Il n'aura échappé à personne que nous sommes actuellement dans un "bear market", défini techniquement par une baisse de plus de 20% de l'indice !
L'indice phare de la Bourse de New York, le S&P500, plus représentatif que le Dow qui n'est composé que de 30 valeurs (sans parler de la pondération de ce dernier qui est faite à partir des cours et non pas de la market cap, un action à 1000$ pèse 20x plus qu'une action à 50$ par exemple, même si cette dernière est 10x plus grosse en market cap !), a "peaké" en tout début d'année (le 4 janvier 2022 précisément) et à hier soir il était en repli de l'ordre de 23% (et -25% à vendredi dernier, on a eu hier un rebond).
A noter que certaines valeurs ont elles connu leur pic avant : des entreprises "Covid" comme Peloton ou Zoom par exemple ont peaké dés début 2021, et les GAFAM et Tesla ont peaké en novembre 2021, à l'exception de Meta qui a connu son pic dés septembre 2021 et d'Apple qui a peaké plus tard, comme le marché, le 4 janvier 2022.
Les bear markets font partie intégrante de l'histoire, et j'ai maintes fois rappelé sur ce blog que nous devions tôt ou tard nous attendre à en voir un nous tomber sur le nez. C'est juste inéluctable, sur les 100 dernières années (disons depuis 1929), le marché américain a connu 16 bear markets, soit en gros 1 tous les 6 ans environ.
Ce que l'on constate (tableau ci-dessus) :
- Les bear markets se sont étalés sur 318 jours de Bourse en moyenne, soit environ 15 mois calendaires.
- Ils se sont étalés entre juste 1 mois (2020) et 3 ans (1946), avec une médiane (je trouve les médianes plus représentatif et parlant que les moyennes) de 14 mois calendaires.
- La chute fut en moyenne de -38%, mais allant de juste -20% (en 1990 et 2018) à un effroyable -86% (en 1929), avec une médiane de -32%.
Le bear market actuel est la depuis 9 mois et demi, et on a chuté de 23%. On pourrait ajouter "seulement" (dans les 2 cas) car on est donc de fait sous les moyennes et les médianes historiques des bear markets.
Ce que l'ont peut donc statistiquement dire :
- Pour juste être dans la moyenne et la médiane des bear market précédents, on devrait encore chuter de 10 voire 15% de plus, ce pendant encore 5-6 mois, ce qui nous amène à fin Q1/début Q2 2023.
- En durée, avec les presque 10 mois du bear market actuel, on a néanmoins déja fait pire que 40% des bear market précédents.
- En % de baisse on a déja fait pire que seulement 25% des bear market précédents (et franchement de peu).
De cela je tire personnellement 2 conclusions statistiques (rappel d'évidence, il n'y a jamais de certitude, juste des probabilités) :
- Basé sur l'histoire, la probabilité statistique de chuter d'encore 10% est importante.
- En terme de timing, pour améliorer ses chances d'acheter proche du creux, il serait préférable d'attendre encore quelques mois et le printemps 2023.
Aucune période n'est vraiment comparable, mais je trouve tout de même qu'on a actuellement une conjonction très négative de désordres et de facteurs économiques, financiers et géopolitiques, qui tendraient à laisser penser qu'on en a encore pour un certain temps à sortir du bear market.
Maintenant, est-ce que ce que l'on connait aujourd'hui est intrinsèquement pire qu'en 1937 (-54% pendant 14 mois) ou 1946 (-30% pendant près de 3 ans), voire 1973 et le choc énergétique (-46% pendant 20 mois), j'avoue que je n'en sais rien et les économistes pourraient probablement en débattre pendant des heures en vain tellement il y a de paramètres. Discuter du sexe des anges est amusant mais peu concret !
Ainsi, si les moyennes et médianes en terme de timing de bear market sont de 15-16 mois, le worst quartile a duré au moins 2 ans (voire bien plus). Vu le perfect storm actuel, on pourrait s'en approcher...
Aussi, concrètement, pour les prudents extrêmes, j'aurais tendance à conseiller d'attendre encore quelques mois pour investir, et pour ceux prêts à prendre un peu plus de risque, shootez mais gardez aussi des munitions pour striker régulièrement sur les 12 mois à venir (principe de base ceci dit de tout investisseur sérieux, toujours avoir du cash pour profiter des soldes !).
La probabilité d'avoir déja atteint le creux fin 2022 n'est pas nulle mais plutôt faible selon moi (car ce serait alors historiquement un bear market plutôt court, ce qui serait étonnant dans le contexte actuel) et elle serait bien plus importante 9 mois plus tard à la rentrée de l'été 2023 (après 20 mois on serait alors pire que la moyenne historique de durée des bear market).
La bonne nouvelle pour démarrer 2023, c'est que plus on avancera dans l'année, plus on se rapprocherait statistiquement du tipping point et du bout du tunnel ! C'est tout de même plus sympa d'être sur un trajectoire ascendante vers la lumière et le fort rebond...
Juste des probabilités...
Je donne au passage en filigrane une stratégie simple que j'utilise depuis longtemps : toujours se mettre dans une situation où on maximise ses chances de gagner. En clair, si la victoire n'est par définition jamais acquise car elle ne dépend pas que de nous, on peut/on doit toujours raisonner en terme de probabilité de victoire, et la on a bien un grip pour se mettre dans les conditions qui maximisent.
La, on devrait statistiquement maximiser ses chances en allant à la plage ou sur les sommets jusqu'au début du Q2 2023...Il faut parfois savoir ne rien faire et patienter prudemment...
A noter que parfois, et même régulièrement, ce n'est pas uniquement sur le plan financier, ça peut être sur le plan humain : pour ne pas me prendre la tête sur un sujet particulier, ie un entrepreneur que je trouve à minima étriqué, ou au pire psychorigide - des situations que j'ai rencontrées - je préfère me retirer du dossier, ce qui est bien une façon de maximiser à 100% mes chances de ne plus m'emmerder ! Quitte à laisser de l'argent sur la table, mais le curseur est sur la tranquilité d'esprit. D'autres, plus cyniques et uniquement $ oriented, n'auront pas le curseur au même niveau...(encore une fois, c'est du vécu...).
Le point fondamental est juste de faire ce qu'il faut, d'être et de jouer là où il faut, pour maximiser ses chances de gagner et d'avoir ce qu'on recherche, quel que soit le sujet de cette recherche.
C'est sur ces principes et ces probabilités que je vais gérer mon cash et mes investissements sur les mois à venir...
J'ai parlé du marché "en moyenne" - les courants généraux ont un effet d'entrainement sur toutes les actions, dans les 2 sens - mais bien évidemment les sociétés ne seront pas toutes logées à la même enseigne. Les bons modèles à potentiel, créateurs de valeur, repartiront d'autant plus vite et fort que leur baisse aura été exagérée, alors que d'autres resteront au tapis...
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