Avec l'officialisation hier de la naissance du groupe Stellantis, issu du mariage entre PSA et Fiat-Chrysler, et qui devient le 4ieme groupe mondial en volume, un petit post ce matin lié à l'automobile.
Juste avant Noël le 22 décembre, Elon Musk avait fait un petit tweet ironique : "during the darkest days of the Model 3 program, I reached out to Tim Cook to discuss the possibility of Apple acquiring Tesla (for 1/10 of our current value). he refued to take the meeting".
Ce n'est évidemment pas le hasard si le même jour, un peu auparavant, Reuters avait beaucoup fait parler du projet voiture d'Apple. Même si, comme je l'écrivais, cet article contenait très peu d'information tangible, on peut en déduire que le projet commence à devenir un peu concret et qu'on pourrait en 2021 avoir plus d'éléments.
Pour en revenir à Elon Musk, par son petit tweet il voulait certainement faire revenir la lumière médiatique sur lui et non pas l'Apple Car, en insinuant au passage que Tim Cook n'a aucune vision car il n'avait pas repéré le potentiel de Tesla...
C'est une façon évidemment un peu biaisée de présenter les choses, car ce n'est pas parce qu'un actif vaut 10x plus aujourd'hui qu'il y a 5 ans que son acquisition alors aurait fait plus de sens stratégique. Cela indique simplement qu'il aurait été un bon investissement financier, ce qui n'est la même chose. On peut d'ailleurs aussi avancer l'argument du coût d'opportunité : Tesla à l'époque valait 40 ou 50Mds$, et il se peut bien que le développement du programme Apple Car dans son ensemble et sur la longue durée ne coûte pas plus de 20Mds$ par exemple, rendant ainsi relativement plus coûteux un rachat de Tesla pour 50Mds$ par exemple. Autre façon de voir les choses (et tout aussi incomplète et biaisée d'ailleurs).
Sur le fond, depuis des années on ne peut que constater qu'Elon Musk est systématiquement ironique, moqueur et même parfois méprisant vis-à-vis de Cupertino (ie il y a quelques années, il avait dit quelque chose comme "Apple est le dépotoire des mauvais ingénieurs que je vire de Tesla"). Un peu comme un ado pas fini qui a une affaire à régler avec ses parents, histoire de se positionner et d'exister.
Et au contraire, en parallèle, Musk accueille à bras ouvert la compétition des constructeurs traditionnels et les félicite même quand ils font des annonces concernant l'électrique. Et il annonce aussi qu'il sera prêt à leur ouvrir son réseau de superchargers et à leur licencier ses technologies (pilote automatique, batteries, etc).
Avec une telle et profonde acrimonie sélective envers Cupertino, on ne peut donc que suspecter 2 choses :
- Elon Musk considère déja Apple comme un concurrent.
- Il est profondément vexé qu'Apple n'ait aucunement besoin de Tesla pour entrer sur le marché de la voiture électrique.
Apple n'est de facto pas un concurrent aujourd'hui, mais il y a très fort à parier que 95% des clients Tesla aujourd'hui sont bien imbriqués dans l'ecosystème Apple avec plusieurs devices et services de la pomme. Et donc en terme de share of mind et de branding Apple se positionne bien en face de Tesla. Quand Apple sortira son véhicule dans 4, 5 ou 6 ans, les clients pouraient tout à fait se partager entre ces 2 marques.
Dans la mesure où Apple, quand Cupertino fait une acquisition, ils cherchent avant tout des talents humains et des techno, on peut aussi se demander ce que Tesla a aujourd'hui qu'Apple n'a pas et aurait du mal à faire lui-même dans les années à venir ?
On met souvent en avant le réseau de superchargers, mais franchement je pense qu'Apple à coup de quelques milliards pourrait lui aussi en construire un en quelques années.
Quant aux talents, Apple a, notamment, débauché Doug Field pour gérer le projet Titan, qui était l'ingénieur en chef chez Tesla (et jusqu'en 2013 il était chez Apple, donc retour au bercail).
Annonce du recrutement de Doug Field par Tesla en 2013
Annonce du recrutement de Doug Field par Apple en 2018
Comme j'écrivais il y a quelques temps, dans la mesure où Apple, et depuis quelques années déja, repense intégralement l'automobile de A à Z, dans toutes ses composantes, il n'est pas impossible que Tesla soit lui-même disrupté par Cupertino.
Ceci étant, le scénario le plus probable me semble tout de même être que quand Apple déboulera sur le marché de la voiture électrique au milieu des années 2020, Tesla sera devenu un constructeur important produisant plus de 5M de véhicules par an (10x plus qu'aujourd'hui), très rentable, et devrait donc avoir les reins assez solides pour encaisser le choc.
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