Semaine dernière, j'expliquais que si je comprenais bien les ressorts du mouvement des Pigeons, je restais sur la réserve, me sentant mal à l'aise avec toute cette agitation.
La principale raison étant que je voyais des risques importants de dérapage, et donc d'image, dans un mouvement anonyme, sans tête ni voix officielle, où l'on pouvait constater des excès évidents. Or, ce n'est pas en restant anonyme, qui plus est en étant simpliste, excessif voire carricatural, qu'on maximise ses chances de se faire vraiment entendre. Avec un risque évident, puisqu'il s'agit de combattre une fiscalité, de paraître plus "rapace" que "pigeon" et de se décrédibliser.
Quand on a quelque chose de juste à dire, on le dit haut, fort, et clairement, à visage découvert, en expliquant et en étayant sereinement le pourquoi du comment de ses positions.
Dans un pays où l'entrepreneur n'est pas toujours compris, et encore moins considéré, et où c'est certainement pire en ce qui concerne les entrepreneurs de l'Internet, je prônais qu'il fallait surtout rester mesuré, pédagogique et constructif.
Aujourd'hui, après plusieurs chroniques très claires et de nombreux interviews avec la presse, Jean-David Chamberodon s'est naturellement imposé comme porte-parôle officiel du mouvement, ce avec Olivier Mathiot (co-fondateur de Price Minister), ce qui adresse alors totalement mes craintes et rejoint ce que je voulais : de la mesure et de la pédagogie.
Les Pigeons ont maintenant, enfin, un (bon) visage officiel, dans lequel j'ai confiance, et cela change tout.
Donc, aussi bien à titre personnel qu'en tant que Président et co-fondateur de l'Accélérateur, je soutiens sans réserve l'action de Jean-David.
Certes, la fiscalité ne résoudra pas tout pour favoriser le lancement et la réussite d'entrepreneurs, mais il ne faudrait pas non plus qu'elle puisse jouer un réel frein, car on a pas besoin de cela actuellement, bien au contraire. Toute crise recèle des opportunités mais, pour les saisir, il faut de l'enthousiasme, de la prise de risque intelligente, un eco-système porteur qui s'implique, et c'est bien tout cela qu'il faut favoriser.
Or, en l'état, le PLF2013 pouvait être un véritable frein en dissuadant non pas d'entreprendre - car l'entrepreneur est rarement motivé par le seul enrichissement - mais d'investir. Or, sans carburant, c'est souvent compliqué d'avancer et parfois impossible.
L'Accélérateur ne pousse aucunement à la levée de fonds, mais en même temps la nature même de certains business, où il faut investir avant de récolter, ne laisse pas d'autre choix. Plain & simple, ni plus ni moins, c'est du simple bon sens.
De plus, autre argument, un entrepreneur qui choisit de ne pas ou très peu se payer, et de ne jouer que le gain capitalistique à la sortie, se verrait imposer à 40, 50 ou 60%, alors que s'il s'était payé au fil du temps il aurait été imposé bien moins. Ce n'est ni juste ni du bon sens.
En matière de fiscalité, tout est question de dosage juste et de prise en compte de l'ensemble des paramètres et du contexte, et je fais confiance à Jean David pour expliquer tout cela sereinement et pédagogiquement aux Ministres concernés.
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