Bloomberg vient de publier un article dont il a l'habitude, prenant des faits isolés en provenance de la supply chain asiatique d'Apple pour extrapoler à la va vite que la demande en iPhone serait moins importante que prévue. Ce sont d'ailleurs les mêmes journalistes - Debby Wu et Takashi Mochizuki - qui avaient pondu un article similaire en décembre 2021...et qui s'étaient royalement plantés.
La réalité est simple, la supply chain d'Apple est si vaste et complexe qu'il est impossible pour quiconque de l'extérieur d'en tirer des conclusions certaines à partir d'infos isolées, forcément très partielles.
Suite à l'article Bloomberg, Apple dévissait hier en pré market de près de 4%..mais pour finir sur une baisse limitée d'un peu plus de 1% seulement (dans un marché en forte hausse cependant).
A noter cependant que malgré la baisse hier d'Apple dans un marché en bonne hausse, Cupertino (mais aussi Tesla, mon autre favorite) surperforme largement le marché depuis le début de l'année...
Ce qui est cependant intriguant, c'est de constater à quel point Bloomberg met régulièrement en avant que ses articles affectent les cours. Hum, hum...
Par exemple, en juillet dernier, le chroniqueur maison Mark Gurman (spécialisé Apple) écrivait : "Apple shares fell 2.1% to $147.07 after Bloomberg reported on the [hiring] slowdown, marking the biggest one-day decline in almost three weeks.”
Et dans l'article d'hier, on pouvait aussi lire : “Apple shares fell 3.9% in New York Wednesday morning to $145.90. The shares are down 18% this year, compared with a 23% drop in the S&P 500 Index…"
Un pas serait peut-être vite franchi en posant que Bloomberg cherche à se positionner comme une source d'information essentielle pour "trader", et ainsi vendre ses abonnements...
Enfin, que le cours de bourse d'une action, et d'Apple en particulier évidemment pour moi, soit régulièrement agité de soubresauts causés par des articles peu rigoureux ni respectueux de la réalité, voire carrément biaisés et tendancieux, est inévitable et inéluctable, mais en même temps ce ne sont pas ces articles qui font la trajectoire sur le long terme. C'est la réalité du business et le cash flow concrètement dégagé, donc les fondamentaux, les economics, les avantages concurrentiels pérennes, les dynamiques de marché, etc !
Le court terme, on ne peut pas le prévoir, et il ne faut surtout pas mettre de l'énergie pour le prévoir non plus. Le seul exercice qu'il vaille la peine de faire, c'est de se plonger à fond dans les fondamentaux. C'est non seulement bien plus passionnant et gratifiant intellectuellement, mais ma conviction est que c'est également largement plus rémunérateur sur la durée ! L'énorme pari long terme de Warren Buffett sur Apple (30Mds$ de misés, son plus gros coup), qui représente aujourd'hui plus de 40% de son portefeuille Boursier, lui a rapporté 100Mds$, soit sur ce seul gain 17% environ de la market cap totale de Berkshire Hathaway, un holding d'investissement de 60 ans...
Par ailleurs, en étant ironique, mais aussi très pragmatique, on peut très bien profiter de ces soubresauts court terme irrationnels en faisant sien cette position du génial Carl Icahn : "some people get rich studying artificial intelligence. Me, I make money studying natural stupidity" !
Pour revenir sur les fondamentaux, je profite donc de cette chronique sur Bloomberg pour reposer pourquoi Apple ne peut que se renforcer et croitre dans le futur, avec en résultante une action qui doit (fortement) monter ?
Posé de façon simple :
Parce qu’il y a de plus en plus de users dans l’écosystème Apple (qui généralement arrivent par l’iPhone, entre 40 et 50M de plus par an), achetant de plus en plus de devices et de services Apple (parce que la gamme s’étend, parce qu’elle est de grande qualité, et parce qu’il y a une belle homogénéité entre appareils), devenant ainsi de plus en plus loyaux et fidèles, avec des marges qui s’améliorent (effet volume, économies d’échelle, mix hardware/services), et le tout avec un nombre d’actions qui se réduit car Apple dégage un énorme free cash flow (120Mds$+/an) lui permettant de se racheter des actions à hauteur de 80Mds$/an.
Et pour ceux qui pensent que la valorisation d’Apple doit chuter arguant (de façon plus que simpliste) que son P/E est largement supérieur à sa moyenne historique sur 10 ans, on ne peut que répondre que le Apple de 2022 n’a rien à voir avec le Apple de 2012 : la base installée et le puissant écosystème d’aujourd’hui, qui induisent notamment une belle récurrence d’achat (ie du gros milliard d’iPhone users résulte 250M d’upgrade d’iPhone par an), justifie évidemment un multiple de valorisation bien plus important qu’il y a 10 ans où Apple n’avait ni cette taille, ni cet écosystème, ni fait la preuve qu’il arriverait à maintenir son pricing bien plus élevé que la concurrence, ni développé une gamme de service dégageant aujourd’hui 100Mds$ de CA avec 70% de marge…
Qu’il y ait une crise économique, voire une récession, qui impacte ponctuellement la demande en devices Apple et pèse sur les financials, c’est très possible, mais ce ne serait alors en majorité qu’un report sur les années suivantes car les devices Apple sont des outils essentiels du quotidien, quasi indispensables. Ce qui n’est pas acheté à un certain point dans le temps le serait plus que probablement plus tard.
Je n'ai aucune idée de l'évolution du cours d'Apple dans les jours, les semaines et les mois à venir, quoiqu'on puisse raisonnablement estimer que la probabilité de récession devrait peser sur sur le cours, mais je n'ai aucun doute sur sa trajectoire long terme !
Malgré les nombreux vents de face actuellement et le ralentissement économique pouvant déboucher sur une vraie récession, aucune raison à ce stade de changer d'un iota mes perspectives 2030, avec un Apple réalisant autour de 1000-1200Mds$ de CA, et un cours de Bourse ayant au minimum quadruplé...
Ce qu'il y a certainement de plus pertinent aujourd'hui, avec les marchés ayant dévissé de plus de 20% depuis le début de l'année, c'est juste de prendre du recul, de s'efforcer de maîtriser ses émotions et de rester froid et lucide, confiant dans les perspectives long terme, en laissant juste du temps au temps.
Parfois, la création de valeur provient du fait d'aller à la plage et de ne rien faire (sur les marchés s'entend) (Warren Buffett). Ou à la montagne (comme moi actuellement, cf photos ci-dessous).
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