J'adore, le jour même où je fais mon 1er post approfondi sur Tesla et son potentiel long terme, étayant pourquoi je suis bullish sur les 10 ans à venir, ils annoncent les chiffres de leurs livraisons trimestrielles Q3...qui déçoivent les marchés...faisant ainsi lourdement chuter le titre, pas loin de -9% hier quand même !
Joli pied de nez, qui rappelle au passage que personne ne peut prévoir le court terme !
Mais en même temps, vue positive des choses, on pourrait extrapoler que le marché vous faisait un clin d'oeil en vous disant "tenez, je vous offre aujourd'hui un meilleur prix d'achat pour arriver sur Tesla" !
A noter cependant que le cours de Tesla, à 242$ hier, reste encore très significativement au dessus de ses plus bas de juin dernier (215$) alors que le marché lui les a récemment enfoncés, de même que Google, Facebook et Microsoft. Apple restant lui également au dessus ($138 vs $130). Voir le post du 1er octobre.
Elon Musk a annoncé qu'au Q3 Tesla a produit 366.000 véhicules (20.000 model S/X et 343.000 model 3/Y), mais n'en a livré que 343.000, alors que le marché attendait 365.000, soit un miss de 6% environ et 22.000 véhicules.
Explication officielle :
Historically, our delivery volumes have skewed towards the end of each quarter due to regional batch building of cars. As our production volumes continue to grow, it is becoming increasingly challenging to secure vehicle transportation capacity and at a reasonable cost during these peak logistics weeks. In Q3, we began transitioning to a more even regional mix of vehicle builds each week, which led to an increase in cars in transit at the end of the quarter. These cars have been ordered and will be delivered to customers upon arrival at their destination.”
Ce que dit Elon, c'est que la production étant devenue plus diversifiée géographiquement (Fremont, Texas, Berlin, Shanghai), les inefficiences pour transporter les voitures depuis l'usine jusqu'aux consommateurs s'accroissent, expliquant alors, en théorie, le gap de 22.000.
La magnitude du miss est cependant assez inusuelle pour Tesla, qui avait l'habitude de reporter plus de deliveries que de production. En même temps, l'analyse fondamentale d'une société ne doit pas reposer sur un trimestre même si des éléments de celui-ci doivent être pris en compte pour comprendre s'il y a des changements de fond. Le plus pertinent est de regarder les volumes sur 12 mois glissants :
Franchement, à la vue de cette jolie courbe, on aurait du mal à y voir des motifs d'inquiétude !
De même que le taux de croissance des deliveries, en 12 mois glissants, est en baisse mais reste très élevé à +50%, même si c'est le 3ième trimestre de baisse de la croissance :
Il y a 3 mois, il était compliqué d'interpréter les chiffres de Tesla et d'évaluer la demande en raison des confinements en Chine. Aujourd'hui, interpréter les choses à partir du ralentissement des livraisons me parait tout aussi téméraire.
Par ailleurs, comme le montre le graphique ce-dessus, les comparaisons actuelles se font sur les fortes croissances au Q2 et Q3 2021, donc c'est mécaniquement plus compliqué.
Mon analyse est donc qu'à ce stade, il n'y a pas tout simplement pas d'élément matériel tendant à indiquer que la demande faiblit pour les voitures Tesla. A surveiller bien sûr dans le futur.
Par contre, les marchés sont actuellement très nerveux, et tout comme une personne un peu dépressive voit systématiquement les choses en noir, Mr Market tend aujourd'hui à interpréter de façon négative les choses, les "bear" l'emportent. Je l'observe aussi sur Apple.
La Bourse est comme ça, ça va et ça vient, entre l'euphorie et la déprime...Mr Market n’est pas un animal à sang froid. Aujourd’hui, il n’a clairement pas le moral, mais franchement on peut aussi comprendre pourquoi ! Inflation, taux d’intérêt, endettement, problèmes géo politiques, montée des extrêmes, ouch…
Savoir rester froid, analytique et long terme est alors forcément un "edge" et une attitude gagnante ! Ce qui aide à ça, c’est de prendre du recul, d’une façon ou d’une autre. Warren Buffett a bien insisté sur le fait qu’être loin de Wall Street était un avantage (Omaha dans le Nebraska, au cœur des US, qui n’est pas non plus un trou totalement paumé, reste une petite ville à l’échelle américaines avec ses 400.000 habitants seulement je crois).
A court terme je n’ai aucune idée de quand Mr Market aura pris son Prozac et sera dans de meilleures dispositions. Par contre, ce qu’on peut dire c’est que d'une part l’automne est rarement propice à ça, d'autre part le contexte macro ne va pas non plus y aider, avec un nombre assez important de headwinds, qui incitent plus à la prudence qu'à la prise de risques !
Question à 100€ : la rationalité du management de l'entreprise joue t'elle dans la valorisation boursière de celle-ci ?
Exemple 1 : Apple - un management rationnel
Exemple 2 : Tesla - un CEO ultra exposé et irrationnel
J'ai l'impression que dans l'exemple 2, la personnalité du dirigeant est de nature à nuire à son entreprise, non ?
Posted by: Samuel | October 05, 2022 at 12:16 PM
@Samuel,
Je ne sais pas trop quoi répondre tellement il y a de paramètres dans le cours de Bourse, y compris des paramètres psychologiques, des peurs et des rêves irrationnels.
Si la psychologie joue un rôle clé dans le niveau des cours de Bourse, l'irrationnalité ou pas d'un CEO doit jouer également.
Néanmoins, je ne peux souscrire au fait que Musk soit "irrationnel". C'est un gars hors norme, qui a des côtés fantasques et quelques idées a priori saugrenues, mais je doute fort qu'il soit si irrationnel que cela !
Tesla est une société qui pèse 750Mds$ en Bourse, on a dû mal à conclure que la personnalité de Musk dessert l'entreprise.
Je préfère juste dire que le côté fantasque de Musk peut desservir à court terme. Sur le long terme, la création de valeur est de facto bien la !
Posted by: Michel de Guilhermier | October 06, 2022 at 06:43 AM