducteur
Posted by: Matth | December 17, 2020 at 10:21 PM
Hello,
Il me semble avoir lu dans Les Echo dans un article relatif aux "eco" comportements que le point d'inflexion vers le "mass market" était effectivement de 10%. Donc ton analyse me parait plutot bien fondée :)
Débat intéressant sur l'intérêt, les contraintes et les énormes progrès qu'il reste à faire sur l'électrique. Pour ma part je pense que la règlementation à venir (européenne notamment) fera de toute façon disparaitre les moteurs thermiques à moyen terme. Partant de ce postulat, l'électrique ou toutes autres technologies ont un gouffre abyssale devant elle qu'il ne reste qu'à combler. Le travail ne fait que commencer.
Posted by: Benjamin | December 20, 2020 at 03:02 PM