En cette période pré Noël, un petit post gastronomico-économique ! J'aurais pu vous parler de truffes, et plus précisément de la Maison de la Truffe, de ses produits et de son positionnement réellement uniques en France, mais ça viendra plus tard dans la semaine...
J'ai l'eu l'occasion de le dire plusieurs fois ici, le champagne est l'un de mes pêchés mignons et j'en suis grand amateur. Le champagne c'est la fête et quand il est vraiment fin, servi à la bonne température, c'est sublime !
Je dinais il y a quelques jours dans un grand restaurant parisien, 3* au Michelin, qui nous fit découvrir un champagne réellement exceptionnel, d'une finesse et d'une saveur époustouflante, parmi les tous meilleurs que je n'avais jamais dégustés. Rien que cela...
Demandant plus de précision au sommelier, j'apprenais qu'il s'agissait d'un "petit" producteur n'écoulant sa production qu'à travers la restauration, pouvant éventuellement vendre en direct aux consommateurs, mais aucune vente dans des circuits de distribution classiques.
Ce producteur : Diebolt Vallois; ci-dessus l'étiquette de la cuvée "Prestige", celle que j'ai dégustée. Il suffit de se rendre sur leur site, de regarder les "credentials" avec les notes données par la presse spécialisée à ses champagnes, pour avoir la confirmation de l'incroyable qualité de sa production, aujourd'hui exportée à 75%.
En parallèle des grandes marques de champagne très connues du public (Krug, Louis Roederer, Dom Perignon, Veuve Clicquot, Moët & Chandon, Lanson, Deutz, Gosset, Mumm, Bollinger, etc), il existe des maisons artisanales produisant tout simplement des champagnes d'exception, et Diebolt Vallois et l'une de celles-ci.
Si les grandes maisons sont très connues, ce n'est pas nécessairement parce qu'elles proposent des champagnes supérieurs aux maisons plus confidentielles, mais surtout parce qu'elles sont sur un modèle économique différent.
Elles sont sur des modèles de volumétrie, plus (Mumm) ou moins (Dom Perignon) grande, et pour la développer ont d'une part recours à de gros budgets publicitaires et marketing qui placent la marque dans les magazine lifestyle, la presse spécialisée, parfois des blockbusters (Bollinger et James Bond), et d'autre part elles payent pour l'accès aux linéaires de la distribution physique, que ce soit des GMS ou des chaînes spécialisées.
Ainsi, on trouve du Dom Perignon ou du Ruinart à la fois chez Auchan que chez Nicolas, et vous avez sans doute tous aperçu récemment quelques pubs de ces 2 champagnes, dans des magazines ou autres medias.
Bien évidemment, ne nous leurrons pas, pour ces grandes maisons aux volumétries plus ou moins grandes, aussi bien les importants budgets marketing que l'accès aux linéaires se retrouvent dans le prix des produits, et de manière très significative. Au final, le modèle économique résulte dans des produits certes bons voire même parfois de très grande qualité, certes jouissant d'une forte image et d'une grande notoriété, mais qui sont aussi bien plus cher que les champagnes des "petites" maisons artisanales telles que Diebolt-Vallois.
Ce dernier, entreprise familiale amoureuse du travail bien fait, disposant de quelques hectares de vignes sur des terroirs rares (Premiers ou Grands Crus), aux coûts de fonctionnement légers, ne faisant strictement aucune publicité, peut ainsi produire des champagnes d'exception à des prix...incroyables !
Par ailleurs, en adoptant une stratégie de volume, dans la mesure où les terroirs de grande qualité (1er et Grand Crus) sont par définition limités, une marque très grand public (ie Mumm, Laurent Perrier, Nicolas Feuillate, etc) doit nécessairement faire des compromis sur ses approvisionnements, ce qui influe sur la qualité finale.
Comme je l'exprimais aussi dans ma note sur le "hand made", certaines choses ne peuvent pas se produire industriellement en grande série : avec le champagne (ou le vin), au delà du processus même de fabrication, il y a la rareté et la limitation du terroir. Dans la maroquinerie, il y a également une pénurie des cuirs d'exception, aussi une stratégie de volume s'accompagne forcément d'un compromis sur la qualité. Les parapluies d'exception d'Alexandra Sojfer, tous faits à la main, ne pourraient pas être fait par une quelconque machine.
Mais contrairement à certaines produits hand-made qui de fait sont très coûteux, ce n'est pas le cas avec le champagne. Je préfère la cuvée Diebolt Vallois "Prestige" au Dom Perignon 1999 ou 2000 (par exemple), et départ producteur elle coûte 6 à 7 fois moins cher que le Dom Perignon acheté chez le détaillant ou la GMS ! Inutile de dire qu'à la veille des fêtes, j'ai fait le plein...
Il n'y a pas de magie et il est assez aisé de comprendre les economics : le marketing important et une structure de coûts plus "grasse" qu'une petite maison familiale renchérit le coût de 30 à 50%, la dessus le producteur prend sa marge de profit, disons 20%, puis la distribution prend sa marge, disons 30 à 50%, si bien qu'à qualité égale le produit se retrouve mécaniquement sur les linéaires 3 à 4 plus cher environ que la bouteille achetée directement chez l'artisan de qualité. Evidemment, acheter 1 bouteille à distance ne fait aucun sens, mais faire venir 24 bouteilles coûte moins de 50€...
Et l'e-commerce de Diebolt-Vallois ? Il n'existe pas encore...
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