Vendredi dernier 25 août, en fin d'après-midi localement, Elon Musk, depuis sa Tesla Model S Plaid, a proposé une démo en temps réel du FSD (logiciel de pilotage automatique de Tesla, "Full Self Driving") dans une nouvelle version entièrement nouvelle V12.
En video ci-dessus le livestream intégral, durant 45'.
Cette date est à marquer d'une petite pierre blanche.
A 1ère vue, si on désactive le son, on ne voit après tout qu'une nième nouvelle version du FSD, qui publiquement en est à sa version 11.4.7. C'est smooth, c'est globalement très efficace, mais ça fait encore des erreurs, et à un moment donné (1 seul sur 45' de pilotage automatique), Elon a du reprendre les commandes.
Mais le breakthough ici n'est pas ce que fait le FSD, mais comment il le fait.
Et la, on est dans un tout autre registre que les versions FSD précédentes en beta dans le public :
- Enormément moins de lignes de code (il y en a 300.000 dans les beta 11.X) et infiniment moins de règles codées en dur (voir pas du tout, dixit Elon : "the mind-blowing thing is that there’s no line of code".). Elon précise dans la video par exemple qu'il n'y a pas une ligne de code qui ordonne à la voiture comment se comporter avec un cycliste, pas une ligne de code non plus pour ordonner quoi faire avec un dos d'âne, etc.
- Le FSD ne travaille pas non plus avec des cartes pré-programmées (comme le font Waymo et Cruise par exemple).
- Ce n'est que de l'IA de A à Z, avec des "neural networks" (réseaux de neurones), où le logiciel a simplement appris comment se comporter après avoir assimilé une masse incalculable de videos.
- Je rappelle que Tesla n'utilise pas de LIDAR sur ses voitures mais simplement des caméras.
Le FSD V12 vise à se comporter comme un humain, mais en bien mieux et plus fiable : des yeux pour regarder (8 caméras sur la voiture), et un cerveau pour interpréter et prendre les décisions de conduite en conséquence (IA et réseaux de neurones).
Si évidemment il reste encore des progrès à accomplir pour arriver à une nécessaire fiabilité à 99,99999999%, dans tous les cas de figure (la démo d’Elon était franchement dans des conditions faciles, beau temps, pas trop de trafic, etc), avec le logiciel conduisant 10x mieux qu'un humain en faisant 10x moins d'erreurs, si on imagine les tonnes (millions) de videos et de cas de figure que le logiciel va devoir ingurgiter, on imagine tout aussi bien le potentiel à terme du framework en place :
- Fondamentalement, c'est totalement et bien plus facilement scalable, le FSD pourra s'utiliser partout, sans voir besoin de cartes (qui évoluent sans prévenir) ni de recoder en dur des règles changeant d'un pays ou d'une région à l'autre.
- Tout dépend maintenant seulement du computing et processing power pour que le logiciel ingurgite ces exemples/videos (renvoyées aujourd'hui par les 200.000 beta testeurs, la aussi un avantage concurrentiel pour Tesla impossible à répliquer facilement). Elon Musk précise dans la video que Tesla va investir 2Mds$ cette année pour booster sa capacité de processing.
- Sachant que la capacité de computing de Tesla devrait faire du x100 dans les 2 ans, car ils ont spécifiquement construit leur propre hardware pour le FSD (le "Dojo"), on peut extrapoler la conséquence sur les progrès et la finalisation de celui-ci. Comme Apple, l'un des atouts de Tesla est l'intégration hardware-software. Concrètement, à x100 de computing power pour apprendre à la machine, ce qui prenait 3 mois à Tesla avant, ne prendra juste plus qu'une seule journée ! On imagine alors le futur rythme de progrès, bien plus rapide (exponentiel) et donc très visible ! Les 18 prochains mois ne peuvent être que très excitant techniquement parlant.
Mon bottom line en tant qu'investisseur :
- Tesla a clairement fait un immense pas vers un FSD opérationnel, universel, scalable, déployable partout dans le monde. On notera d'ailleurs que sur la page d'emploi de Tesla.com il y a actuellement des dizaines d'offres pour des testeurs de FSD, ce partout dans le monde (une quinzaine en Europe, y compris en France, voir ICI).
- La firme a en "real world AI" une avance considérable sur les autres, de plusieurs années. Tesla est bel et bien l'un des acteurs majeurs et leaders de l'IA, même si aujourd'hui Nvidia fait beaucoup plus parler d'elle dans le secteur.
- On est sans doute, techniquement, qu'à moins de 12 mois d'une version opérationnelle et publique du FSD (nonobstant les problèmes règlementaires). Ce qui pourrait alors être, comme le disait Musk, "le moment iPhone" de Tesla.
- Evidemment, dans la foulée, le marché du robotaxi va alors s'ouvrir pour Tesla. 2025, ou au pire 2026, pourrait être l'année du début. Waymo et Cruise, en autres, sont certes déja sur le marché, mais de façons très limitées et pas du tout scalable.
- Ce révolutionnaire framework d'IA/neural networks utilisé servira certainement aussi à Tesla pour ses robots Optimus, qui ont un potentiel de marché de dingue.
Elon Musk a tout simplement montré vendredi dernier que Tesla est bel et bien sur le point d'accélérer très fortement son potentiel économique, c'est maintenant juste une question de mois. Sans prendre trop de risque, je serais prêt à parier que 2024 va être terriblement excitant.
Sachant qu'en 2024, au dela du très attendu FSD, on aura aussi le nouveau Model 3, sans doute le nouveau Model Y, le ramp up du marquant et clivant Cybertruck (avec 2M de pré-commandes tout de même), la mise en route de l'usine mexicaine pouvant (à terme) produire 2M du nouveau modèle compact à 25K$ qui sera lui aussi dévoilé, le gros ramp up de la division energy (qui dépassera alors largement les 20Mds$ de CA), et pourquoi pas aussi quelques robots optimus, l'annonce d'au moins 1 nouvelle usine si ce n'est 2, etc.
Pour reprendre un terme que je n'aime pas du tout, car c'est utilisé par ces investisseurs court termistes qui trépignent à attendre l'envolée d'une action, il y aura moultes "catalyseurs" qui pourraient (ou du moins devraient logiquement) contribuer à faire s'envoler la valeur boursière de Tesla. Maintenant, comme je le dis et redis toujours, la valeur intrinsèque d'un actif est une chose, mais le prix que lui donne le marché à un instant t en est une autre. Ce n'est pas forcément, voire rarement, totalement corrélé, même si sur la distance ça l'est nécessairement. A court terme, il y a toujours beaucoup de psychologie et on parle de "sentiment boursier", ce qui montre bien que tout n'est pas toujours 100% rationnel.
Chercher à deviner le prix d'un actif boursier à court terme consiste à anticiper la psychologie du Marché, Mr Market, un être lunatique et instable, souvent exhubérant, parfois même complètement fou. C'est vain, c'est une perte de temps, c'est juste le travail des charlatans qui pullulent sur les réseaux. Vous les écouterez au détriment de votre portefeuille !
A noter que pour ma part, 100% convaincu par la valeur intrinsèque de Tesla, et ayant un horizon de temps très long (plutôt 7-8 ans en fait), non seulement le prix de l'action à court terme n'est pas ma préoccupation, mais étant en phase de renforcement maintenant et pour les années à venir, mon scénario idéal, mais malheureusement totalement utopiste, serait même que l'action Tesla s'écroule rapidement aux 25$ prévus par le loufoque Gordon Johnson, y reste pendant 4-5 ans, ce avant que le marché ne réalise la vraie valeur intrinsèque de Tesla et que le prix en Bourse rejoigne alors cette valeur avec 2000$ d'ici à 2030-2032 !
Retour sur terre, Wall Street hier lundi, un peu comme prévu, n'a visiblement pas encore trop percuté sur les implications business de ces avancées en FSD, vu que le cours de Bourse de Tesla est resté stable. Ce n'était sans doute pas assez tangible et visible pour ces court-termistes. Tant mieux, l'opportunité d'achat n'en est alors que plus belle. Et pourvu que cette hyper myopie dure encore quelques petits mois ! Mais tôt ou tard néanmoins, et plutôt tôt que tard certainement, ces avancées se traduiront pas des profits concrets...ce que Wall Street appréciera alors.
TheStreet, par exemple, qui se trompe dans ses recommandations plus d'une fois sur 2, sans un mot pour le livestream de vendredi et ses implications, à préféré au contraire pondre un article "Tesla faces major roadblocks to its full sell-driving plans".
Ou encore The Observer, qui titre "Elon Musk Tests the First Non-Beta Tesla FSD—And It's Far From Perfect" !
Dingue, voire pathologique, cette incapacité à se projeter dans le temps et imaginer les choses à horizon de ne serait-ce qu'un an !
A l’opposé de ces journaleux qui n’ont rien compris, pour le réputé Robert Scoble, ex de Microsoft, qui lui au moins sait de quoi il parle en matière de tech et d'IA, c’était « the first public demo of a robot that moved around the world by watching only videos », et c’était donc bien une journée historique !
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