Peut-être que vous vous délectez comme moi chaque matin du croustillant Morning Zapping de Marc Fiorentino, un point quotidien en semaine sur le monde économique, avec une approche didactique, de l’humour, et parfois même un ton caustique !
Dans son édito d’hier, il donnait les 2 versions existantes actuellement pour expliquer la persistance de l’inflation :
- D’un côté la « greedflation », à savoir l’inflation générée par les hausses des marges des entreprises. Ces dernières profitant justement de l’inflation pour passer des hausses de prix, bien au delà des augmentations de coûts.
- De l’autre la « wageflation », à savoir les hausses de salaires, demandées pour compenser les hausses de prix, mais parfois aussi jouer sur les déséquilibres entre offres et demandes d’emplois.
Bien évidemment je ne vais pas rentrer ici dans ce débat, mais force est de constater que les prix du champagne ont subi en 2022, et également sur ce début 2023, une belle inflation. De nombreuses cuvées ont ainsi pris 15 à 20% depuis 2 ans…
En parallèle, un œil avisé observera que les résultats financiers 2022 des 3 groupes de champagne côtés en Bourse (Lanson, Laurent Perrier, et Vranken Pommery) ont été en forte hausse sur 2021, avec une croissance du bénéfice très supérieur à la croissance du chiffre d’affaires :
- Vranken Pommery : +10% de CA en 2022, et +23% de résultat opérationnel.
- Laurent Perrier : +1% de CA en 2022, et +10% de résultat opérationnel
- Lanson : +7% de CA en 2022, et +79% de de résultat opérationnel
Néanmoins, pour le leader incontesté du secteur, LVMH, si on regarde la division Vins & Spiritueux, on découvre une hausse du CA de +19% en 2022, mais un résultat opérationnel en hausse de +16%, donc une légère contraction des marges opérationnelles. Et on notera que comparé à 2019, et donc en gommant les 2 années Covid 2020 et 2021, le taux de marge opérationnelle de cette division a baissé, passant de 31,0% en 2019 à 30,3% en 2022. On ne peut donc pas dire que pour LVMH et sa division Vins & Spiritueux il y ait eu de la « Greedflation » manifeste.
Après et quoi qu’il en soit, il faut réaliser qu’on est sur un marché d’offre et de demande, si les Maisons de champagne ont pu passer et faire accepter de belles hausses de prix depuis 2021, qui ont contribué à soutenir leurs marges, cela fut possible car la demande était toujours bien là.
Quelque part, un prix de vente est aussi le reflet de la désirabilité, et pour le champagne cette dernière est restée forte en 2022, globalement du moins (et surtout à l'export), avec un quasi record de bouteilles expédiées.
Sur 2023, où les producteurs ont passé de nouvelles hausses de prix, il semblerait par contre que la demande commence un peu à tirer la langue, y compris à l'international…Et c'est une autre simple réalité du marché, une entreprise peut parfois être trop « greedy », mais le consommateur lui a toujours le pouvoir de voter avec son portefeuille !
Sans transition on passe maintenant au monde du smartphone, et la rumeur veut que pour l'introduction des nouveaux iPhone 15 en septembre prochain Apple propose des price points encore plus élevés que la gamme 14.
Mais, après tout, l'iPhone étant devenu un outil strictement indispensable au quotidien, remplissant d'innombrables tâches et rendant d'innombrables services, sa valeur d'usage est telle que le prix peut presque devenir secondaire...
Si les marques de luxe ont un pricing power découlant de la forte désirabilité, celui d'Apple découle de l'incroyable valeur d'usage de leurs devices.
NB : article repris du post LinkedIn de Plus-de-Bulles ICI. Pour les amateurs de champagne et de l'économie du champagne, n'hésitez pas à vous abonner au fil LinkedIn ;-)
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