Les week-ends sont pour moi encore plus propices à la prise de recul et à des réflexions sur les philosophies d'investissement.
Les plus jeunes d'entre vous ne l'ont pas connu, mais le krach d'octobre 1987 a marqué ma mémoire, avec une baisse de 22% dans la seule journée du 19 octobre de l'indice Dow Jones.
Pour être violent, ça l'était, et je me rappelle parfaitement avoir été ébranlé par cette news depuis le taxi qui me ramenait de l'aéroport, moi qui était alors un jeune consultant de 25 ans chez Bain & Company à Londres...
Interrogé en 2001, le grand investisseur Peter Lynch disait par contre, tout simplement :
"1987 wasn't that scary because I concentrate on fundamentals. I call up companies. I look at their balance sheet. I look at their business."
Si en 1987 je n'avais ni la maturité et le recul pour raisonner de la sorte, 35 ans après c'est ce que je sais faire avec le privilège des années !
Le point est bien de s'extirper du bruit ambiant et du court terme pour se concentrer sur les fondamentaux individuels des entreprises, car sur le long terme il n'y a en fait que cela qui compte. Et quand l'analyse montre qu'il y a une entreprise qui peut être un winner colossal dans le futur (ie Apple, Tesla), il faut encore plus jouer le temps long.
Maintenant, je sais, raisonner long terme est de moins en moins une attitude courante, à notre époque où on a et on veut de immédiateté sur quasiment tout.
On peut d'ailleurs à ce sujet enfoncer un poncif qui paraît logique mais qui n'est au final pas rationnel : "personne n'a jamais fait faillite en vendant avec un profit". Sur le court terme, ponctuellement oui ça marche, mais cette règle suppose indirectement que vous gagnez à chaque fois que vous investissez, ce qui en fait ne peut pas être le cas.
Donc sur le long terme, non, ce n'est pas une bonne règle pour maximiser ses gains.
Une bien meilleure philosophie d'après moi est de tenir compte des inévitables erreur que l'on va faire, et de faire bien plus que de les compenser par les winners à qui vous laissez le temps de grossir encore et encore au cours du temps...
Quand on tient un vrai winner, défini comme tel par l'analyse des fondamentaux (potentiel de marché + avantages concurrentiels), il ne faut surtout pas le lâcher, même si à court terme, en raison de l'environnement macro et des conditions de marché, on estime probable une baisse temporaire.
Bien évidemment, il faut aussi revisiter lucidement ces fondamentaux de temps en temps pour ne pas rester coller à une entreprise qui n'est plus la même pour X ou Y raisons (ie les fondamentaux de Meta ont bien changé depuis 18 mois...).
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