Michel de Guilhermier's Blog

$TSLA, The Day After !

C'est demain mercredi 1er mars, à 22h heure de Paris, que Tesla tiendra la Keynote de son Investor Day, depuis la Gigafactory d’Austin au Texas. Un Investor Day très attendu...

Et une question agite beaucoup ces jours-ci la communautés des investisseurs, que va faire l'action TSLA jeudi, après l'Investor Day de demain soir ?

En ce qui me concerne, ça m’est un peu égal (cf plus bas cependant), mais je donne ici mon analyse de la chose.

Si je regarde le comportement de l'action dans le passé avant et après les 3 derniers "Day" de Tesla :

1/ IA Day, 30 Septembre 2022 : l'action qui était à 265$ a baissé le lendemain à 240$, soit du quasi -10%, puis a encore reculé jusqu'à 220$ quelques jours après. Et a encore continué sa chute durant l'automne et le début d'hiver, jusqu'au 102$ de début janvier 2023. Donc du -60% en 3 mois. Néanmoins, il faut noter que la dynamique de descente était déja en place avant le 30 septembre, puisque l'action était au dessus des 300$ à la mi septembre. Il n'y avait donc pas eu de rallye pré IA Day.

2/ Battery Day, 22 septembre 2020 : l'action qui était à 141$ a chuté le lendemain à 127$ le lendemain, soit -10% aussi, mais par la suite est assez vite remontée pour se situer au dessus des 200$ en décembre 2020, soit +40% environ. Il n'y avait pas eu non plus réellement de rallye pré Battery Day, l'action était en effet à 160$ début septembre...

3/ Autonomy Investor Day, 22 avril 2019 : L'action qui était à 18,22$ la veille a chuté à 17,52$, soit -4%, mais a ensuite continué de chuter pour se retrouver à 12$ seulement début juin, soit du -30% en 5 semaines. Il n'y avait la aussi pas eu de rallye pré Autonomy Day, l'action était au dela des 19$ début avril. Passé le point bas de début juin 2019, l'action est graduellement remonté et a pris +400% jusqu'à février 2020 pour passer au dessus des 60$...

Et donc les constats :

• Au lendemain des événements l'action a systématiquement chuté (et de façon assez significative).
• Ce alors que l'action était déja dans une dynamique baissière avant l'événement.
• Mais son comportement ultérieur dans les semaines suivantes fut...très variable !
  

Quoi d'étonnant sur ce dernier point, "no one can predict short term market crazyness" et "in the short run stock exchange is a gambling machine, in the long run it is a weighing machine !" (Warren Buffett). Sur le moyen/long terme, la réalité est simple : "if company does well, stock does well", et vice versa. C'est ainsi que pour anticiper l'évolution d'une action sur le long terme, il faut évidemment essentiellement se plonger dans les fondamentaux.

Point de contexte important, Il faut aussi préciser que les 3 derniers "Day" exposaient les technologies de Tesla mais n'annonçaient rien de très concret et d'immédiat de nature à modifier l’appréciation court terme des "analystes". Sachant que la plupart ne regardent pas plus loin que les prochains quarters, et que pour eux le long terme c’est 12 mois. Ce qui est normal et logique, 99% d'entre eux sont, au choix et en exagérant à peine, des simples d'esprit, des incapables, des incompétents ou des charlatans, ils ne savent pas réellement analyser à fond une entreprise, ils ne font que chercher à deviner le sens du vent et du marché à partir de courbes et de grosses généralités, selon leurs croyances... Après, libre à chacun de les écouter, ou pas…et j’aurais simplement tendance à dire « dis moi qui tu écoutes et à qui tu fais confiance et je te dirais qui tu es ». Scénario "quand des charlatans incompétents parlent à des gogos naifs et cupides à la recherche de gains rapides...".

Cette fois-ci, il y a plusieurs éléments qui semblent indiquer que le contexte pourrait être différent au lendemain de l'Investor Day :

• L'action est depuis début janvier dans une très forte dynamique haussière (x2 environ). Avec même hier une accélération (+5%) qui semble correspondre à un rallye d'anticipation pré événement.
• Il semblerait qu'on s'achemine aussi cette fois vers des annonces fortes et beaucoup plus concrètes : nouvelles usines, ramp up des existantes, nouveaux process et nouvelle plateforme de manufacturing pour produire plus et moins cher, product roadmap et peut-être un nouveau modèle significativement moins cher (ce qui serait un game changer en effet, permettant à Tesla d'adresser un marché bien plus large), des news sur le robotaxi, une plus grande sécurisation des matières 1ères (lithium), etc. Tesla doit détailler comment ils comptent "scaler" efficacement (« Master Plan 3 is all about scaling"), et ce à tous les niveaux. Exposer très concrètement et précisément comment ils comptent passer de 2M de véhicules environ cette année à 20M d'ici une dizaine d'années, et à 3 TerraWatts installés en énergie, sera passionnant et peut-être aussi de nature à convaincre les sceptiques (ou du moins à les faire douter de leur scepticisme !).

Donc, s'il fallait à ce stade s'avancer à faire un pari, tout en précisant qu'il est basé sur l'hypothèse que des annonces très concrètes seront faites, je pense que l'action a alors plus de chance de continuer sa dynamique haussière que le contraire.

Néanmoins, si l'action poursuit aujourd'hui mardi et demain mercredi sa forte accélération pré événement commencée hier, on pourrait aussi voir une petite consolidation ponctuelle, ce avant que la hausse ne reprenne…mais uniquement aussi si en parallèle le contexte macro n’est pas trop défavorable (cf ci-dessous)...

Et en même temps, je serais très heureux que l'action Tesla chute, et même significativement, pour en acheter encore à un prix plus bas ! C’est dans ce contexte, et pour cette seule raison, que l’évolution court terme m’intéresse.

Ce qui pourrait aussi arriver si finalement :

• Il n'y a aucune annonce vraiment concrète et immédiate (ce dont je doute, mais on peut aussi faire cette hypothèse).
• L'environnement global déja défavorable se détériore davantage. De fait, le contexte financier, économique et géopolitique actuel fait clairement aujourd’hui peser des risques sur le marché.

Maintenant, dernier paramètre qui va influencer, les paris et positions qu’auront pris les traders court terme avant l'événement, qu'ils chercheront donc à déboucler juste après.  L'action Tesla est la 1ère action échangée à New York, et de très loin (200M de titres et 40Mds$ en moyenne par jour), elle attire les spéculateurs, petits et gros, comme la merde attire les mouches, et cela a une énorme influence sur les variations court terme. Relire si besoin le post sur l’incroyable volatilé de l’action Tesla (ICI).

Or, je ne connais pas ces paris, et je ne cherche ni à les analyser ni à les deviner, ce serait une perte de temps, ils ne m'intéressent absolument pas car ils sont irrelevant dans ma philosophie d'investisseur long terme qui fait un pari pour les 10 ans à venir.

Un pari long terme basé sur cette équation et ces postulats, que je redonne : Massive Market Potentials x Massive Competitive Advantages ==> Massive Overtime Value Creation. J'ai bien mis un "s" à potentials car Tesla attaque plusieurs marchés colossaux : véhicules électriques, énergie, robotique, robotaxis, intelligence artificielle, etc.

Ma target reste 2000$ pour Tesla à horizon 2030, donc un « 10 bagger », quelles que soient ses circonvolutions dans les prochains jours, les prochaines semaines, les prochains mois…

En précisant toutefois que ces 2000$ de target sont un minimum et sont aussi le bas de la fourchette : ils se situent à la moitié de la médiane des targets 2030 recensées. Des targets 2030 qui ne proviennent pas d’analystes traditionnels, eux sont pour la plupart incapables de voir aussi loin, mais de fonds d’investissement (Ark, FutureFund, GerberKawasaki, Baron, Worm Capital, etc) ou de particuliers éclairés et spécialistes (ie le milliardaire LeoKoguan, 3ième actionnaire privé après Elon lui-même et Larry Ellison).

Et ma target pour fin 2024/début 2025 est un retour à ses plus hauts, très aux dessus des 400$ (atteints en novembre 2021, donc cela aurait mis 3 ans à revenir à ces niveaux), ce basé sur l’hypothèse qu’en 2025 Tesla devrait générer environ 13$ de résultat net par action (certains prédisent beaucoup plus, d’autres beaucoup moins), et avec un forward PE très raisonnable de 30, ça donne bien >400$. Mais, évidemment, impossible de prendre en compte l’effet de market crazyness, ou des facteurs macro, qui pourraient propulser l’action bien plus haut…comme la comprimer bien plus bas.

Tesla vs Legacy Manufacturers, 6 semaines Après !

Situation des cours de Bourse, 6 semaines après le lancement de la guerre des prix par Tesla (12 janvier)...

A ce jour, Stellantis, qui a publié d'excellents résultats, s'en sort vraiment bien, et GM pas trop mal non plus (du moins au dessus du S&P500).

Situation YTD des Big Tech au 24 février, Apple surperforme également :

Concernant la situation vs le plus haut historique, Apple est le seul à faire (très légèrement) mieux que le S&P. Tesla est à moins de la moitié de son plus haut, ce qui s'explique par le fait qu'à son plus haut en novembre 2021 il était alors valorisé 200x ses résultats de l'année et 24x son CA. Des niveaux totalement irrationnels qui ne pouvaient pas tenir dans le temps. Aujourd'hui, à environ 50x le bénéfice projeté 2023 et 6x le CA projeté, Tesla est donc 4x moins cher qu'alors…

Par contre, en terme de création de valeur depuis le 1er janvier 2020, donc avant le début du Covid, Tesla est très loin devant, suivi par Apple, toujours fringuant et explosant le marché. Par contre, Amazon et Facebook ne sont que l’ombre d’eux-mêmes, sous leurs niveaux d'il y a 3 ans. 

Mega Tech vs Indices vs Pre - Pandémie !

A hier soir, la performance 2023 des Mega Techs vs le marché était la suivante :

Après leur année 2022 horribilis, Tesla et Meta (environ -65% toutes les 2), se sont bien redressées. Amazon également, après sa chute de -50% en 2022. Quant à Apple, de nouveau une belle performance après sa chute plus modérée de 2022 (-27%).

Ce qui m'amène en fait aux vrais indicateurs pertinents de création de valeur sur la durée, à savoir la performance depuis les niveaux pré-pandémie.

Et la c'est clair, Tesla est très loin devant, suivi par Apple avec respectivement du x5 et du x2. Au contraire, Amazon et Meta, après un peu plus de 3 ans, ont fait du surplace ou on légèrement reculé, ce alors que le marché global a fait du +20-30% (ce qui correspond à environ 7-8%/an, tout à fait le rythme moyen du marché boursier sur une très longue période)

Apple est un mastodonte qui, s'il n'a pas la flamboyance (ni la volatilité) de Tesla, crée néanmoins une énorme valeur de façon progressive et assez mécanique.

Je pense qu'il n'y a pas d'action pour mieux illustrer le style Warren Buffett : il se porte sur des "éléphants" qui créent une forte valeur avec une probabilité quasi certaine. Il préfère ça à des actions pouvant potentiellement créer une valeur fantastique, mais avec une incertitude plus grande...

Et je rappelle au passage qu'Apple est 1/ de loin la plus grosse participation de Berkshire Hathaway (40%+ de son portefeuille boursier et 20%+ de Berkshire Hathaway au global), et 2/ le plus beau coup de toute sa carrière (100Mds$ de plus-value environ, en juste 6 ans), réalisé quand il avait tout de même 86 ans !

Tesla Investor Day : Master Plan 3 !

Le mercredi 1er mars prochain Tesla tiendra son "Investor Day", à la Gigafactory Texas (Austin), avec Elon Musk en Maître de Cérémonie bien sûr. Le thème général fut dévoilé dans le tweet d'Elon du 8 février dernier, ci-dessus :"Master Plan 3, the path to a fully sustainable energy future for Earth...".

Quelques happy few seront invités à participer physiquement à l’événement, qui sera sinon retransmis en streaming, et je ne manquerai pas de le regarder évidemment (ma soirée risque d’être longue !).

On connaissait la mission, et aussi les objectifs quantitatifs de Tesla, donc le « quoi », Elon Musk va le 1er mars nous expliciter le « comment » il entend arriver à ses objectifs, avec quels investissements, dans quels domaines, etc.

Plus spécifiquement, il avait aussi précisé en août dernier, lors de la présentation des résultats du Q2 2022, que le Master Plan 3 était "fundamentally about scaling".

En détaillant également : «to achieve the transition to sustainable energy; we must produce more affordable EVs and Energy Storage, while building factories faster and with far less investment ».

Et on le comprend aisément quand on réalise (ou qu'on suppose) qu'on est actuellement en 2023 au point d’inflexion et donc au tout début de l'accélération de la S-curve pour Tesla (en volume de voitures produites) :

En gros, schématiquement, si Tesla est passé de 0 à 1 en 10 ans à peu près, il lui faut maintenant passer de 1 à 10 sur les 8/10 prochaines années (de 1,3 à à 20M de véhicules pour être précis, mais que Tesla atteigne 15 ou 20M en 2030 peu importe) ! Ce qui est de fait un colossal challenge industriel, commercial et technologique. Le challenge est d'ailleurs identique pour l'ensemble de l'industrie si elle a de passer de près de 8M de BEV vendues en 2022 à 60M en 2030...

J'en profite pour rappeler que l'analyse de Tesla est d'abord en soi et avant tout pour moi une activité intellectuelle enrichissante, car c'est aucun doute la plus belle et passionnante aventure entrepreneuriale, technologique et industrielle du 21ième siècle. Si, après, le temps que je passe à étudier Tesla se traduit par un pari hautement gagnant sur l'action $TSLA, tant mieux, mais c'est bien dans ce sens la.

Rappelons d'abord ce qu'étaient les Master Plan 1 et 2 :

Master Plan 1 :

• 1/ Builds a sports car.
• 2/ Use that money to build an affordable car.
• 3/ Use that money to build an even more affordable car.
• 4/ While doing the above, also provide 0 emission electric power generation options.

Master Plan 2 :

• 1/ Create stunning solar roofs with seamlessly integrated battery storage.
• 2/ Expand the electric vehicle product line to address all major segments.
• 3/ Develop a self-driving capability that is 10X safer than manual via massive fleet learning.
• 4/ Enable your car to make money for you when you aren’t using it.

Force est de constater que Tesla est encore loin d'avoir achevé son Master Plan 2. Si l'item 1 est OK (Tesla propose bien des toitures solaires, même si le business n'est pas encore at scale), le 2 également (si on accepte que les "major segments" dont parle Musk sont la voiture particulière, le pick up et le camion), mais ce n'est pas le cas des 2 derniers. Le "FSD" (Full Self Driving) de Tesla met beaucoup plus de temps que prévu pour être au point, mais il faut admettre que résoudre le problème de pilotage automatique est une tâche d'IA monumentale. Tesla y arrivera, j'en suis convaincu, avant tout le monde....un jour, prochain, ou lointain...

Si dans le passé Tesla avait aussi organisé un "Battery Day" ainsi qu'un "AI Day", où l'entreprise couvrait les développements techniques sur ces aspects, l'Investor Day du 1er mars évoquera et détaillera lui les investissements que l'entreprise entend consentir pour scaler et développer massivement sa production, afin de remplir sa mission de "accelerating the world's transition to sustainable energy".

Tesla a vendu en 2022 environ 1,3M de voitures, avec 4 usines sur 3 continents : Fremont, Giga Texas, Giga Berlin, Giga Shanghai, avec une capacité actuelle totale de l'ordre de 2M de véhicules. Plus la Giga Nevada qui produit des moteurs, des cellules et des batteries, et des systèmes de stockage d'énergie.

Tesla a aussi installé 6,5GWh de systèmes de stockage d'énergie (1 nouvelle usine dédiée aux Megapacks, à Lathrop en Californie).

Or, Elon vise en 2030 20M de voitures (15x plus) et 3 TWh installés au total (voitures + stockage d’énergie).

A noter que quand Elon Musk a annoncé vouloir faire +50%/an de croissance des volumes de voitures en moyenne c'était début 2021, donc si on prend le volume de fin 2020, à savoir peu ou prou 500,000 voitures, cela nous mène bien largement au dessus des 20M en 2030. Et sur la période 2020-2022 ils sont à +62%/an en moyenne (de 500K à 1313K).

Des objectifs très ambitieux qui nécessitent d'investir lourdement dans toute la chaine et tous les domaines concernés pour atteindre les volumes désirés :

• Dans un nouveau modèle, plus compact et moins cher, permettant ainsi d'élargir le marché adressable (on l’a baptisé « Model 2 »). Tesla a déja évoqué sa "Generation 3 platform" qui pourrait alors être dévoilée, avec plus ou moins de détails.
  
• Dans la capacité de production de véhicules : 1 voire 2 nouvelles usines pourraient être annoncées (on évoque, rumeurs, au Canada, au Mexique, en Indonésie ?), nouvelles chaînes de montage, nouvelles technos et nouveaux process pour produire avec encore plus de productivité. Pour revenir sur la "Generation 3 Platform", Tesla a indiqué que son but était de produire 2x plus vite avec 2x moins de place (et pour 2x moins cher donc). La Giga Shanghai ayant aujourd’hui une capacité de 1M de voitures à ce stade, ce serait 2M qu’une seule Giga pourrait alors produire. Très impressionnant ! De mémoire, la plus grosse usine Toyota, qui est pourtant réputé pour ses process de manufacturing qui ont fait école, n’est que de 300.000 véhicules par an (Valenciennes). 
• Dans la capacité de production de systèmes de stockage d’énergie, de batteries, et que celles-ci soient évidemment moins chères (25% environ aujourd’hui du coût total d’une voiture électrique) et plus puissantes : idem, nouvelles usines, nouvelles technos (ie le s cellules "4680"), nouveaux matériaux (ie sodium ?). Je pense que la voiture électrique ne pourra pas être une alternative mainstream viable tant qu'elle ne peut pas assurer 700-800kms d'autonomie pour les berlines routières.
• Et par voie de conséquence, ce qui est vital, dans l'accès aux composants indispensables. Notamment le lithium, dont les principales mines sont en Australie et au Chili, mais la capacité de processing est dominée par la Chine à 75% actuellement. Musk a tweeté en avril 2022 que “there is no shortage of the element itself, as lithium is almost everywhere on Earth, but the pace of extraction/refinement is slow”. Puis en juillet 2022 il disait : “I’d like to once again urge entrepreneurs to enter the lithium-refining business. The mining is relatively easy, the refining is much harder”, ajoutant "there are software-like margins to be made in the lithium processing business...You can’t lose, it’s a license to print money”. On peut alors tout à fait imaginer des investissements dans de nouveaux procédés d'extraction et des capacités de raffinage du lithium. Et il y a aussi les problématiques sur les autres matériaux utilisés, Cobalt, manganèse, etc.
  

On réalise que devoir multiplier par 15 en 8 ans les volumes de véhicules à produire (pour atteindre 20M) sera une tâche absolument colossale. Au dela des moyens financiers à mettre en oeuvre, l'exécution va être horriblement compliquée et qu'il y a quelques millions de détails qui pourraient ralentir les choses ou les faire capoter.

Ca va être clairement un supply, manufacturing & execution play, où Elon Musk et Tesla vont devoir continuer à faire preuve du même brio exceptionnel qu'ils ont jusqu'à présent montré.

Musk ayant d’ailleurs déclaré « I’m an engineer, a technologist and a manufacturer »… L'ADN de Tesla reflète d'ailleurs parfaitement cet angle triple : le process n'est pas celui de définir une voiture et après de voir comment la produire efficacement, mais bel et bien de définir intrinsèquement dès le départ une voiture que l'on saura produire massivement, vite et bien et pour le moins cher possible, ce en fonction des multiples paramètres et contraintes de production ! Le "produit" à développer étant alors réellement le couple "voiture+manufacturing".

A noter que Musk a bien précisé (cf plus haut) qu'ils devaient produire en masse et scaler "with far less investment » ! En tant qu'actionnaire, c'est agréable de savoir qu'il a le paramètre capital efficiency bien intégré en tête. Au delà d'être un visionnaire et un ingénieur génial, Elon Musk a aussi le sens de l'argent et du business, ce que j'appelle un "entrepreneur complet" :  il a à la fois des rêves absolument fous, le talent, la capacité et la ténacité de les réaliser (même si c'est avec des années de retard), et enfin le pragmatisme et le sens de l'argent pour en faire des business rentables. Un tryptique extrêmement rare, qui tient même en fait de l'exception (1 par million ?). Quand vous trouvez un tel entrepreneur, il ne faut plus le lâcher !

On comprend aussi que la production de voitures électriques, pour une bonne partie, ne fait pas appel aux mêmes compétences ni aux mêmes supply chains que les voitures thermiques, sans compter qu'elles devront aussi être hyper connectées voire intelligentes.

On est en réalité presque dans un marché totalement nouveau, fait que Volkswagen semblait corroborer en disant il y a quelques années : “La transition la plus importante à laquelle l'automobile sera confrontée est en réalité le fait que la voiture devient de plus en plus un dispositif logiciel ". Luca de Meo (Renault) disant la même chose à sa façon : “dans quatre, cinq ans, il y aura plus de valeur dans le software d’une voiture que dans le hardware". En conséquence, à part leur marque et leur réseau de distribution (mais qui leur coûte cher), les constructeurs traditionnels non seulement n'ont pas d'avantages concurrentiels clés intrinsèques, mais aussi, même pire, leurs usines et leurs "actifs" actuels (et la dette qui va avec au passage) devraient plutôt être des boulets dans le futur...

Alors oui, les constructeurs traditionnels qui se mettent tous nécessairement à la voiture électrique, smart & connectée, deviennent donc autant de nouveaux concurrents pour Tesla, qui il y a quelques années était encore quasi seul. Mais Tesla est très largement plus avancée sur la courbe d'expérience de production de telles voitures, l'entreprise est aussi 100% focus dessus sans avoir à gérer le fardeau et la dette du passé, ses caisses sont pleines de cash et l’entreprise est très rentable. Elle a donc clairement les moyens de ses ambitions (ce qui n’enlève pas les incroyables difficultés et les risques liés à l’exécution).

Et au delà des moyens, elle a l'ADN ainsi qu'un modèle intégré (hardware, manufacturing, batterie, logiciel, etc) qui feront aussi la différence (sur le volume, la part de marché, comme sur le bottom line).

Que d'avantages concurrentiels...

Il est ainsi assez facile de parier que les constructeurs traditionnels vont nécessairement perdre beaucoup de terrain (comme je le mettais ICI).

De La Volatilté de L'Action Tesla ($TSLA) !

Comme je le mentionnais notamment avant hier jeudi, Tesla est une action extrêmement volatile.

D'ailleurs, hier vendredi, elle a chuté de 6%, dans un marché en baisse de 1% pour le Nasdaq, et stable pour le Dow Jones. La veille l'action avait fini à +3%, et était même montée à +6% en journée (atteignant 214$, +110% vs le low à 102$ d'il y a 1 mois !)...Au passage, que Tesla consolide de 10, 15 ou 20% (soit retour vers les 150-160$), aucun problème pour moi, bien au contraire !

En finance, cette volatilité est symbolisée par ce qu'on nomme le "Beta", qui pour Tesla est de 2,1. A savoir que l'action bouge avec une magnitude 2,1x plus importante que le marché.

Une action qui bouge comme le marché a un Beta de 1, une action qui bouge 2x moins que le marché a un Beta de 0,5. On peut aussi voir des actions à Beta négatifs, ce qui veut dire que l'action évolue en sens contraire du marché : quand celui-ci baisse elle monte, et réciproquement.

Pour comparaison avec les GAFAM :

• Apple a un beta de 1,28
• Amazon est à 1,22
• Idem pour Meta,
• Et enfin Microsoft et Google sont à 0,92 et 1,09 respectivement.
• Nvidia, autre poids lourd (market cap supérieure à Meta) est à 1,79.

Et si je prends d'autres valeurs techs importantes qui ont fortement monté durant le covid et se sont ensuite repliées :

• Spotify : 1,77
• Shopify : 1,97
• Netflix : 1,21
• Docusign : 1,00

De grosses valeurs traditionnelles Consumer Goods comme Coca ou PepsiCo ont un beta de 0,56 et 0,58x seulement, autrement dit elles bougent dans une magnitude quasiment 2x moins importante que le marché ! Et pour rester dans le secteur Procter est encore moins volatile avec un beta de 0,4. En regardant d'autres secteurs et d'autres grosses market caps, on aura Exxon à 1,1, IBM à 0,85, ou encore le conglomérat Berkshire Hathaway à 0,88.

En clair, Tesla est la Big Cap la plus volatile du marché, et de très loin...

Et l'une des raisons fondamentale est je pense celle-ci : la proportion de spéculateurs court terme sur cette valeur est bien plus importante que pour les autres entreprises. Des spéculateurs qui jouent le court terme et le momentum avec un effet de levier, qui prennent des options, qui shortent la valeur, etc.

Et qu'il y ait beaucoup de spéculateurs sur Tesla s'explique assez facilement :

• Une croissance explosive qui enthousiasme
• Un gigantesque potentiel théorique (rappel, l'automobile n'est qu'une petite partie) qui fait rêver
• Mais autant d'inconnues et de menaces potentielles théoriques (du moins a priori quand on n'analyse pas à fond) qui font peur
• Un multiple très élevé qui rend l'action très sensible
• Une personnalité de Musk, entrepreneur génial, hors norme, mais avec un côté fantasque et imprédictible, d'où des risques (encore une fois, théoriques)
• Etc

Quand on achète avec un effet de levier, si l'action baisse il va y avoir un appel de marge, qui obligera à vendre, ce qui va encore accélérer la chute du titre. Et pour ceux qui shortent, quand l'action monte ils doivent se racheter, ce qui la pour le coup va accélérer la hausse du titre.

Tesla est ainsi animée en permanence de pressions tant vendeuses qu'acheteuses, ce qui alimente des écarts impressionnants tels que décrits dans le post de jeudi.

Pour un investisseur qui croit au fort potentiel long terme de valorisation (rappel, pour ma part objectif 2000$ en 2030, donc du x10 environ), et bien sûr qui a au passage les nerfs solides et ses convictions bien ancrées, cette volatilité est une vraie bénédiction pour acheter lors de dips significatifs...qui ne  manquent jamais de survenir !

Pour les "techniciens experts" de la Bourse, ce qui n'est absolument pas mon cas (ni mon focus), il est aussi possible de gagner en pariant simplement sur la forte volatilité de Tesla, ce par un panaché d'options, de calls et de puts au même prix d'exercice, on appelle ça un straddle.

Exemple : achat à la fois d'un call et d'un put à 195$ ("in the money", ie au cours), avec échéance 17 février. Coût total : environ 16$ (prix des options en question hier vendredi). Si l'action Tesla bouge de plus de plus de 16/195, ie 8% d'ici là, et ce quel que soit le sens du mouvement, vous êtes gagnant. Parier sur une fluctuation de 8% sur Tesla en quelques semaines est un pari, mais pas totalement inconsidéré quand on connait sa volatilité ;-)

 

Tesla, +100% En 1 Mois, Que Faire ?

Pas mal de personnes me demandent que faire après le jump de +100% de Tesla depuis 1 mois, dont le cours est en gros passé de de 102$ à 202$.

Alors quelques rappels factuels :

• L'action $TSLA est une grande habituée de ces montagnes russes, de fortes hausses et des fortes baisses, comme je l'ai étayé ICI. Et si on aime pas ça, faut juste pas avoir du Tesla en portefeuille...
• $TSLA a déja connu des épisodes similaires de très fortes hausses rapides : +112% en 3 mois en mars 2014, +85% en 2 mois en avril 2016, +116% en 2 mois en janvier 2021.
• Pour relativiser aussi, le run-up de 100% était consécutif à une baisse de 66% en 4 mois depuis août 2022 (de 300$+ à 100$), ce qui était la plus forte baisse de son histoire, et c'était certainement excessif (suite à un perfect storm de news, combiné avec les excès habituels de Mr Market).
• Cette volatilité ou plutôt ces wild swings de Tesla sont aussi factuellement le reflet qu'il y a énormément de spéculateurs court terme sur la valeur, et donc d'incroyables volumes s'échangent chaque jour. En ce moment autour de 180-200M d'actions, soit 35-40Mds$ en valeur. En janvier, il y a eu 700 ou 800Mds$ échangés. Soit plus que l'intégralité du capital ! Et il faut remarquer que les volumes avaient commencé à sérieusement enfler dés décembre dernier, lors de la chute de 200 à 100$.

Pour ceux qui aiment sécuriser des gains court terme, il serait évidemment tentant de prendre son profit (ne serait-ce que partiellement). Néanmoins, on risque d'avoir ceci :

• +600% en 1 an en septembre 2013, +410% en 8 mois en février 2020, + 590% en 5 mois en août 2020. Autrement dit, même si $TSLA a fait un beau run up, elle pourrait très bien continuer à fortement monter à court terme. Il faut aussi constater que même après un +100% depuis 1 mois l'action est encore 50% en dessous de son plus haut historique de novembre 2021.

Alors, très franchement, il est impossible de prévoir ce que Tesla va faire dans les jours et les semaines à venir. Il est clair que la perspective de l'Investor Day du 1er mars et de ses annonces est de nature à soutenir et faire monter encore le cours, mais ce n'est évidemment pas le seul paramètre (contexte macro, news spécifiques de l'industrie, etc). Après les résultats le 25 janvier dernier, l'action est passée de 145 à 180$ environ en 2 sessions, a ensuite légèrement et très brièvement consolidé vers les 165$, pour ensuite remonter rapidement vers les 180$, puis les 190$ et maintenant les 200$.

Ma boussole n'est pas le court terme mais la décade, je ne vais pas revenir dessus (lisez les posts précédents), mais je vois clairement un scénario, basé sur les fondamentaux, propulser l'action vers les 2000$ en 2030. Donc une perspective de "10-bagger".

Et s'il fallait un peu détailler en chemin, compte tenu de sa croissance je la vois bien rejoindre son plus haut de 415$ vers la fin 2024/début 2025 (donc 3 ans environ après l'avoir atteint la 1ère fois). Ce n'est pas une prédiction, c'est une estimation, rationnelle mais avec plein de caveat. Je me dis simplement qu'en 2025 Tesla devrait faire autour des 250Mds$ de CA et 40-45Msd$ de résultat net, ce qui donne avec un PE de 30-35 (multiple justifié par la croissance) 1200-1300Mds$ de market cap, soit un cours autour des 400$...Mais évidemment, c'est un scénario subject to...beaucoup de choses ! Et rien ne dit non plus que Mr Market ne soit pas atteint d'un nouvel accès de folie, allouant un PE de 60 à Tesla qui propulsera alors le cours à 600-700$ début 2025 ? Voire évidemment bien plus !

Pour background, il faut aussi comprendre que $TSLA a atteint 415$ et 1200Mds$ de market cap au plus haut début novembre 2021 alors qu'elle allait finir l'année à juste 50Mds$ de CA et 5Mds$ de résultat net, donc un multiple d'un peu moins de 250 sur les résultats de l'année, de la folie pure, et qu'elle est en route cette année 2023 pour 120Mds$ de CA et 15-18Mds$ de résultat net...

A 200$ aujourd'hui je ne trouve donc pas du tout Tesla surpayée vs les perspectives (ie le niveau du PEG à 1,3 seulement), loin de la, elle est quelque part aussi 6x moins cher que lors de son plus haut d'alors (un cours 2x plus bas pour 3x plus de profits), donc je ne serai pas étonné que le momentum haussier continue encore quelques temps, vers les 230 voire 250$, ce si le contexte boursier le permet et reste favorable. Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne peut pas aussi consolider dans les jours/semaines à venir, et se replier de 15-20%...Néanmoins, si elle allait bien au dela des 250$ à court terme, je pourrais néanmoins commencer à me dire que Mr Market s'est un peu emballé trop vite, comme à son habitude (et notamment comme en novembre 2021).

Donc en ce qui me concerne à ce stade je ne fais rien..mais je m'attends évidemment à une consolidation, un jour, comme à son habitude...dont je chercherais probablement à profiter...

Apple : Renforcement Des Fondamentaux !

Si Apple a fait un gros "miss" avec ses résultats trimestriels semaine dernière, et si le cours de Bourse avait chuté de l'ordre de 3-4% en after hours jeudi dernier après l'annonce des résultats, l'action a fini la session de vendredi en forte hausse (près de +4%) !

Ce qui peut paraître étonnant ne l'est en fait pas, car :

• Le miss était essentiellement la résultante d'un perfect storm ponctuel de vents adverses (macro, forex et supply chain), alors que les fondamentaux ne semblaient aucunement affectés, comme je l'écrivais semaine dernière ICI.
• Au contraire, en lisant bien entre les lignes, il y avait plusieurs bonnes nouvelles qui montrent un renforcement des fondamentaux.

Spécifiquement, j'ai relevé 3 grands points sur lesquels je reviens aujourd'hui :

 

1/ Un incroyable taux de marge

Apple a indiqué ("guidance") un taux de marge moyen anticipé pour le Q1 2023 de 44% (entre 43,5 et 44,5% pour être précis), et ce malgré 3% de forex défavorable, autrement dit un implicite 47%.

C'est de fait le plus haut taux de marge depuis 10 ans.

Je vois 3 composantes à cette puissante dynamique de marge, ce alors que beaucoup d'entreprises souffrent d'une compression des marges :

• D'abord une politique générale axée sur la maximisation de la marge brute absolue. Apple ne chasse jamais le volume avec du prix, il arbitre pour maximiser sa marge brute absolue. Quelque part, Apple, par ses superbes marges, fait aujourd'hui la preuve que cette stratégie est plus que pertinente.
  
• Puis la très bonne tenue du haut de gamme question demande, les iPhone Pro, porteurs d'une marge supérieure. Tim Cook : "The iPhone 14 Pro models have done extremely well up until the point where we had a supply shortage."
• Enfin la montée en charge progressive des Services, porteurs de 70% de marge brute environ.

 

2/ Un pricing power supplémentaire sur l'iPhone

Tim Cook : The iPhone has become so integral into people's lives… I think people are willing to really stretch to get the best they can afford in that category.”

Et par ailleurs, sur l'impact des vents adverses macro  "some impact is being felt across the entire business. Mac and wearables are seeing the largest impact. The least impact is seen with iPhone".

Ce qui rejoint de fait certaines rumeurs ainsi que l'édito de Mark Gurman sur Bloomberg de dimanche dernier, qui émettent l'hypothèse qu'Apple prépare un "iPhone Ultra" encore plus cher...

Sur le principe, je pense qu'il y a certainement en effet un créneau pour un iPhone "plus plus". Reste à voir les features et fonctionnalités supplémentaires qu'Apple y mettra bien sûr.

 

3/ Une forte croissance attendue de la user base, grâce à la bonne dynamique de certaines zones géographiques

A la question d'un analyste "are new Apple users entering the installed base trending differently from prior new user cohorts?", Tim Cook a répondu : "we saw “strong double-digit” growth in new users in several emerging markets (India and Brazil)"

Et le CFO (Luca Maestri) de rajouter : "...Apple’s installed base “is growing very nicely, and it’s growing in a lot of emerging markets, it’s growing even faster.”

Ou encore Tim Cook : "we are putting a lot of emphasis on India. We are taking what we learned in China about how to scale the business and bringing that to India. We expect market share for iPhone to grow in both China and India, like what’s been happening around the world."

Et à la question "Do you view India as a larger opportunity following COVID?", il a répondu "yes, I am more bullish post COVID. We will soon bring retail to India".

 

Tout cela venant alimenter ma thèse long terme sur Apple (étayée de longue date, par exemple ICI il y a 18 mois) : de plus en plus de users, possédant de plus en plus chacun de devices et de services, le tout avec des marges encore meilleures.

Ce qui nous mènera à 1000-1200Mds$ de CA en 2030, 200-250Mds$ de résultat net, 6000Mds$+ de market cap, soit un action à 600$+.

 

Cohérence et Logique Dans Ses Décisions d'Investissement En Bourse !

Fin décembre dernier, alors que le pessimisme sur Tesla était pas loin de son paroxysme, avec une action qui venait de passer en quelques semaines de 200$ à 115$ environ (dans des volumes importants de surcroit), un ami, professionnel de l'investissement en non côté, m'écrivait qu'il attendait 80$ pour acheter...

J'en avais parlé en fin de post ICI, en disant que je ne pouvais pas souscrire à cette position, car je ne la trouvais aucunement rationnelle.

Et ce n'est aucune lié à mon opinion sur Tesla, c'est juste un problème de logique et de cohérence rationnelle !

En effet, 3 possibilités d'avis sur Tesla, avec la décision rationnelle cohérente qui va alors avec selon moi :

 

1/ On a la conviction que Tesla est un "killer" et peut aller à 1000$ (pour ma part bien plus, plutôt >2000$). Autrement dit, la conviction que l'entreprise a un vaste potentiel devant elle et que le cours actuel n'est qu'une petite fraction de ce qu'il pourrait être dans 10 ans.

Dans ce cas, que ce soit à 200, 150, 120 ou 100$, on achète, en vue d'arriver à 1000$ d'ici à 8 ans, avec des liquidités dont on n'a bien sûr pas besoin entre temps. Et, si ça baisse ensuite, on en rachète encore s'il reste des liquidités.

Et, au passage, il vaut mieux qu'il en reste, c'est un principe de base, toujours en avoir. C'est d'ailleurs l'un des piliers de Berkshire Hathaway, qui a constamment d'énormes remontées de cash, permettant à l'ami Warren de saisir les opportunités.

 

2/ On a la conviction que l'entreprise n'a pas de potentiel de valorisation, que ce n'est qu'une "car company" qui tôt ou tard aura le multiple moyen de l'industrie, à savoir 5-6, autrement dit que le cours de Bourse ne devrait pas être plus de quelques dizaines de $ (ie the infamous Gordon Johnson). Donc qu'il devrait s'effondrer.

Dans ce cas, on vend à découvert pour racheter plus bas quand l'entreprise s'est bien cassée la gueule, puisque c'est ce qu'on pense. Ca reste cohérent. Je ne suis pas d'accord avec l'analyse, mais au moins la décision est rationnelle.

Ou au pire, si on n'est pas confortable avec la vente à découvert (car une entreprise peut rester longtemps surévaluée), on y touche pas.

 

3/ On n'a pas de conviction forte, on ne sait pas vraiment fondamentalement ce qu'elle vaut/peut valoir.

Si on ne sait pas analyser le potentiel d'une entreprise, ou si on a pas pû l'analyser à fond, le bon sens commande juste de passer son tour et de se mettre sur des entreprises dont on peut/sait analyser la trajectoire potentielle avec un bon degré de probabilité. Je n'ai pour ma part aucune conviction forte sur 99,999% des entreprises côtées en Bourse, tout simplement car je n'ai pas le temps de les étudier à fond, et je me garde bien ainsi de donner le moindre conseil.

Et on ne se forge surtout pas une conviction en lisant ou écoutant les analystes qui, dans leur grande majorité, ne savent pas vraiment de quoi ils parlent. Et encore moins en lisant la presse, même économique. Si les journalistes étaient tous de bons investisseurs, analytiques et visionnaires, ça se saurait et ils seraient très riches.

A défaut, si on investit sans avoir vraiment fait sa due diligence approfondie donnant au final une conviction forte, alors c'est comme aller au casino.Why not, mais alors faut pas parler d'investissement, c'est fondamentalement un jeu de hasard.

Franchement, autant plutôt mettre ses sous dans des ETF, ce que l'on peut d'ailleurs conseiller à 99,9% des gens puisque 99,9% des gens ne savent pas vraiment analyser, ou n'ont pas le temps et les moyens de le faire. Ou alors faire comme 99,9% des gens aussi, investir et saupoudrer sur plein d'actions qu'on a toutes pas sû ou pas pû analyser à fond, et la on en revient au constat de Warren Buffett : "diversification is the protection against ignorance".

 

Fin décembre, quand Tesla était à 115$, attendre que Tesla chutait à 80$ pour acheter, était alors pour moi une décision qui n'était rationnelle dans aucun cas de figure !

Sur le fond, c'était une petite finasserie qui supposait être capable de "timer" le marché et de deviner ce qu'il allait faire les semaines suivantes, mais franchement en ce qui me concerne je n'ai ni cette capacité ni cette prétention.

Vouloir être la Madame Irma du marché est d'ailleurs souvent le discours des charlatans qui vous vendent de pseudos conseils d'investissement pour le court terme. La réalité est simple, Mr Market est un être imprévisible et assez souvent coquin, jouant des tours pendables. "Market short term crazyness is unpredictable". Et ceux qui disent le contraire et prétendent deviner le sens court terme du marché sont des ignorants, de grands naifs, ou des charlatans.

S'il y avait une formation utile à prodiguer, au delà de savoir mener une analyse très approfondie (et franchement c'est pas simple), ce serait d'apprendre aux gens à avoir du bon sens, cohérent et très rationnel. Je vois tellement de naiveté, et des charlatans qui vivent au dépend des gogogs qui leur payent leurs conseils…

Le principe, pour avoir du bon sens, c'est 1/ de vraiment définir et savoir ce qu'on veut et donc 2/ d'alors mettre les curseurs dans le sens de ce qu'on veut.

L'ami en question cité plus haut, voyant qu'il aurait maintenant du mal à acheter du Tesla à 80$, me disait ce matin : "j'ai été trop gourmand".

Je pense plutôt qu'il n'a simplement pas été assez rationnel et cohérent.

 

Perspectives Schématiques Marché Auto 2030 !

C'est le week-end, moment propice à la prise de hauteur et aux perspectives !

Voila, de manière assez schématique, comment je vois les choses pour le marché de l'automobile dans les 10 ans à venir.

En 2022, sur un marché de 80M de véhicules :

• 10% sont full électrique (8M), on est encore dans une niche aujourd'hui.
• Sur ces 8M, les marques chinoises font à peu près la moitié, soit disons 4M, Tesla 1,3M, et les constructeurs traditionnels 2,7M. Un peu moins de 70% environ du marché est donc aujourd'hui occupé par les "nouveaux constructeurs", dont Tesla avec 16-17% (leur PDM varie beaucoup selon les pays, elle est de 65% aux US).
• Les constructeurs traditionnels, ainsi que quelques marques chinoises, produisent encore 72M de véhicules thermiques et hybrides, la vaste majorité du marché actuellement.

En 2030, mes hypothèses, sur un marché de 80 à 90M d'unités :

• Les 2/3 sont full électriques, soit 60M. Certains estiment qu'on y sera dés 2028, je suis donc un peu plus prudent, mais ça ne change pas grand chose. Bien évidemment, d'ci la, il y aura des véhicules (BEV) bien plus accessibles, certainement des 15K€. Le volume va faire baisser le prix des batteries, ainsi que de nouvelles technos (sodium) moins coûteuses.
• Les marques chinoises en produiront 20 à 25M, dont le leader BYD, qui sera co-leader du marché avec Tesla et ses 18 à 20M. Tous les autres constructeurs traditionnels se partageront le reste, ie autour de 20M également. Byd et Tesla sont intégrées verticalement, et ont la taille critique. Byd est le roi en Chine en nombre de véhicules total (un peu moins de 2M), n°2 en électrique mais en très forte progression, très supérieure localement à celle de Tesla, qui lui reste évidemment le roi mondial avec 50% de plus de BEV (1,3M vs 900K en 2022), et surtout présent sur 3 continents au niveau de ses usines.
• Ces derniers produiront aussi encore 20 à 30M de véhicules thermiques et hybrides. Ce pour quelques années avant leur disparition probable au milieu des années 30.

Au final, les traditionnels produisent en 2030 40 à 50M de véhicules, vs près de 75M aujourd'hui. Dit différemment, je les vois perdre entre 33% et 40% de leurs volumes actuels.

D'où des disparitions et/ou des regroupement inéluctables à prévoir...Qui disparaîtra, qui se regroupera avec qui ? La c'est plus compliqué de répondre...

C'est aussi toute la filière qui va devoir s'adapter et se réorganiser : un véhicule électrique a besoin de 2x moins d'entretien qu'un ICE, donc le modèle économique des concessions/garages va aussi devoir s'adapter, sans compter le réseau de "station services" et leur logistique d'approvisionnement en carburant. Beaucoup disparaitront évidemment (rappel, on est déja passé en 50 ans en France de 40.000 à seulement 10.000 stations...).

Autre graphique intéressant que je partage :

Mais :

• J'ai des doutes sur le nombre total de voitures vendues (160M en 2030 et 200M en 2040 sur ce graphique !). Certes la population mondiale devrait encore croitre, mais je ne suis pas sûr que le besoin en voitures individuelles suivent le même chemin.
• Je ne crois pas du tout non plus à une disparition à 100% des ICE en 2030. Ca me semble trop rapide à tous les niveaux, une telle transition, avec d'énormes conséquences sur l'emploi mais aussi les infrastructures de nos villes et de nos routes, prend nécessairement du temps.

Par contre, le fond du message reste le même : 2025/2026 sera probablement la vallée de la mort pour les constructeurs traditionnels, avec le point bas en nombre d'ICE vendus, et en parallèle pas encore assez de pures électriques (BEV). Peut-être (sans doute) que le scénario de ce graphique est un poil trop rapide, que cette "vallée de la mort" soit un peu plus tard en 2027, mais je crois que ça ne va pas changer grand chose.

Bon courage aux constructeurs traditionnels qui doivent aujourd'hui s'organiser et revoir leur structure de coûts pour gérer la chute rapide de leur core business ICE avec la montée en charge des BEV, marché occupé actuellement à 70% par Tesla et une douzaine de nouveaux constructeurs chinois...

Pour ces constructeurs traditionnels, ce n'est pas 10 ans qu'ils ont devant eux mais plutôt 3-5 ans seulement pour redéfinir leur business model et poser les bases du redéploiement, et il me parait évident que c'est un temps trop court, donc ils vont nécessairement perdre énormément de parts de marché. Ca me paraît mécanique, inéluctable. La "brand loyalty" pour les marques automobiles traditionnelles me paraît extrêmement relative voire faible, les consommateurs ne vont pas les attendre, surtout les jeunes générations.

Tesla a aussi aujourd'hui, à cet instant t, une capacité de production un peu supérieure à 2M de véhicules, mais elle passera certainement à 7-8M en 2025, et le triple 5 ans plus tard : de nouvelles Gigafactories sont prévues, mais aussi de nouvelles façons de produire : la nouvelle plateforme, qui sera probablement annoncée dans quelques semaines (Investor Day le 1er mars), aura besoin de 2x moins de temps et 2x moins d'espace pour produire une unité, doublant ainsi déja de facto la capacité de Tesla...

Cette capacité industrielle à produire en volume des véhicules électriques, et aussi de façon incroyablement efficace (et rentable), est le fruit de toute leur expérience acquise en manufacturing depuis des années, expérience que les constructeurs traditionnels n'ont évidemment pas. Et le temps qu'ils l'acquièrent et qu'ils rattrapent, Tesla sera bien loin...surtout si Musk continue d'exploiter à fond sa position de "lowest cost producer" en jouant sur les prix comme il l'a fait en janvier.

Apple Q4 2022 Earnings : Un Trimestre A Oublier Avec De Gros Vents de Face !

Comme mis dans le post avant hier, on s'attendait à un trimestre à oublier très vite, et ce fut bien le cas, et même pire que ce que le marché (et moi-même) attendions.

Elle est loin la pluie de records délivrés lors du Q4 2021 !

J'avais bien pris la peine d'indiquer que vu le contexte et les inconnues faire des estimations était un exercice périlleux, et de fait la réalité des chiffres fut assez loin des prévisions. Quel contraste avec les earnings du Q3 annoncés en octobre qui avaient été "stellar" vu le contexte, Apple ayant été la seule GAFAM à améliorer tant son top line que son bottom line.

Au cours de ce trimestre, qui est le plus important de l'année, Apple a souffert d'un triple vent de face :

• Un contexte macro compliqué comme chacun sait.
• Un forex défavorable, le $ s'étant renforcé par rapport à l'€, donc moins de $ remontent à Cupertino.
• Et enfin, spécifique au Q4 et à Apple, un fort ralentissement des chaînes de production d'iPhone en Chine, durant plusieurs semaines, à cause de la politique 0 Covid, qui a surtout touché les 14 Pro (gros contributeurs de CA et de marge). On estime le shortfall autour des 10-12M d'unités, soit pas loin de 10Mds$ en CA.

Regardons d'abord les chiffres bruts :

• CA global : 117,2Mds$, -5% vs 2021. Apple estime que le Forex seul a causé un shortfall de 8%, autrement dit sans cela ils auraient fini légèrement en croissance.
• CA iPhone : 65,8Mds$, -8% vs 2021 (71,6Mds$) avec les problèmes du dessus. Toujours un taux de satisfaction record de 98%.
• CA Mac : 7,7Mds$, -29% vs 2021. Forex, comparaison défavorable avec le lancement l'année dernière des nouveaux Mac, contexte macro, etc.
• CA iPad : 9,4Mds$, en hausse de 30% sur 2021 car à l'époque il y avait eu des contraintes de production par manque de composants, Apple avait favorisé les ventes d'iPhone.
• CA Wearables & Accessories : 13,5Mds$, -8% sur 2021. Une catégorie affectée selon Apple par le contexte macro. Les 2/3 des acheteurs de Watch étaient encore nouveaux au produit, la base installée s'étend donc toujours rapidement et atteint la aussi des records.
• CA Services : 20,8Mds$, nouveau record absolu sur un trimestre, en croissance de +6% (et donc encore mieux que la croissance au Q3). Sans les vents adverses Forex, la croissance aurait de nouveau été à 2 chiffres. Cupertino a maintenant 935M d'abonnements payants (+35M sur ce trimestre, +150M sur un an).
• Marge brute globale : un superbe 43.0%. Belle performance d'Apple de conserver ses marges élevées, ce alors qu'il y a eu le gros shortfall d'iPhone 14 Pro, ceux qui rapportent le plus de marge.
• Marge brute hardware : 37%, énorme.
• Marge brute Services : 70,8%.
• Net profit : 30Mds$, -13% vs 2021 (34,6Ms$)
• Profit par action : 1,88$, -10% vs 2021 (2,1$).

Les mauvais chiffres de ce trimestre, expliqués par les 3 variables ci-dessus, ne me semblent aucunement remettre en cause les fondamentaux de Cupertino, qui s'avère même je trouve être très résilient. Hors forex, hors problème d'appro des iPhone, et hors vents macro défavorables, Apple aurait très probablement atteint voire légèrement dépassé 140Mds$ de CA : 9Mds$ (forex 8%) + 10Mds$ d'iPhone perdus + 3-4% vents macro soit 4-5Mds$, soit du +12% minimum vs 2021.

Mon hypothèse reste une croissance moyenne "normative" du CA de l'ordre de 10-12%/an et de 15-18% pour l'EPS (operating leverage + réduction du nombre d'actions). En fonction des circonstances, il y aura des trimestres en dessous de ces taux "normatifs", et d'autres, comme probablement le Q4 2023, très au dessus.

Tant qu'Apple sortira de beaux et bons outils tech rendant très satisfaits ses users, ce qui est bien le cas, non seulement elle continuera à gagner de nouveaux users, mais les anciens achèteront aussi de plus en plus de produits et de services, et on aura alors de plus en plus de users s'intégrant de plus en plus dans l'écosystème avec de plus en plus de devices dans la nature, alimentant ainsi des cycles d'upgrade de plus en plus importants, etc.

Une mécanique aussi simple qu'imparable. Apple a d'ailleurs pris la peine de préciser qu'ils avaient battu un nouveau record avec plus de 2 Milliards d'appareils activés, une base en croissance "double digit" vs 2021.

Au dela des chiffes de vente, ce qu'il faut regarder pour apprécier les fondamentaux et la force de l'écosystème ce sont ces variables : taux de satisfaction, nombre de nouveaux clients (ie la moitié des acheteurs d'iPad et de Mac et les 2/3 des acheteurs de Watch étaient nouveaux à la catégorie) et au final base installée de devices et nombre d'abonnements de services.

Et sur ces paramètres, on est bien dans le vert.

Apple résume parfaitement : "Finally, our installed base of over 2 billion active devices represents a great foundation for future expansion of our ecosystem, and it continues to grow even during difficult macroeconomic conditions, which speaks to the exceptionally high levels of customer loyalty and satisfaction and our ability to attract new customers to our platform. The growth is coming from every major product category and geographic segment, with strong double-digit increases in emerging markets such as Brazil, Mexico, India, Indonesia, Thailand, and Vietnam. Turning to the enterprise market. we are seeing continued adoption of our services for business like Apple Business Essentials, AppleCare, Tap to Pay, and Apple Financial Services".

Par ailleurs, les performances d'Apple sur ce trimestre se comparent favorablement avec celles de ses pairs GAFAM, et ce malgré les problèmes de supply spécifiques qu'elle a connus. Tout le monde est affecté par le forex et le contexte macro, mais Cupertino a aussi lui perdu 10Mds$, soit 7% de croissance, et 3,5-4Mds$ de profit net sans doute, à cause des usines en Chine et du Covid. Sans ce cas de "force majeure" Apple aurait eu une croissance de 3% du CA et un résultat net quasi flat.

• Apple brut : CA -5%, Résultat net -13%
• Apple corrigé "force majeure" : CA +3%, Résultat Net -1%
• Microsoft : CA +2%, résultat net -12%
• Amazon : CA +9%, résultat net -90% (0,3Mds$ vs 14,3Mds$, mais 11Mds$+ de gain sur Rivian)
• Meta : CA -4,5%, résultat net -52%
• Google : CA +2%, Résultat net -30%

Malgré ce mauvais trimestre, je n'ai donc aucune raison objective de changer ma perspective long terme, étayée de nouveau en octobre, lire ICI.

Pour creuser, lire ICI.

 

Nota : les résultats trimestriels d'Amazon et de Google, sur lesquels je reviendrai plus tard, ont également été présentés hier soir, et ils étaient pires que ceux d'Apple...Conséquence, leurs actions chutaient de 5% en after hours, contre -3% pour Apple.

L'un des grands points saillants est que, pour la 1ère fois depuis longtemps, Amazon est en perte nette sur l'année...La pieuvre n'est plus aussi resplendissante. Son modèle horriblement complexe, la concurrence sur le Cloud (où elle domine toujours cependant, mais Microsoft grapille des parts de marché), activité qui par ailleurs nécessite de lourds capex, viennent en rajouter sur les vents de face macro, qui affectent tant la consommation que les dépenses B2B, ie pub (activité en forte croissance chez Amazon), et le forex...