Michel de Guilhermier's Blog

Motoblouz Rentre (Enfin) dans le Retail...par la Grande Porte. Bravo !

En 2016, nous (Inspirational Stores) avions mis Motoblouz en vente, et l'un des fonds de LBO que nous avions rencontré était presque parti en courant quand nous lui avions annoncé que nous avions des velléités d'aller dans le retail et d'ouvrir des magasins.

Quel sectarisme, quel aveuglement, quel manque de lucidité...

Mais, dans la même veine, nos actionnaires VC de l'époque (Atlas Ventures et OTC) n'étaient pas non plus très favorables à cette stratégie, qu'on avait caressée dès 2012 ou 2013 en fait. Pour eux, j'ai plus de compréhension car, cherchant à sortir, ils ne voulaient pas prendre trop de risque...

A vrai dire, à l'époque, j'étais je crois à peu près le seul (avec le management) à penser qu'une stratégie omnicanale était non seulement souhaitable mais aussi indispensable pour Motoblouz. 80 à 90% des produits se vendent encore dans le physique aujourd'hui, alors quand on est une marque Internet connue et légitime (Motoblouz a 50% de PDM sur le canal Internet), qu'on a tout le sourcing qu'il faut, un volume d'achat pour tenir des prix compétitifs tout en gardant de bonnes marges, quand on sait qu'une présence physique minimise le coût de l'acquisition client sur Internet, et quand on sait aussi qu'il n'y a pas mieux que le retail pour vendra sa marque propre (en l'occurence "Dexter" pour Motoblouz)  qui rapporte bien plus de marge, il n'y a aucune raison rationnelle fondamentale de ne pas aller dans le retail !

Reste après, évidemment et comme toujours, à exécuter correctement.

Aujourd'hui, à l'exception peut-être de Vente-Privée qui a un modèle de services aux marques bien spécifique, je ne vois pas trop d'issue stratégique à terme pour un pure player. Le modèle gagnant doit s'inspirer du "new retail" tel que défini par Alibaba et que j'ai maintes fois étayé sur ce blog : du digital (ce qui ne veut pas seulement dire de l'eCommerce), des actifs physiques et des services de logistique.

Motoblouz ayant été rachetée fin 2016 par le fonds Equistone Partners Europe (lire ICI), qui avait déja racheté "POLO Motorrad" en Allemagne, une chaine de quelques dizaines de magasins d'articles de moto (n°2 local derrière Louis, propriété de Berkshire Hathaway, j'en avais parlé ICI), ce n'était alors plus qu'une question de temps et d'opportunité avant que l'arrivée de Motoblouz dans le retail se concrétise enfin bel et bien.

Et voila, aujourd'hui c'est maintenant fait et officiel...

Motoblouz a en effet annoncé il y a une dizaine de jours l'acquisition de MCom Moto, un magasin de 2500M2 à Seclin, au milieu de ce qui est la plus grande aire moto d'Europe regroupant concessionnaires et grandes surfaces de ventes dédiées à l’univers de la moto. Le magasin fait de la vente d'équipement motard et d'accessoires moto, de la vente de véhicules d'occasion, dispose de son atelier de réparation, et le tout adossé à un site internet marchand.

A vrai dire, nous avions déja eu des discussions pour racheter MCom Moto dans le passé, ce dés 2012 ou 2013 je crois. Mais, question acquisition, il faut souvent laisser du temps au temps pour que ça mûrisse, et que les prétentions du vendeur rencontrent ce qu'est prêt à payer l'acheteur. La patience est une vertu...

A la rentrée en septembre, après une période de travaux qui va bientôt commencer, Motoblouz disposera ainsi du 1er flagship physique à sa marque, 1ère pierre d'une vraie stratégie omnicanale qui pourrait/devrait le propulser de n°1 Internet dans sa catégorie à n°1 tout court, devant Dafy Moto...

J'en suis formidablement heureux pour Motoblouz et son top entrepreneur co-fondateur et CEO, Thomas Thumerelle. Et, évidemment, toujours un poil déçu de ne plus être sur le navire comme je le souhaitais, mais je n'avais pas trop le choix comme je l'avais exprimé ici en 2016 :

"Est-ce que je suis cependant heureux de revendre, toucher un gros chèque et sortir, la réponse est un grand et clair NON. Même si mes poches s'alourdissent de quelques millions, ça ne changera évidemment pas ma vie et j'y vois surtout la fin d'une aventure que je ne voulais personnellement pas finir. Donc j'en suis triste. Mais voila, nos VC (Atlas Ventures et OTC) étaient dans le capital d'Inspirational Stores depuis respectivement 8 et 9 ans, ils ont légitimement cherché à vendre, et l'acheteur rachète 100%, ne voulant évidemment pas garder de minoritaire à l'exception du management".

Motoblouz a aujourd'hui 14 ans. Au cours des 10 1ères années, l'entreprise a prospéré et s'est magistralement imposée sur le canal Internet en faisant progressivement le vide autour d'elle :

• Rachat d'Access Moto en 2010, ex n°1 du marché (création comme VPCiste dans les années 90), rapprochement que j'avais initié dés 2009 en fait dans la foulée du rapprochement Motoblouz/Inspirational Stores. Le rachat d'Access Moto a quasiment fait doubler Motoblouz de taille du jour au lendemain.
  
• Rachat des actifs de Motoligne en 2014 : motoligne était aussi un concurrent historique, nous avions aussi initié des discussions pour l'absorber dès 2009, discussions qui n'avaient alors pas abouti. Et Motoblouz a fini par mettre la main - pour une bouchée de pain - sur les actifs de l'entreprise qui était tombée en dépôt de bilan.
  
• Marginalisation ou disparition des concurrents historiques, comme iCasque (important concurrent en 2009, marginal aujourd'hui) ou VPCBike (liquidation en 2015), 2 sociétés que nous avions aussi envisagées de racheter dans le passé.
  

J'avoue d'ailleurs au passage en effet que j'affectionne particulièrement les build-up, et dés l'acquisition de Motoblouz en 2009 j'ai contacté directement tous les gros acteurs du métier de l'époque cités ci-dessus : VPCBike, iCasque, Acccess-Moto, Motoligne...

Mais pour faire du build-up, au dela de la vision, il faut d'une part avoir de l'ambition et être un conquérant, mais aussi être bon gestionnaire (car il faut intégrer). 2 qualités bien possédées par le management de Motoblouz.

Et aujourd'hui, 14 ans après sa création, l'irruption par la grande porte dans le retail avec ce flagship de 2500M2, Motoblouz, à travers son CEO et cofondateur Thomas Thumerelle, continue de magistralement bien exécuter la vision que j'avais esquissée en 2010 (lire ICI) quand j'écrivais sur ce blog :

"Ce que je me dis est simple et tient en quelques mots : avec une vision large, des idées, des capitaux, et du réel talent managérial, on doit pouvoir réellement oeuvrer à la restructuration du marché. Il faut inventer comment demain l'industrie sera composée. How what fun it is to ride such a business !

Thomas Thumerelle et David Thiry, les 2 co-fondateurs de Motoblouz, d'abord ensemble entre 2004 et 2012, puis seulement Thomas à partir de 2013 (David se focalisant brillamment aujourd'hui sur le développement de Cuir-city et ses 8 magasins en propre, plus le développement d'un franchise), ont bien eu tout le talent managérial pour rendre concret cette vision !

Quelle belle histoire...qui continue donc aujourd'hui de plus belle avec l'entrée dans le retail, brique indispensable pour devenir le leader global en France !

Avec ce nouvel gros actif physique, Motoblouz va pouvoir maintenant déployer une vraie stratégie omnicanale de type "new retail" et s'imposer mécaniquement et inéxorablement devant les retailers "old school" comme Dafy...D'abord localement sur la zone de chalandise de Seclin où ils sont présents, puis nationalement au gré des futures ouvertures...

Pourquoi mécaniquement et inexorablement ?  Tout simplement car aujourd'hui Motoblouz va maitriser mieux que quiconque le digital ET le physique. L'entreprise va donc ainsi disposer de très sérieux avantages concurrentiels pérennes qui vont lui permettre de s'imposer devant Dafy, progressivement. Plain & simple.

Reste juste à déployer progressivement un réseau physique, mais je fais confiance à Thomas pour cela. D'ailleurs, si j'étais un retailer, je me mettrais très vite sous la bannière Motoblouz...car ce serait du win/win évident !

Pour info, quand une superette en Chine se met avec Alibaba, c'est immédiatement +30% de foot trafic en plus, bénéfice immédiat de la puissance des bases de données de la pieuvre de Hanghzou. Motoblouz, avec une base globale de plus de 1M de clients, a de la même façon aussi la capacité à renvoyer du trafic dans le physique...

Et j'ai hâte de constater - dans les années à venir - que Motoblouz est bien devenu le n°1 global en France sur son marché de l'équipement du motard et de la moto, devant Dafy ! (avec toujours une pointe d'amertume, je n'aime vraiment pas me séparer - malgré moi - de mes beaux actifs !).

A relire pour le fun et la stratégie, la vraie histoire d'Inspirational Stores !

2 Tombstones pour 10 ans d'Histoire !

Illustration par les tombstones de le belle aventure Inspirational Stores que j'avais relatée ICI, débutée le 1 février 2007, au lendemain de mon départ effectif de Photoways/Photobox, et qui s'est achevée fin septembre 2016 suite à la non moins très belle revente de Motoblouz au fonds de LBO  Equistone Partners.

Un périple de quasiment 10 ans...

(je viens juste de recevoir le tumbstone de la vente Motoblouz, raison de ce post maintenant) !

Motoblouz Racheté par le Fonds Equistone pour Former le Leader Européen de sa Catégorie. Fin d'Inspirational Stores après 10 ans. Retour sur un Belle et Etonnante Histoire !

Sans doute un des posts le plus long de ce blog, mais ce n'est pas non plus tous les jours qu'on referme - à contre coeur - une page de 10 ans. Une belle page entrepreneuriale, riche de rencontres, de rebonds, de niak et d'un peu de chance aussi, riche évidemment d'enseignements, mais une page qui se referme...

L'histoire Inspirational Stores avait commencé le 1er février 2007, au lendemain de mon départ de Photoways/Photobox (coincidence incroyable d'ailleurs, je tombais par hasard hier matin à la piscine sur le DG de Photobox, nous nagions cote à cote !).

Et voila que cette histoire s'est achevée près de 10 ans après, ce vendredi 23 septembre, par la (très belle) vente de Motoblouz au fonds de private equity Equistone. C'est certainement une question qui brûle les lèvres ici, mais le prix ne sera pas annoncé. Je vous laisse extrapoler, connaissant le CA (flirtant avec les 40M€ sur l'exercice finissant à juin 2016), la croissance (environ 30%/an), et avec un EBIT pro-format supérieur à 10% du CA. Leadership, forte croissance et belle rentabilité, une véritable pépite, un actif rare...Pierre Gattaz lui-même, président du Medef, l'avait mis en avant et j'en avais parlé en avril dernier ICI.

Pour l'anectote, Equistone (qui s'appelait alors Barclays Private Equity) fut l'un de mes plus gros clients dans le passé, quand à la fin des années 90 j'avais monté un cabinet de due diligences stratégiques, revendu depuis à Deloitte. Et je garde toujours des liens amicaux avec son Managing Partner Europe actuel, Guillaume Jacqueau. Quelque part, la boucle est bouclée !

Equistone possédant déja Polo Motorrad en Allemagne et Sportbikeshop au UK, il s'agit donc d'un bon build-up européen, formant un groupe approchant les 200M€ de CA sur 2016, présent sur le web et en retail (90 magasins). Le groupe est n°2 de la catégorie en Europe derrière Louis, un autre allemand, racheté par Warren Buffett il y a près de 2 ans (j'en avais parlé ICI). Louis est un peu plus gros que le groupe formé par Polo et Motoblouz, mais il n'est qu'en Allemagne, et sur le segment du online il est clairement derrière.

Equistone via Polo rachète 100% du capital, je sors donc complètement, ainsi que tous les actionnaires d'Inspirational Stores.

La 1ère chose est tout d'abord de remercier mes amis Ch'tis de Motoblouz, Thomas (le CEO actuel et co-fondateur), sans lui on en serait évidemment pas la. Mais aussi David, son copain d'enfance et l'autre co-fondateur en 2004, qui est lui parti il y a quelques années pour développer Cuir City (aujourd'hui 6 boutiques et un site web), ce fut un sacré duo de choc lors des 8 1ères années de Motoblouz. Ils avaient les 2 bons yeux nécessaires à la réussite entrepreneuriale, l'un sur le top line, l'autre sur le bottom line...

Est-ce que je suis cependant heureux de revendre, toucher un gros chèque et sortir, la réponse est un grand et clair NON. Même si mes poches s'alourdissent de quelques millions, ça ne changera évidemment pas ma vie et j'y vois surtout la fin d'une aventure que je ne voulais personnellement pas finir. Donc j'en suis triste. Mais voila, nos VC (Atlas Ventures et OTC) étaient dans le capital d'Inspirational Stores depuis respectivement 8 et 9 ans, ils ont légitimement cherché à vendre, et l'acheteur rachète 100%, ne voulant évidemment pas garder de minoritaire à l'exception du management.

Je n'avais pas la main sur cette vente, car pour ma part j'aurais largement préféré un prix de revente (un peu) plus bas, mais avec la capacité de remettre et de rester dans l'aventure. Mais nos VC, sortant à 100%, avaient un intérêt divergent et clair, celui de maximiser le prix de sortie...

Ceci étant, si je suis triste, Equistone était aussi l'acheteur le plus naturel et le meilleur pour Motoblouz, et c'est bien celui que je voulais pour la société. Thomas pour sa part continue la belle aventure et je suis donc certain qu'il va s'éclater, et que dans 5 à 7 ans le nouveau groupe pourrait approcher les 500M€ de CA (il devra y avoir pour cela d'autres build-up au dela de la croissance organique qui ne devrait pas être suffisante). J'en suis très heureux et je m'en réjouis pour lui.

Ceci étant encore, si je suis triste, je suis aussi heureux d'avoir été digne de la confiance de mes actionnaires et d'avoir crée de la valeur pour eux, les BA comme les 2 VC au capital, et ça c'est important. Quand on vous fait confiance, il faut mettre un point d'honneur à l'honorer, par tous les moyens. Je suis souvent choqué de l'attitude irresponsable et même ingrate de certains entrepreneurs, qui n'ont aucun respect pour leurs actionnaires qui leur ont fait confiance. Ils prennent l'argent, quand ça marche ils sont les 1ers à oublier l'investisseur (voire à dire qu'il est arrivé pour pas assez cher), et quand ça marche pas ils vont le critiquer de ne pas en avoir fait assez, ou alors ne pas s'excuser d'avoir planté la boutique et fait perdre de l'argent...

Je suis triste mais heureux d'avoir contribué à la formation d'un géant européen dans sa catégorie. Après Photoways, devenu le n°1 européen et n°2 mondial avec pas loin de 400M€ de CA cette année, je ne pouvais pas faire moins !

Ceci étant enfin, si je suis triste, l'aventure Inspirational Stores est très belle et assez incroyable en elle-même, je suis fier et très heureux de l'avoir vécue et rendue successful avec mon ami et complice de 30 ans, Martin Genot. Puis avec David et Thomas de Motoblouz.

Cette histoire entrepreneuriale est en effet très belle, passionnante et contient aussi quelques scoops et morceaux croustillants que je relate ici pour la 1ère fois...

• Départ le 1er février 2007, avec l'idée initiale de créer une usine à sites eCommerce, animée par un certain nombre de fonctions transversales. Le 1er nom auquel nous pensons est d'ailleurs eCommerce Factory. Pour la galerie et le buzz, je fais rentrer une douzaine de business angels amis de renom, gratin du web en France (et pas seulement), en leur concédant chacun environ 0,1% du capital : PKM, Loic Lemeur, Jérémie Berrebi, Pascal Chevalier, Robert Keane (fondateur et CEO de Vistaprint), Fabrice Grinda, Marc Reeb d'Agregator, Patrick Hannedouche, etc.
• 1ere levée VC en décembre 2007, de 1M€, avec mes amis d'OTC Asset Management (Jean Marc Palhon à l'époque)
• C'est aussi fin 2007 que nous effectuons un 1er pivot, vers ce qu'on appelle aujourd'hui la "délégation eCommerce", à savoir nous prenons intégralement en charge le développement et la gestion des sites eCommerce de belles marques pointues. D'où le nom à coucher dehors d'Inspirational Stores ! Nous faisons ainsi de l'alimentaire avec Ladurée, Caviar Kaspia, Maison de la Truffe, de la fringue avec Antik Batik, Breueur ou encore Daniel Crémieux, du parfum avec The Different Company, de la maroquinerie avec Lamarthe ou Delvaux, et même des parapluies avec Alexandra Sojfer ! Des belles rencontres, et d'autres moins (cf plus bas).
• En septembre 2008, en plein coeur de la crise financière, nous réalisons l'exploit de lever 10M€ ! Voir ICI.
  
• Le 2ième exploit c'est que 2 mois plus tard durant l'automne 2008 nous expliquons à nos actionnaires que la délégation eCommerce est un métier pourri qu'il nous faut quitter ! Nos arguments étant alors très rationnels, il y avait en effet eu quelques data claires entre le début de la levée de fonds (mars 2008) et l'automne 2008. On aurait pu tout arrêter et rendre l'argent aux actionnaires, mais nous décidons alors tous d'un commun accord de continuer en  pivotant radicalement, d'arrêter tous nos contrats avec les marques (certains avec autant d'inélégance que d'appât immoral du gain nous ont demandé des millions en justice), de licencier les 50 personnes que nous étions alors, et de mettre nos capitaux à l'oeuvre avec une alternative simple : racheter un site eCommerce, ou nous lancer nous même from scratch dans une niche eCommerce. Création ou rachat donc...J'en parle plus bas.
• La décision de ce pivot était salutaire : Mix Commerce, notre principal concurrent de l'époque, qui a lui aussi levé 15M€, a fini par se revendre 1€ symbolique à la Poste et il suffit de regarder les comptes de The Other Store (autre "délégataire", crée en 2008 par des anciens de chez nous, no comment sur l'attitude de certains) pour se rendre compte à quel point c'est difficile. On peut y réussir, mais c'est compliqué, il faut prendre des marques bien spécifique. J'en connais un qui réussit, mais je ne peux pas le citer aujourd'hui, conflit d'intérêt avec l'une de mes occupations actuelles.
• Concernant le pivot, je lance très concrètement 2 lignes début 2009 : 1) nous screenons (via un cabinet de conseil, Blueprint) une trentaine de secteurs et 2) je contacte en parallèle des amis travaillant dans des prestataires eCommerce pour savoir si par hasard ils connaitraient des start-up intéressantes que nous pourrions racheter ou du moins entrer significativement au capital. 
• Blueprint fait du bon boulot, la ligne "screening industriel et lancement from scratch" donne des résultats intéressants mais nous estimons finalement qu'elle est trop longue et risquée vs la ligne "rachat industriel". A noter par exemple que nous tombons sur le secteur "cycles" qui nous plaisait bien et que nous avons été pas loin de développer. L'idée fait actuellement les beaux jours d'Alltricks, leader en France de la catégorie, réalisant aujourd'hui un CA très conséquent (plusieurs dizaines de M€). Hello Gary ;-)
• Concernant le rachat industriel, c'est là où il y a un petit coup  de pouce du destin : un ami chez emailvision me parle en février 2009 d'un de ses clients qui selon lui marche bien et seraient ouvert à une augmentation de capital voire à un rachat/fusion : il s'agit de Motoblouz, eCommerçant dans l'équipement du motard, situé dans un bled paumé du nord de la France, Rouvroy, au pied du plus grand terril de la région ! Un peu plus tard, en mai 2009, cet ami m'envoie une autre piste : une plateforme de covoiturage que je ne connaissais pas encore, du nom de...Comuto...plus connue aujourd'hui sous le nom de Blablacar !!! L'email reçu vaut quand même aujourd'hui son pesant de cacahouètes, aussi je le donne ci-dessous (cliquez pour agrandir) :
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• Nous aurions ainsi pu être actionnaire significatif de Blablacar, mais finalement, la piste Motoblouz commencée un peu plus tôt va très vite, je suis sous le charme du duo de ch'tis hyper efficaces qui l'ont lancé, David et Thomas, et l'accord est ficelé durant l'été 2009 (en juillet). A l'époque, Motoblouz fait 4M€ de CA seulement et est le n°2 de son activité derrière un certain Access Moto, ancien VPCiste reconverti à l'eCommerce. Opération faite, Inspirational Stores devient alors simplement le holding de tête de Motoblouz, pivot total vs la distribution de produits de luxe, macarons, caviar, truffes, maroquinerie ou prêt-à-porter haut de gamme ;-)
• Je tiens absolument à cacher notre pivot et ce rachat, pour que ceux qui se sont lancés dans la délégation eCommerce continuent de s'y enfoncer, d'y perdre de l'argent, et surtout de nous laisser tranquille. A l'époque, les marges dans le secteur de l'équipement moto étaient bien/trop confortables, il valait mieux ne pas l'ébruiter. Aussi, pour faire un écran de fumée, je monte fin 2009 un pseudo accord alibi avec le leader mondial de la délégation eCommerce, GSI Commerce, pour faire croire que nous sommes encore dans le secteur de la délégation, ICI. Il affole tellement l'un de nos concurrents, que ce dernier appelle immédiatement l'un des VP de GSI pour savoir si cet accord est exclusif. L'effet est réussi...le concurrent en question continuera ainsi à s'enfoncer...Tant mieux, et tant pis pour lui, cf ci-dessous.
• En février 2010, notre pivot étant loin derrière et traçant notre route avec Motoblouz, j'ai même eu une conversation Skype avec le patron de ce concurrent (que j'ai évidemment gardée dans mes archives). La aussi, avec du recul, ça vaut son pesant de cacahouetes. Lui (avec beaucoup d'arrogance): "tu ramasseras les miettes" (du marché de la délégation eCommerce). Je lui dis ce que je pense du marché, qu'il est compliqué, et qu'il faut trouver une alternative. Lui : "sauf que la tu en pas pas trouvé". Je lui dis que ce n'est pas le cas, et que tout va bien pour nous, et il me répond alors : "ce n'est pas ce que dit le marché, mais tu le sais. Tu fais juste ton job de patron qui consiste à dire que tout va bien. Bonne journée". Ben non mon ami, tout allait vraiment bien et nous avions vraiment une alternative...Je lui disais la vérité pendant que lui, pétri d'arrogance et d'aveuglement, n'écoutait pas et courrait à sa perte...
• Pendant nos discussions avec Motoblouz au printemps 2009, je contacte également, dans le but de merger tout cela, 2 autres acteurs : l'un est le leader de l'époque, Access Moto (plus de 4M€ de CA), l'autre est Motoligne (qui devait faire alors quelques centaines de K€ de CA). Le gérant d'Access Moto m'éconduit vite, mais nous continuons les discussions avec Motoligne, et lui faisons une offre, sans trop y croire, et sans trop vouloir qu'il l'accepte (nous décelions un problème de personnalité et de compatibilité). Il refusera. Plus tard, il se faira racheter par un groupe moto du mortar, qui le sortira du management et qui liquidera finalement le site en 2014. Motoblouz rachètera alors la société pour une bouchée de pain, lire ICI...
• Au printemps 2010, Alain Basirico, patron d'Access Moto, me rappelle, après 1 an de silence absolu. Dès que je vois son nom s'afficher sur mon portable, j'ai la bonne intuition. Des raisons personnelles, mais aussi la pression commerciale de Motoblouz qui prenait le lead du marché, le poussent maintenant à considérer la vente de sa société. Je descends immédiatement sur Montpellier voir l'affaire, on sympathise, et 3 mois plus tard le deal est conclu dans d'excellentes conditions pour nous. Motoblouz double ainsi quasiment de taille et devient 5 à 6x plus gros que le n°2. C'est toujours le cas aujourd'hui ! Le build-up est bien souvent la voie de croissance la plus sûre et efficace...

Aujourd'hui, en 2016, après un petit creux en 2011-2012, Motoblouz va très bien, il a pris près de 10% du marché français total de l'équipement moto, 50% du marché online (ces 2 dernières metrics étant assez incroyables objectivement), il est très rentable (caractéristique rare pour un eCommerçant) et va donc vivre sa vie au sein d'un nouveau groupe puissant..

Si, encore (!), je suis triste de quitter cette belle aventure, j'ai heureusement la grande chance avec mes 3 autres partners de L'Accélérateur (qui connaîtra aussi début octobre un nouveau 1er jour), Eric, Juan et Christophe, de vivre d'autres nombreuses très belles histoires maintenant, avec des équipes d'entrepreneurs de grande qualité comme celles d'Ector, de FioulReduc, de SportHeroes, de ZenChef, de Morning Players, de PayPlug, de SOSav et de tant d'autres encore. Je m'éclate avec elles, on vit de superbes histoires économiques et humaines.

Et ces aventures la, je ne veux pas les quitter, ni après 5 ans, ni après 10 ans, ni après 20 ans...

Car qu'on se le dise, à une époque où on veut tout tout de suite, où on rêve de créer des licornes en quelques années, où peu ont la ténacité de s'accrocher et de vivre les inévitables affres de l'entrepreneuriat, la réalité est que développer une belle et grande société rentable et pérenne, ça prend du temps, beaucoup de temps ! Avec de la sueur, des larmes parfois, et des émotions fortes dans les 2 sens...

Mais c'est grisant, ça remplit la vie de joie et d'optimisme !

Ci-dessous, Thomas et le CEO de Polo Motorrad fêtent le rachat ce vendredi 23 septembre 2016. Bravo !

MAJ Closing Dinner du mardi 27 septembre

Vu les circonstances, le terme de "closing" prend ici tout son sens !!!

De gauche à droite dans l'ordre : Alexis (Equistone Germany), James (CEO et fondateur de SportsBikeShop), debout on a Barry (CEO Atlas Ventures), de dos Gilles (adminsitrateur Inspirational Stores pour le compte d'Atlas Ventures), Erwan (cabinet de Villechenon, notre avocat depuis le début), le CFO de Polo, puis sur la droite Martin et Thomas...

Et ci-dessous la photo de mes associés et amis d'Inspirational Stores, Thierry (Rothschild) et Martin

Ah, ces Mois de Juillet... !

Je suis juilletiste, partant habituellement en vacances les 15 derniers jours de juillet. Et pour une raison que je ne m'explique pas totalement, si je regarde sur les 12 dernières années, ce mois apparait aussi régulièrement comme un mois clé :

• Juillet 2005 : tour de table de 24M€ pour Photoways (avec Highland et Index)
• Juillet 2007 : revente de mes actions Photoways (valorisation quasi centaurienne !)
• Juillet 2008 : term sheet de 10M€ d'Atlas Ventures et OTC Asset Management pour Inspirational Stores (le closing fut en septembre au beau milieu de la tempète financière, nous avions eu oeut que nos investisseurs se retirent !)
• Juillet 2009 : acquisition/fusion Motoblouz par Inspirational Stores (qui avait décidé très inspiré de totalement pivoter peu de temps après la levée de fonds).
• Juillet 2010 : acquisition Access Moto (alors n°2 du secteur après Motoblouz) pour consituer un groupe ultra dominant dans l'univers de l'équipement moto sur Internet (plus de 50% de PDM en France aujourd'hui).
  

Depuis 2010, il n'y avait rien eu de spécial en juillet, les mois clés de L'Accélérateur ont jusque là plutôt été janvier, juin et septembre...

Mais mon petit doigt me dit que pendant que je plonge avec les requins un move majeur devrait survenir !

MAJ 21 juillet : D Day !

Groupe Motoblouz, l'une des Plus Belles Pépites de l'eCommerce Français !

On a connu le dépôt de bilan et la mise en liquidation de Pixmania, les difficultés de RueduCommerce (racheté par Carrefour 5 fois moins cher que ce que l'avait payé Alterea), de Grosbill (revendu par Auchan à Mutares, qui avait acheté Pixmania...), de Mistergoodeal (revendu 1€ symbolique par M6 à Darty)...

Des sociétés aux CA conséquents (Pixmania était monté à plus de 1 Milliard d'€, RueduCommerce à plus de 300M€...), mais dans les affaires ce n'est évidemment pas la seule volumétrie qui est le gage d'un modèle de qualité et pérenne, qui est au final la seule chose qui compte vraiment pour moi. Je sais, il y en a qui cherchent avant tout à grossir pour après vite revendre la patate chaude à qui en aurait bien besoin, ce n'est juste pas mon trip de faire ça.

Surtout que dans le digital, grossir vite en injectant des millions ou des dizaines de millions en marketing pour se rendre visible et attirer du trafic, c'est assez simple et rapide dès lors qu'on a les capitaux, en tous cas beaucoup plus que de devoir trouver, négocier des baux et ouvrir des dizaines de magasins.

En ce qui me concerne, la croissance en absolu ne m'impressionne pas du tout, il faut toujours la relativiser et la comprendre de pair avec l'investissement marketing. Que valent des gains de part de marché obtenus en dégradant fortement le P&L, avec un marketing colossal et/ou des dégradations de prix et de marge ?

Sur le moment, une forte croissance peut impressionner, à long terme ça ne vaut rien si on ne trouve pas un véritable modèle sain et pérenne, avec des marges suffisantes et un marketing sous contrôle. Plain & simple.

La croissance est la metrics sur lesquelles la plupart se focalisent, c'est vrai que c'est la plus simple à appréhender et de belles courbes font toujours une bonne impression, ça excite les journalistes et ça peut faire les gros titres des journaux, mais ce n'est certainement pas elle seule qui fait la pérennité et la force future de la société.

Je me rappelle encore d'une conférence il y a 5 ou 6 ans où un VC annonçait fièrement son investissement dans XXX, leader sur le segment online, et connaissant une très forte croissance...Il se trouve que je connaissais parfaitement cette société, dont le modèle économique me paraissait tout simplement vicié fondamentalement. Quelques années plus tard la société a été cédée à un industriel, le VC n'a rien gagné, et au sein de l'industriel cette société perd aujourd'hui beaucoup d'argent et pourrait même fermer...

Quel monde superficiel, ou en tous cas court-termiste, quand on se gargarise d'une forte croissance sans voir la qualité fondamentale ou pas d'un modèle, permettant justement une croissance long terme pérenne, permettant d'aller vraiment très loin et pas juste de faire un coup...

Mais peut-être suis-je trop "buffettien", entendez par la "vieux jeu", à chercher avant tout à construire des modèles économiques rentables et pérennes (rappel aussi, Photobox c'est aujourd'hui 350M€ de CA et 60M€ d'EBITDA). Mais en tous cas je le vis et je l'assume très bien, et mieux, je défends cette vision des affaires !

Ce qui m'amène à Motoblouz, pépite qui 12 ans après sa création (2004) connait toujours une forte croissance, mais sous contrôle, avec pour le coup un bottom line à faire pâlir nombre d'eCommerçants de la terre.

Je n'avais pas eu le temps d'en parler, mais il est tout de même assez remarquable et symptomatique que le patron du Medef lui-même, Pierre Gattaz, ai retweeté le 13 avril dernier un article des Echos mettant Motoblouz à l'honneur : "Motoblouz accélère dans la vente en ligne européenne".

Si l'eCommerce "pure play" est un secteur où il est extrêmement difficile de gagner de l'argent (ie les acteurs cités ci-dessus), Motoblouz réussit la performance rare d'être en forte croissance et (bien) rentable.

Quand Inspirational Stores a décidé en 2009 de fusionner avec Motoblouz, qui ne faisait alors que 4M€ de CA à peu près, nous avions bien senti le sacré potentiel de la société, admirablement dirigée à l'époque par le tandem des fondateurs, Thomas Thumerelle (toujours CEO) et David Thiry (qui vit lui maintenant une superbe aventure séparément avec Cuir City).

Et je peux le dire aujourd'hui, ce qui m'a séduit quand j'étais monté voir les fondateurs début 2009, ce n'était pas tant leur croissance et leur EBIT (à l'époque ils doublaient de CA tous les ans et étaient déja rentable), mais le fait qu'ils avaient bien les pieds sur terre, de bons ch'tis pragmatiques qui ne se "la pétaient pas" mais cherchaient avant tout le bottom line, et la qualité intrinsèque du modèle économique de la distribution d'articles de moto sur Internet.  J'avais même fait à l'époque une slide pour mes investisseurs (Atlas Ventures et OTC Asset Management, toujours présents au capital d'Inspirational Stores) pour expliquer la qualité long terme du modèle en utilisant les "5 forces de Porter" !

7 ans plus tard l'aventure Inspirational Stores - Motoblouz continue, le Chiffre d'Affaires a été multiplié par 10, et avec une base clients de 1M de motards, le Groupe Motoblouz (* puisqu'il y a aussi le site Access Moto qu'on a racheté en 2010, aventure étonnante que je relate plus bas) est une force colossale dans le secteur en France avec autour de 50% de Part de Marché online et sans doute plus de 12% du secteur global en France si on l'exclut le pneu dans lequel nous n'oeuvrons pas vraiment (un segment de 80M€, mais sans marge...).

Au dela des ces chiffres d'affaires et de parts de marché, Motoblouz est aussi et surtout une véritable machine de guerre, avec une équipe de management au top, des collaborateurs motivés et loyaux, et une infrastructure IT et logistique de tout 1er plan, permettant ainsi d'engranger encore de nombreuses années de forte croissance. A tel point d'ailleurs que dans le passé un grand groupe a même voulu utiliser sous licence notre plateforme IT !

D'ailleurs, loin d'être uniquement un eCommerçant, Motoblouz est aussi un site de destination communautaire inspirationnel fortement apprécié par le million de motard client !

Comme le met l'article des Echos, l'expansion européenne a commencé il y a quelques temps et l'objectif est clair, largement dépasser la barre des 100M€ de CA sous 4 ans dans le secteur de l'équipement moto, tout cela bien entendu en améliorant encore la rentabilité. Et ce n'est qu'un volet, qu'un début, car la plateforme en place permet moultes autres possibilités.

Surtout que ça bouge beaucoup dans le monde de l'équipement moto en ce moment : Berkshire Hathaway a racheté il y a 15 mois l'allemand Louis (lire ICI et ICI "I like the fact that we have cracked the code in Germany, Warren Buffett"), leader européen en terme de CA (270M€), en Allemagne toujours le fonds d'investissement Equistone que je connais très bien a racheté au même moment le n°2 Polo (ICI), qui a  lui-même racheté il y a 9 mois l'anglais SportBikeshop. et aux US le pure play leader Revzilla a mergé il y a quelques semaines avec le retailer leader Cycle Gear et ses 112 magasins (lire ICI), sous l'égide du Private Equity américain (encore un) JW Childs.

C'est un métier de distribution typique dans lequel il faut de la volumétrie, bien souvent the bigger the better, ce qui amène logiquement à combiner off et online. Je m'attends donc à une activité M&A mondiale abondante dans les années à venir, car le build-up sera forcément clé, aussi bien au niveau de la distribution que de la production.

A noter d'ailleurs en ce qui concerne les producteurs que des leaders comme Shark ou Dainese sont aussi possédés par des Private Equity, le français Naxicap et l'italien Investcorp respectivement (pour ce dernier, c'est le Bonomi qu'on avait vu à l'oeuvre dans l'OPA sur le Club Med, finalement gagnée par Fosun).

Motoblouz, fort de sa position dominante et incontournable en France, et aussi en Espagne, est aujourd'hui au centre d'un secteur passionnant, en pleine ébullition !

Et pour rêver plus loin, si l'on prend tout l'ecosytème au sens large de la moto (vente de scooter et moto, vente d'équipement, assurances, pièces détachées, équipement, essence, etc), on arrive à un marché total de l'ordre de 6Mds€ par an, rien qu'en France...Un terrain de jeu intéressant...

Go Motoblouz !

 

(*) L'histoire du rachat d'Access Moto est assez amusant : quand nous avons décidé de fusionner avec Motoblouz en 2009, j'ai immédiatement pensé à gagner en volume en rachetant Access Moto, qui à l'époque était n°1 du secteur avec pas loin de 5M€ de CA. J'ai appelé le patron fondateur, Alain Basirico, qui m'a gentiment éconduit, sans même qu'on puisse se voir. Leader, il se sentait assez sûr de lui...

1 an plus tard environ, je reçois un appel sur mon portable, je vois s'afficher le numéro d'Alain Basirico. Avant même de décrocher je me dis que s'il m'appelle c'est qu'il doit être "mûr" pour une discussion. Et la suite ne fait en effet que le confirmer : il commençait à sentir la pression du marché et la baisse des marges, était passé n°2 derrière Motoblouz, et pour couronner le tout il devait faire face à de multiples problèmes personnels...Bref, une conjonction de facteurs le rendaient subitement ouvert à la discussion. 2 jours plus tard je descendais le voir à Montpellier et 3 mois plus tard on le rachetait (pour 4x moins que ce qu'il voulait initialement !).

C'est souvent le cas dans les acquisitions, il faut savoir planter une petite graine puis être patient en attendant que le fruit soit mûr...

Bravo MotoBlouz : Prix Spécial du Jury, au Prix de l'Entrepreneur de l'Année EY/Widoobiz !

Un grand bravo à Thomas Thumerelle, CEO et co-fondateur de MotoBlouz (qui a donc fusionné avec Inspirational Stores) et qui au dela d'être une superbe start-up en forte croissance et au bottom line très solide, a aussi développé un mode de management innovant !

J'y étais la semaine dernière pour notre Board trimestriel, et l'atmosphère qu'on y respire est assez impressionnante d'énergie.

Et il n'y a pas de secret, une entreprise performante repose avant tout sur des collaborateurs qui s'y sentent bien et se donnent à fond pour réussir dans la joie et la bonne humeur. D'ailleurs, le mot d'ordre interne n'est pas "bon courage" et encore moins "bonne chance", mais "ENJOY" !

Si MotoBlouz devrait atteindre les 40M€ de CA cette année, nul doute que dans 9 ans, pour son 20ième anniversaire, la société pourrait dépasser les 200M€. Et ce ne sera que le début...

Après tout, Photoways/PhotoBox (qui va bientôt se faire racheter pour 600-700M€ je pense) a mis 10 ans pour passer de 0 à 100M€, puis 5 ans pour passer de 100 à 500M€. Ou Starbucks qui a mis 10 ans pour passer de 0 à 800M$, puis 10 ans pour passer de 800 à 8Mds$. Amazon a mis 10 ans pour passer de 0 à 10Mds$, puis 10 ans pour passer de 10 à 100Mds$...

On pourrait presque établir une règle d'or, aux start-up bien nées on crée 10x plus de valeur en 2ième décennie qu'en 1ère !

MotoBlouz et Warren Buffett, Même Combat !

On a appris hier soir que Berkshire Hathaway allait racheter Louis, le leader allemand de la distribution d'équipement pour la moto et le motard avec environ 70 magasins en Allemagne/Autriche et un gros site Internet, donc confrère de Motoblouz (fruit du pivot d'Inspirational Stores) !

Louis était une société familiale comme Warren Buffett les aime, à savoir ayant déja rejeté une offre par un Private Equity, et qui a préféré se revendre volontairement à Berkshire. C'est en effet la veuve du fondateur décédé en 2012 qui a fait volontairement la démarche via un intermédiaire.

C'est une news qui m'a fait extrêmement plaisir à plusieurs titres :

• C'est la validation que le secteur est intrinsèquement attractif pour un investisseur. Que l'un de mes "maîtres à penser" investisse dans un secteur dans lequel je suis depuis presque 6 ans est plutôt sympathique (Motoblouz a néanmoins quasiment décuplé en taille depuis !).
• Le deal s'est fait sur la base de 1,5x le CA (400M€ pour 270M€ de CA), ce qui donne déja des bases de valorisation très intéressantes pour MotoBlouz, qui de facto a une bien plus forte croissance que Louis.
• Il est probable que Louis va chercher à se développer et faire du build up. Warren Buffett ayant d'ailleurs précisé que cette acquisition serait un "door opener"...Une consolidation du secteur ne peut que faire du bien aux leaders du secteurs (les autres disparaitront ou se feront racheter).

L'Allemagne est loin d'être un territoire facile pour des acquisitions étrangères (qui se passent généralement mal, même Walmart a du repartir la queue basse d'ailleurs, mais il n'est pas le seul...), ce pourquoi Warren Buffett s'en réjouit : "there is nothing like a deal to get people’s attention. This is smaller than something would normally do, but it is a door opener. I like the fact that we have cracked the code in Germany".

Louis devrait rester une business unit indépendante et sera supervisée par l'un des 3 lieutenants de Buffett, Ted Wechsler.

ICI article de Fortune sur l'acquisition de Louis par Warren Buffett.

Mon analyse est que le paysage européen de la distribution online de l'équipement motard devrait se consolider à l'avenir autour de 3 acteurs (même si actuellement Louis est largement devant) :

• L'Allemand Louis (donc maintenant part de Berkshire Hathaway)
• Le suédois Pierce (propriété d'un fond d'investissement suédois, surtout spécialiste du cross avec ses sites 24mx)
• Le français MotoBlouz (avec ses 3 sites Motoblouz.com, Accessmoto.com et viascoot.com)

De belles batailles stratégiques en perspective !

 

Fin de l'Aventure pour les Casques Haut de Gamme Ruby !

Nouvelle victime dans l'univers de la moto...

Après Bering et Shark en amont ou Motoligne en eCommerce (en autres), c'est aujourd'hui les casques Ruby.

Ruby s'était fait remarquer il y a quelques années en lancant de jolis et très design casques haut de gamme, avec un prix de vente minimum dans le commerce qui était je crois de plus de 600€ TTC. Pour certains, c'était la "Rolls du Casque". Proposition de valeur pas évidente par les temps qui courrent : non pas qu'il ne soit pas possible de vendre du premium (bien au contraire), mais pour cela il faut avoir une sacrée image de marque et une réputation béton (Rolls marche très bien  ces temps-ci, mais c'est justement Rolls) ! Ce qui est de facto compliqué pour une marque qui se lance...

Capital ou le Journal du Net en avait récemment parlé ICI et LA.

La société, créée en 2007, a connu un parcours difficile et laborieux : en 2013, soit 6 ans après la création, le CA n'était toujours que de 2M€ (en progression cependant de +35% sur 2012), ce qui représente peut-être quelque chose comme 4000 casques vendus (en partant d'une hypothèse de prix de vente à la distribution de 500€). Et surtout la société n'a jamais eu un exercice rentable, cumulant en fait 3M€ de pertes depuis sa création...

Je viens d'apprendre aujourd'hui que la liquidation judiciaire a été prononcée il y a quelques jours...Le site ateliersruby.com n'est même plus accessible visiblement.

Le CM-CIC, qui avait investi en juin 2012, n'a visiblement pas souhaité continuer l'aventure et préféré jeter l'éponge. Et avec un CA toujours relativement faible, des pertes et des dettes financières importantes, les autres investisseurs potentiels ont clairement du avoir peur...

Nous les connaissions bien chez Motoblouz : j'avais rencontré le Président, lui avais plusieurs fois proposé de distribuer ses casques, mais me heurtais toujours à une refus catégorique, car le Groupe MotoBlouz, généraliste, n'était d'après lui pas assez "haut de gamme" et nous ne cadrions pas avec sa stratégie d'exclusivité.

Mais, très sympa, il m'avait envoyé un petit email de félicitation début 2014 me disant bravo pour CA !

Breaking News : MotoBlouz Rachète Motoligne !

2014 s’annonce comme un nouvel excellent millésime pour Motoblouz, leader en France de la vente d’équipements et accessoires pour moto et scooter en ligne (et fruit très inspiré du pivot Inspirational Stores depuis 5 ans dèja) !

Après avoir créé un incroyable buzz en début d’année avec son casque Dexter Président, la société conforte aujourd’hui sa position d'archi-leader du secteur avec le rachat d’un de ses principaux concurrents, Motoligne.com.

Créée en 2004, Motoblouz a su en quelques années se hisser au premier rang dans le commerce en ligne de l’équipement moto et motards, loin devant le n°2. L’entreprise, constituée d’une équipe jeune et passionnée de 50 personnes qui œuvrent au quotidien pour conseiller et accompagner motards et scootéristes, est depuis longtemps reconnue pour l’excellence de son service auprès de ses 500 000 clients.

Après avoir racheté en 2010 Access-Moto, société spécialisée dans les pièces détachées moto et scooter qui était à lépoque n°2 du marché, Motoblouz réalise aujourd’hui une nouvelle belle opération en rachetant Motoligne (sans doute 5ième ou 6ième du marché), qui lui apportera un portefeuille de 150 000 clients supplémentaires...

Allez, je vais donner les clés de la réussite de Motoblouz, mais ceux qui me lisent depuis longtemps ne vont sans doute pas apprendre grand chose :

• Ils sont totalement customer obsessed
• Tout est mesuré avec rigueur, le pilotage est au plus fin, très metrics obsessed
• En bons ch'ti commerçants, ils sont frugaux

Sur le plan des qualités entrepreneuriales de Thomas Thumerelle, co-fondateur et CEO de Motoblouz, c'est simple : un mélange gagnant d'ambition insatiable et de grande humilité !

Un petit mot justement de sa part :

« Notre objectif principal : travailler encore et toujours à la satisfaction de nos clients via des services de qualité et la plus grande gamme de produits disponibles. Nous venons ainsi de mettre en ligne une nouvelle version du site motoblouz.com, avec une interface responsive, des essais produits et des guides pour aider nos clients. »

Croyez-moi, MotoBlouz est une pépite, mais il serait presque indécent de dire à quel point elle l'est. Archi-leadership, croissance incroyable (dans un secteur pourtant en grande difficulté aujourd'hui) et bien entendu la société est rentable.

Quand je pense à MotoBlouz, je pense à Gérard Mulliez lorsque ce dernier avait reçu une offre de Walmart dans les années 90 pour racheter Auchan 100 Milliards de Francs : "pourquoi revendre aujourd'hui alors que l'entreprise vaudra presque mécaniquement 2x plus dans 7 ans.".

Comme le dit si bien Warren Buffett, le temps est l'allié des belles sociétés (et l'ennemi de celles mal nées !) aux avantages concurrentiels solides. Il faut simplement s'inscrire dans une perspective très long terme...

C'est ma perspective avec Motoblouz, comme d'ailleurs avec L'Accélérateur : la seule chose qui nous motive, c'est la construction, sur le terme, de très belles sociètés. Nous sommes de facto la seule structure en France et peut-être au monde capable d'apporter cette combinaison de 3 choses :

1. D'arriver très en amont, y compris quand la société ne fait aucun chiffre d'affaires voire même se crée. Cette capacité et cette prise de risque proviennent d'une part du fait que nous misons avant tout sur les hommes et leurs qualités entrepreneuriales (grille d'évaluation très claire) et d'autre part que par essence nous co-bâtissons au quotidien la valeur de la société en prodiguant un accompagnement sur mesure, en profondeur, extrêmement impliqué et réactif. Nous contribuons à affiner le business model (voire même parfois à le définir ou redéfinir), travaillons sur l'offre, et intervenons sur l'ensemble des sujets opérationnels et stratégiques.
2. De réinvestir de façon significative dans les sociétés (de facto, nous sommes aussi un fonds de pré-amorçage et d'amorçage)
3. De rester très longtemps aux côtés des entrepreneurs. Nous n'avons pas "d'exit strategy" car nous n'avons aucune contrainte autre que de créer un maximum de valeur sur le temps. Nous nous calquons aux souhaits de nos entrepreneurs et de leurs ambition, et les accompagnons activement tout au long du chemin, dans la prise des grandes décisions comme de conseils opérationnels. Une belle équipe qui sait créer 5M€ de valeur en 4/5 ans sera probablement capable - avec le bon accompagnement - de créer 10M€ de valeur en 7/8 ans.... et 100M€ de valeur en 20 ans !

Humainement, il n'y a rien de plus grisant que d'inscrire sa trajectoire de vie dans une optique de construction et création de valeur maximale sur le très long terme.

Je dis bravo aux fonds de LBO qui achètent une société pour la revendre 2x plus cher 18 mois après (avec en plus un effet de levier), mais très franchement cela ne m'excite pas/plus du tout. J'ai gagné suffisamment d'argent comme cela pour vivre financièrement heureux le reste de mes jours, alors seul le plaisir de la construction long terme avec des gens passionnants m'intéresse maintenant.

Quand on est actionnaire d'une très belle société, la bonne réponse à la question "quel est le meilleur timing pour la revendre" est : JAMAIS !

Et ce n'est évidemment ni anodin ni un hasard que mes 2 associés et moi de l'Accélérateur avons choisi comme sponsor financier la famille Leclercq, fondatrice de Decathlon, une exceptionnelle success story entrepreneneuriale depuis...presque 40 ans, pour arriver aujourd'hui à plus de 8Mds€ de CA...

Fier de Mon Bébé Photoways/PhotoBox !

Beau petit entrefilet sur PhotoBox dans les Echos de ce matin, dans le cadre du spécial "20 ans, 20 succès de l'Internet français" ! Photobox y est cité aux côtés de Criteo, Vente-privée, Free, PriceMinister, AlloCiné, Meetic, DailyMotion, Oscaro...

Lancé fin 1999, au coeur de la bulle pour ceux qui s'en rappelle, Photoways est devenu le n°1 européen et n°2 mondial de son secteur avec en 2014 plus de 200M€ de CA prévu et une très belle rentabilité. Selon toute probabilité, il y aura une "sortie" en 2014 sur une valorisation très au nord de 300M€...

Wait & see...

Même si je suis parti début 2007, à une époque où le Groupe ne faisait qu'une quarantaine de millions d'€ de CA, je ne peux qu'éprouver de la fierté pour ce qui était à l'époque un beau bébé (déja n°1 européen) et devenu aujourd'hui un adolescent très sexy sous la houlette de mon successeur Stan Laurent.

Fierté tout en ayant aucun regret, ce pour 4 raisons :

• 2 autres très beaux bébés ont été développés par la suite : d'abord Inspirational Stores en 2007, devenu suite à un pivot autant pragmatique que radical le Groupe MotoBlouz, dont je redis que c'est l'une des plus belles pépites eCommerce en France. Thomas Thumerelle le manager co-fondateur de MotoBlouz a toute ma confiance pour développer - sur la durée - une société extraordinaire. Et à partir de fin 2011 L'Accélérateur, une société au positionnement absolument unique puisqu'elle prodigue aux start-up sélectionnées (10 nouvelles tous les 6 mois) un accompagnemement entrepreneurial expérimenté, intense, très impliqué et réactif, et ce en permanence sur toute la durée de notre présence au capital (le modèle est en effet "coaching/accompagnement + un peu de cash contre equity"). Un partenaire au long cours des entrepreneurs, à leurs côtés en permanence pour créer un maximum de valeur. Après 2 ans, nous avons aujourd'hui en portefeuille plusieurs des plus prometteuses start-up en France, 1001Menus, FamiHero, PayPlug ou encore SOSav, pour n'en citer que quelques unes ! Et nos ambitions sont élevées (lire post ICI).
• Même si on ne fait jamais cela pour l'argent mais pour le plaisir et le challenge, il est d'ores et déja évident et certain que mes 2 derniers bébés me rapporteront bien plus financièrement que si j'étais resté chez Photoways/Photobox. Ce fut donc, du point de vue financier, une réallocation pragmatique et judicieuse de mon temps et de mon cash.
• Question plaisir justement, j'en prends beaucoup plus personnellement à lancer des projets, les amener à quelques dizaines de millions d'€ de CA, qu'à les gérer au quotidien, car je ne suis tout simplement pas un manager pur et dur. Dit différemment, je suis quelque part plus heureux aujourd'hui qu'en 2006 !
• L'Accélérateur est aussi la résultante et la synthèse de tout un parcours : j'aime l'enseignement, la pédagogie et partager (maître de conférence à HEC-Entrepreneurs depuis 1995), j'aime investir et j'aime l'entrepreneuriat. L'Accélérateur est une combinaison unique qui m'apporte exactement cela, j'y suis à ma place comme nulle part ailleurs !

Certes, il y a bien évidemment quelques aspects qui me manquent par rapport à développer et piloter intégralement un business au quotidien, focaliser toute mon énergie, ma créativité et ma rage de vaincre sur un seul secteur et une seule entreprise, comme je l'avais avec Photoways, mais dans la vie il faut faire des choix et il n'y a jamais du 100% parfait !

Et, franchement, il y a pour moi actuellement aucune chose d'aussi grisante que de participer à l'éclosion et au développement de dizaines de start-up fabuleuses ! Surtout quand elles vous le rendent bien en exprimant leur satisfaction et leur gratitude (lire ICI) !

 

MAJ Jeudi 13 mars 2014

Photobox targets £500m listing
Source: Mergermarket
 
Photobox has added its name to the list of retailers looking for initial public offerings, appointing advisers for a flotation that could value the photo printing company at more than three times’ last year’s sales. The company, which owns the Moonpig greeting cards brand, is seeking a valuation of £400m-£500m – which would be as much as 28 times its reported ebitda in the 12 months to April 2013. Delivery service Just Eat is looking for a valuation of 70-90 times last year’s ebitda, while appliances retailer AO World trades at more than four times next year’s projected sales following its initial public offering. Photobox sells personalised gifts, mugs and other items online, competing with rivals such as Tesco, Boots and Funky Pigeon, owned by WHSmith.
 
Sales rose 13 per cent year-on-year to £148m in the 12 months to April 2013. Operating profits were £7.1m. Ebitda was £19.7m after adjusting for costs associated with the Moonpig acquisition, foreign exchange differentials and other factors. Photobox, whose investors include venture capital funds Highland Capital Partners and Index Ventures, is aiming to list before the end of June, a person familiar with the situation said. It has appointed JPMorgan, Jefferies and Numis as advisers. Although the rise of 3D printing could threaten Photobox’s business, its chief executive Stan Laurent has said the company will thrive by offering higher-quality items.